La réserve citoyenne de l'Éducation nationale
Pour diversifier les formes d'engagement individuel envers l'École de la République, une réserve citoyenne d'appui aux écoles et aux établissements scolaires est créée dans chaque académie.
Présentation de la réserve citoyenne : qui sont les réservistes ?
La réserve citoyenne permet aux équipes éducatives des écoles et établissements scolaires, publics et privés, de faire appel plus facilement à des intervenants extérieurs pour illustrer leur enseignement ou leurs activités éducatives, afin de contribuer à transmettre les valeurs de la République, notamment en matière de laïcité, d'égalité et de lutte contre toutes les formes de discrimination.
La réserve citoyenne est ouverte à toutes les personnes majeures.
Dans chaque académie, un référent est chargé, sous l'autorité du recteur, d'examiner les candidatures et d'animer le dispositif.
Comment solliciter un réserviste ? Les différentes étapes
Lorsqu'un enseignant ou un personnel éducatif (CPE ou autres) souhaite bénéficier d'un appui particulier (témoignage, éclairage technique dans une discipline, etc.) dans le cadre d'un projet pédagogique :
- il se rend sur son portail Arena pour effectuer une recherche parmi les différents profils de réservistes ;
- il sélectionne le profil qui correspond le mieux à son projet et contacte le réserviste ;
- il s'assure de l'accord prélable de son directeur d'école ou de son chef d'établissement avant l'intervention du réserviste.
La fiche du réserviste comprend ses coordonnées, les champs de compétence sur lesquels il souhaite intervenir, son périmètre géographique d’intervention ainsi qu’une présentation de l'intervention proposée. La fiche peut être complétée par le curriculum vitae du réserviste et sa photographie (non obligatoires).
Présentation vidéo La Réserve citoyenne de l'Éducation nationale
[Narratrice]
La réserve citoyenne de l’Éducation nationale
De l’immense mobilisation du 11 janvier 2015 est née la réserve citoyenne de l’Éducation nationale pour donner à chacun la possibilité de s’investir aux côtés des enseignants et des équipes éducatives.
La réserve citoyenne est ouverte à toute personne majeure, homme ou femme, adhérant ou non à des associations, désireuse de faire partager son expérience professionnelle et personnelle, d’aider l’école à transmettre les valeurs de la République, volontaire pour intervenir aux côtés des enseignants et équipes éducatives; il peut intervenir dans le cadre d’activités périscolaires.
Pour s’inscrire à la Réserve citoyenne, c’est très simple, il suffit de remplir le formulaire de candidature sur le site www.lareservecitoyenne.fr, de sélectionner son champ de compétences, de faire connaître ses aptitudes et ses propositions d’intervention, et d’indiquer son périmètre géographique et ses disponibilités. Le réserviste accepte, lors de son inscription, la charte du Réserviste citoyen de l’Éducation nationale.
La candidature est ensuite étudiée dans les 2 mois par les services académiques. Le Réserviste reçoit un e-mail de confirmation si sa candidature a été retenue.
Une animation de la Réserve citoyenne est mise en place dans chaque académie : elle permet de faire connaître largement le dispositif et associe chefs d’établissements, inspecteurs et directeurs d’écoles. Enseignants et équipes éducatives développent des projets pour lesquels ils peuvent solliciter l’intervention de Réservistes. L’enseignant contacte le Réserviste retenu et convient des modalités de l’intervention, et le Réserviste intervient en présence de l’enseignant.
Vous souhaitez être Réserviste ou avoir plus d’informations sur la Réserve citoyenne ? Rendez-vous sur le site internet.
Une intervention co-construite : quel cadre ?
Différents cadres pour solliciter un réserviste
La sollicitation d'un réserviste peut s'inscrire dans le cadre des programmes, des différents parcours (parcours citoyen, parcours avenir, parcours éducatif de santé, parcours éducatif artistique et culturel) mais aussi dans le cadre d'actions éducatives mises en place par l'école ou l'établissement : 8 mars, semaine de la persévérance scolaire, semaine de la presse, etc.
