Accueillir les élèves après l’attentat terroriste du 13 octobre 2023

Le vendredi 13 octobre 2023, le professeur Dominique Bernard a été assassiné et trois personnes ont été blessées à Arras. Cet attentat terroriste intervient trois jours avant l’hommage au professeur Samuel Paty prévu lundi 16 octobre. La communauté éducative qui s’est préparée à cet hommage va accueillir lundi des élèves qui auront été exposés à ce nouvel événement traumatique touchant l’institution scolaire et dont ils auront peut-être vu et partagé les images.  

Mis à jour : novembre 2023

À 14h, une minute de silence sera respectée dans chaque classe en mémoire des victimes des attentats commis contre notre École. En primaire, ce temps d’hommage et de recueillement pourra prendre d’autres formes, pour tenir compte de l’âge des élèves. 

Cette minute s’inscrira dans un temps de recueillement et de réflexion avec les élèves, organisé à l’appréciation des équipes pédagogiques.

Dans le second degré, la communauté éducative pourra réfléchir et échanger sur la façon d’accueillir les élèves et de préparer ce moment pédagogique de 8h à 10h lundi.

Dans le premier degré, les professeurs pourront se réunir à la pause méridienne, avant la minute de silence prévue à 14h. Du temps sera ménagé dans la semaine prochaine afin que les professeurs puissent se concerter. À cette fin, le ministre a demandé aux recteurs de reporter les réunions institutionnelles prévues la semaine du 16 octobre.

Un ensemble de principes et de conseils d’actions sont mis à la disposition des équipes pédagogiques et éducatives dans cette page. Ils peuvent être mobilisés à court terme pour répondre aux questionnements et réactions des élèves. Ils pourront aussi être exploités pour nourrir des débats argumentés et mener un travail pédagogique dans la durée.

Quelques principes pour accueillir la parole des élèves

  • Accueillir l'expression de l'émotion des élèves, sans sous-estimer, y compris chez les très jeunes enfants, leur capacité à saisir la gravité des situations ;
  • Rassurer les élèves : cet événement est exceptionnel, l'école reste un espace protégé ;
  • Être attentif au « niveau de connaissance » que les élèves ont de l'événement : certains élèves peuvent n'en avoir aucune connaissance ; d'autres ne disposer que d'éléments partiels, voire erronés, provenant de sources variées. Il faut aider à clarifier les termes entendus et répétés, pour que les élèves ne restent pas enfermés dans un présent dominé par la peur.
  • Respecter la sensibilité des élèves (le sentiment de peur, d'incompréhension, d'injustice, de révolte...) ;
  • Définir en équipe pédagogique les actions envisagées, en prenant appui sur tous les acteurs de la communauté éducative.
  • Informer les responsables légaux, pour les élèves les plus jeunes, des actions pédagogiques entreprises.

Document à consulter pour l'accueil spécifique des élèves du premier degré.

Après évaluation de la situation et en cas de besoin, privilégier les co-interventions, notamment avec les personnels sociaux et de santé, afin de recueillir des paroles d'élèves exprimant un mal-être.

Anticiper d'éventuelles difficultés

Des élèves (et leurs familles) peuvent manifester une opposition à toute évocation à l'école de ces événements violents. Les personnels pourront rappeler que ces questions seront abordées par les élèves entre eux et que par conséquent il est nécessaire :

  • de rassurer les élèves par rapport à des événements violents ;
  • de faire jouer à l’école son rôle éducatif en permettant aux élèves de construire un regard éclairé sur les faits de société quelle qu’en soit la violence.

Des enfants peuvent tenir des propos manifestement hostiles ou inacceptables, légitimant, par exemple, les actes violents envers les personnes. Il est du rôle de l’école de rappeler que certains propos (appel à la haine, racisme et antisémitisme, apologie du terrorisme) constituent un délit pénal, sans entrer en discussion polémique avec les élèves concernés. Ces agissements font systématiquement l’objet d’un signalement.

Une possible prise en charge psychologique des élèves

Après des événements traumatiques, les élèves sont exposés, plus particulièrement du fait de leur vulnérabilité, à l'impact médiatique de la crise. Des images violentes, l'expression d'adultes en désarroi, des commentaires au contenu et au ton dramatiques, sur les antennes et dans la sphère privée, sont le quotidien du plus grand nombre.

