Ressources d'accompagnement pour l’enseignement moral et civique aux cycles 2, 3 et 4
Les ressources d'accompagnement pour l’enseignement moral et civique pour les cycles 2, 3 et 4 proposent des outils pédagogiques et didactiques, réalisés en partenariat avec l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche, pour accompagner les professeurs dans la mise en œuvre des programmes.
Mis à jour : novembre 2024
Actualité
Le nouveau programme est publié au BO du 13 juin 2024. Il entre en application progressivement aux cycles 2, 3 et 4 :
- Rentrée scolaire 2024-2025 : mise en œuvre en CP, CM1, 5e ;
- Rentrée scolaire 2025-2026 : mise en œuvre en CE1, CM2, 4e ;
- Rentrée scolaire 2026-2027 : mise en œuvre en CE2, 6e, 3e.
Les anciens programmes de cycle 2, de cycle 3 et de cycle 4 restent en vigueur pour les classes de CE1, CE2, CM2, 6e, 4e et 3e en 2024-2025, puis pour les classes de CE2, 6e et 3e en 2025-2026.
Ressources pour la mise en œuvre des programmes à l'école élémentaire
La direction générale de l’enseignement scolaire propose un nouveau format d’émission destinée à présenter le nouveau programme d’EMC pour l’école élémentaire. Intitulée « Regards sur », elle s’appuie sur les réactions de professeurs des écoles découvrant le nouveau programme pour expliciter les intentions et nouveautés de celui-ci.
Vidéo " Regards sur les programmes - EMC - Cycle 2 et cycle 3 " version sous-titrée
REGARDS SUR LES PROGRAMMES
Enseignement moral et civique | École élémentaire
Edouard GEFFRAY
Mesdames et Messieurs, chers collègues, bonjour et bienvenue sur notre nouvelle série d’émissions que nous appelons « Regards sur », regards sur… les programmes.
Quelle est l’idée ? D’abord, c’est évidemment de vous apporter tous les éléments d’éclairage sur les objectifs, la façon dont ces programmes ont été élaborées. Et puis, autre élément, c’est bien sûr de répondre à vos questions à travers les témoignages et les interrogations de collègues de terrain que nous sommes allés rencontrer, qui nous ont fait part de leurs questionnements et auxquels nous répondrons.
À travers eux c’est évidemment à vous et à vos questions que nous répondons. Et c’est donc, j’allais dire, en espérant que cela réponde à vos attentes que je vous souhaite une excellente découverte de « Regards sur les programmes », la nouvelle émission de la Dgesco. Merci.
Catherine MASSICOT
Bonjour à toutes et à tous, Nous vous souhaitons la bienvenue dans l’émission « Regards sur les programmes ». Je suis Catherine Massicot, adjointe au chef du bureau de la formation à la Direction générale de l’enseignement scolaire et également inspectrice de l’Éducation nationale en charge du premier degré.
Aujourd’hui, nous croisons les regards des experts pédagogiques sur le programme d’enseignement moral et civique. Ce programme est écrit pour les classes du CP à la terminale. Cette émission porte plus spécifiquement sur le programme de l’école élémentaire. Nous sommes allés à la rencontre des enseignants de cinq académies différentes. Nous les remercions d’ailleurs vivement pour leur accueil et leurs questions qui vont nourrir la réflexion nationale.
Je vous propose, sans plus tarder, de leur laisser la parole pour écouter leurs réactions à la lecture du programme d’enseignement moral et civique.
Céline RINCY
Alors ma première réaction à la lecture des nouveaux programmes, c’est qu’ils ne bouleversent pas vraiment les programmes existants. Ils me semblent plutôt dans la continuité de ce qu’on connaît déjà. Donc, ma première question, qui me paraît d’ailleurs légitime, ce serait pourquoi instaurer des nouveaux programmes ?
Christèle LEROY
J’ai apprécié la présentation sous forme de tableaux, cela permet une lecture facile, donc l’appropriation et la mise en œuvre dès la rentrée.
Le préambule me paraît essentiel parce qu’il expose les motifs qui ont amené à la publication de nouveaux programmes.