Consultez les ressources produites par l'académie de Toulouse concernant différents cadres d'intervention
- FICHE 1 : Parcours avenir
- FICHE 2 : Égalité filles-garçons
- FICHE 3 : Santé et prévention
- FICHE 4 : Histoire et mémoire
- FICHE 5 : Les médias et l'information
- FICHE 6 : Les valeurs de la République
Co-construire l'intervention : l'enseignant et le réserviste
Dans la mesure du possible, l'enseignant prévoit un ou plusieurs temps d'échange pour convenir des grandes lignes de l'intervention, en particulier si le réserviste n'est jamais intervenu en milieu scolaire. Il lui présente son projet pédagogique et comment ce dernier s’intègre dans les programmes d’enseignement ainsi qu’au sein du projet d'école ou d'établissement.
Au cours de ces échanges, il convient notamment d’aborder les points suivants :
- les objectifs pédagogiques ;
- le matériel nécessaire ;
- les supports qui seront utilisés ;
- le périmètre d'intervention de chacun.
Le réserviste et l'enseignant arrêtent conjointement, de préférence sur un document écrit, la date, l'heure, la durée et les modalités pratiques de l'intervention.
L'enseignant s'assure que le contenu de l'intervention (supports compris) :
- respecte le principe de neutralité ;
- répond aux besoins du projet pédagogique ;
- est adapté à l'âge des élèves.
Le déroulement de l'intervention
Les réservistes peuvent être sollicités dans le cadre d'une intervention orale en classe (témoignage ou conférence). Sous réserve de leur accord, d'autres modalités d'interventions peuvent être envisagées. En particulier, les activités de productions collectives, l'accompagnement de projets de l'école ou de l'établissement ou l'accompagnement des élèves dans la construction de leurs projets professionnels constituent des pistes de travail communes entre les réservistes et les enseignants qui peuvent être exploitées.
L'intervention du réserviste se déroule sous la responsabilité de l'enseignant concerné et nécessite sa présence permanente. À tout moment, l'enseignant peut interrompre celle-ci, s'il estime qu'elle ne se conforme pas aux modalités préalablement définies ou que l'attitude du réserviste est contraire aux engagements de la charte. En cas de dysfonctionnement grave concernant un réserviste ou de manquement du réserviste à ses engagements, le recteur suspend immédiatement l’intervenant de la liste des membres de la réserve citoyenne.
Intervention de deux réservistes en classe de CM2 autour des fondements de la République et des principes de la citoyenneté
[Sandrine Mayot, professeure des écoles]
Alors je vous présente les deux personnes qui vont, comme prévu, vous présenter une séance sous forme de débat; ils ne vont donc pas parler tout seul, c’est avec vous, vous poserez toutes les questions que vous voulez.
[Magali Crochard, Sociologue - Maître de conférence associée à l’université Paris Sud]
On va évoquer avec vous la Révolution, mais aussi les constitutions; vous savez ce qu’est une Constitution ? Je crois que vous avez travaillé ces notions-là avec Madame Mayot il y a peu de temps.
Je me représentais forcément la classe comme un espace un peu sacré avec la maîtresse qui a ses propres élèves, et donc je me suis posé la question de comment ne pas interférer; ou plutôt comment bien articuler notre intervention avec le travail que l’enseignant ou l’enseignante fait déjà. Mais en terme de légitimité, comme on n’est pas du tout sur du programme, comme on ne vient pas avec des objectifs pédagogiques, une démarche séquencée, mais que l’on vient plutôt débattre en sensibilisant justement, en plus des éléments de contenus juridiques et sociologiques d’autre part, quand même sur la façon de discuter, qu’est-ce qui fait que l’on discute efficacement ? Ce sont des éléments de règles et de méthodes. Moi cela m’a permis de me rassurer sur justement ces périmètres, qui sont, finalement, plutôt, je crois, bien articulés.[Ismaël Mbaye, Enseignant chercheur en droit constitutionnel, Président fondateur de l’association Expression de France]
Cela m’oblige à me remettre un petit peu en question et à revoir des notions qui paraissent très simples pour moi mais à les réexpliquer d’une manière un peu plus vulgarisée.
[Magali Crochard]
Cela m’apporte beaucoup de satisfaction de voir que des enfants d’une dizaine d’années se sentent capables de discuter d’un sujet qu’ils estiment compliqué; qu’ils se rendent compte avec leur maîtresse qu’en réalité, ils ont « capitalisé » sur des savoirs et des connaissances qu’ils ont travaillé dans un autre contexte, et, qu’en réalité, des notions liées à la Révolution et à la Constitution ont été acquises, puis-ce qu’ils ont été capables de parler de Monarchie absolue, de séparation des pouvoirs, ou bien de faire des liens.
