
Ressources d'accompagnement pour l’enseignement moral et civique aux cycles 2, 3 et 4
Les ressources d'accompagnement pour l’enseignement moral et civique pour les cycles 2, 3 et 4 proposent des outils pédagogiques et didactiques, réalisés en partenariat avec l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche, pour accompagner les professeurs dans la mise en œuvre des programmes.
Mis à jour : juillet 2025
Actualités
Les premières ressources d'accompagnement du nouveau programme d'enseignement moral et civique sont disponibles :
- Pour le collège, l’émission « Regards sur » présente le nouveau programme d’EMC pour le collège. En complément, le premier livret d’accompagnement pour la cinquième est disponible. Il propose quelques exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.).
- Pour l'école élémentaire, l’émission « Regards sur » présente le nouveau programme d’EMC pour l’école élémentaire. Elle s’appuie sur les réactions de professeurs des écoles découvrant le nouveau programme pour expliciter les intentions et nouveautés de celui-ci. En complément, les premiers livrets d’accompagnement pour le CP et pour le CM1 sont disponibles.
Le nouveau programme d'enseignement moral et civique
Le nouveau programme est publié au BO du 13 juin 2024. Il entre en application progressivement aux cycles 2, 3 et 4 :
- Rentrée scolaire 2024-2025 : mise en œuvre en CP, CM1, 5e ;
- Rentrée scolaire 2025-2026 : mise en œuvre en CE1, CM2, 4e ;
- Rentrée scolaire 2026-2027 : mise en œuvre en CE2, 6e, 3e.
Les anciens programmes de cycle 2, de cycle 3 et de cycle 4 restent en vigueur pour les classes de CE1, CE2, CM2, 6e, 4e et 3e en 2024-2025, puis pour les classes de CE2, 6e et 3e en 2025-2026.
Nota : Dans certains territoires d’outre-mer, les programmes d’EMC font l’objet d’une adaptation.
Ressources pour la mise en œuvre des programmes à l'école élémentaire
Vidéo « Regards sur » le programme d’EMC à l'école élémentaire
La direction générale de l’enseignement scolaire propose un nouveau format d’émission destinée à présenter le nouveau programme d’EMC pour l’école élémentaire. Intitulée « Regards sur », elle s’appuie sur les réactions de professeurs des écoles découvrant le nouveau programme pour expliciter les intentions et nouveautés de celui-ci.
REGARDS SUR LES PROGRAMMES
Enseignement moral et civique | École élémentaire
Edouard GEFFRAY
Mesdames et Messieurs, chers collègues, bonjour et bienvenue sur notre nouvelle série d’émissions que nous appelons « Regards sur », regards sur… les programmes.
Quelle est l’idée ? D’abord, c’est évidemment de vous apporter tous les éléments d’éclairage sur les objectifs, la façon dont ces programmes ont été élaborées. Et puis, autre élément, c’est bien sûr de répondre à vos questions à travers les témoignages et les interrogations de collègues de terrain que nous sommes allés rencontrer, qui nous ont fait part de leurs questionnements et auxquels nous répondrons.
À travers eux c’est évidemment à vous et à vos questions que nous répondons. Et c’est donc, j’allais dire, en espérant que cela réponde à vos attentes que je vous souhaite une excellente découverte de « Regards sur les programmes », la nouvelle émission de la Dgesco. Merci.
Catherine MASSICOT
Bonjour à toutes et à tous, Nous vous souhaitons la bienvenue dans l’émission « Regards sur les programmes ». Je suis Catherine Massicot, adjointe au chef du bureau de la formation à la Direction générale de l’enseignement scolaire et également inspectrice de l’Éducation nationale en charge du premier degré.
Aujourd’hui, nous croisons les regards des experts pédagogiques sur le programme d’enseignement moral et civique. Ce programme est écrit pour les classes du CP à la terminale. Cette émission porte plus spécifiquement sur le programme de l’école élémentaire. Nous sommes allés à la rencontre des enseignants de cinq académies différentes. Nous les remercions d’ailleurs vivement pour leur accueil et leurs questions qui vont nourrir la réflexion nationale.
Je vous propose, sans plus tarder, de leur laisser la parole pour écouter leurs réactions à la lecture du programme d’enseignement moral et civique.
Céline RINCY
Alors ma première réaction à la lecture des nouveaux programmes, c’est qu’ils ne bouleversent pas vraiment les programmes existants. Ils me semblent plutôt dans la continuité de ce qu’on connaît déjà. Donc, ma première question, qui me paraît d’ailleurs légitime, ce serait pourquoi instaurer des nouveaux programmes ?
