Développer des galeries virtuelles à dimension pédagogique

Dans la veine des galeries virtuelles développées par de grandes institutions culturelles afin de rendre accessible en ligne leurs collections, nombre d'enseignants créent et engagent leurs élèves dans la production de galeries virtuelles à dimension pédagogique donnant la possibilité de diffuser le travail de création opéré en classe hors la classe. Ces galeries sont également l'occasion de partager des références artistiques et culturelles afin d'étoffer la culture artistique de leurs élèves.

Mis à jour : août 2022

Les galeries d'établissements scolaires

L’acte d’exposition est particulièrement riche d’apprentissages disciplinaires et transversaux. Il gagne à se travailler par l’intermédiaire de galeries d’établissements scolaires. Les récents programmes du lycée synthétisent cette démarche, commune à tous les cycles : « Ce travail (“exposer”) s’opère selon deux perspectives qui, sans se confondre, s’articulent et mobilisent des compétences complémentaires :

  • présenter à un public sa production plastique, dans des formes diverses et comme composante d’une formation plasticienne ;
  • chaque fois que possible, exposer des œuvres d’art et proposer la rencontre avec l’artiste comme dynamique d’un projet et modalité d’une expérience esthétique, culturelle et sociale ouverte à la communauté éducative. »

Il s’agit, pour les élèves, d’apprendre collégialement à partager le sensible à partir de productions plastiques, de démarches, de projets, de réceptions individuelles et collectives de ces pratiques. Au-delà d’un affichage, l’exposition est une écriture (intention, mise en regard, récit, etc.) et une invention (remodelage de l’espace, parcours, audace du rythme…) Elle s’inscrit dans une dynamique de projet. Elle articule le non verbal (les langages de l’art) et le verbal (dire la pratique artistique).

Une galerie d’établissement, c’est l’opportunité d’engager les élèves dans un travail de commissariat d’exposition d’œuvres d’art réalisées par un artiste, associées à une thématique.

Grâce au numérique, les galeries virtuelles donnent la possibilité d’appréhender de nouvelles modalités d’exposition. Elles permettent de revisiter l’articulation entre pratique plastique et développement de la culture artistique de l’élève et donnent la possibilité d’accéder à des ressources culturelles et artistiques sélectionnées.

Une exposition pédagogique « virtuelle » ne se substitue pas à une galerie d’établissement ou à la fréquentation d’une structure culturelle partenaire. Elle peut être la mémoire d’une exposition physique, son prolongement, son archivage, mais aussi une exposition à part entière. Elle propose une expérience numérique qui engage des questionnements sur la diffusion de l’œuvre dématérialisée, sa reproductibilité, sa propagation virale en réseau, par exemple.

Les TraAm (travaux académiques mutualisés) menés par les équipes de recherche numérique en arts plastiques des académies de Créteil, Toulouse, Nantes, Limoges, Poitiers et Amiens ont permis d’engager une réflexion sur les galeries virtuelles à dimension pédagogique.

Créer, exposer, collaborer virtuellement

Dans l’académie de Créteil, Collabor@classe est un projet développé au sein de plusieurs départements via la plateforme Frame.Vr. Il est porté par l’équipe du GREID (Groupes de Réflexion et d’Expérimentation Informatique Disciplinaires) Ce projet pose la question de la collaboration en différents espaces et selon différentes temporalités via la galerie virtuelle pédagogique.

Les élèves de plusieurs établissements scolaires des cycles 4 et terminal du lycée ont exposé leurs travaux numériques dans des galeries virtuelles immersives totalement paramétrables. La galerie numérique devient un espace d’exposition multimédia collaboratif dans lequel se mettent progressivement en place des mécanismes d’autorégulation. Ces règles collaboratives s’appuient sur les règles de vie de classe qui permettent à chacun de trouver sa place tout en interagissant dans l’espace virtuel.

Dans l’académie de Toulouse, le groupe de réflexion sur les usages du numérique en arts plastiques développe un outil applicatif de géolocalisation des œuvres d’art sur son territoire via la plateforme Openstreetmap. Il s’interroge sur l’indexation possible de la référence artistique et culturelle via une galerie virtuelle géolocalisée.