Sandrine RUFFIN
Déjà, sur la page de garde, on a ce titre et ce sous-titre : « du CP à la terminale ». Et ça, ça m’a intéressé dans la mesure où, pour moi, cela voulait traduire cette idée d’une continuité de l’école élémentaire jusqu’à la fin du lycée. Et ça, ça me paraît vraiment intéressant.
Muriel ABOSO
Chaque fois que sortent de nouveaux programmes. Nous n’avons pas de retours sur l’évaluation des anciens et j’aimerais savoir, en tant que directrice, ce qu’il en est de cette partie évaluation. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans les anciens et pourquoi on en a de nouveau ?
Élisabeth QUENEHEN
Pourquoi un programme unique du CP à la terminale ?
Catherine MASSICOT
Un grand merci aux enseignants pour ces premières réactions qui vont initier le dialogue avec nos intervenants qui sont ici en plateau et que je remercie. J’ai le plaisir d’accueillir Émeline Grardel. Vous êtes inspectrice de l’Éducation nationale dans l’académie d’Amiens. Merci à vous pour votre présence. Jérôme Grondeux, vous êtes inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche. Merci à vous. Et Nicolas Davieau, vous êtes chargé d’études au bureau des contenus pédagogiques et des langues, à la Direction générale de l’enseignement scolaire. Merci également pour votre présence.
Vous avez tous les trois contribué à la rédaction de ce programme d’enseignement moral et civique. Nous pouvons retenir de ces premières réactions des enseignants la notion de continuité et les enseignants soulignent également l’effort de clarification. Jérôme, du point de vue du parcours de l’élève, pourquoi était-ce important de penser et de proposer un programme du CP à la terminale ?
Jérôme GRONDEUX
On avait deux idées qui dominaient l’ensemble des concepteurs de ce programme. La première idée, c’est celle d’arriver à une véritable progressivité et d’avoir une sorte de parcours global de l’élève, du CP à la terminale, en étant sûr qu’il ait eu à réfléchir, à s’investir, à s’engager dans toutes les dimensions qu’on peut inventorier de la citoyenneté républicaine. Et il nous semblait que c’était important qu’il y ait une cohérence. Et la deuxième approche, c’est d’utiliser tout ce temps du CP à la terminale, de la manière la plus rationnelle possible, en optant pour la démarche classique du spiralaire. C’est-à-dire qu’on va revenir deux ou trois fois, selon les cas, dans l’ensemble de ce temps sur des thèmes, et donc tout ce qui est fait à l’école primaire est fondamental parce que cela enclenche des choses qui vont être réinvesties au collège et qui vont être réinvesties avec un degré d’approfondissement supérieur au lycée.
Catherine MASSICOT
Émeline ?
Émeline GRARDEL
En effet, il y avait besoin de clarifier à la fois les objectifs et les contenus, et la présentation par annualisation, justement, de ces contenus permet plus de clarté et d’appropriation par les enseignants. Il y avait aussi également besoin de pouvoir introduire et de pouvoir y associer tout ce qui est EDD, l’éducation au développement durable, l’EMI, l’éducation aux médias et à l’information et également les compétences psychosociales, ce que permet le programme d’EMC 2024.
Mais les finalités de l’enseignement moral et civique restent les mêmes. On est toujours sur faire vivre et faire transmettre les valeurs de la République aux élèves et leur permettre d’acquérir les compétences civiques.
Catherine MASSICOT
Nicolas, pouvez-vous nous donner quelques clés de lecture de ce programme ?
Nicolas DAVIEAU
Oui, pour chaque année, on a un titre annuel suivi d’un petit texte qui va présenter les attendus et les objectifs pour l’ensemble de l’année et ensuite le reste du programme.
Ce sont pour chaque rubrique, il y en a de 2 à 4 par année, un tableau en trois colonnes avec une première colonne qui indique les notions principales qui font l’objet de l’enseignement, une seconde colonne qui explicite les contenus d’enseignement, qui est un peu la colonne vertébrale en réalité du programme, et une troisième colonne, la colonne de droite qui, elle, propose des démarches et situations d’apprentissage possibles, possibles pour les enseignants.
