Mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions

Mis à jour : mai 2023

Un sujet de réflexion citoyenne pour la communauté éducative

Dès l'école élémentaire et le collège, les enseignements, en particulier d'histoire-géographie, permettent à tous les élèves d'acquérir des connaissances sur la question de l'esclavage. Ces connaissances, souvent complétées par l'engagement des élèves dans une action éducative, la participation à un temps fort mémoriel ou la visite d'un lieu de mémoire, doivent leur permettre de développer une réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l'humanité.

Depuis les années 80, en France comme dans d'autres pays dont l'histoire a été marquée par le commerce triangulaire, la mémoire de l'esclavage est un sujet qui a pris de plus en plus d'importance et de visibilité sur la scène publique.

En France, au début des années 2000, l'Etat décide de reconnaitre officiellement la traite et l'esclavage comme crimes contre l'Humanité. Le phénomène mémoriel, jusque-là très circonscrit à certains territoires ultra-marins prend une résonance nationale. Dans les années qui suivent, l'étude de ces faits historiques trouvent la place qui leur est due dans les programmes d'enseignement.

Au-delà de l'aspect mémoriel et du travail historique, c'est aujourd'hui un sujet important de réflexion citoyenne pour la communauté éducative, qui peut être abordé de manière interdisciplinaire. Pour ce faire, de nombreux outils sont à la disposition des enseignants.

Plusieurs temps forts mémoriels


Au niveau international

Pendant plus de quatre siècles, plus de 15 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été victimes de la traite transatlantique des esclaves. Ces phénomènes qui ont marqué l'histoire de nombreux pays, sur plusieurs continents. C'est pourquoi les instances internationales ont souhaité entretenir cette mémoire.

Le 25 mars, Journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves

L'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé dans sa résolution A/RES/62/122 adoptée le 17 décembre 2007  le 25 mars comme Journée internationale de célébration du bicentenaire de l'abolition de la traite transatlantique des esclaves.

Le 23 août, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition initiée par l'UNESCO en 1998, rappelle que, dans la nuit du 22 au 23 août 1791, éclata à Saint-Domingue, un soulèvement d'esclaves qui a fortement influencé le processus d'abolition de la traite négrière dans l'ensemble des colonies européennes.

Le 2 décembre, Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage

La Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage commémore la date anniversaire de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies, de la convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui en 1949.

Au niveau national

Chaque année, la communauté éducative est invitée à organiser des moments particuliers de réflexion et d'échange à l'occasion de ces commémorations.

Ces journées sont également l'occasion d'élargir la réflexion à des problématiques actuelles comme la traite des êtres humains, le travail forcé en général et celui des enfants en particulier.

Le 10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition

En France, depuis la publication du décret n° 2006-388 du 31 mars 2006, le 10 mai est la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition.

Cette date a été choisi en référence au 10 mai 2001, jour de l'adoption en dernière lecture par le Sénat de la loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 reconnaissant la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité.

Le 23 mai, Journée nationale en hommage aux victimes de l'esclavage colonial

La Loi n°017-256 du 28 février 2017 de programmation relative à l'égalité réelle outre-mer a instauré une 2e date commémorative : celle du 23 mai, Journée nationale en hommage aux victimes de l'esclavage colonial. Cette date rappelle le 23 mai 1848, où le décret Schoelcher du 27 avril 1848 abolissant l'esclavage entre en application sur le 1er territoire d'Outre-mer à recevoir l'information (la Martinique), ce qui entraine les premières libérations officielles d'esclaves. Elle fait également écho à la la marche silencieuse du 23 mai 1998 qui a contribué au débat national aboutissant au vote du 21 mai 2001, reconnaissant l'esclavage en tant que crime contre l'humanité.

Au niveau local

Pour des raisons historiques, dans certaines collectivités d'Outre-mer, il existe des journées spécifiques de commémoration (définies par le décret n° 83-1003 du 23 novembre 1983)  :

  • le 27 avril à Mayotte ;
  • le 22 mai en Martinique ;
  • le 27 mai en Guadeloupe ;
  • le 27 mai à Saint-Martin ;
  • le 10 juin en Guyane ;
  • le 9 octobre à Saint-Barthélémy ;
  • le 20 décembre à la Réunion.

