
80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire
À l'occasion du 80e anniversaire de la Libération de la France, des commémorations seront organisées en 2024 et 2025 sur l’ensemble du territoire. Dans le cadre de ce cycle commémoratif, les professeurs du premier et du second degré sont invités à mettre en place des projets pédagogiques et éducatifs.
Rappel historique
Après la signature de l’armistice à Rethondes le 22 juin 1940, le territoire français est morcelé et partiellement occupé par l’armée allemande ou, pour une petite zone au sud-est, par l’armée italienne, avant de l’être entièrement à partir du 8 novembre 1942 après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord.
Après la libération de la Corse en septembre 1943 consécutivement à la chute de Mussolini et l’armistice décidée par le nouveau gouvernement italien, la libération du territoire métropolitain était aussi attendue que redoutée par la population. La crainte d’un enlisement du front, des bombardements alliés ou d’une politique de terre brûlée allemande était très répandue. Pourtant, en moins d’un semestre, la quasi-totalité du territoire national a été libéré, à la surprise générale.
Le débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944 s’accompagne de l’entrée en action sur tout le territoire des Forces françaises de l’intérieur (FFI) constituées dans la clandestinité par la Résistance. Durant près de deux mois, les forces débarquées restent bloquées en Normandie par l’armée allemande. Les populations de Normandie souffrent alors tout particulièrement des bombardements aériens. Mais les mois d’août et septembre 1944 voient une spectaculaire accélération des opérations. Le front allemand est percé, et les troupes alliées, rejointes le 1er août 1944 par la deuxième division blindée du général Leclerc (2e DB), progressent rapidement vers la Bretagne et vers Paris. Le repli de l’armée allemande s’accompagne de massacres parmi les populations civiles (par exemple à Tulle, Oradour-sur-Glane ou Vassieux-en-Vercors). Le 15 août 1944, les forces américaines et françaises réussissent un second débarquement en Provence. Cette fois, les Allemands n’ont plus la force de s’y opposer militairement et ordonnent l’évacuation de tout le sud de la France. Durant l’été 1944, les convois de déportation se poursuivent de la France vers l’Est et la mortalité n’a jamais été aussi forte dans les camps de concentration et dans les centres de mise à mort en Europe.
Le 25 août 1944, Paris est libéré par les troupes de la 2e DB, des Américains et les Forces françaises de l’intérieur. Trois jours plus tard, Marseille l’est par celles de la Première armée française (levée et formée en Afrique du Nord), qui remonte ensuite la vallée du Rhône. Tout le tiers sud-ouest du pays est libéré par les FFI. Les forces alliées débarquées en Normandie et en Provence font leur jonction en Bourgogne à la mi-septembre. Du fait de l’étirement de leurs lignes de ravitaillement, elles ne peuvent poursuivre leur avancée. Le front se reconstitue au pied des Vosges. En septembre 1944, des rafles et des déportations ont encore lieu dans les Vosges et notamment dans la vallée du Rabodeau.
Les Vosges et l’Alsace sont ainsi les derniers départements français à être libérés, pour l’essentiel par des troupes françaises. Les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin avaient été annexés par le Reich. Honorant le serment de Koufra le 2 mars 1941, la 2e DB entre dans Strasbourg le 23 novembre 1944, qu’elle défend ensuite d’une contre-offensive allemande, et la Première armée dans Colmar le 2 février 1945. Ne sont plus alors occupés par les Allemands que quelques ports de l’Atlantique et la mer du Nord, transformés en forteresses. Les dernières, à Dunkerque et Saint-Nazaire, ne se rendent qu’après la capitulation du 8 mai 1945.
Les derniers mois de la guerre, qui correspondent aux années 1944-1945, ont été les plus meurtriers, pour les civils comme pour les militaires. En Europe, les nazis utilisent leurs dernières forces (humaines et technologiques), espérant jusqu’au bout changer le cours de la guerre alors même que les bombardements de l’aviation alliée s’intensifient. À mesure que les armées alliées progressent à l’ouest comme à l’est, elles découvrent les camps de concentration (à l’ouest, sur l’ancien territoire du Reich) et les centres de mise à mort (à l’est). Le génocide des juifs, désigné aussi sous le terme de Shoah, a provoqué la mort de près de 6 millions de personnes. Plus de 220 000 personnes ont péri lors du génocide des Tsiganes européens.
