Agir pour favoriser la santé mentale et le bien-être des élèves

La santé mentale des enfants et des jeunes, significativement depuis la crise Covid, se maintient à des niveaux préoccupants. L’ensemble de la communauté éducative se mobilise et le ministère fait du bien-être des élèves une priorité. 

Mis à jour : juillet 2024

La santé mentale, une composante essentielle de la santé   

La démarche École promotrice de santé se fonde sur la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui définit cette dernière comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

La question de la santé mentale est encore souvent tabou et les représentations la réduisent souvent à sa dimension de maladie mentale. Or la santé mentale représente bien plus que l’absence de troubles psychiatriques. Selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

La santé mentale comporte trois dimensions :

  • la santé mentale positive ou bien-être qui recouvre l’épanouissement personnel, les ressources psychologiques (maîtrise, estime de soi, résilience, optimisme, impression de cohérence par exemple) et les capacités d’agir de l’individu dans ses rôles sociaux ;
  • la détresse psychologique ou mal-être, qui apparaît en réaction à un stress ou une situation éprouvante. Les symptômes, principalement anxieux ou dépressifs, sont le plus souvent transitoires et ne sont pas dans ce cas révélateurs d’un trouble mental ;
  • les maladies mentales ou troubles psychiatriques, plus ou moins sévères et handicapants, qui se réfèrent à des classifications diagnostiques et relèvent d’une prise en charge médicale.

Quelques chiffres clés sur l’état de santé mentale des élèves

La santé mentale des enfants et des jeunes se dégrade depuis plusieurs années et devient préoccupante, comme l’attestent de nombreuses études. Ces dernières révèlent également une vulnérabilité particulière des adolescentes et des jeunes femmes, davantage concernées par les syndromes anxio-dépressifs et les pensées suicidaires depuis 2020 (DREES, mai 2024).

Les personnels de santé et sociaux de l’éducation nationale notent une augmentation significative des consultations concernant la santé mentale avec l’apparition de symptômes physiques ou psychiques de mal-être ou une aggravation de troubles existants, des passages à l’infirmerie, des examens médicaux à la demande pour un projet d’accueil individualisé (PAI), des situations de protection de l’enfance préoccupantes.

Enquêtes et chiffres clés sur la santé mentale des enfants et des jeunes

L’étude nationale sur le bien-être des enfants, Enabee, réalisée en 2022 en France métropolitaine sous la responsabilité de Santé publique France montre notamment que :

  • 13% des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble probable de santé mentale ;
  • la prévalence du trouble émotionnel probable (troubles anxieux ou dépressifs) est plus élevée chez les filles alors que celle des troubles du comportement probable (trouble oppositionnel et trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) est plus élevée chez les garçons.

Selon l’enquête EnCLASS 2022 (enquête nationale en collège et en lycée chez les adolescents sur la santé et les substances, coordonnée par l’école des hautes études en santé publique (EHESP) et l’observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) :

  • 59% des collégiens et 51% des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental ;
  • le vécu scolaire se dégrade de manière globale au cours du secondaire, plus particulièrement pendant les années de collège et davantage pour les filles que pour les garçons ;
  • au collège comme au lycée, les filles sont trois fois plus nombreuses que les garçons en fréquence à se trouver beaucoup stressées par le travail scolaire (29,8 % des filles contre 10,8 % des garçons au collège, 42,1 % des filles contre 14,8 % des garçons au lycée) ;
  • 24 % des lycéens déclarent des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, 13% avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie et environ 3 % une tentative avec hospitalisation.

L’étude de la DREES portant sur les hospitalisations pour geste auto-infligé montre une très forte progression pour les jeunes filles depuis 2010 alors qu’elles restent à peu près stables pour les garçons sur la même période :

Chez les jeunes filles   
(Études et résultats n° 1300, mai 2024, DREES)
Progression des hospitalisations suite à un geste auto-infligé entre 2010-2019 et 2021-2022… 10-14 ans 15-19 ans 20-24 ans
…en médecine, chirurgie, obstétrique +71% +44% +21%
…en psychiatrie +246% +163% +106%

Le rôle de l’École pour promouvoir le bien-être et l’attention portée à la santé mentale des élèves

La santé mentale : un enjeu de santé publique et un levier pour la réussite des élèves

La santé mentale est un enjeu de santé publique. Les troubles avérés de santé mentale des enfants ont un impact sur la qualité de vie, la santé physique, les apprentissages et peuvent avoir des répercussions à l’âge adulte (OMS).

La moitié des troubles qui perdurent apparaissent avant l’âge de 14 ans (Kessler et al. 2005).

L’enfance et l’adolescence sont des périodes cruciales pour les actions de prévention et de promotion de la santé mentale, car les habitudes de vie sont en construction et les compétences en cours d'acquisition. Les premières années de la vie sont déterminantes pour le développement psychoaffectif des enfants, l’efficacité des apprentissages et leur capacité à s’adapter dans leur future vie d’adulte.