Christèle LEROY
J’ai apprécié la présentation sous forme de tableaux, cela permet une lecture facile, donc l’appropriation et la mise en œuvre dès la rentrée.
Le préambule me paraît essentiel parce qu’il expose les motifs qui ont amené à la publication de nouveaux programmes.
Sandrine RUFFIN
Déjà, sur la page de garde, on a ce titre et ce sous-titre : « du CP à la terminale ». Et ça, ça m’a intéressé dans la mesure où, pour moi, cela voulait traduire cette idée d’une continuité de l’école élémentaire jusqu’à la fin du lycée. Et ça, ça me paraît vraiment intéressant.
Muriel ABOSO
Chaque fois que sortent de nouveaux programmes. Nous n’avons pas de retours sur l’évaluation des anciens et j’aimerais savoir, en tant que directrice, ce qu’il en est de cette partie évaluation. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans les anciens et pourquoi on en a de nouveau ?
Élisabeth QUENEHEN
Pourquoi un programme unique du CP à la terminale ?
Catherine MASSICOT
Un grand merci aux enseignants pour ces premières réactions qui vont initier le dialogue avec nos intervenants qui sont ici en plateau et que je remercie. J’ai le plaisir d’accueillir Émeline Grardel. Vous êtes inspectrice de l’Éducation nationale dans l’académie d’Amiens. Merci à vous pour votre présence. Jérôme Grondeux, vous êtes inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche. Merci à vous. Et Nicolas Davieau, vous êtes chargé d’études au bureau des contenus pédagogiques et des langues, à la Direction générale de l’enseignement scolaire. Merci également pour votre présence.
Vous avez tous les trois contribué à la rédaction de ce programme d’enseignement moral et civique. Nous pouvons retenir de ces premières réactions des enseignants la notion de continuité et les enseignants soulignent également l’effort de clarification. Jérôme, du point de vue du parcours de l’élève, pourquoi était-ce important de penser et de proposer un programme du CP à la terminale ?
Jérôme GRONDEUX
On avait deux idées qui dominaient l’ensemble des concepteurs de ce programme. La première idée, c’est celle d’arriver à une véritable progressivité et d’avoir une sorte de parcours global de l’élève, du CP à la terminale, en étant sûr qu’il ait eu à réfléchir, à s’investir, à s’engager dans toutes les dimensions qu’on peut inventorier de la citoyenneté républicaine. Et il nous semblait que c’était important qu’il y ait une cohérence. Et la deuxième approche, c’est d’utiliser tout ce temps du CP à la terminale, de la manière la plus rationnelle possible, en optant pour la démarche classique du spiralaire. C’est-à-dire qu’on va revenir deux ou trois fois, selon les cas, dans l’ensemble de ce temps sur des thèmes, et donc tout ce qui est fait à l’école primaire est fondamental parce que cela enclenche des choses qui vont être réinvesties au collège et qui vont être réinvesties avec un degré d’approfondissement supérieur au lycée.
Catherine MASSICOT
Émeline ?
Émeline GRARDEL
En effet, il y avait besoin de clarifier à la fois les objectifs et les contenus, et la présentation par annualisation, justement, de ces contenus permet plus de clarté et d’appropriation par les enseignants. Il y avait aussi également besoin de pouvoir introduire et de pouvoir y associer tout ce qui est EDD, l’éducation au développement durable, l’EMI, l’éducation aux médias et à l’information et également les compétences psychosociales, ce que permet le programme d’EMC 2024.
Mais les finalités de l’enseignement moral et civique restent les mêmes. On est toujours sur faire vivre et faire transmettre les valeurs de la République aux élèves et leur permettre d’acquérir les compétences civiques.
Catherine MASSICOT
Nicolas, pouvez-vous nous donner quelques clés de lecture de ce programme ?
Nicolas DAVIEAU
Oui, pour chaque année, on a un titre annuel suivi d’un petit texte qui va présenter les attendus et les objectifs pour l’ensemble de l’année et ensuite le reste du programme.
Ce sont pour chaque rubrique, il y en a de 2 à 4 par année, un tableau en trois colonnes avec une première colonne qui indique les notions principales qui font l’objet de l’enseignement, une seconde colonne qui explicite les contenus d’enseignement, qui est un peu la colonne vertébrale en réalité du programme, et une troisième colonne, la colonne de droite qui, elle, propose des démarches et situations d’apprentissage possibles, possibles pour les enseignants.