C’est une manière de mettre en œuvre les contenus d’enseignement. Je reviens peut-être sur la première colonne qui permet justement d’indiquer la dimension spiralaire qu’évoquait Jérôme tout à l’heure, puisqu’en fait, dans les dernières années de l’école élémentaire, on voit que certaines notions ont déjà été vues dans les premières années au cycle 2, et cela permet effectivement une lecture spiralaire du programme.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup à vous trois pour cet éclairage sur la philosophie générale de ce programme. Écoutons maintenant les questions plus spécifiques posées par les enseignants sur certains points précis du programme.
Sandrine RUFFIN
La première des questions, c’est : dans le préambule, je vois apparaître la notion de parcours citoyen. L’organisation de programmes avec des contenus d’enseignement très précis, par année, par niveau de classe, permet-elle réellement le fonctionnement d’un parcours citoyen ?
Dève DENOM
En EMC l’annualisation du programme permet une clarification des contenus d’enseignement. Comment l’articuler avec la logique des cycles ?
Christèle LEROY
J’aime beaucoup la présentation par niveau, c’est clair car il y a les colonnes. En revanche, j’ai cette impression de cloisonnement à un thème. Par exemple en CE2, « apprendre ensemble et vivre ensemble » et de ne pas le traiter sur les autres niveaux alors que c’est bien le cas.
Sandrine RUFFIN
On parle beaucoup d’école inclusive depuis quelques années et à juste titre. Pourquoi le mot « différence » et tout ce qui est objectif de mise en place d’activités, de compréhension de la différence, n’apparaît qu’à partir du CE1 ? Et on ne retrouve pas forcément ce mot de « différence » à d’autres moments du programme.
Christèle LEROY
Nous sommes témoins de l’accès précoce de nos élèves aux smartphones et aux réseaux sociaux. J’aurais voulu savoir, pourquoi nous attendions la 6e pour aborder la majorité numérique.
Sandrine RUFFIN
À la lecture des programmes d’EMC, je suis un peu perplexe entre le décalage opéré par rapport aux habitudes, à ce qu’on pratiquait avant à travers les quatre cultures qui étaient proposées dans les anciens programmes. Que devient donc la culture de la sensibilité ? Que devient la culture à l’engagement ? Que devient la culture au jugement ?
Cosette RICHARD
Comment mettre en œuvre les programmes dans une perspective interdisciplinaire ?
Sandrine RUFFIN
À la lecture globale de ces programmes, ce qui domine, en tout cas, ce que je ressens, c’est cette prédominance du droit de la règle, et un droit et une règle qui existent avant même que le groupe classe ne se fédère. Avant, on était sur plus une élaboration d’un ensemble de règles pour faire fonctionner une classe. Qu’est- ce que derrière cela traduit comme choix, comme volonté, de faire en sorte que dès le CP, on est sur : « il y a une règle, elle existe, on l’applique » ? Quelle est la volonté derrière ce choix ?
Catherine MASSICOT
Les enseignants se questionnent sur le parcours citoyen, les quatre cultures, la majorité numérique, la règle, ce mot « différence », l’interdisciplinarité. Qui souhaite répondre ?
Nicolas DAVIEAU
Alors peut être sur les cultures. Ce qu’on peut dire, c’est qu’effectivement elles n’apparaissent plus telles quelles dans le programme, mais que les différents éléments qui les composent se retrouvent dans le nouveau référentiel de compétences pour une culture de la démocratie qui reprend dans ces éléments lui-même, dans les quatre dimensions qu’il propose, les éléments qui relevaient de la culture, de la sensibilité culture du jugement, culture de l’engagement, culture de la règle et du droit. Donc c’est effectivement une reformulation peut être de ce qui existait dans les programmes de 2015.
Catherine MASSICOT
Jérôme ? Parcours citoyen ?