Les ressources culturelles et artistiques référencées sont des œuvres d’art installées dans l’espace public ou présentent dans différentes structures culturelles. Chaque géolocalisation de ces œuvres est associée à un geste plastique s’y référant allant du geste sculptural au geste numérique. Elles sont également accompagnées de capsule vidéo d’analyse de pratique et de « story-telling » réalisées dans le cadre de l’enseignement des arts plastiques du cycle 4. Par ce biais, l’élève s’engage dans une pratique plastique entrant en résonance avec des pratiques artistiques. Ce projet interroge les articulations possibles entre les dimensions culturelles, plasticiennes et théoriques.

Une attention particulière est portée sur le choix d’outils numériques Open source et respectueux du RGPD (La Digitale, apps.education.fr, la Quizinière). Un Digipad est créé afin de mutualiser les réflexions et questionnements dans et hors la classe.

Exemples de scénarios sur édubase

Organiser une exposition virtuelle L’art des vanités, de l’académie de Nantes, propose une méthodologie pour la mise en œuvre d’une exposition virtuelle en classe.

L’espace numérique comme extension, de l'académie de Poitiers, propose un questionnement sur l’espace numérique comme prolongement virtuel de la salle d’arts plastiques. Un « lieu » pour se projeter, expérimenter, réaliser, exposer des productions.

Exposer nos productions, de l'académie d’Orléans-Tours. L’objet de cette séquence amène à ce que les élèves réalisent d’eux-mêmes une présentation numérique de leurs productions (réalisées et à venir), sorte de galerie virtuelle qui sera présentée au sein du collège et sur son réseau interne (affichage divers : écran d’accueil/restauration scolaire, CDI, site, pages ENT…).

Référencer des ressources artistiques et culturelles via des galeries virtuelles

Dans l’académie de Nantes, le projet développé par l’équipe Arts Plastiques et Numérique engage une réflexion sur la création de galeries virtuelles à vocation pédagogique questionnant des composantes plasticiennes, théoriques et culturelles. Ces galeries virtuelles sont pensées comme des espaces de publication, des collections de ressources culturelles ou de productions d’élèves faisant écho aux pratiques de l’archivage des artistes et des structures culturelles.

Ces galeries virtuelles s’assimilent à des carnets de recherche prenant la forme de portfolios numériques soulevant la question de la rencontre entre la parole de l’artiste et de l’élève. Ce travail engage une dimension temporelle où l’œuvre doit être gardée en mémoire pour faire référence. En cela, ce dispositif interroge la référence. Qu’est-ce qui fait référence ? Que faut-il pour qu’il y ait référence ? Plus largement, quelles traces du cours doit conserver l’élève dans son parcours d’éducation artistique et culturelle (EAC) scolaire ?

Un travail dans les ENT (E-Lyco) se développe afin de donner la possibilité aux élèves de créer leurs propres collections de ressources culturelles dans une forme d’auto culturation initiée en classe ou hors la classe. Ce projet souhaite développer chez l’élève la volonté de construire une culture commune. Le site InSitu se présente comme le support de ces expérimentations collectives.

Dans les académies de Limoges et de Poitiers, un travail se développe sur l’usage des réseaux sociaux dans le cadre de l’enseignement des arts plastiques mené par un groupe d’appui. Comment les artistes se saisissent des réseaux sociaux ? Quels en sont les enjeux ? Diffusion, viralité, prolifération, reproductibilité de l’image sont différents questionnements afférents. Ainsi, les artistes par l’usage du réseau social interrogent le statut même de l’œuvre d’art.

Comment ce travail s’articule dans la classe et hors la classe par l’intermédiaire du réseau social ? Au-delà de la crise sanitaire, la réflexion qui s’engage porte sur la capacité à maintenir du lien à distance en engageant les élèves dans une pratique à dimension artistique entremêlant différents espaces et différentes temporalités. Parallèlement, le réseau social est un outil permettant de travailler la trace du cours d’arts plastiques. Il est pensé comme une mémoire extériorisée (Bernard Stiegler) du cours.

Cette réflexion s’adosse à différentes ressources : la formation ENSA sur le commissariat d’exposition, l’artothèque du FRAC Poitou-Charentes et les archives de documents d’artistes de Nouvelle-Aquitaine.

Dans l’académie d’Amiens, le site Artborescence développé par le groupe de recherche sur le numérique propose à l’utilisateur plusieurs entrées possibles par notions, questionnements, compétences, couples de notions, artistes, œuvres d’art, interdisciplinarité. Il est pensé comme une galerie virtuelle collaborative d’indexation de références artistiques. Ces multiples entrées nourrissent différentes articulations entre les références artistiques et les programmes d’arts plastiques.