C’est une manière de mettre en œuvre les contenus d’enseignement. Je reviens peut-être sur la première colonne qui permet justement d’indiquer la dimension spiralaire qu’évoquait Jérôme tout à l’heure, puisqu’en fait, dans les dernières années de l’école élémentaire, on voit que certaines notions ont déjà été vues dans les premières années au cycle 2, et cela permet effectivement une lecture spiralaire du programme.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup à vous trois pour cet éclairage sur la philosophie générale de ce programme. Écoutons maintenant les questions plus spécifiques posées par les enseignants sur certains points précis du programme.
Sandrine RUFFIN
La première des questions, c’est : dans le préambule, je vois apparaître la notion de parcours citoyen. L’organisation de programmes avec des contenus d’enseignement très précis, par année, par niveau de classe, permet-elle réellement le fonctionnement d’un parcours citoyen ?
Dève DENOM
En EMC l’annualisation du programme permet une clarification des contenus d’enseignement. Comment l’articuler avec la logique des cycles ?
Christèle LEROY
J’aime beaucoup la présentation par niveau, c’est clair car il y a les colonnes. En revanche, j’ai cette impression de cloisonnement à un thème. Par exemple en CE2, « apprendre ensemble et vivre ensemble » et de ne pas le traiter sur les autres niveaux alors que c’est bien le cas.
Sandrine RUFFIN
On parle beaucoup d’école inclusive depuis quelques années et à juste titre. Pourquoi le mot « différence » et tout ce qui est objectif de mise en place d’activités, de compréhension de la différence, n’apparaît qu’à partir du CE1 ? Et on ne retrouve pas forcément ce mot de « différence » à d’autres moments du programme.
Christèle LEROY
Nous sommes témoins de l’accès précoce de nos élèves aux smartphones et aux réseaux sociaux. J’aurais voulu savoir, pourquoi nous attendions la 6e pour aborder la majorité numérique.
Sandrine RUFFIN
À la lecture des programmes d’EMC, je suis un peu perplexe entre le décalage opéré par rapport aux habitudes, à ce qu’on pratiquait avant à travers les quatre cultures qui étaient proposées dans les anciens programmes. Que devient donc la culture de la sensibilité ? Que devient la culture à l’engagement ? Que devient la culture au jugement ?
Cosette RICHARD
Comment mettre en œuvre les programmes dans une perspective interdisciplinaire ?
Sandrine RUFFIN
À la lecture globale de ces programmes, ce qui domine, en tout cas, ce que je ressens, c’est cette prédominance du droit de la règle, et un droit et une règle qui existent avant même que le groupe classe ne se fédère. Avant, on était sur plus une élaboration d’un ensemble de règles pour faire fonctionner une classe. Qu’est- ce que derrière cela traduit comme choix, comme volonté, de faire en sorte que dès le CP, on est sur : « il y a une règle, elle existe, on l’applique » ? Quelle est la volonté derrière ce choix ?
Catherine MASSICOT
Les enseignants se questionnent sur le parcours citoyen, les quatre cultures, la majorité numérique, la règle, ce mot « différence », l’interdisciplinarité. Qui souhaite répondre ?
Nicolas DAVIEAU
Alors peut être sur les cultures. Ce qu’on peut dire, c’est qu’effectivement elles n’apparaissent plus telles quelles dans le programme, mais que les différents éléments qui les composent se retrouvent dans le nouveau référentiel de compétences pour une culture de la démocratie qui reprend dans ces éléments lui-même, dans les quatre dimensions qu’il propose, les éléments qui relevaient de la culture, de la sensibilité culture du jugement, culture de l’engagement, culture de la règle et du droit. Donc c’est effectivement une reformulation peut être de ce qui existait dans les programmes de 2015.
Catherine MASSICOT
Jérôme ? Parcours citoyen ?
Jérôme GRONDEUX
Oui alors le parcours citoyen, en fait, l’idée, c’est toujours de refuser que l’enseignement moral et civique soit le seul lieu et le seul moment où on parle de citoyenneté. L’éducation à la citoyenneté, c’est plus global. Il y a des enjeux de citoyenneté dans toutes les disciplines et c’est pour cela que le référentiel qui est dans les programmes, c’est un référentiel en fait de l’éducation à la citoyenneté. Quand on fait des sciences, on travaille et qu’on fait un éveil à la démarche scientifique, en primaire, on travaille l’esprit critique. Quand on fait de la littérature ou qu’on est dans la littérature de jeunesse, on travaille le discernement et tout cela, c’est dans le référentiel. Donc cela ne se travaille pas qu’en EMC.
