Ressources d'accompagnement du programme de français au cycle 2

REGARDS SUR LES PROGRAMMES

Français Cycle 2

Caroline PASCAL

Mesdames et Messieurs, chers professeurs, bonjour et bienvenue sur la série « Regards sur les programmes ». Cette série, produite par la Dgesco en collaboration avec Réseau Canopé et avec l'intervention de l'Inspection générale, vous présente les nouveaux programmes, leur sens, leur objectif, la façon dont ils ont été conçus, élaborés. Nous avons également recueilli des témoignages, des questions, qui sont les vôtres, sur le terrain, de manière à vous apporter le conseil et l'appui le plus proche de celui dont vous avez besoin. Je suis ravie de vous accueillir sur cette série. J'espère qu'elle vous apportera tout le profit nécessaire et je vous souhaite un excellent travail.

Laurent BERGEZ

Mesdames et messieurs, bonjour. Je suis ravi de vous accueillir dans cette nouvelle émission « Regards sur les programmes ». Je suis Laurent Bergez, chef du bureau des contenus pédagogiques et des langues à la direction générale de l'enseignement scolaire. Dans cette émission, nous croisons des regards pédagogiques autour des programmes et aujourd'hui, nous nous intéressons aux programmes de français de cycle 2. Nous sommes allés à la rencontre des professeurs. Nous avons recueilli leurs témoignages et nous les remercions vivement pour leur écoute, leur accueil et leurs questions qui vont nourrir nos échanges et la réflexion collective aujourd'hui. Alors, sans plus tarder, je vous propose de leur laisser la parole et d'écouter leur réaction à la lecture des programmes de français du cycle 2.

Krystèle LEDENT

La lecture des programmes de cycle 2 a été un point positif pour moi puisque dans un premier temps, on a une entrée par objectif, ce qui permet d'avoir une lecture fluide, sous forme de tableau, qui est un plus pour la lecture par les jeunes enseignants, mais aussi les enseignants expérimentés, qui vont pouvoir faire du lien entre les différents niveaux proposés.

Ma question est plutôt sur l'élaboration des programmes. Pourquoi ce choix de fonctionner par objectifs ?

Élodie LETOUZÉ

On a des tableaux de fréquences qui nous expliquent ce que les élèves doivent faire tous les jours, toutes les semaines ou dans l'année. Les rituels pédagogiques sont-ils à privilégier par rapport à la pédagogie de projet ?

Sandrine RUFFIN

Dans les programmes cycle 2 en français, on voit apparaître des points de vigilance qui concernent plus le rôle de l'enseignant, avec un fort accent mis sur l'expression de l'enseignant, son vocabulaire, son registre de langue, son rôle, ce qui me paraît être une évidence. J'aimerais qu'on puisse m'expliquer pourquoi il a été utile de le préciser en fait, dans les programmes ?

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup aux enseignants pour ces premières réactions qui vont nous permettre d'initier des échanges ici en plateau, avec des intervenants que je remercie. Catherine Mottet, bonjour.

Catherine MOTTET

Bonjour Laurent.

Laurent BERGEZ

Vous êtes inspectrice générale de l'éducation, du sport et de la recherche, membre de la mission enseignement primaire. Marie Gabriel, bonjour à vous.

Marie GABRIEL

Bonjour.

Laurent BERGEZ

Vous êtes quant à vous conseillère pédagogique en circonscription dans l'académie d'Orléans-Tours. Thomas Leroux, enfin, bonjour à vous.

Thomas LEROUX

Bonjour.

Laurent BERGEZ

Vous êtes inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, également membre de la mission enseignement primaire. Vous avez tous les trois participé à l'élaboration de ces programmes et pour cela, vous allez nous apporter aujourd'hui quelques éléments d'éclairage. Dans ces premières réactions, les enseignants notent un effort de clarification porté sur les objectifs d'apprentissage.

Thomas, pourriez-vous nous préciser quelle était l'intention d'écriture ?

