Se chercher, se trouver, se construire à Paris

Comment penser et représenter la relation de l’individu à la ville dans le Paris du début du XXe siècle ? Le professeur interroge, avec ses élèves, le rapport des écrivains et des artistes à la ville et questionne les influences de la ville sur la construction et l’expression de soi.

Mis à jour : novembre 2023

Au cycle 4

En français

En 4e, le professeur peut aborder le thème de la ville, et plus précisément celui de Paris, à travers le questionnement « Regarder le monde, inventer des mondes / La fiction pour interroger le réel ». Se questionner sur la représentation de Paris donnée à travers Au Bonheur des dames de Zola ou Bel-Ami de Maupassant rejoint alors une réflexion plus générale sur le cadre des récits réalistes, tandis que l’analyse de la façon dont les personnages s’inscrivent dans l’espace parisien conduit à une réflexion sur l’espace réservé aux différentes classes et groupes sociaux dans la ville, réflexion qui peut être développée dans le questionnement complémentaire « La ville, lieu de tous les possibles ».

En 3e, le questionnement « Se chercher, se construire / Se raconter, se représenter » peut être l’occasion de mener une réflexion sur l’inscription de l’individu dans l’espace parisien.

Ressources d'accompagnement sur le thème de Paris en cycle 4

En histoire des arts en classe de 4e

En lien avec les programmes d’histoire, le professeur peut aborder le thème de la ville, et plus précisément de Paris, à travers la thématique « De la Belle Époque aux « années folles » : l’ère des avant-gardes (1870-1930) », avec deux entrées possibles : « Paysages du réel, paysages intérieurs » ou « Photographie, cinéma et enregistrement phonographique : un nouveau rapport au réel ». La confrontation d’œuvres aux langages différents, l’écriture littéraire des romans réalistes avec les vues d’architecture, permet de présenter aux élèves le vocabulaire spécifique aux domaines de l’architecture et de la photographie. La relative simplicité de manipulation, la capacité à reproduire fidèlement la nature font de la photographie l'instrument idéal pour représenter la physionomie passagère de la ville dans le contexte de l’industrialisation. En lien avec les innovations techniques, la réflexion en classe peut se poursuivre sur la notion d’instantanéité et la réduction du temps de pose.

Cerner l’esprit des avant-gardes

Mêlant documents d’archive et technique d’animation traditionnelle (peinture sur verre, papiers découpés, encre, gouache …), la série Les Aventuriers de l'art moderne produite par Arte, disponible dans les médiacentres des ENT des établissements, présente sur le mode du récit les grandes figures de la modernité. Son intérêt est d’analyser les mécanismes du scandale ou de la célébration, les émotions populaires et artistiques comme le contexte favorable à l’éclosion de talents à Paris, capitale des arts.

Lien avec le programme

  • Thématique : De la Belle Époque aux « années folles » : l’ère des avant-garde (1870-1930)
  • Objet d’étude : Paysages du réel, paysages intérieurs
  • Piste : Le Bateau Lavoir à Montmartre : lieu de création de Picasso, laboratoire de la modernité et espace de sociabilité.
  • Compétence attendue au cycle 4 en histoire des arts en lien avec les autres disciplines : Associer une œuvre à une époque et à une civilisation à partir des éléments observés.

Spectacle de la rue et corps des ouvriers au travail en lien avec le thème en enseignement moral et civique (EMC)

Eugène Atget, à la manière d'un piéton, photographie les métiers en voie de disparition du Vieux Paris, enregistre et documente le spectacle de la rue avec ses vendeurs de coco, ses chiffonniers ou marchands d’abat-jour. Comme ses contemporains Edgar Degas ou Gustave Caillebotte, il reste un observateur attentif à la figure humaine. L'élève analyse mouvements, gestes et attitudes des différents ouvriers au travail et amorce un discours critique sur le regard porté par ces artistes : naturaliste, descriptif ou moralisateur ? Il commente ensuite l'inscription du corps dans l'espace urbain pour montrer la nouveauté de ces visions.

Consulter les ressources pédagogiques
  • La BnF : pistes pédagogiques de l’exposition virtuelle Atget, Regards sur la ville
  • Lam (Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art) : dossier pédagogique de l’exposition La Ville magique, 2012, Lille
  • La plateforme d'éducation au regard des Rencontres d'Arles « Observer Voir » propose un glossaire dans le domaine de la photographie
Consulter des analyses d’œuvres