[Ismaël Mbaye]
On n’a pas intérêt à sous-estimer l’avis des enfants, parce que, souvent, par rapport à leur propre expérience personnelle, ils ont des choses à dire. Là, ils sont tous intervenus, ils ont tous participé, une grande majorité en tous cas des élèves et des enfants, et ça fait plaisir. On se rend compte qu’ils ont beaucoup de choses à dire. Très intéressant !
[Simon, 10 ans, élève de CM2]
J’ai appris des choses grâce à ça, parce que les autres ont discuté, et, avec ces réponses, on peut du coup apprendre des choses, mais, si ils ont pas très bien compris, approfondir le sujet.
[Emma, 10 ans, élève de CM2]
Ça m’a beaucoup plu. Il y a deux personnes qui viennent exprès pour nous, la classe peut participer, et en plus, ils sont expérimentés.[Maxence, 11 ans, élève de CM2]
C’était très bien, parce qu’on pouvait voir les choses d’un autre point de vue, d’un autre angle et ça permet de réfléchir à des choses, par exemple la solidarité, l’égalité, à plein de choses, la citoyenneté.
[Sandrine Mayot]
On a beaucoup travaillé en histoire et en éducation civique, de par le programme, sur la Révolution, la République, les symboles, la devise et les valeurs de la République. Donc, le thème, ici, ne leur était pas étranger. Donc on n’a pas préparé en particulier pour cette séance; on s’est servi de tous leurs acquis qu’ils ont eu pendant toute l’année et même les années précédentes. Je pense qu’effectivement c’est une bonne formule car cela leur permet de voir que ce que l’on apprend en classe, ce n’est pas mis dans une boîte, cela ne sert pas juste à être évalué à un moment donné, à avoir une note sur son livret scolaire, mais cela peut avoir des retentissements sur la classe, la cour, et puis après un domaine plus vaste : son quartier, et puis, pour plus tard, la société.
Le fait d’avoir des gens qui ne sont pas des professeurs, qui ne sont pas avec l’étiquette « Éducation nationale », pour certains, je pense que cela leur permet de faire des liens et des ponts avec véritablement leur environnement proche ou lointain, et pour maintenant ou pour plus tard.
C’est quelques clics sur internet, quelques coups de fil, un entretien préalable où on se met d’accord pour savoir de quoi on va parler, et puis après, la magie opère avec les enfants.
Intervention d'un réserviste auprès d'élèves de seconde dans le cadre d'un atelier de fact-checking
[Pierre-Victor Tournier - Directeur de recherches au CNRS retraité, spécialiste de démographie pénale]
Est-ce que l’on peut avoir confiance dans le diffuseur ? Là, cela commence à devenir une information qui est intéressante. Est-ce que c’est clair ?
[Élève de Seconde]
-Mais vous vous posez la question à chaque fois à vous-même ?
[Pierre-Victor Tournier]
Chez moi, c’est un peu une déformation professionnelle. C’est ce qui me permet, si vous voulez, j’en parlerai tout à l’heure, d’un article comme cela, tout à fait sérieux, de trouver… [compte jusqu’à 12] … 12 fautes.
L’un des thèmes sur lesquels je vais poursuivre, c’est le rapport qu’il y a entre démocratie et statistiques autour du concept de fact checking. C’est à dire comment est-ce que l’on peut établir des méthodes pour mesurer la fiabilité d’une information qui va sortir dans le débat public, sortie par un journaliste, un homme politique voire un chercheur. Donc là c’est un sujet qui moi m’intéresse beaucoup et que je trouve assez bien adapté à la réserve citoyenne parce que l’on parle d’une certaine manière de mathématiques, on parle du fonctionnement de la société, donc on parle de la République de la démocratie, et donc on aborde toute une série de thèmes que l’on met vraiment en relation très très étroite. Donc là, c’est certain que c’est le sujet où la difficulté c’est de, petit à petit, parce que je l’ai fait devant d’autres publics, c’est de m’adapter à la connaissance et à la culture des élèves, mais il faut vraiment du temps pour se rendre compte que tel ou tel mot mérite commentaire alors qu’on aurait pu penser que ce n’était peut être pas utile. Ce que je vous présente, c’est un peu une démarche un peu systématique, mais j’imagine bien que dans la vie courante, un citoyen quelconque ne va pas faire cela tout le temps; sauf qu’il y a des chiffres qui sont quand même importants. Est-ce qu’en gros jeudi dernier on avait affaire à un événement historique ou à un événement important, mais qui ne laissera pas de trace dans l’histoire? Vous voyez un peu l’idée ? Travaillant en démographe sur les questions de justice et puis aimant bien effectivement parler, aimant bien faire de la valorisation, ce que l’on appelle de la vulgarisation scientifique, qui a quand même été une grande part de mon activité, la chance que j’ai eue, c’est de rencontrer des personnes extrêmement différentes. Donc c’est un public comme un autre, c’est accepter les questions qui sont parfois assez provocantes, parce qu’elles ne sont pas à l’ordre du jour, on parlait de tout autre chose. C’est les accepter et à partir de là, prendre cette occasion pour parler d'un certain nombre de valeurs, comme le respect. Quand vous voyez que les choses ne s’organisent pas très bien, vous commencez à dire que, pour échanger, il y a un certain nombre de règles de vie, c’est comme ça.