L’EMC, c’est le lieu réflexif, le moment où on est explicite sur la citoyenneté et c’est pour cela, c’est très important, c’est particulièrement important peut être dans l’enseignement secondaire, mais c’est déjà très important dans le primaire.
La citoyenneté doit être une dimension de notre enseignement. Et l’enseignement moral et civique, c’est le moment où on en parle à part.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup, Émeline quelques mots ?
Émeline GRARDEL
Oui, en ce qui concerne la question de la règle justement dans les programmes, comme l’a posée l’enseignante, effectivement la règle apparaît au cycle deux comme un élément à respecter parce que tout d’abord, cela protège les enfants. Il est important que les enfants comprennent qu’ils doivent avant tout obéir aux règles parce que cela les protège. Ensuite, progressivement, on va servir cette compréhension de la règle du droit, de la construction de la loi, et les élèves sont progressivement amenés à comprendre quelle va être leur place de citoyen dans le système législatif, dans la façon dont on va pouvoir modifier les lois.
Si à l’école primaire, on a la possibilité dans les classes de travailler ensemble, de réfléchir ensemble à la constitution de règles de vie de classe, néanmoins, cela se fait dans le cadre du règlement de l’école et cela se fait dans le cadre légal. Donc il ne faut pas laisser croire que l’on peut tout modifier. La règle, la loi, cela se respecte et après on, on entre dans le système de modification, dans le système législatif en tant que tel, comme faire participer les enfants au parlement des enfants justement, cela leur permet de comprendre comment le fonctionnement législatif est régulé.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Le mot « différence » ?
Émeline GRARDEL
Oui, alors le terme « différence », il apparaît effectivement en cycle 2. Il n’apparaît plus tel quel au cycle 3 ou dans les autres, au collège ou au lycée. Néanmoins, tout ce qu’il entend par notion est présent dans les thèmes abordés, notamment au cycle 3 à travers l’égale dignité, la fraternité, la tolérance. Ensuite, cela revient aussi dans les thématiques abordées en 5e, en 4e et également en 1re.
Jérôme GRONDEUX
Et il faut souligner que ce terme de « différence », il est là aussi dans le référentiel de compétences avec « respecter autrui » et « accepter les différences ». Et donc c’est quelque chose qui est présent là aussi tout au long. Il faut peut-être revenir à ce que cela veut dire, parce que cela va se retrouver dans plusieurs questions, et cela se retrouve dans plusieurs questions, ce que cela veut dire de mettre une notion à un moment précis du programme. On l’a fait pour être sûr que l’élève, dans son parcours, ait rencontré cette notion. C’est cela qui nous a semblé important. Maintenant, ce n’est pas parce que c’est logé à un endroit du programme, de toute manière, on va en parler et y passer du temps, qu’on ne peut pas l’évoquer dans les autres années.
Quand on est sur toute cette dimension du respect d’autrui, de l’empathie, quand on est dans toute cette construction de la vie en société qui fait les premières années, qui a déjà commencé en maternelle, qui fait les premières années du primaire, on est amené à traiter aussi de cette question des différences et il ne faut pas hésiter à y aller.
Il faut donc bien comprendre que ce n’est pas parce que quelque chose n’est pas dans le programme qu’on ne peut pas y aller, s’il y a lieu. Bien sûr, ce n’est pas pour en faire l’objet principal du programme, là, on serait plus du tout dans la lecture, je dirai normale, d’un programme, mais il faut bien comprendre cela. Si on le met à tel moment, c’est d’abord par un souci d’une démarche un peu cohérente par année, mais c’est aussi pour être sûr que tous les élèves auront rencontré cela. Et donc cela n’interdit pas d’y aller plus tôt. Et c’est la même chose pour la majorité numérique. Quand on est dans la majorité numérique, on veut que, à un moment donné, là on l’a placé en 6e, on reprécise aux élèves ce qui est la majorité numérique, mais pas seulement leur dire mais pourquoi il y a une majorité numérique. Bon, mais on commence déjà à s’intéresser à l’EMI avant et on peut venir à un moment donné sur la question de la majorité numérique. Simplement, ce n’est pas l’objet principal et on sait que de toute manière, on parlera de la majorité numérique à tous les élèves en 6e.
Catherine MASSICOT
Nicolas, vous souhaitiez ajouter peut-être quelques éléments de réponse ?
Nicolas DAVIEAU
Alors, pour compléter peut-être sur la majorité numérique, c’est vrai que la notion en elle-même n’apparaît qu’en 6e. Mais c’est vrai que les enjeux du numérique, notamment la cyber violence par exemple, ou le civisme numérique, apparaissent là de manière très explicite en CM1, je crois. Donc il y a effectivement des éléments qui peuvent permettre d’aborder, si l’enseignant le souhaite, la majorité numérique un peu en amont de la 6e.