Thomas LEROUX

Je crois que l'enseignante qui est intervenue a tout à fait compris les intentions des concepteurs de ce programme. Effectivement, il y a des objectifs, qui sont annuels, qui permettent d'être autant de points de repère pour les professeurs, mais aussi qui permettent d'engager une dynamique de cycle. Nous y reviendrons plus tard, notamment pour le travail en équipe et sous l'impulsion du directeur d'école. Et puis, ces objectifs précisent aussi l'esprit des guides et notamment du guide Pour l'apprentissage de la lecture au CP, avec des objectifs infra annuels sur, notamment sur l'enseignement du code et de la lecture, qui permettent de masser cet enseignement en début d'année et qui sont autant de repères pour les enseignants pour réussir cet apprentissage.

Laurent BERGEZ

Je vous remercie pour ces éclairages. Alors les programmes introduisent des tableaux de fréquences. Les professeurs le notent. Catherine, est-ce que vous pourriez nous expliquer quelle était l'intention de ces tableaux ?

Catherine MOTTET

L'intention première est d'ordre pratique. Il s'agissait de donner un aperçu rapide, global de la totalité du programme. Au-delà de cette intention pratique, il y a évidemment le souhait d'insister sur la régularité des apprentissages. Le cycle 2 construit des apprentissages fondamentaux, notamment en lecture en écriture, qui implique un enseignement extrêmement régulier et donc quotidien pour un certain nombre d'objectifs. Le tableau a le mérite de faire apparaître vraiment clairement, en tout cas nous le souhaitons, cette exigence de régularité.

L'enseignante posait la question de l'articulation entre rituels et projets, alors c'est vraiment une bonne question. Les rituels pédagogiques désignent un geste professionnel qui est répété à l'identique et qui vise tel ou tel objectif d'automatisation. On peut prendre l'exemple de la phrase du jour. La phrase du jour, répétée tous les jours, vise par exemple l'installation de l'accord dans le groupe verbal, de l'accord dans le groupe nominal, de tel ou tel réflexe d'orthographe, lexicale, etc. Quand on parle nous de régularité quotidienne, ça ne veut pas dire qu'on demande aux professeurs d'installer des rituels pédagogiques tous les jours. Le rituel est une modalité de la régularité, mais il y a toutes sortes de manières de poser régulièrement des apprentissages dans le temps, sans forcément passer par des rituels. Alors, s'ils veulent passer par des rituels, très bien, mais ce n'est pas une obligation. Quant aux projets, ils sont les bienvenus à partir du moment où les enseignements sont installés, dans la régularité.

Et c'est ça que nous voulons dire parce que c'est un peu fâcheux parfois de lancer des projets, si l'enseignement n'est pas installé de manière régulière. Le projet a toujours ses vertus, mais il est encore plus utile quand il vient porter et donner du sens à des enseignements qui sont inscrits dans la régularité du temps. Donc, projets, oui, rituels si on veut, mais régularité n'implique pas nécessairement rituel pédagogique.

Laurent BERGEZ

Je vous remercie Catherine pour ces précisions très précieuses et ce point d'équilibre qu'il s'agit de trouver pour les professeurs. Un autre élément noté, relevé par nos professeurs sont les points de vigilance qui sont introduits dans ces programmes, notamment des conseils pour des gestes professionnels. Pour ce qui concerne en particulier le langage oral, Marie, peut-être souhaiteriez- vous apporter un éclairage sur ces points de vigilance ?

Marie GABRIEL

C'est vrai qu'on insiste beaucoup sur la posture modélisée de l'enseignant, notamment dans son langage, qui est un langage parfois différent de celui que les enfants connaissent dans leur famille ou à la maison. Ils ont besoin d'entendre ce langage modélisant, et c'est très important de le rappeler là, dans le programme.

Ceci dit, ce n'est pas la seule modalité d'enseignement du langage oral. Les enfants ont aussi besoin d'échanger entre eux, d'interaction, et le programme leur demande de porter des projets oraux ambitieux, notamment en fin de cycle. Et puis, ces gestes professionnels, qui font partie de l'expertise de l'enseignant, il nous a semblé important de les rappeler dans les points de vigilance. Enseigner, c'est un métier complexe. On doit prendre beaucoup de décisions très rapidement et c'est bien d'avoir en amont des repères pour l'action, des points de vigilance qui vont nous permettre dans l'action immédiatement d’apporter la bonne réponse. La bonne, le bon ajustement, la bonne rétroaction à l'élève.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup. On a discuté de l'approche générale des programmes, on a répondu à ces premières réactions, je vous propose maintenant d'écouter les professeurs et de voir quelles questions spécifiques ils se posent sur des points de programme.