En seconde et en première

En français

En classe de seconde, l’objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle » permet d’aborder les thèmes de la ville et de Paris, notamment à travers la lecture de romans réalistes ou naturalistes : L’Assommoir, La Bête humaine ou encore L’Œuvre de Zola, Bel Ami de Maupassant, Le Père Goriot de Balzac… Dans ces romans, l’ancrage des intrigues dans l’univers réel répond à un projet, celui de « faire concurrence » non seulement à l’état civil, mais aussi au monde réel. Dans leurs démarches, les auteurs s’appuient sur une documentation préalable importante. Les évocations de Paris dans ces romans se lisent alors comme autant de façons de leur apporter un cadre réaliste, de « faire vrai », afin d’emporter l’adhésion du lecteur. Dans l’article « Inscrire une œuvre dans un contexte sensible par la cartographie numérique », l’académie de Versailles propose d’aider les élèves à entrer dans la lecture d’un roman réaliste en visitant ses lieux et en reconstituant le trajet d’un personnage

En classe de première, l’objet d’étude « Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle » peut être l'occasion de lire l’incipit de La Peau de Chagrin, avec la description très précise du trajet de Raphaël du Palais Royal au Quai Voltaire où l'on retrouve la volonté de Balzac de poser un cadre réaliste, afin de mieux préparer l’entrée dans le fantastique dans la suite du roman.

Lien avec les programmes

En seconde - objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle »

En première - objet d’étude « Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle »

En histoire des arts

En classe de seconde, dans le cadre de la période 4 « du XIXe au XXe siècle », « Paris de 1905-1937 » est un des foyers chrono-géographiques possibles pour aborder les thèmes de la ville nocturne et cosmopolite, à travers l’étude du quartier de Montmartre.

Montmartre, ses ateliers, lieux de rencontre et de création, sont le creuset d’une nouvelle culture urbaine. À travers le parcours de pionnières, des artistes Suzanne Valadon, Loïe Fuller, La Goulue reine du Moulin Rouge, la galeriste Berthe Weill, les modèles anonymes ou Suzon la serveuse au bar des Folies Bergères, il est possible en classe, de dresser le paysage artistique de Paris, capitale des arts. Il s'agit moins d'entrer avec les élèves dans une description historique et géographique détaillée de la Butte (autour de la place de Clichy, les Batignolles, la gare Saint-Lazare) que d'aborder de façon simple l'atmosphère nocturne et les lieux de la bohème parisienne, cafés, guinguettes, salles de spectacle, sous le prisme du genre.

Consulter des propositions pédagogiques
Analyses d’images
Enregistrement sonore

Musée Picasso Paris : conférence Picasso et le Bateau Lavoir

En enseignement de spécialité « histoire des arts » en première

En enseignement de spécialité histoire des arts en première, dans le cadre de l’étude thématique «  Les matières, les techniques et les formes : production et reproduction des œuvres uniques ou multiples », les thèmes de la ville et de Paris peuvent faire l’objet de dialogues et de croisements entre urbanisme, architecture et mode. La figure du flâneur se prête à ce dialogue. Dans une série de trois vues urbaines, sorte de triptyque consacré au Paris d'Haussmann, le peintre Gustave Caillebotte en 1877 établit une analogie entre l'uniformisation du vestiaire masculin, une urbanité virile et bourgeoise où domine le noir, et l'homogénéisation architecturale du Paris remodelé. L'étude de Rue de Paris. Temps de pluie est l'occasion en classe d'étudier la diffusion des normes vestimentaires masculines. L’élève confronte un relevé de façade et une illustration de mode (ou représentation picturale ou portrait photographique) pour dégager les lois qui régissent l'architecture et celles qui définissent le costume : économie de moyens, symétrie et répétition.

Le travail en classe peut aussi porter sur la robe et sa description, en lien avec Paris, capitale des arts et des mondanités, sujet principal de nombreuses pages de Proust. La robe devient un portrait en creux du personnage, en tant que pièce du domaine de l'apparence, de l'illusoire et de la perception. La navigation au sein des collections virtuelles du musée Galliera, la consultation en classe du dossier mis en ligne dans le cadre de l'exposition Les robes trésors de la comtesse Greffulhe, passée à la postérité sous les traits à la duchesse de Guermantes, sont l'occasion de l'acquisition d'un vocabulaire spécifique et de croiser des modes d'expression autour de la texture, des détails et ornements et du rôle des accessoires.

Consulter des documents sur la mode

En terminale

Spécialité « humanités, littérature et philosophie »

En spécialité HLP, en terminale, les professeurs peuvent aborder Paris comme lieu de la recherche de soi et confronter les élèves aux démarches de plusieurs auteurs : Balzac, Zola et les écrivains réalistes ou naturalistes d’un côté, Marcel Proust de l’autre.

Comme le fait remarquer Luc Fraisse dans le catalogue de l’exposition Proust, un roman parisien, cet auteur, dans son fonctionnement d’écrivain, ne se documente pas en amont des épisodes qu’il écrit, comme le font ses prédécesseurs réalistes ou naturalistes, mais en aval, pour vérifier l’exactitude d’une information nécessaire au raisonnement de son narrateur. Il ne vise ni le détail décoratif ni le « petit fait vrai », mais le détail chargé de signification. Ainsi, dans Du côté de Guermantes, l’histoire des rues de Paris n’intervient-elle que pour donner à comprendre le fonctionnement de la mémoire.