Un partenaire privilégié : la Fondation pour la mémoire de l'esclavage


Avant la fondation : l'action du Comité national pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage (CNMHE)

La loi de 2001 a notamment instauré le Comité pour l'histoire et la mémoire de l'esclavage, un organisme composé de personnalités qualifiées, parmi lesquelles des représentants d'associations défendant la mémoire des esclaves, chargé de proposer, sur l'ensemble du territoire national, des lieux et des actions qui garantissent la pérennité de la mémoire de ce crime à travers les générations.

La création de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage (FME)

Dès 2006, le Président de la République Jacques Chirac lançait une réflexion sur la création d'une institution autonome dédiée à la mémoire de l'esclavage. Ce projet est repris en 2016 par le Président de la République François Hollande qui confie à Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin, une mission de préfiguration visant à transformer le CNMHE en une fondation reconnue d'utilité publique.

À l'issue d'un travail préparatoire de deux ans réalisé par un groupement d'utilité publique, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage voit le jour fin 2019 (décret du Conseil d'Etat du 12 novembre 2019 portant reconnaissance de la fondation comme établissement d'utilité publique). Le 13 novembre 2019, le conseil d'administration de la fondation est installé et porte à sa présidence Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre.

Le 15 novembre 2019, est signée par, le Premier ministre Édouard Philippe et Jean-Marc Ayrault, une convention de partenariat entre l'État et la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. La fondation, bénéficiant du soutien de l'État, s'engage notamment à créer des outils pédagogiques, à participer à la formation continue des enseignants et à soutenir des activités éducatives (concours scolaires, visite de sites mémoriels...)

Site de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage

Une action éducative nationale : le concours la Flamme de l'égalité

À la rentrée scolaire 2015, le ministère chargé de l'éducation nationale, le ministère des Outre-mer et le CNMHE ont décidé d'organiser un concours scolaire national intitulé La Flamme de l'égalité. À partir de 2016, la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH) a souhaité apporter son soutien à ce concours.

Ce concours a pour but de permettre aux élèves de mener une réflexion citoyenne s'appuyant sur l'histoire de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, de leurs survivances comme de leurs effets et de leurs héritages contemporains.

Il s'adresse aux élèves depuis le cycle 3 jusqu'à la classe de terminale.

Consulter la page éduscol dédiée au concours la Flamme de l'égalité.

Des lieux de mémoire en métropole et dans les Outre-mer

La visite de lieux de mémoire peut offrir aux élèves un moyen très concret de découvrir l'Histoire. Cela nécessite bien sûr une préparation en amont et une restitution en aval. Certains voyages scolaires conduisant à la visite de lieux de mémoire peuvent bénéficier du soutien de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

Les programmes d'enseignement et les ressources pédagogiques

Programmes d'enseignement

L'École a un rôle essentiel à jouer dans l'enseignement de l'histoire et la transmission de la mémoire auprès des enfants et des jeunes. Dans le cadre défini par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, le thème des esclavages et de leurs abolitions est inscrit aux deux niveaux de la scolarité obligatoire, primaire et collège. On le retrouve également au lycée.

Les esclavages dans les programmes scolaires

L’ensemble des documents proposés dans ce dossier présente les esclavages, leurs formes et leurs dimensions mémorielles dans les programmes scolaires de différentes disciplines et enseignements : lettres, philosophie, sciences économiques et sociales, langues vivantes, histoire-géographie, enseignement moral et civique.