Jérôme GRONDEUX
Et le fait qu’elle ait été mentionnée un peu auparavant ne rendra que plus efficace le moment où on en reparlera à fond en 6e.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup.
Intéressons-nous maintenant à la mise en œuvre de ce programme d’enseignement moral et civique pour les élèves. Comment les équipes pédagogiques envisagent-elles les choses ?
Frédéric HATIF
Concernant l’EMC, je suis très étonné que le programme commence uniquement au CP. Le vivre ensemble doit être travaillé dès les plus petites sections de maternelle et tout ce qui est de la sociabilisation débute dès la maternelle, donc pourquoi ce choix ?
Muriel ABOSO
Pourquoi ne proposer l’EMC qu’à l’entrée au CP, alors que la socialisation des enfants débute dès leur entrée à l’école maternelle ?
Aurélie LEMONNIER
Comment garantir la continuité école-collège dans le cadre d’un programme annualisé ?
Christèle LEROY
Il me manque quelque chose d’essentiel, c’est la volumétrie horaire concernant l’EMC, afin de me projeter dès la rentrée. J’aurais souhaité commencer mes programmations et mes progressions et j’ai besoin de cette donnée.
Sandrine RUFFIN
La présentation par année de niveau introduit pour moi une espèce de cloisonnement et m’interpelle sur l’usage que l’on peut faire et l’intégration qu’on peut faire des objectifs visés dans un fonctionnement d’école où on privilégie les projets ? Projets d’école, projets de classes, projets de cycles, et cætera. Comment intégrer l’idée de projets ?
Dève DENOM
Comment l’enseignant peut-il se projeter dans une progression annuelle alors qu’il n’y a pas d’indicateur horaire ?
Catherine MASSICOT
Merci à nouveau aux enseignants pour ces projections. Ils évoquent la continuité école maternelle - école élémentaire, la continuité école - collège. Qu’en est-il de cette continuité ? Ils évoquent également la place de la maternelle dans ce programme qui débute au CP et la question aussi des horaires et bien sûr des projets associés. Émeline ?
Émeline GRARDEL
En effet, le programme d’enseignement moral et civique commence en classe de CP par les enseignements, mais le préambule du programme de maternelle précise bien que les enfants apprennent à l’école maternelle avec les autres. Ils apprennent ensemble, ils découvrent les premiers principes du vivre ensemble, ils prennent plaisir à être ensemble. Et donc toutes ces compétences civiques sont en train de se développer progressivement dès l’école maternelle. Le respect d’autrui, la vie en collectivité, tout cela, ce sont des éléments qui, bien évidemment, sont partie prenante du quotidien à l’école maternelle. Et en fait, on pourrait dire qu’il s’agit de prérequis à cet enseignement moral et civique qui va se formaliser à partir du cycle 2 et qui va se poursuivre et se densifier tout au long du parcours scolaire de l’élève.
On a le même parallèle finalement avec « questionner le monde » au cycle 2 qui, au cycle 3, va devenir l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Donc on a ce prérequis et on a le développement des notions à partir de la classe de CP.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Nicolas, que pouvez-vous répondre aux enseignants sur la question des horaires ?
Nicolas DAVIEAU
Alors c’est vrai que la question des horaires s’est posée. On a donné des indications pour les classes de collège et de lycée, ce qu’on n’a pas fait pour l’école élémentaire. Alors, il y a, c’est vrai, des grilles horaires qui fixent un volume annuel d’heures pour l’enseignement moral et civique, c’est 36 h annuelles, soit 1 h hebdomadaire. Mais c’est vrai que la précision de la grille horaire explicite aussi qu’il doit y avoir dans cette heure hebdomadaire une demi-heure consacrée à des situations de pratique orale. Et on a fait le choix finalement de ne pas imposer d’indications, même indicatives, pour laisser la liberté aux enseignants de voir le temps qu’ils souhaitaient accorder à chaque rubrique, à chaque thème en fait. Mais c’est vrai que l’importance relative des thèmes et des rubriques se lit peut-être aussi dans le volume qui leur est consacré en termes de contenus d’enseignement, on a des rubriques qui sont plus spécifiques dans leur objet qui, je pense, demandent de manière assez logique moins de temps d’enseignement.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Jérôme ?
