La tour Eiffel : en histoire des arts et en littérature

En français et en histoire des arts, les professeurs peuvent travailler sur les réactions des artistes et des écrivains à l’édification de la tour Eiffel, ainsi que sur les représentations qu’ils en ont proposées, pour aborder, par exemple, le thème de la modernité et la façon dont il est traité dans les arts et la littérature au tournant du XXe siècle.

Mis à jour : février 2022

La tour Eiffel a rendu hommage à l'Europe et s'est illuminée aux couleurs de l'Europe pour célébrer le début de la présidence française du Conseil de l'Union européenne du 31 décembre 2021 au 31 janvier 2022. Bleue dès la nuit tombée et accompagnée des 12 étoiles du drapeau européen, la tour Eiffel a de nouveau suscité de nombreuses réactions. C’est l’occasion pour les professeurs de faire découvrir ce monument à leurs élèves à travers divers champs disciplinaires.

Au cycle 3 – Éprouver de la répulsion et/ou de la fascination pour l'architecture métallique de la tour Eiffel

Que ressent-on face à la tour Eiffel ? Comment l’exprimer ? Quelle image du monde moderne renvoie-t-elle ?

La tour Eiffel, un symbole de la modernité

La tour Eiffel a inspiré de nombreux auteurs, notamment les poètes : Cendrars, Apollinaire, Cocteau, Queneau, François Coppée, Maurice Carême…  

En cycle 3, le professeur peut s’appuyer sur :

  • les calligrammes d’Apollinaire et de Maurice Carême ;
  • le poème « La tour squelettique » de Raymond Queneau ;
  • le poème « Tour Eiffel » d’Alain Debroise ;
  • des extraits du poème « Sur la tour Eiffel » de François Coppée, ou de « La Tour Eiffel à François Coppée, le jour de ses 300 mètres », de Raoul Bonnery ;
  • éventuellement « Le Chant du paveur » de Jean Cocteau.

À travers la lecture et l’interprétation des textes, le professeur amène les élèves à s’interroger sur ce que l’on peut ressentir face à l’architecture métallique de la tour Eiffel, et sur les façons de l’exprimer.

Lien avec les programmes de français au cycle 3

CM1-CM2 : questionnement « Imaginer, dire et célébrer le monde ».
6e : questionnement « Récits de création et création poétique ».

Les représentations de la tour Eiffel : pistes en histoire des arts

La tour Eiffel vue d'en haut en CM1-CM2

En prenant comme point de départ le basculement du regard sur la tour Eiffel, par le peintre Robert Delaunay ou par la photographe Germaine Krull par exemple, une approche descriptive conduite par l'enseignant autour de questions ouvertes sur le point de vue engage les élèves à observer les formes géométriques et leur agencement, les déformations engendrées par le point de vue aérien. C’est poser la question des repères, du haut et du bas, du point de vue et de l’horizon et du lien avec le sol en comparant une vue photographique en plongée et une vue verticale de la Tour Eiffel.

La tour Eiffel comme emblème du décor parisien en 6e dans le cadre de l'enseignement de géographie et du thème « Habiter une métropole »

Des ressources au format vidéo disponibles sur Lumni interrogent la construction du mythe de la tour Eiffel comme monument symbolique de la capitale parisienne. La tour reste un bâtiment emblématique des métropoles contemporaines, une projection imaginaire d’un idéal technologique. Dans le cadre du programme en histoire des arts au cycle 4 De la Belle Époque aux « années folles » : l’ère des avant-gardes (1870-1930), de l’entrée Paysage du réel, paysage intérieur, il s’agit de contextualiser la forme de la tour Eiffel dans une histoire architecturale de la hauteur ou insérer le monument dans l’histoire de l’architecture métallique. Le désir de s’élever vers le ciel a des racines anciennes en lien avec le pouvoir ou la religion, puis au XXe siècle la tour devient l’instrument pour résoudre les maux des métropoles modernes et aujourd’hui se pose la question des tours écologiques de demain.