Le 8 mai 1945, le général de Lattre de Tassigny reçoit à Berlin, avec ses homologues américains, britanniques et soviétiques, l’acte de capitulation allemand qui met fin au conflit en Europe. Le 2 septembre 1945, le général Leclerc représente la France à la cérémonie de capitulation du Japon, qui met un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale. Après la défaite de 1940 et l’occupation de son territoire, la France trouve ainsi une place dans le rang des vainqueurs
Sur le territoire métropolitain, la participation d’armées françaises débarquées ainsi que des FFI a été très appréciée de la population. Pourtant, ces armées dépendaient étroitement de l’équipement fourni par les Américains, et n’étaient pas pleinement maîtresses de leurs mouvements, qui devaient s’inscrire dans la stratégie définie par le chef d’État-major interallié, le général américain Eisenhower.
Encore dépendante de ses alliés sur le plan militaire, la France met un point d’honneur à ne plus en dépendre sur le plan politique. À mesure que le territoire français est libéré, une administration provisoire se met en place, sous la double impulsion du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par le général de Gaulle, qui foule pour la première fois depuis 1940 le territoire français à Bayeux le 14 juin 1944, et des Comités de libération mis en place localement par la Résistance, tout particulièrement dans les zones où elle a libéré seule le pays. Dans sa réalité politique, le pays connaît un extrême morcellement que renforce la désorganisation des transports.
La priorité du GPRF est de restaurer l’autorité de l’État sur tout le territoire. Cette politique est martelée lors de la tournée du général de Gaulle en septembre 1944 à Lyon, Marseille et Toulouse, où il réclame avec force obéissance aux autorités locales issues de la Résistance. Les FFI sont ainsi intégrées à la Première armée française, pour ceux de ses combattants qui le souhaitent ; les autres sont désarmés et rendus à la vie civile.
Après avoir chassé l’occupant et rétabli l’autorité de l’État, la dernière étape est de restaurer la souveraineté de la nation. C’est le sens que prennent les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, les premières où votent les femmes ; puis, une fois la paix rétablie, les élections générales du 21 octobre 1945, qui dotent le pays d’une nouvelle Assemblée nationale (la première depuis celle élue en 1936) dotée de pouvoirs constituants.
On mesure l’efficacité de cette restauration de la souveraineté nationale, célébrée à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, en la comparant à ce qui s’est passé dans d’autres pays européens occupés par les Allemands.
Alors que les tensions au sein de la Résistance française étaient extrêmement vives à l’été 1944, notamment autour du rôle et des intentions des communistes, et que régnait un climat insurrectionnel, la France a su éviter la guerre civile qu’ont connue la Yougoslavie et la Grèce avec la libération.
L’action conjointe du GPRF et de la Résistance intérieure pour combler le vide administratif créé par l’effondrement du régime de Vichy a aussi permis d’éviter la mise en place d’une administration du territoire français du Gouvernement militaire allié des territoires occupés, qui a été instauré en Italie ou en Belgique. Sur le plan international, alors que de nombreux pays voient leurs frontières modifiées en profondeur (par exemple la Pologne), la France a retrouvé l’intégralité de son territoire national comme de son empire, y compris l’Indochine occupé par les Japonais. Pourtant, la sévère répression des manifestations algériennes à Guelma et Sétif le 8 mai 1945, jour de la victoire en Europe, frappe profondément l’opinion algérienne, et sert les mouvements indépendantistes qui vont déclencher neuf ans plus tard l’insurrection marquant le début de la guerre d’Algérie. Le 2 septembre 1945, date de la capitulation japonaise, le Vietnam, qui a été occupé par les Japonais, proclame son indépendance. Des troupes françaises sont envoyées pour s’y opposer. C’est l'origine de la guerre d’Indochine qui s’achèvera en 1954.
La célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 8 mai 1945 met fin aux combats, mais pas aux souffrances de la guerre. Des centaines de milliers de Français restent sans nouvelles de leurs proches, ignorant s’ils sont morts ou vivants, internés ou déportés en Allemagne, disparus lors des combats de la Libération. Au printemps 1945, plus d’un million et demi de personnes (prisonniers de guerre et civils) doivent rentrer en France. Beaucoup de villes sont détruites. Des blessures ouvertes pendant la guerre sont ravivées lors des grands procès de l’épuration, qui prennent la suite de l’épuration extra-judiciaire de l’automne 1944. En 1953 tous les actes répréhensibles, notamment de collaboration, commis pendant la guerre sont amnistiés, sauf en cas de crime contre l’humanité En effet, cette notion juridique nouvelle, introduite lors des procès de Nuremberg, où sont jugés les principaux responsables nazis, revêt un caractère imprescriptible.