Les élèves ayant besoin d'une prise en charge médico-psychologique seront orientés dès que possible vers les personnels sociaux et de santé de l’établissement.

Les équipes resteront vigilantes relativement à la persistance de préoccupations chez certains élèves, manifestée par des comportements inhabituels (isolement, tristesse, agressivité...) et communiqueront vers les personnels spécialisés et les parents des élèves concernés.

Éviter la désinformation et la diffusion d’images à contenus violents

Les événements violents, comme des attentats, génèrent un flux d'images et d'informations d'une extrême densité. Certains éléments relèvent de la rumeur non fondée, de la désinformation, de la manipulation ou encore de théories conspirationnistes. Les enseignants peuvent accompagner leurs élèves dans un travail de réflexion et de mise à distance critique des informations qu'ils reçoivent et diffusent, en questionnant leur usage des médias, en particulier les réseaux sociaux. Ce travail doit aussi leur faire prendre conscience de leur responsabilité en cas de diffusion de contenus violents. Cette démarche s’inscrit pleinement dans l’éducation aux médias et à l’information.

Pistes pour aborder les principes fondateurs de la vie en société à l'école primaire

À l'école maternelle, c'est dans les comportements quotidiens que se développe la connaissance de soi et des autres.

L'activité ludique met au jour les conceptions des jeunes enfants, leurs représentations sociales et culturelles sur lesquelles le maître prend appui pour verbaliser les émotions et les sentiments, dans le cadre sécurisant et structurant du « faire semblant ».

Dans les histoires racontées ou lues, les jeunes enfants mobilisent leurs expériences personnelles, leurs visions du monde et leurs connaissances de la littérature pour comprendre le comportement des personnages.

À l'école élémentaire, l'enseignement moral et civique, la littérature (albums, romans, BD, contes, poésie, théâtre), l'histoire, les arts visuels, la musique, sont autant de domaines d'enseignement qui permettent d'aborder les valeurs et les symboles de la République, le respect de l'intégrité de la personne humaine, l'importance de la règle et du droit, le refus des discriminations de toute nature et les enjeux de la solidarité nationale.

Les œuvres de littérature pour la jeunesse, qu'elles soient classiques, patrimoniales ou contemporaines, sont des ressources précieuses pour aborder les principes et les valeurs de la vie en société.

La définition des règles de vie de la classe, si elle ne saurait à elle seule résoudre les problèmes de relations entre enfants, permet d'aborder un certain nombre de normes et de valeurs : respect d'autrui, tolérance, acceptation de la règle...

L'initiation au débat argumentatif permet d'aborder de grandes questions morales (le bien / le mal, le juste / l'injuste...) et de faire l'expérience d'une décentration de son propre jugement.

L'étude des œuvres d'art permet de faire l'expérience d'une émotion esthétique tout en abordant de grandes problématiques humaines qui ont traversé l'histoire.

Pistes pour construire la réflexion et organiser le débat au collège et au lycée

Au-delà de la prise en charge nécessaire des interrogations et des inquiétudes des élèves face à un événement violent, la mission de l’institution scolaire est de transmettre une culture démocratique qui s’appuie sur le respect des droits de l’homme et de l’État de droit. Cette culture se construit notamment par la pratique du débat argumenté qui fait écho au caractère délibératif de la démocratie et au principe du contradictoire dans la justice, et qui constitue ainsi un exercice de citoyenneté à part entière.

Principes et valeurs de la République et droits de l'Homme

Dans le cadre des échanges avec les élèves, le professeur pourra être amené à rappeler l’importance des principes et valeurs de la République et des droits de l'Homme.

La formation de la personne et du citoyen se fonde notamment sur la transmission des principes et valeurs inscrites dans la Constitution de notre pays, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 et dans l'ensemble des grands textes des droits de l'homme, européens et internationaux. La connaissance et l'appropriation des droits et libertés fondamentales garantissent le respect de la dignité humaine, le refus de la haine et de la violence.

À consulter

Après l'attaque terroriste à Arras, vendredi 13 octobre, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse met à disposition de l’ensemble des agents un dispositif national de soutien psychologique.