Jérôme GRONDEUX
Oui alors le parcours citoyen, en fait, l’idée, c’est toujours de refuser que l’enseignement moral et civique soit le seul lieu et le seul moment où on parle de citoyenneté. L’éducation à la citoyenneté, c’est plus global. Il y a des enjeux de citoyenneté dans toutes les disciplines et c’est pour cela que le référentiel qui est dans les programmes, c’est un référentiel en fait de l’éducation à la citoyenneté. Quand on fait des sciences, on travaille et qu’on fait un éveil à la démarche scientifique, en primaire, on travaille l’esprit critique. Quand on fait de la littérature ou qu’on est dans la littérature de jeunesse, on travaille le discernement et tout cela, c’est dans le référentiel. Donc cela ne se travaille pas qu’en EMC.
L’EMC, c’est le lieu réflexif, le moment où on est explicite sur la citoyenneté et c’est pour cela, c’est très important, c’est particulièrement important peut être dans l’enseignement secondaire, mais c’est déjà très important dans le primaire.
La citoyenneté doit être une dimension de notre enseignement. Et l’enseignement moral et civique, c’est le moment où on en parle à part.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup, Émeline quelques mots ?
Émeline GRARDEL
Oui, en ce qui concerne la question de la règle justement dans les programmes, comme l’a posée l’enseignante, effectivement la règle apparaît au cycle deux comme un élément à respecter parce que tout d’abord, cela protège les enfants. Il est important que les enfants comprennent qu’ils doivent avant tout obéir aux règles parce que cela les protège. Ensuite, progressivement, on va servir cette compréhension de la règle du droit, de la construction de la loi, et les élèves sont progressivement amenés à comprendre quelle va être leur place de citoyen dans le système législatif, dans la façon dont on va pouvoir modifier les lois.
Si à l’école primaire, on a la possibilité dans les classes de travailler ensemble, de réfléchir ensemble à la constitution de règles de vie de classe, néanmoins, cela se fait dans le cadre du règlement de l’école et cela se fait dans le cadre légal. Donc il ne faut pas laisser croire que l’on peut tout modifier. La règle, la loi, cela se respecte et après on, on entre dans le système de modification, dans le système législatif en tant que tel, comme faire participer les enfants au parlement des enfants justement, cela leur permet de comprendre comment le fonctionnement législatif est régulé.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Le mot « différence » ?
Émeline GRARDEL
Oui, alors le terme « différence », il apparaît effectivement en cycle 2. Il n’apparaît plus tel quel au cycle 3 ou dans les autres, au collège ou au lycée. Néanmoins, tout ce qu’il entend par notion est présent dans les thèmes abordés, notamment au cycle 3 à travers l’égale dignité, la fraternité, la tolérance. Ensuite, cela revient aussi dans les thématiques abordées en 5e, en 4e et également en 1re.
Jérôme GRONDEUX
Et il faut souligner que ce terme de « différence », il est là aussi dans le référentiel de compétences avec « respecter autrui » et « accepter les différences ». Et donc c’est quelque chose qui est présent là aussi tout au long. Il faut peut-être revenir à ce que cela veut dire, parce que cela va se retrouver dans plusieurs questions, et cela se retrouve dans plusieurs questions, ce que cela veut dire de mettre une notion à un moment précis du programme. On l’a fait pour être sûr que l’élève, dans son parcours, ait rencontré cette notion. C’est cela qui nous a semblé important. Maintenant, ce n’est pas parce que c’est logé à un endroit du programme, de toute manière, on va en parler et y passer du temps, qu’on ne peut pas l’évoquer dans les autres années.
Quand on est sur toute cette dimension du respect d’autrui, de l’empathie, quand on est dans toute cette construction de la vie en société qui fait les premières années, qui a déjà commencé en maternelle, qui fait les premières années du primaire, on est amené à traiter aussi de cette question des différences et il ne faut pas hésiter à y aller.