L’École : un déterminant majeur de santé pour les enfants et les adolescents

L’École constitue un déterminant de la santé mentale, au même titre notamment que la famille et les proches. Les enfants y passent 40% de leur temps d’éveil. Bénéficier d’un environnement scolaire sécurisant, positif et bienveillant impacte favorablement le bien-être des élèves.

La santé mentale est un processus dynamique qui dépend de facteurs pouvant intervenir au détriment ou en faveur de la santé mentale. Ainsi les facteurs de risque contribuent au développement de troubles ou à l’aggravation de l’état de santé mentale. Les facteurs de protection favorisent le bien-être, évitent que l’état de santé mentale ne se détériore et améliorent la capacité d’adaptation et de résilience.

Les facteurs de risque et les facteurs de protection de la santé mentale

Crédit: d’après Santé publique France

Des actions pour promouvoir le bien-être des élèves

La création d’un environnement favorable, le développement du pouvoir d’agir et d’une meilleure connaissance de la santé, dont la santé mentale, contribuent à favoriser la bonne santé mentale. Chaque membre de la communauté éducative contribue, à son niveau, à l’instauration d’un environnement favorable au bien-être des élèves et des adultes.

La démarche École promotrice de santé permet un pilotage systémique des directeurs, directrices, chefs et cheffes d’établissement qui place la question du bien-être au cœur de l’organisation de la vie de l’école et de l’établissement. Cette démarche vise la mise en place d’environnements scolaires, matériels et relationnels favorables à la santé, le développement de comportements et d’habitudes influant positivement sur la santé et une meilleure littératie en santé. Le label Edusanté constitue un outil d’aide au pilotage de cette démarche.

Principal levier de cette démarche, le développement des compétences psychosociales vise à améliorer les relations à soi et les relations aux autres. Le développement de ces compétences permet d’améliorer la santé mentale, mais également le climat scolaire, la prévention des conduites addictives et la réussite scolaire. Dans le 1er degré, les séances visant à développer l’empathie contribuent au bien-être des élèves.

Des mesures pour repérer et orienter les élèves en situation de mal-être psychologique

Le bien-être est affiché comme une priorité de l’École à partir de la rentrée 2022. Concrètement, trois mesures permettent d’agir en faveur de la santé mentale des élèves.

Le protocole santé mentale

Chaque établissement doit se doter d’un protocole qui réunit l’ensemble de la communauté éducative et fait de la question de la santé mentale un objet de travail commun. Il formalise le rôle de chacun en fonction de son domaine d’expertise pour organiser l’action du repérage à la prise en charge des élèves en situation de souffrance psychique. Il précise également le circuit de communication, notamment envers les familles, et les règles de confidentialité.

Le protocole repose sur l’expertise des personnels sociaux et de santé (médecins, infirmiers, assistants de service social et psychologues de l’éducation nationale) qui assurent aux élèves un parcours de santé cohérent et la mise en œuvre de mesures appropriées.

Le protocole-cadre proposé sert de base aux échanges au sein des écoles et des établissements scolaires, dans le cadre du conseil d’école ou du comité d’éducation à la santé la citoyenneté et l’environnement (CESCE). Il pourra être modifié et adapté à leur spécificité.

Ressources à télécharger

Le protocole santé mentale, du repérage à la prise en charge

L’affichage du 3114, numéro de prévention du suicide

L’affichage du 3114, numéro de prévention du suicide, dans les carnets de liaison ou les agendas, en plus des numéros nationaux de lutte contre le harcèlement (3018) et d’enfance en danger (119).

Ressources à télécharger

Formation au secourisme en santé mentale

La formation de deux personnels dans chaque collège au secourisme en santé mentale, dont en priorité le conseiller principal d’éducation (CPE) est recommandée. Le rôle de ces personnels éducatifs et pédagogiques est de repérer les signes de souffrance psychique et d’accueillir la parole des élèves avant de faire le lien avec les personnels sociaux et de santé qui interviennent ensuite pour prendre en charge les élèves.

Ressources sur la santé mentale

Partenaires

  • Les maisons des adolescents ont pour missions l’accueil, l’information, la prévention et la promotion de la santé, l’accompagnement et la prise en charge multidisciplinaire (généralement de courte durée) des adolescents, de leurs familles et des professionnels qui les entourent. Le site permet de trouver une maison des adolescents près de son établissement scolaire ou son domicile.
  • Le dispositif « Mon soutien psy » permet à tous, à partir de 3 ans et après une évaluation médicale, de bénéficier de 8 séances remboursées par an chez des psychologues partenaires.
  • Santé publique France a lancé, en collaboration avec Fil Santé jeunes, la campagne #JenParleA. Cette campagne, relayée dans les établissements scolaires, vise à inciter les adolescents en situation de mal-être à en parler, soit à un adulte de confiance, soit via Fil santé jeunes, par téléphone ou par tchat.