Exemple de productions proposées par les partenaires de l'institution scolaire

  • La canne à sucre et ses enjeux aux Antilles françaises, des origines au début du XXe siècle, de Sylvie Meslien, Canopé (ex-CRDP) Martinique, 2009, 160 p. ;
  • Allégorie de l'abolition de l'esclavage à La Réunion en 1848 (étude d'un tableau d'Alphonse Garreau), collection Peintures d'Histoire, 22 minutes, Canopé (ex-CRDP) La Réunion, 2007 ;
  • Colonisation, Décolonisation, vol. 4 Conquête et partage, DVD Réseau Canopé (ex CNDP), 2001, 40'10 ;
  • Un commerce pour gens ordinaires ? La Rochelle et la traite négrière au XVIIIe siècle, Archives départementales de Charente-Maritime. Imprimé, 2010, 80 p. ;
  • Une campagne de traite nantaise : service pédagogique des archives départementales de Nantes permettant de travailler sur le dossier de la Jeannette (1743) ;
  • Comprendre la traite négrière atlantique par une équipe d'enseignants dirigée par S.Marzagalli, professeur d'histoire moderne à l'université de Nice Sophia Antipolis. Imprimé (270 p.), cédérom (160 documents), pistes d'exploitation pédagogique en ligne, CRDP Bordeaux, 2009 ;
  • Les traites négrières, d'Olivier Pétré-Grenouilleau, Documentation photographique n° 8032 (2002), 64 p. ;
  • Ebo-Raphael. L'histoire d'un esclave, Repères pour éduquer, CIDEM, 2011, 20p. ;
  • Césaire, poète de l'universelle fraternité, DVD, Canopé (ex-CRDP) Antilles-Guyane, 1994, 50'.

Ressources hors institution scolaire

Travaux scientifiques

  • Andreau (J.), Descat (R.), Esclave en Grèce et à Rome, Paris, Hachette, 2006 ;
  • Bathily (A.), Les portes de l'or. Le royaume de Galam (Sénégal) de l'ère musulmane au temps des négriers (VIIIème-XVIIIème siècle), Paris, L'Harmattan, 1989 ;
  • Botte (R.), Esclavages et abolitions en terres d'Islam, Bruxelles, A. Versaille, 2010 ;
  • Collectif, Dictionnaire des esclavages, Paris, Larousse, 2010 (depuis les origines jusqu'à nos jours) ;
  • Collectif, Lorient, la Bretagne et la traite (XVIIème-XIXème siècles), Musée de la Compagnie des Indes de Lorient, cahier n° 9/10, 2006 ;
  • Daget (S.), Renault (F.), Les traites négrières en Afrique, Paris, Karthala, 1985 ;
  • Dorigny (M.), Gainot (B.), Atlas des esclavages, Paris, Autrement, 2006 (pour ses documents) ;
  • Ehrard (J.), Lumières et esclavage. L'esclavage colonial et la formation de l'opinion publique en France au XVIIIème siècle, Bruxelles, A. Versaille, 2008 ;
  • Equiano (O.), Gustavus Vassa l'Africain, le passionnant récit de ma vie, Paris, L'harmattan, 2003 ;
  • Garlan (Y.), Les esclaves en Grèce ancienne, Paris, Maspéro, 1982 ;
  • Gautier (A.), Les sœurs de Solitude. Femmes et esclavage aux Antilles, du XVIIème au XIXème siècles, Rennes, PUR, 2010 ;
  • Guillet (B.), La Marie-Séraphique, navire négrier, Nantes, MeMo éditions, 2010 ;
  • Meillassoux (Cl.), Anthropologie de l'esclavage, Paris, PUF, 1986 ;
  • Oudin-Bastide (C.), Des nègres et des juges. La scandaleuse affaire Spoutourne (1831-1834), Paris, Complexe, 2008 ;
  • Pétré-Grenouilleau (O.), Les traites négrières. Essai d'histoire globale, Paris, Gallimard, 2004 et L'histoire de l'esclavage racontée en famille, Paris, Plon, 2008 ;
  • Régent (F.), La France et ses esclaves, Paris, Grasset, 2007 ;
  • Rochmann (M.-C.), L'esclave fugitif dans la littérature antillaise, Paris, Karthala, 2000 ;
  • Véran (J.-F.), L'esclavage en héritage (Brésil). Le droit à la terre des descendants de marrons, Paris, Karthala, 2003.

Autres ressources

Ressources iconographiques
Archives
Statistiques
Textes des organisations internationales