Il faut donc bien comprendre que ce n’est pas parce que quelque chose n’est pas dans le programme qu’on ne peut pas y aller, s’il y a lieu. Bien sûr, ce n’est pas pour en faire l’objet principal du programme, là, on serait plus du tout dans la lecture, je dirai normale, d’un programme, mais il faut bien comprendre cela. Si on le met à tel moment, c’est d’abord par un souci d’une démarche un peu cohérente par année, mais c’est aussi pour être sûr que tous les élèves auront rencontré cela. Et donc cela n’interdit pas d’y aller plus tôt. Et c’est la même chose pour la majorité numérique. Quand on est dans la majorité numérique, on veut que, à un moment donné, là on l’a placé en 6e, on reprécise aux élèves ce qui est la majorité numérique, mais pas seulement leur dire mais pourquoi il y a une majorité numérique. Bon, mais on commence déjà à s’intéresser à l’EMI avant et on peut venir à un moment donné sur la question de la majorité numérique. Simplement, ce n’est pas l’objet principal et on sait que de toute manière, on parlera de la majorité numérique à tous les élèves en 6e.
Catherine MASSICOT
Nicolas, vous souhaitiez ajouter peut-être quelques éléments de réponse ?
Nicolas DAVIEAU
Alors, pour compléter peut-être sur la majorité numérique, c’est vrai que la notion en elle-même n’apparaît qu’en 6e. Mais c’est vrai que les enjeux du numérique, notamment la cyber violence par exemple, ou le civisme numérique, apparaissent là de manière très explicite en CM1, je crois. Donc il y a effectivement des éléments qui peuvent permettre d’aborder, si l’enseignant le souhaite, la majorité numérique un peu en amont de la 6e.
Jérôme GRONDEUX
Et le fait qu’elle ait été mentionnée un peu auparavant ne rendra que plus efficace le moment où on en reparlera à fond en 6e.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup.
Intéressons-nous maintenant à la mise en œuvre de ce programme d’enseignement moral et civique pour les élèves. Comment les équipes pédagogiques envisagent-elles les choses ?
Frédéric HATIF
Concernant l’EMC, je suis très étonné que le programme commence uniquement au CP. Le vivre ensemble doit être travaillé dès les plus petites sections de maternelle et tout ce qui est de la sociabilisation débute dès la maternelle, donc pourquoi ce choix ?
Muriel ABOSO
Pourquoi ne proposer l’EMC qu’à l’entrée au CP, alors que la socialisation des enfants débute dès leur entrée à l’école maternelle ?
Aurélie LEMONNIER
Comment garantir la continuité école-collège dans le cadre d’un programme annualisé ?
Christèle LEROY
Il me manque quelque chose d’essentiel, c’est la volumétrie horaire concernant l’EMC, afin de me projeter dès la rentrée. J’aurais souhaité commencer mes programmations et mes progressions et j’ai besoin de cette donnée.
Sandrine RUFFIN
La présentation par année de niveau introduit pour moi une espèce de cloisonnement et m’interpelle sur l’usage que l’on peut faire et l’intégration qu’on peut faire des objectifs visés dans un fonctionnement d’école où on privilégie les projets ? Projets d’école, projets de classes, projets de cycles, et cætera. Comment intégrer l’idée de projets ?
Dève DENOM
Comment l’enseignant peut-il se projeter dans une progression annuelle alors qu’il n’y a pas d’indicateur horaire ?
Catherine MASSICOT
Merci à nouveau aux enseignants pour ces projections. Ils évoquent la continuité école maternelle - école élémentaire, la continuité école - collège. Qu’en est-il de cette continuité ? Ils évoquent également la place de la maternelle dans ce programme qui débute au CP et la question aussi des horaires et bien sûr des projets associés. Émeline ?
Émeline GRARDEL
En effet, le programme d’enseignement moral et civique commence en classe de CP par les enseignements, mais le préambule du programme de maternelle précise bien que les enfants apprennent à l’école maternelle avec les autres. Ils apprennent ensemble, ils découvrent les premiers principes du vivre ensemble, ils prennent plaisir à être ensemble. Et donc toutes ces compétences civiques sont en train de se développer progressivement dès l’école maternelle. Le respect d’autrui, la vie en collectivité, tout cela, ce sont des éléments qui, bien évidemment, sont partie prenante du quotidien à l’école maternelle. Et en fait, on pourrait dire qu’il s’agit de prérequis à cet enseignement moral et civique qui va se formaliser à partir du cycle 2 et qui va se poursuivre et se densifier tout au long du parcours scolaire de l’élève.