Jérôme GRONDEUX
Je voudrais revenir sur la question de la continuité entre le CM2 et le collège et en fait on a voulu qu’il y ait un aspect un peu progressif. Quand on regarde le thème de CM1 c’est « faire société », le thème de CM2, c’est “vivre en République” et quand on regarde ce qui est le thème dominant, là aussi j’insiste bien, c’est un thème dominant, on ne parle absolument que de cela, autrement il n’y aurait pas de continuité, mais le thème dominant de la 6e, c’est « apprendre à vivre dans une société démocratique ». Et quand on regarde bien, cela croise exactement ce qui a été fait anciennement sur « faire société », ce qui a été et ce qui a été fait sur « vivre en République ». Donc on remobilise et donc en 6e, au moment de l’entrée au collège, on remobilise les deux dernières années du primaire. Donc je pense que de ce point de vue, il y a une certaine continuité qui est garantie, et, de manière générale, on essaye de ne pas faire des hiatus complets, de ne pas segmenter. Annualiser, ce n’est pas segmenter en année, c’est choisir où on met la focale pour approfondir tel ou tel point. Et c’est cela le sens des titres de l’année.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. La place des projets justement lors de cette mise en œuvre de ce programme ?
Jérôme GRONDEUX
On n’a pas voulu très nettement changer avec ces programmes, ce qui est quand même une tradition que je dirais bien établie de l’enseignement moral et civique, qui est de recourir à la pédagogie de projet. Nous, notre idée, c’est que on ne peut pas faire que des projets, c’est pour cela qu’on voulait qu’il y ait des contenus et qu’on sache sur quels objets aller porter ces projets. Mais, bien évidemment, le fait de travailler par projet est important, mais c’est aussi important dans le cadre du parcours citoyen, parce que si on ne consacre au projet que l’horaire dévolu à l’enseignement moral et civique, cela risque d’être un peu compliqué. Donc c’est pour cela que l’idée de parcours citoyen, à mon avis, cela permet de faire des projets qui mobilisent l’enseignement moral et civique, mais pas que, autour de la citoyenneté et qui puissent être des leviers véritables pour la classe.
Nicolas DAVIEAU
Cela me permet de compléter Jérôme, ce que tu dis là sur la question des horaires, puisqu’en fait on a aussi envisagé que l’interdisciplinarité possible à l’école élémentaire permettait effectivement que dans un cours de français où on va traiter de littérature, par exemple, on puisse aussi être amenés à traiter des éléments des contenus d’enseignement du programme d’EMC.
Catherine MASSICOT
Merci à vous. L’accompagnement des enseignants à la mise en œuvre des programmes est un enjeu essentiel. Pour cette raison, nous avons souhaité interroger les enseignants afin qu’ils puissent nous indiquer quels sont les besoins qu’ils identifient, les besoins bien sûr, en termes de formation et de ressources. Nous les écoutons.
Élodie LETOUZÉ
Est-ce que je peux déjà utiliser des ressources existantes ?
Dève DENOM
En EMC y aura-t-il un accompagnement dans la mise en œuvre des nouveaux programmes ?
Christèle LEROY
Alors concernant l’enseignement de l’empathie, à ce jour, je n’ai pas toutes les armes pour l’enseigner et j’aimerais vraiment une formation en présentiel.
Sandrine RUFFIN
Est-ce que nous disposerons de nouvelles ressources institutionnelles ? Est-ce que nous pourrons utiliser les ressources existantes ? D’autres propositions institutionnelles seront-elles faites, en plus des propositions commerciales ?
Muriel ABOSO
Au vu de la mise en œuvre à venir de ces nouveaux programmes, est-il prévu un recensement des besoins de formation ?
Sandrine RUFFIN
Ma grande inquiétude, c’était pour tout ce qui était « éducation aux médias et à l’information », parce que quand je dis le nom comme cela, cela renvoie à des besoins matériels. On sait tous que les écoles ne sont pas forcément équipées ou en tout cas pas suffisamment pour permettre vraiment une fluidité d’usage. Mais effectivement, je pense qu’un certain nombre d’accompagnements seront nécessaires sur certaines définitions de termes aussi.
Catherine MASSICOT
Nous remercions à nouveau les enseignants pour ces besoins exprimés. Ils expriment en effet des attentes de ressources et de formation. Qu’en est-il ? Que pouvez-vous leur apporter déjà comme premiers éléments de réponse ?