Célia BALEDENT

Nous avons été surpris de voir que le vocabulaire est une partie à part entière du programme de français. Cependant, on se questionne sur pourquoi mémoriser l'orthographe des mots fait partie de cette partie vocabulaire ?

Krystèle LEDENT

Sur l'enseignement de l'orthographe, grammaire, vocabulaire, on note que le vocabulaire est mis dans une partie à part. L'orthographe et la grammaire font l'objet d'une étude précise. Il y a un taux horaire qui est donné. Cependant, se pose la question de l'intégration de l'orthographe et de la grammaire au reste des disciplines afin de donner du sens aux apprentissages. On avait pour habitude de corréler ces apprentissages avec un projet. Or, là, dans les programmes, on a l'impression qu'il y a un cloisonnement. Se pose donc la question comment articuler ces différents domaines et faire en sorte qu'il y ait garde du sens pour les élèves ?

Cosette RICHARD

Les règles d'orthographe ne semblent pas faire l'objet d'un enseignement spécifique et explicite. Or, on nous demande de faire écrire les enfants le plus tôt possible, sans erreur d'orthographe. Donc comment faire ?

Dève DENOM

Faut-il proposer des séances d'apprentissage du geste graphique, mais au CE2 ?

Laurent BERGEZ

Des questions précises émergent, notamment sur l'enseignement de la langue, le vocabulaire, l'orthographe, la grammaire. Chère Catherine, que peut-on répondre aux enseignants sur la place de ces différentes composantes dans le programme et la manière de les enseigner ?

Catherine MOTTET

Oui, le professeur qui s'exprime parle de risques de cloisonnement. Alors déjà, rappelons que pour les besoins de la cause, quand on rédige un programme, on est obligé de le segmenter en domaines et en sous compétences. On aimerait bien pouvoir traiter globalement de l'ensemble des connaissances, mais ça ne peut pas fonctionner comme ça. Donc on présente le vocabulaire, la grammaire, l'orthographe de façon séparée, et je pense que les professeurs comprendront bien que si on a présenté le vocabulaire dans ce programme de manière apparemment autonome, c'est parce que nous souhaitons insister sur l'importance de cet enseignement. Alors, pour autant, le texte de préambule est extrêmement clair sur l'articulation de ces trois composantes de la langue avec l'ensemble des composantes du français. On dit bien que l'enseignement de la langue est au service des compétences langagières, à savoir la lecture, l'écriture et l'oral, et que de même, la lecture, l'écriture et l'oral sont un terreau qui permet d'observer, d'étudier, de travailler la langue.

Donc, cette interaction, ce décloisonnement étant posé comme un principe qui donne du sens à l'enseignement. Nous rappelons toutefois que des séances spécifiques doivent être conçues pour mener ces enseignements, comme pour d'autres d'ailleurs, comme pour l'oral. Donc décloisonner, oui, mais savoir recloisonner par moments pour proposer aux élèves des séances qui visent spécifiquement le vocabulaire, la grammaire, l'orthographe, pour construire les compétences, mais en interaction, en donnant du sens par rapport au reste.

Donc en fait, sur ce plan-là, on est exactement dans la droite ligne des recommandations qui ont été portées ces dernières années en réalité.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup et à ce titre je reviens, je rebondis sur une question puisque la maîtrise de l'orthographe est un enjeu également important pour les élèves. Marie, je me tourne vers vous. Quels conseils on peut donner aux enseignants pour aborder les règles d'orthographe en classe ?

Marie GABRIEL

Effectivement, la collègue se pose la question de savoir comment aborder ces règles d'orthographe, notamment en situation de production d'écrit dès le début du CP. Alors l'orthographe dans les programmes m'apparaît à deux endroits. Avec le lexique dans la partie vocabulaire, parce que là, l'orthographe des mots permet de fixer à la fois leur sens, de les fixer en mémoire. Et puis l'étymologie donne des informations sur les familles de mots et sur le sens que peuvent avoir d'autres mots qui s'y rapportent. Donc c'est important, quand on étudie un mot, de voir à la fois son sens et la façon dont il s'écrit.

Et puis ensuite, on trouve dans la partie grammaire bien sûr, toutes les règles d'orthographe grammaticale qui vont faire l'objet d'un enseignement explicite, notamment au cycle 2 les chaînes d'accords.