On a le même parallèle finalement avec « questionner le monde » au cycle 2 qui, au cycle 3, va devenir l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Donc on a ce prérequis et on a le développement des notions à partir de la classe de CP.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Nicolas, que pouvez-vous répondre aux enseignants sur la question des horaires ?
Nicolas DAVIEAU
Alors c’est vrai que la question des horaires s’est posée. On a donné des indications pour les classes de collège et de lycée, ce qu’on n’a pas fait pour l’école élémentaire. Alors, il y a, c’est vrai, des grilles horaires qui fixent un volume annuel d’heures pour l’enseignement moral et civique, c’est 36 h annuelles, soit 1 h hebdomadaire. Mais c’est vrai que la précision de la grille horaire explicite aussi qu’il doit y avoir dans cette heure hebdomadaire une demi-heure consacrée à des situations de pratique orale. Et on a fait le choix finalement de ne pas imposer d’indications, même indicatives, pour laisser la liberté aux enseignants de voir le temps qu’ils souhaitaient accorder à chaque rubrique, à chaque thème en fait. Mais c’est vrai que l’importance relative des thèmes et des rubriques se lit peut-être aussi dans le volume qui leur est consacré en termes de contenus d’enseignement, on a des rubriques qui sont plus spécifiques dans leur objet qui, je pense, demandent de manière assez logique moins de temps d’enseignement.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Jérôme ?
Jérôme GRONDEUX
Je voudrais revenir sur la question de la continuité entre le CM2 et le collège et en fait on a voulu qu’il y ait un aspect un peu progressif. Quand on regarde le thème de CM1 c’est « faire société », le thème de CM2, c’est “vivre en République” et quand on regarde ce qui est le thème dominant, là aussi j’insiste bien, c’est un thème dominant, on ne parle absolument que de cela, autrement il n’y aurait pas de continuité, mais le thème dominant de la 6e, c’est « apprendre à vivre dans une société démocratique ». Et quand on regarde bien, cela croise exactement ce qui a été fait anciennement sur « faire société », ce qui a été et ce qui a été fait sur « vivre en République ». Donc on remobilise et donc en 6e, au moment de l’entrée au collège, on remobilise les deux dernières années du primaire. Donc je pense que de ce point de vue, il y a une certaine continuité qui est garantie, et, de manière générale, on essaye de ne pas faire des hiatus complets, de ne pas segmenter. Annualiser, ce n’est pas segmenter en année, c’est choisir où on met la focale pour approfondir tel ou tel point. Et c’est cela le sens des titres de l’année.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. La place des projets justement lors de cette mise en œuvre de ce programme ?
Jérôme GRONDEUX
On n’a pas voulu très nettement changer avec ces programmes, ce qui est quand même une tradition que je dirais bien établie de l’enseignement moral et civique, qui est de recourir à la pédagogie de projet. Nous, notre idée, c’est que on ne peut pas faire que des projets, c’est pour cela qu’on voulait qu’il y ait des contenus et qu’on sache sur quels objets aller porter ces projets. Mais, bien évidemment, le fait de travailler par projet est important, mais c’est aussi important dans le cadre du parcours citoyen, parce que si on ne consacre au projet que l’horaire dévolu à l’enseignement moral et civique, cela risque d’être un peu compliqué. Donc c’est pour cela que l’idée de parcours citoyen, à mon avis, cela permet de faire des projets qui mobilisent l’enseignement moral et civique, mais pas que, autour de la citoyenneté et qui puissent être des leviers véritables pour la classe.
Nicolas DAVIEAU
Cela me permet de compléter Jérôme, ce que tu dis là sur la question des horaires, puisqu’en fait on a aussi envisagé que l’interdisciplinarité possible à l’école élémentaire permettait effectivement que dans un cours de français où on va traiter de littérature, par exemple, on puisse aussi être amenés à traiter des éléments des contenus d’enseignement du programme d’EMC.
Catherine MASSICOT
Merci à vous. L’accompagnement des enseignants à la mise en œuvre des programmes est un enjeu essentiel. Pour cette raison, nous avons souhaité interroger les enseignants afin qu’ils puissent nous indiquer quels sont les besoins qu’ils identifient, les besoins bien sûr, en termes de formation et de ressources. Nous les écoutons.