[Alexandra Weihoff, professeur-documentaliste au Lycée Eugénie Cotton]
On voit qu’il ya plusieurs disciplines qui sont représentées. Les mathématiques avec Monsieur Lémèche, qui nous a communiqué son enthousiasme parce que c’est seulement dans le programme de seconde que l’on aborde les statistiques au bac technologique STD2A. Donc pour lui, cela représentait vraiment une belle entrée dans son programme, cela représentait aussi une entrée dans les compétences que j’ai à faire valoir auprès des élèves en éducation aux médias et à l’information et c’était le domaine de prédilection de Monsieur Tournier, donc on avait un peu tous les facteurs réunis pour faire ce genre d’intervention.
Cela a permis de faire naître une interdisciplinarité, une transdisciplinarité beaucoup plus accrue.
[Eva, 15 ans, élève de Seconde STD2A - Sciences et technologies du design et des arts appliqués]
On a proposé des idées, on a posé nos questions sur lesquelles on a pu avoir des réponses et nous éclaircir là-dessus pour nous aider à mieux comprendre au final ce qu’il se passait autour de nous.
[Jack, 15 ans, élève de Seconde STD2A - Sciences et technologies du design et des arts appliqués]
Vu que je serai bientôt majeur, j’ai besoin de savoir plus sur la société où je vis, savoir pour qui voter, pourquoi voter pour lui, si je vote pour lui cela va m’apporter quoi.
[Eva, 15 ans, élève de Seconde STD2A - Sciences et technologies du design et des arts appliqués]
Parler avec des adultes, c’est pas toujours facile, donc du coup, le fait qu’il vienne ici et que ce ne soit pas dans le cadre d’un cours, cela nous permet d’être plus libre et de nous exprimer plus ouvertement que si nous étions dans un cours.
[Muriel Menuet, proviseure adjointe au lycée Eugénie Cotton]
L’enjeu, c’est, dans notre établissement, qui est un lycée polyvalent (c’est à dire avec une filière générale et technologique et une filière professionnelle), on accueille des élèves qui sont plus ou moins à l’aise avec l’espace public et avec la possibilité de s’exprimer publiquement. L’intérêt d’avoir un adulte qui n’est pas un professeur et qui du coup peut faire vivre une discipline dans un espace qui n’est pas celui du cours, pour moi, c’est que cela permet de mobiliser les jeunes de façon citoyenne et de leur donner envie de s’engager dans la vie de l’établissement, de sentir que l’espace scolaire n’est pas quelque chose de totalement déconnecté de la vie en société.
Après l'intervention du réserviste
L'intervention du réserviste donne lieu à un temps d'échange et à une évaluation commune de l'activité.
Réserve citoyenne de l’éducation nationale et droits à formation dans le cadre du compte d’engagement citoyen
Afin de permettre au réserviste de faire valoir ses droits à formation dans le cadre du compte d’engagement citoyen, la personne ayant sollicité le réserviste transmet au directeur d’école ou au chef d’établissement le compte-rendu de l’intervention aux fins d’intégration dans l’application « réserve citoyenne ».
Le compte-rendu d’intervention doit systématiquement être renseigné dans l’application « réserve citoyenne ». Ce dernier comprend notamment :
- la date de l’intervention ;
- une description de l’intervention ainsi que son appréciation.
Le réserviste, sous réserve d’une durée d’engagement continue d’un an au sein de la réserve citoyenne de l’éducation nationale ayant donné lieu à au moins vingt-cinq interventions, bénéficie de droits à formations crédités sur son compte personnel de formation.