Jérôme GRONDEUX
Il y a beaucoup de ressources qui sont existantes qui sont vraiment très utiles. Je pense au vademecum de la laïcité, au vademecum contre le racisme et l’antisémitisme, et puis, puisque nous sommes chez Canopé, le portail « Valeurs de la République », qui est un portail qui s’est beaucoup développé, et qui va continuer de se développer, qui est extrêmement utile. Il faut bien mesurer que, en enseignement moral et civique, on est sur un fond de valeurs et de principes républicains en développement, mais qui est quand même un fond aussi, qui est relativement stable et donc pour énormément de notions, il y a des ressources qui peuvent être plus pérennes, et puis d’autres ressources prévues pour des points qui sont cette fois plus mis en avant dans ces programmes.
Nicolas DAVIEAU
Alors justement, sur l’empathie, il y a des ressources que l’on peut trouver sur éduscol, notamment un kit pour des séances d’empathie à l’école élémentaire et dont certaines séances peuvent tout à fait être utilisées pour la mise en œuvre du programme d’EMC, notamment en CP, qui évoque très directement le développement de l’empathie auprès des élèves.
Catherine MASSICOT
Émeline, en tant qu’inspectrice de l’Éducation nationale, la place de la formation et du recueil des besoins est aussi essentielle. Que pouvez-vous dire aux enseignants ?
Émeline GRARDEL
Effectivement, ce retour du terrain nous permet justement de prendre en compte les besoins locaux et il est indispensable que ce soit fait au local, en département, en académies, avec les personnes qui sont missionnées sur ces domaines-là pour que l’on puisse répondre au plus près des besoins des équipes et leur apporter le soutien et l’accompagnement dont ils ont besoin.
Catherine MASSICOT
Des questions sont posées également sur la mise en œuvre de l’EMI et le matériel.
Jérôme GRONDEUX
Oui, alors effectivement, cette éducation aux médias et à l’information. D’abord, il faut souligner une chose, dans le programme il y a une dimension éducation aux médias, à l’information qui est forte. Ce n’est pas toute l’éducation aux médias et à l’information, c’est une contribution de l’EMC à cet enseignement. Ensuite, cette question du matériel et de l’équipement. On sait que les situations sont très variables et parfois on n’a pas, parfois on a autre chose que ce qu’on veut, on le sait bien. Mais l’éducation aux médias et à l’information, ce n’est pas une éducation sur écran, ce n’est pas une éducation sur outils. Il peut se trouver qu’on fasse à un moment donné ce type d’activités, mais c’est avant tout l’éducation d’une attitude, d’une réflexion, d’une posture face à l’information. Quand, dans des écoles, il y a, à propos d’un événement d’actualité qui peut être de nature à intéresser les enfants, un débat avec un bâton de parole en disant « Voilà. Qu’est-ce qu’on en sait ? Comment on l’a appris ? Qui nous l’a dit ? Pourquoi ? », on fait déjà de l’éducation aux médias et à l’information. Quand on fait une petite revue de presse, on fait déjà de l’éducation aux médias et à l’information. Il y a plein de manières de le faire qui ne nécessitent pas forcément du matériel. J’insiste, j’insiste beaucoup là-dessus parce que ce n’est pas une éducation à l’outil, c’est une éducation à un usage réfléchi, à un usage réfléchi par rapport à l’ensemble des médias d’information et une manière de construire progressivement, doucement, un rapport avec l’actualité.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Nicolas, la question des ressources ?
Nicolas DAVIEAU
Pour compléter, sur ces dimensions nouvelles du programme d’enseignement moral et civique, qui intègre une partie d’éducation au développement durable et d’éducation aux médias et à l’information, on peut rappeler qu’il y a sur éduscol un vademecum EDD, éducation au développement durable, et un vademecum éducation aux médias et à l’information, notamment pour la webradio qui peut être une ressource utile pour les enseignants.
Des ressources sont prévues pour l’accompagnement à la mise en œuvre du programme. Ce sera pour chaque année un livret d’une quinzaine ou une vingtaine de pages, qui propose, quand c’est nécessaire, des éclairages notionnels ou didactiques sur tel ou tel point précis du programme et surtout qui donne à voir peut être un peu plus précisément les possibilités ou les manières de mettre en œuvre les contenus d’enseignement qui certes apparaît un peu déjà dans le programme, comme on l’a dit, les démarches aux situations d’apprentissages possibles, mais qui sont peut-être un peu plus explicites dans le cadre des livrets d’accompagnement.
Catherine MASSICOT
Nous arrivons au terme de cette émission. Un grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué, par les échanges. Remerciements vraiment nourris pour les enseignants. Un grand merci aussi également à vous, intervenants.