Élodie LETOUZÉ
Est-ce que je peux déjà utiliser des ressources existantes ?
Dève DENOM
En EMC y aura-t-il un accompagnement dans la mise en œuvre des nouveaux programmes ?
Christèle LEROY
Alors concernant l’enseignement de l’empathie, à ce jour, je n’ai pas toutes les armes pour l’enseigner et j’aimerais vraiment une formation en présentiel.
Sandrine RUFFIN
Est-ce que nous disposerons de nouvelles ressources institutionnelles ? Est-ce que nous pourrons utiliser les ressources existantes ? D’autres propositions institutionnelles seront-elles faites, en plus des propositions commerciales ?
Muriel ABOSO
Au vu de la mise en œuvre à venir de ces nouveaux programmes, est-il prévu un recensement des besoins de formation ?
Sandrine RUFFIN
Ma grande inquiétude, c’était pour tout ce qui était « éducation aux médias et à l’information », parce que quand je dis le nom comme cela, cela renvoie à des besoins matériels. On sait tous que les écoles ne sont pas forcément équipées ou en tout cas pas suffisamment pour permettre vraiment une fluidité d’usage. Mais effectivement, je pense qu’un certain nombre d’accompagnements seront nécessaires sur certaines définitions de termes aussi.
Catherine MASSICOT
Nous remercions à nouveau les enseignants pour ces besoins exprimés. Ils expriment en effet des attentes de ressources et de formation. Qu’en est-il ? Que pouvez-vous leur apporter déjà comme premiers éléments de réponse ?
Jérôme GRONDEUX
Il y a beaucoup de ressources qui sont existantes qui sont vraiment très utiles. Je pense au vademecum de la laïcité, au vademecum contre le racisme et l’antisémitisme, et puis, puisque nous sommes chez Canopé, le portail « Valeurs de la République », qui est un portail qui s’est beaucoup développé, et qui va continuer de se développer, qui est extrêmement utile. Il faut bien mesurer que, en enseignement moral et civique, on est sur un fond de valeurs et de principes républicains en développement, mais qui est quand même un fond aussi, qui est relativement stable et donc pour énormément de notions, il y a des ressources qui peuvent être plus pérennes, et puis d’autres ressources prévues pour des points qui sont cette fois plus mis en avant dans ces programmes.
Nicolas DAVIEAU
Alors justement, sur l’empathie, il y a des ressources que l’on peut trouver sur éduscol, notamment un kit pour des séances d’empathie à l’école élémentaire et dont certaines séances peuvent tout à fait être utilisées pour la mise en œuvre du programme d’EMC, notamment en CP, qui évoque très directement le développement de l’empathie auprès des élèves.
Catherine MASSICOT
Émeline, en tant qu’inspectrice de l’Éducation nationale, la place de la formation et du recueil des besoins est aussi essentielle. Que pouvez-vous dire aux enseignants ?
Émeline GRARDEL
Effectivement, ce retour du terrain nous permet justement de prendre en compte les besoins locaux et il est indispensable que ce soit fait au local, en département, en académies, avec les personnes qui sont missionnées sur ces domaines-là pour que l’on puisse répondre au plus près des besoins des équipes et leur apporter le soutien et l’accompagnement dont ils ont besoin.
Catherine MASSICOT
Des questions sont posées également sur la mise en œuvre de l’EMI et le matériel.