Compétences et socle commun de connaissances en histoire des arts

Compétences en histoire des arts : Identifier. Donner son avis argumenté sur ce que représente ou exprime une œuvre d'art.
Socle commun de connaissances, de compétences et de culture : Domaine 5 : L’élève […] exprime à l’écrit et à l’oral ce qu’il ressent face à une œuvre littéraire ou artistique.

Lycée – Se questionner sur ce que la tour Eiffel dit du monde contemporain

Comment ressentir et dire la beauté du monde nouveau et se positionner par rapport à l’industrialisation ? S’agit-il d’exprimer une perte de sens, ou un sens reconstruit et retrouvé ?

La tour Eiffel, un symbole de la modernité

Au lycée, les textes de Guy de Maupassant, de Dino Buzzati (« La tour Eiffel », dans Le K) ou de l’architecte Le Corbusier (préface à l’ouvrage La Tour Eiffel de Charles Cordat, 1955) permettent de s’interroger sur la construction du monument et sa validité sur le plan artistique.

En classe de seconde, la lettre ouverte adressée par plusieurs artistes à M. Alphand, commissaire de l’exposition universelle de 1889, et la réponse de Gustave Eiffel, se prêtent à l’analyse comme à l’entraînement à la contraction de texte, ainsi que le propose l’académie d’Aix-Marseille.

En regard de ces deux textes, pour réfléchir et débattre sur l’influence du monument sur le paysage parisien, on peut envisager l’étude de ceux de :

En classe de première générale ou technologique, dans une perspective de contextualisation du recueil Alcools d’Apollinaire, il est possible de s’interroger sur les réactions du monde littéraire et artistique à la construction de la tour Eiffel avant d’analyser la valeur de symbole dont ce monument se dote dans la poésie du XXe siècle : d’objet de rejet, la tour Eiffel devient un emblème de la modernité, modernité du monde contemporain mais aussi modernité poétique.

À cet égard, le professeur peut mettre en regard les poèmes « Zone » d’Apollinaire ou « Tour » de Cendrars avec ceux de François Coppée ou de Raoul Bonnery. Les poèmes d’Aragon « La tour parle » et « Fugue du bateau-mouche » ouvrent également des pistes de réflexion sur la valeur poétique du monument, sa capacité à exprimer et à symboliser l’entrée dans une nouvelle ère, celle de la modernité.

À travers la lecture et l’interprétation de leurs textes, on questionne la capacité du langage poétique à dire le monde moderne, à l’interroger, à lui conférer de la beauté et de la valeur sur un plan littéraire et artistique. Un second questionnement peut porter sur les transformations et évolutions que la modernité fait subir au langage et à la forme même du poème, par exemple lorsque ce dernier se fait calligramme sous la plume de Guillaume Apollinaire.

Lien avec les programmes de français au lycée

Seconde : objet d’étude « La littérature d’idées et la presse du XIXe au XXIe siècle »
Première : objet d’étude « La poésie du XIXe au XXIe siècle », Programme national : Alcools de Guillaume Apollinaire ; parcours associé : « Modernité poétique ? »

Les représentations de la tour Eiffel : pistes en histoire des arts

La Tour Eiffel, œuvre collective

Au lycée, dans le cadre du programme en première spécialité, la tour est un fil conducteur possible de l’étude thématique L’artiste : le créateur, individuel, collectif ou anonyme. La tour Eiffel comme bâtiment est le résultat d’un travail individuel et collectif, vision d’ingénieurs et d’une équipe, façonnée ensuite par le regard des artistes. Il s‘agit d’identifier les personnes qui ont participé à ce chantier, les gestes et les techniques des ouvriers qui ont travaillé à l’édification de ce bâtiment. Hier symbole de progrès de par sa conception et ses formes, la tour est devenue aujourd’hui un objet de patrimoine et reste un objet de débats, sa conservation, sa protection, l’abord de son site sont d’actualité. La tour Eiffel émarge par ailleurs à l’histoire du goût, ayant trait au kitsch et à notre société de consommation contemporaine.

Des ressources numériques sur la Tour Eiffel