Pour répondre plus spécifiquement à cette question, oui, c'est très important, dès les premiers essais d'écriture des enfants, d'éveiller leur vigilance orthographique. Il faut qu'ils comprennent très vite qu'écrire, ce n'est pas uniquement encoder des sons, mais aussi respecter des règles d'orthographe, et puis connaître l'orthographe des mots. Et donc ça, c'est une vigilance, une curiosité orthographique qui peut être éveillée dès le début des premiers essais. On peut travailler en petits groupes, en ateliers dirigés d'écriture, de manière à pouvoir être au plus près des élèves, à accompagner leurs premiers essais et donner tout de suite les bonnes réponses tout en les exerçant à se poser les bonnes questions.

Laurent BERGEZ

Merci pour ces éclairages. Une autre question et je me tourne vers Thomas est celle de l'enseignement du geste graphique au cycle 2. Que peut-on apporter comme éléments de réponses, Thomas ?

Thomas LEROUX

Effectivement, si le geste graphique et le geste d'écriture doivent être stabilisés à la fin du CP, ils nécessitent tout de même d'être poursuivi en C1 et en CE2, que ce soit par l'exercice de la copie, de la copie guidée, et puis aussi, ne serait-ce que pour des raisons d'endurance, de rapidité, de capacité à être lus aussi par le destinataire. Et enfin, je me permettrai un conseil, puisque nous n'avons pas pu le mettre dans les programmes, il est nécessaire de favoriser l'écriture des élèves au détriment d'une utilisation de la photocopie qui est parfois trop fréquente en classe. Et parce que cela a plusieurs vertus. D'abord, ça entraîne les élèves à l'écriture. D'autre part, ça accompagne la fixation des notions étudiées pour les élèves. Et puis enfin, ça permet aussi de faire des outils et des cahiers des élèves, des outils qui sont lisibles et qui sont utilisables par par les élèves et par les parents d'élèves au passage.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup pour toutes ces précisions, ces conseils, ces éléments de réponse que vous apportez. Je propose que nous revenions désormais vers les enseignants et que nous écoutions les questions qu’ils se posent et la manière dont ils se projettent sur la mise en œuvre de ces programmes.

Frédéric HATIF

Je me demande si réellement ces nouveaux programmes sont au service du pilotage de mon équipe.

Célia BALEDENT

En accord avec les nouveaux programmes, y aura-t-il une liste de mots usuels à connaître par classe et par cycle ?

Krystèle LEDENT

Le terme « enseignement explicite » est énoncé plusieurs fois dans les programmes et il revient de manière constante, que ce soit en français ou en mathématiques. Ma question est : qu'est-ce qu'on met derrière ce terme d'enseignement explicite ? Comment le mettre en place ?

Laurent BERGEZ

Plusieurs questions également sur la mise en œuvre des programmes. Tout d'abord, une question très précise Catherine. Des listes de mots sont-elles prévues ? Sont-elles nécessaires ?

Catherine MOTTET

Je dirais non. En tout cas, pas formulé comme ça. Le programme parle de corpus, il parle de mots en réseaux, donc c'est plutôt dans ce sens-là qu'il importe de travailler. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire regrouper des mots autour de thèmes qui peuvent être liés, par exemple, à une sortie pédagogique, à une lecture, à un événement dans la classe. Il y a une fête, un anniversaire : on travaille les mots de l'anniversaire, de la fête, du goûter, etc. C'est ça des réseaux de mots. Ces réseaux sont constitués de toutes les natures grammaticales de mots.

On a tendance à donner beaucoup de noms parce que c'est ce qui permet de désigner les choses. C'est le réflexe de donner beaucoup de noms. Mais il faut donner des adjectifs, des verbes, des adverbes, etc. Donc c'est vraiment dans ce sens de la mise en relation de mots, d'expressions, de manière de dire. A cet égard, la didactique des langues vivantes est vraiment très instructive pour l'enseignement du français, que l'on peut enseigner comme une langue vivante aussi. En langues vivantes, on n'hésite pas à donner des expressions toutes faites que les élèves apprennent. Eh bien parfois on peut enseigner le français aussi comme ça. Et c'est quelque chose qui manque à la didactique du français, à cette perception du français, de notre langue maternelle, comme une langue vivante. C'est d'autant plus important que nous avons beaucoup d'allophones dans les classes, donc travailler dans ce sens. Et là, oui, des ressources sont à l'œuvre, mais en termes de réseaux, de corpus, beaucoup plus qu'en termes de listes.