La Mission du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire
À l’occasion de 79e anniversaire du Débarquement de Normandie, le 6 juin 2023, le président de la République a annoncé la création d’un groupement d’intérêt public, structure interministérielle chargée de coordonner la commémoration des évènements allant du début de la libération du territoire métropolitain jusqu’à la fin de la guerre.
Une « Mission du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire » assure la préfiguration, l’organisation et la promotion du programme commémoratif de ce 80e anniversaire sur l’ensemble du territoire national et le cas échéant à l’étranger, conformément à l’arrêté du 8 septembre 2023.
Points d’appui dans les programmes
Les débarquements, la Libération et la Victoire sont abordés à différents niveaux d’enseignement dans les programmes d’histoire.
- Dès la classe de CM2, ils peuvent être traités dans le chapitre « Deux guerres mondiales au XXe siècle ».
- Au collège, ces sujets sont étudiés dans le programme d’histoire de la classe de 3e (« La Deuxième Guerre mondiale : une guerre d’anéantissement » et « 1944-1947 : refonder la République, redéfinir la démocratie »).
- Au lycée, ils apparaissent dans le thème « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914 ;1945) » en première professionnelle ; en terminale générale et technologique, ils sont abordés dans le cadre de l’étude de la Seconde Guerre mondiale. En terminale générale spécifiquement, un point de passage et d’ouverture porte sur « juin 1944 : le débarquement en Normandie et l’opération Bagration ».
Ces entrées de programme peuvent être l’occasion d’initier un travail interdisciplinaire en lien avec le français, l’EMC, les arts plastiques, l’histoire des arts, l’éducation musicale, etc.
- En EMC, on peut mobiliser la question de l’engagement mais également celle de la Défense nationale.
- En français, dans le cadre d’une séquence menée en classe de 3e autour de l’enjeu littéraire et de formation personnelle « Agir dans la cité : individu et pouvoir », les élèves pourront être amenés à décrire et analyser des affiches de propagande pour en comprendre les enjeux, ou encore à étudier les messages radio codés et notamment la citation du poème de Verlaine sur les ondes de la BBC.
Appel à projets
L’appel à projets « Labellisation des projets réalisés dans le cadre du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire » est ouvert sur l’application ADAGE, accessible depuis l’intranet académique, du lundi 13 novembre 2023 au vendredi 19 janvier 2024. Les équipes éducatives sont invitées à inscrire leurs projets sur cette plateforme afin de les faire connaître aux autorités académiques, et de les inscrire dans le parcours de chaque élève.
Ces projets s’appuient sur la mise en œuvre des programmes des premier et second degrés mais aussi sur des actions éducatives mémorielles dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle (EAC).
Via la plateforme ADAGE, la part collective du « pass Culture » permet aux professeurs de financer des activités EAC pour leurs classes et groupes d’élèves. Cette part s’applique aux élèves de la 6e à la terminale des établissements publics et privés sous contrat.
Des lieux d’histoire et de mémoire
Des lieux de mémoire liés à la Seconde Guerre mondiale jalonnent le territoire français. Dans chaque commune, un monument aux morts célèbre le sacrifice des soldats morts au combat, mais aussi l’engagement des résistants notamment dans les maquis, des Français libres, des déportés et la souffrance des populations civiles. Des plaques et des stèles apposées sur des lieux précis rappellent la mémoire de ceux qui sont « Mort pour la France » ou qui ont subi des exactions.
De nombreux lieux de mémoire, notamment s’ils reçoivent des publics scolaires sont référencés sur la plate-forme Adage. Tous les personnels de l’éducation nationale y ont accès via leur intranet.
La direction de la mémoire, de la culture et des archives (ministère des Armées) anime le réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains (RMMCC), dont la liste est disponible sur le site Chemins de mémoire et qui comprend notamment les Hauts lieux de la mémoire nationale, placés sous la responsabilité du ministère des Armées et gérés par l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG) : le mémorial du Mont-Valérien (Hauts-de-Seine), le Centre européen du résistant déporté (ancien camp de Natzweiler-Struthof, Bas-Rhin), le mémorial des martyrs de la déportation (Paris), le mémorial national de la prison de Montluc (Rhône), le mémorial du débarquement et de la libération de la Provence, au Mont-Faron (Var).
Un annuaire des musées de la Seconde Guerre mondiale est consultable sur le Musée de la Résistance en ligne.