Jérôme GRONDEUX
Oui, alors effectivement, cette éducation aux médias et à l’information. D’abord, il faut souligner une chose, dans le programme il y a une dimension éducation aux médias, à l’information qui est forte. Ce n’est pas toute l’éducation aux médias et à l’information, c’est une contribution de l’EMC à cet enseignement. Ensuite, cette question du matériel et de l’équipement. On sait que les situations sont très variables et parfois on n’a pas, parfois on a autre chose que ce qu’on veut, on le sait bien. Mais l’éducation aux médias et à l’information, ce n’est pas une éducation sur écran, ce n’est pas une éducation sur outils. Il peut se trouver qu’on fasse à un moment donné ce type d’activités, mais c’est avant tout l’éducation d’une attitude, d’une réflexion, d’une posture face à l’information. Quand, dans des écoles, il y a, à propos d’un événement d’actualité qui peut être de nature à intéresser les enfants, un débat avec un bâton de parole en disant « Voilà. Qu’est-ce qu’on en sait ? Comment on l’a appris ? Qui nous l’a dit ? Pourquoi ? », on fait déjà de l’éducation aux médias et à l’information. Quand on fait une petite revue de presse, on fait déjà de l’éducation aux médias et à l’information. Il y a plein de manières de le faire qui ne nécessitent pas forcément du matériel. J’insiste, j’insiste beaucoup là-dessus parce que ce n’est pas une éducation à l’outil, c’est une éducation à un usage réfléchi, à un usage réfléchi par rapport à l’ensemble des médias d’information et une manière de construire progressivement, doucement, un rapport avec l’actualité.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Nicolas, la question des ressources ?
Nicolas DAVIEAU
Pour compléter, sur ces dimensions nouvelles du programme d’enseignement moral et civique, qui intègre une partie d’éducation au développement durable et d’éducation aux médias et à l’information, on peut rappeler qu’il y a sur éduscol un vademecum EDD, éducation au développement durable, et un vademecum éducation aux médias et à l’information, notamment pour la webradio qui peut être une ressource utile pour les enseignants.
Des ressources sont prévues pour l’accompagnement à la mise en œuvre du programme. Ce sera pour chaque année un livret d’une quinzaine ou une vingtaine de pages, qui propose, quand c’est nécessaire, des éclairages notionnels ou didactiques sur tel ou tel point précis du programme et surtout qui donne à voir peut être un peu plus précisément les possibilités ou les manières de mettre en œuvre les contenus d’enseignement qui certes apparaît un peu déjà dans le programme, comme on l’a dit, les démarches aux situations d’apprentissages possibles, mais qui sont peut-être un peu plus explicites dans le cadre des livrets d’accompagnement.
Catherine MASSICOT
Nous arrivons au terme de cette émission. Un grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué, par les échanges. Remerciements vraiment nourris pour les enseignants. Un grand merci aussi également à vous, intervenants.
Ces échanges ont permis, vraiment, je l’espère, pour tous les enseignants qui nous écoutent, de nourrir la réflexion générale sur ce programme d’enseignement moral et civique. Nous vous retrouverons, avec plaisir, pour une prochaine émission sur un autre programme. Merci beaucoup et à bientôt.
Des livrets d’accompagnement pour chaque année destinés à proposer quelques exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.) sont en cours de production.
Ressources pour la mise en œuvre des programmes au collège
Les ressources d’accompagnement des nouveaux programmes
Dans le cadre de la mise en œuvre des nouveaux programmes d’EMC des livrets d’accompagnement pour chaque année, destinés à proposer quelques exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.) sont en cours de production.
Éduquer à la citoyenneté au cycle 4
Afin d’accompagner les équipes dans la mise en œuvre des heures de projet d’éducation à la citoyenneté, aux médias et à l’information, qui viennent compléter les heures d’EMC au cycle 4, ce vademecum (mis à jour en novembre 2024) propose des éléments pour cadrer, piloter et mettre en place des projets.
Les ressources d’accompagnement des anciens programmes
Les ressources d’accompagnement publiées pour accompagner les anciens programmes d’EMC peuvent encore être mises à profit pour les niveaux d’enseignement qui ne sont pas d’ores et déjà concernés par la mise en œuvre du nouveau programme. Ces ressources s’organisent autour d’entrées pédagogiques transversales, qui correspondent à des enjeux forts de l’enseignement moral et civique, et proposent des pistes pédagogiques de mise en œuvre.
Les repères annuels de progression
Pour les classes concernées par les anciens programmes, les repères annuels de progression offrent une référence commune pour aborder de façon équilibrée les connaissances et compétences. Ils restent valables en 2024-2025 pour les deux dernières années de chaque cycle.