Laurent BERGEZ

Merci. Bien entendu, les programmes sont un outil précieux pour les professeurs pour mettre en place leur pédagogie, pour planifier la progression des apprentissages des élèves. Mais c'est aussi un outil de réflexion collective pour les équipes. À ce sujet, Thomas, comment pensez-vous que les directrices et les directeurs d'école peuvent travailler dans une logique d'équipe, au service des professeurs, à l'appui de ces programmes ? 

Thomas LEROUX

Dans le GEPP, le groupe de travail, il y avait un directeur d'école et nous avons été attentifs à cette question. Ces programmes sont évidemment un outil pour piloter l'école, comme le souligne le directeur qui est intervenu, probablement parce qu'il fixe des points de repère par année et qu'ils impliquent une conception de progression commune, donc de travailler en équipe. Et j'oserais dire aussi qu'il faut les coupler avec une analyse fine des résultats des élèves, notamment des résultats aux évaluations nationales qui doivent permettre, pour un directeur d'école, de fixer des priorités de réflexion dans son équipe, par exemple sur les domaines qui sont plus échoués dans son école et qui doit susciter une réflexion et des outils communs pour justement améliorer la réussite des élèves.

Enfin, il y a a des objectifs qui sont en fin de CE2, donc en fin de cycle. On peut prendre l'exemple de l'écriture d'un texte de dix lignes. De quelle manière cet objectif va être construit progressivement pour chacun des élèves, pour chacun des niveaux. Et comment est-ce qu'il y a une cohérence d'équipe sur des objectifs, sur des méthodologies sur tout ce qui pourra permettre d'atteindre cet objectif nécessaire en fin de cycle 2.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup. La réussite de tous les élèves est bien entendu l'objectif premier du professeur. Un certain nombre de remarques sont faites au sujet de l'enseignement explicite du français. Marie, est-ce que vous pourriez peut-être éclairer sur cette démarche ?

Marie GABRIEL

Cette démarche a répété plusieurs fois dans le programme parce que c'est important de pouvoir expliciter les choses pour se rapprocher des élèves qui sont le plus loin des attendus de l'école, de ceux qui ne sont pas en connivence avec les attendus de l'école et qu'il faut aller chercher là où ils sont et leur expliquer à la fois les enjeux des tâches (pourquoi est-ce qu'on va apprendre à faire ça dès le CO2 ou c'est le début de ce qu'ils appellent la grande école des apprentissages formels ?) et puis aussi comment on va apprendre à faire ça, de quelle manière on va y arriver. Je pense particulièrement à tout ce qui tourne autour de l'enseignement des procédures de compréhension qui ont été longtemps un angle mort. Mais là, il est nécessaire de les expliciter pour que les élèves qui sont le plus loin de ces attendus en termes de compréhension puissent exercer ces procédures ou ces stratégies. Et puis, on va aussi expliciter l'évaluation. On vient de parler de l'évaluation, mais pour l'élève aussi, c'est important de savoir sur quoi il va être évalué. Qu'est-ce qu'on attend de lui exactement ? À quel niveau ? Où il en est ? Et quel progrès il a pu faire depuis la fois où on l'avait évalué auparavant ?

Donc c'est tout ça qu'il faut expliciter pour rendre les enjeux et l'importance à toutes ces tâches scolaires, notamment chez les enfants qui en sont le plus éloignés.

Laurent BERGEZ

Merci encore pour toutes ces précisions. L'accompagnement des professeurs à la mise en œuvre des programmes est un enjeu essentiel. Je propose qu'on écoute les besoins qu’ils identifient.

Cosette RICHARD

Est-ce qu'une formation sur le geste graphique est prévue avec des professionnels pour les enseignants de cycle 1 et cycle 2 ?

Célia BALEDENT

Est-ce que nous aurons des ressources pour enseigner des stratégies de copies pour les élèves qui peuvent être en difficulté dans ce domaine ?

Krystèle LEDENT

Est ce qu'il y aura des repères de progressivité sur le cycle ? Finalement, des outils qui seront élaborés pour aider les enseignants dans la mise en place de ces nouveaux programmes ?