Dans ce mode de fonctionnement, le détail parisien intervient moins comme cadre réaliste de l’action que comme caution de la validité d’une philosophie de la mémoire mise en place par le roman.

Lien avec le programme
  • 1er semestre de la classe de terminale : « La recherche de soi », entrées « Éducation, transmission et émancipation », « Les expressions de la sensibilité » et « Les métamorphoses du moi »

En enseignement de spécialité « histoire des arts »

En spécialité histoire des arts, en terminale, il est possible d’aborder la ville de Paris en lien avec l’objet d’étude « Objets et enjeux de l'histoire des arts : femmes, féminité, féminisme ». La question de la place des femmes à Paris au temps des grandes transformations haussmanniennes s’avère être un axe d’étude possible par le biais de l’analyse de monuments emblématiques ou de temps symboliques comme les soirées mondaines. Au XIXe siècle, les femmes n’ont jamais été autant exclues de l’espace urbain mais pour autant elles sont bien présentes lors des spectacles à l’Opéra. Interprètes, danseuses sur la scène ou en répétition, capturées par Edgar Degas ; au foyer de la danse, convoitées par les abonnés, croquées par les caricaturistes, souvent de manière sordide. Sous l’escalier d’honneur de l’Opéra, La Pythie, sculpture de la duchesse de Castiglione Colonna, Adèle d’Affry dite Marcello, achetée par l’architecte Charles Garnier, se déploie, l’image en creux de l’artiste inspirée. Dans cet univers d’apparences, la scène se situe aussi dans la salle et dans les loges, espace privé tout en étant public, des espaces gouvernés par les regards. La peintre américaine Mary Cassatt réalise une série de peintures sur le théâtre où apparaît la lorgnette, accessoire symbolique de la pulsion scopique. Elle bouleverse la tradition de ces scènes, apparues tout d’abord dans les journaux satiriques dans les années 1840, où les jumelles dans les mains des spectateurs masculins deviennent un outil de domination et un instrument de conquête d’un corps dansant. Dans les mains d’une femme, il devient un outil d’émancipation.

Des articles pour aller plus loin

Consulter les ressources sur le Paris des auteurs

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Titre

Description

Lien vers la ressource
Apollinaire France Culture

Alcools d’Apollinaire, l’ivresse du poète

Le podcast « Alcools d’Apollinaire, l’ivresse du poète », dans l’émission Écoutez, révisez, propose la lecture et l’analyse de « Zone » et de « Vendémiaire ».

Balzac Gallica

Le Paris d’Honoré de Balzac

Balzac Maison de Balzac

Maison de Balzac

L’application « Maison de Balzac », sur tablette ou smartphone, présente les collections du musée, mais aussi le Paris de cet écrivain

Baudelaire BnF

Baudelaire, la modernité mélancolique

Exposition vituelle

Baudelaire BnF

Baudelaire, section sur Le Spleen de Paris

Les essentiels

Hugo BnF

Hugo, section sur Notre-Dame de Paris et sur Les Misérables

Les essentiels

Hugo Gallica

Le Paris de Victor Hugo

Proust France Culture

Proust ou le souvenir de Baudelaire

Le podcast de l’émission Poésie et ainsi de suite.

Proust France Mémoire

Dossiers consacrés à Marcel Proust

Proust Gallica

Le Paris de Marcel Proust

Ressources numériques sur les transformations de Paris aux XIXe et XXe siècles

Ressources générales

  • La BnF : l’application « JADIS » permet de localiser un lieu (ou de se localiser) sur des cartes d’époque de Paris, de 1760 à 1949
  • Étincel : « Paris haussmannien, la transformation d’une ville »
  • Gallica : la section « Plans de Paris » propose des accès aux différents plans de Paris par classement chronologique ou par degré de précision
  • Gallica : « Reconstituer le Paris du XIXe siècle en photographies », un article présentant le travail de Laurent Gloaguen à partir de photos anciennes de Paris
  • Musée Albert Kahn : « Paris Avant / Après », un dispositif en ligne pour découvrir des clichés autochromes de Paris du début du XXe siècle et les comparer au Paris d’aujourd’hui (navigation par parcours ; navigation par plan)
  • L’application « Musée Carnavalet », sur tablette ou smartphone, qui donne accès aux collections du musée concernant la ville de Paris, classées par périodes (version Android ; version iOS)
  • L’application « Paris Chatbot Guide », sur tablette ou smartphone, permet de consulter des représentations de plusieurs lieux de Paris avant leurs transformations, et d’obtenir des renseignements à leur sujet (version Android ; version iOS)

Le Paris populaire

  • La BnF : une exposition virtuelle « Eugène Atget », et plus particulièrement l'onglet « les petits métiers » à la page « Albums »

La naissance des grands magasins

L’Opéra Garnier

« Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville
Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)
»

Baudelaire, Les Fleurs du Mal