Des musées, mémoriaux, centres d’histoire, centres d’archives (nationales, départementales, municipales) proposent des expositions, des conférences, mais aussi des médiations à l’attention des publics scolaires. Des ressources peuvent également être consultées en ligne sur leurs sites respectifs. Par exemple : le mémorial de Caen et le mémorial de Falaise ; le Musée de la Libération de la Paris- Musée du général Leclerc- Musée Jean Moulin ; le Musée de l’Ordre de la Libération ; le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon ; le Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne ; les musées de la Résistance et de la Déportation (Besançon, Limoges, Nantua, Toulouse, Bondues, etc.) ; La Coupole (Helfaut) ; le Centre Régional Résistance & Liberté de Thouars et le Centre Régional d’histoire de la Résistance de Castelnau-le-Lez).
Ressources
Ces thématiques invitent à découvrir avec les élèves des archives dans les centres dédiés ou sur Internet.
Les archives départementales et les Archives nationales ont des services pédagogiques ou de médiation qui peuvent accueillir et guider les équipes éducatives et les élèves. Des témoignages des acteurs de la période ont été par exemple enregistrés et conservés. Par ailleurs, les centres d’archives départementaux mettent en ligne des documents sur leurs sites internet.
Gallica donne accès à des collections de journaux numérisés. Des journaux issus de la Résistance, comme Le Franc-Tireur, ou France-Soir, qui succède au journal Défense de la France, permettent de suivre les événements à l’échelle nationale. La presse locale peut également être consultée dans les centres d’archives ou les collections privées.
De nombreux médias sont disponibles sur Lumni enseignement.
Le site « Images défense » (ministère des Armées/ECPAD) propose de très nombreux médias (photographies, films).
Le Musée de la Résistance en ligne (Fondation de la Résistance) propose de nombreuses expositions virtuelles sur les libérations.
- « La Résistance par les événements » donne accès à 32 séquences d’une minute racontant archives à l’appui les principaux événements qui ont marqué l’histoire de la Résistance française et la libération du territoire (1940-1945).
- Des expositions thématiques donnent accès à de très nombreux documents d’archives contextualisés et analysés, citons par exemple « La Libération du territoire et le retour à la République »; des expositions réalisées à l’échelle régionale comme « La libération de l’Ile-de-France », « Résistance et libération de la Corse », « Le Vercors résistant » ; des expositions sur les armes et les insignes « Les chars FFI (1944-1945) », « Les brassards de la Résistance » ou encore l’exposition « Juifs, résistants et combattants » qui présente l’engagement des hommes et des femmes qui ont combattu dans différentes unités jusqu’à la victoire.
Le Livre mémorial dirigé par la Fondation pour la mémoire de la Déportation permet de consulter les parcours des déportés dans l’univers concentrationnaire nazi.
Le Concours national de la Résistance et de la Déportation est l’occasion pour les fondations mémorielles de coordonner et de publier, avec le soutien du ministère chargé de l’éducation nationale et du ministère des Armées, une brochure à portée scientifique et pédagogique sur le thème annuel. Citons parmi les dernières publications :
- « La fin de la guerre. Les opérations, les répressions, les déportations et la fin du IIIe Reich (1944-1945) » (session 2021-2022, coordination Fondation du mémorial de la Shoah)
- « Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945. Espaces et histoire » (session 2018-2019, coordination Fondation pour la mémoire de la Shoah)
- « La négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi » (session 2016-2017, coordination Fondation pour la mémoire de la Déportation)
- « La Libération du territoire et le retour de la République » (session 2011-2012, coordination Fondation de la Résistance)
La publication de deux ouvrages a donné lieu à la réalisation d’espaces numériques sur lesquels des séquences de cours peuvent être consultées :
- Enseigner la Résistance (réseau Canopé / Fondation de la Résistance) propose des séquences de cours sur la libération de la France. Cet espace est associé à un ouvrage éponyme qui contient notamment des chapitres sur les libérations (2016).
- Enseigner de Gaulle (Fondation Charles de Gaulle) propose également des séquences de cours. Cet espace est associé à un ouvrage éponyme édité par Réseau Canopé (2018).
Partenaires
Le Groupement d’intérêt public « Mission du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire » (lien à venir)
La Direction de la mémoire, de la culture et des archives et son site Chemins de mémoire (DMCA-ministère des Armées)
L’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG)
L' Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD)
Fondation pour la mémoire de la Déportation
Fondation pour la mémoire de la Shoah
Fondation du Maréchal de Lattre de Tassigny