Élodie LETOUZÉ

Il y aura-t-il des ressources sur lesquelles s'appuyer pour mettre en place les écoutes d'interview et les lectures de pièces de théâtre au CE2 ?

Laurent BERGEZ

Stratégie de copies, gestes graphiques, lectures de pièces de théâtre, les professeurs expriment des besoins sur des sujets très spécifiques. Catherine, quels conseils sur les ressources sur lesquelles ils peuvent s'appuyer ?

Catherine MOTTET

Il y a des ressources abondantes sur le geste graphique et la copie sur le site Eduscol. Il y a également des ressources très intéressantes dans les guides Pour enseigner la lecture et l'écriture, notamment sur celui qui concerne le niveau CE1, qui consacre un chapitre entier aux stratégies de copie, à l'écriture et aux stratégies de copies, avec des exemples de progression, des exemples d'activités, des exemples d'approches ludiques. C'est vraiment très complet. Très bonne ressource.

Sur les auditions d’interview : guide Compréhension cycle 3. Mais on peut parfaitement adapter les ressources au cycle 2. Dans la partie compréhension orale, on trouve une liste de sites de supports audio qui peuvent permettre d'exercer la compréhension orale des élèves.

En ce qui concerne le théâtre, il s'agit d'un élément de la culture littéraire commencé à construire au cycle 2 puisque nous constatons que le théâtre est très peu lu en réalité à l'école élémentaire. Donc, le programme incite à s'emparer des textes qui sont écrits pour les jeunes enfants, pour le théâtre. Et là, nous pouvons recommander les ressources de Canopé, qui s'appellent « Théâtre en acte » et qui propose aussi bien des extraits de textes que des extraits de mise en scène. C'est donc un très bon outil pour essayer de faire aimer le théâtre au jeune public.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup. Depuis quelques années désormais, au niveau national, mais également dans les académies et auprès des circonscriptions, un certain nombre d'actions de formation ont été déployées, notamment dans le cadre du plan français et je me tourne vers Marie. Dans quelle mesure ces actions de formation et les nouveaux programmes s'inscrivent dans une forme de continuité ?

Marie GABRIEL

En effet, ça fait plusieurs années qu'on travaille tous ces axes qui apparaissent dans le programme, dans les constellations du plan français, et que les conseillers pédagogiques sont formés petit à petit à tous ces axes-là. Ce travail en constellation est vraiment important parce qu'il va permettre de faire le lien entre le nouveau programme, ce qui se passe dans les classes et puis aussi l'expertise déjà présente des enseignants dans les classes pour enseigner. Ça va permettre d'aller voir dans les classes comment faire pour enseigner au mieux, pour que les élèves réussissent au mieux à atteindre les objectifs fixés par le programme. Et en ce sens, ça va être un instrument de développement professionnel important tant pour les enseignants que pour les conseillers pédagogiques qui les accompagnent.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup. Enfin, Thomas Leroux, sur les besoins exprimés sur le geste graphique et la copie, peut-être pour compléter ce que Catherine a présenté tout à l'heure ?

Thomas LEROUX

Je reviens sur l'idée qu’effectivement, le geste graphique doit être travaillé selon des modalités adaptées à l'âge et bien évidemment jusqu'à la fin du CE2, à la fin du cycle 2, et que l'enseignant doit se préoccuper de faire réécrire régulièrement les élèves. Probablement qu'une ressource supplémentaire sera la bienvenue, notamment pour le CE2, pour expliquer et préciser ce qu'est la copie guidée et comment est-ce qu'elle peut être mise en œuvre dans la classe.

Enfin, sur les ressources qui existent, je voudrais préciser aussi que les repères de progression qui ont été évoqués par une enseignante précédemment sont utilisables et sont complètement en cohérence avec les programmes et les complètent. Les programmes ont donné des grandes priorités par année et peuvent être largement complétés par les progressions qui sont toujours en vigueur et qui permettent de conduire un enseignement explicite et efficace.

Laurent BERGEZ

Merci beaucoup. Merci à tous les trois. Il est désormais temps pour nous de clore cette émission. Je remercie très chaleureusement l'ensemble des intervenants : les enseignants, les intervenants ici en plateau. Les échanges furent nourris, riche et je vous propose de nous retrouver dans une prochaine émission de « Regards sur les programmes ».