Ces échanges ont permis, vraiment, je l’espère, pour tous les enseignants qui nous écoutent, de nourrir la réflexion générale sur ce programme d’enseignement moral et civique. Nous vous retrouverons, avec plaisir, pour une prochaine émission sur un autre programme. Merci beaucoup et à bientôt.
Les livrets d'accompagnement des nouveaux programmes de l'école élémentaire
Les livrets d’accompagnement proposent quelques exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.). Les livrets des autres années de l'école élémentaire sont en cours de production.
Livret d’accompagnement pour la classe de CP : Se reconnaitre comme individu et comme élève
Livret d’accompagnement pour la classe de CM1 : Faire société (ajout juin 2025)
Vidéo « Regards sur » le programme d’EMC du collège
La direction générale de l’enseignement scolaire propose une émission destinée à présenter le nouveau programme d’EMC pour le collège. Intitulée « Regards sur », elle s’appuie sur les réactions de professeurs découvrant le programme pour expliciter les intentions et nouveautés de celui-ci.
Caroline PASCAL
Mesdames et Messieurs, chers professeurs, bonjour et bienvenue sur la série « Regards sur les programmes ». Cette série, produite par la Dgesco, en collaboration avec Réseau Canopé et avec l'intervention de l'Inspection générale, vous présente les nouveaux programmes, leur sens, leur objectif, la façon dont ils ont été conçus, élaborés.
Nous avons également recueilli des témoignages, des questions, qui sont les vôtres, sur le terrain, de manière à vous apporter le conseil et l'appui le plus proche de celui dont vous avez besoin.
Je suis ravie de vous accueillir sur cette série. J'espère qu'elle vous apportera tout le profit nécessaire et je vous souhaite un excellent travail.
Nicolas DAVIEAU
Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans cette émission « Regards sur les programmes » consacrée aux programmes d'enseignement moral et civique pour le collège. Je suis Nicolas Davieau, chargé d'études pour l'histoire-géographie et l'EMC au bureau des contenus pédagogiques et des langues au sein de la Direction générale de l'enseignement scolaire. Cette émission, aujourd'hui, va nous permettre de croiser les regards des experts pédagogiques sur le programme d'EMC.
Nous sommes allés à la rencontre d'enseignants, de chefs d'établissement, dans différentes académies et nous les remercions vivement pour leur contribution qui va permettre de nourrir la réflexion collective. Je vous propose, sans plus tarder, d'écouter leurs premières réactions à la lecture du programme d'EMC.
Nicolas POLLET
Ma première réaction était d'apprécier l'annualisation des programmes, ce qui permet de gagner en clarté et en uniformité à l'échelle d'un niveau de classe.
Sonia BUBALO
Ma première réaction a été de constater que le programme était vraiment clair et lisible, que c'est un programme qui, je pense, est plus précis que les précédents, avec une meilleure compréhension des attendus.
Marie-Alice DE PAEPE
Le programme du collège indique les notions déjà vues à l'école élémentaire. Cela permet de réinvestir et d'envisager une progressivité des apprentissages.
Sandra HAYRAULT
Vous proposez une présentation pragmatique et ambitieuse des programmes et je me suis immédiatement questionné sur la faisabilité de ces programmes avec des enfants en très grande difficulté.
Nicolas POLLET
Certains aspects du programme répondent mieux aux réalités actuelles, notamment, par exemple dans les questions liées au numérique, aux formes de harcèlement, aux sources d'information ou au développement durable.
Christian LEGROS
Je trouve cela très intéressant de placer la pédagogie de projet au centre de ce nouveau programme d'EMC. Et justement, cela va permettre de repenser la place de l'EMC au sein du cycle 4.
Nicolas DAVIEAU
Ces premières réactions vont permettre d'initier le dialogue avec les intervenants ici en plateau, qui ont participé à la rédaction du programme et que je remercie chaleureusement.
Jérôme Grondeux, vous êtes Inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, membre du groupe histoire-géographie et copilote du groupe qui a rédigé le projet de programme. Bonjour.
Jérôme GRONDEUX
Bonjour
Nicolas DAVIEAU
Nathalie Reveyaz, vous êtes inspectrice d'académie, inspectrice pédagogique régionale d'histoire-géographie dans l'académie de Grenoble. Bonjour.
Nathalie REVEYAZ
Bonjour.
Nicolas DAVIEAU
Et enfin Karen Prévost-Sorbe, vous êtes référente académique éducation aux médias et à l'information dans l'académie d'Orléans Tours. Bonjour.
Karen PRÉVOST-SORBE
Bonjour.
Nicolas DAVIEAU
Les enseignants apprécient la clarté, l'annualisation et l'introduction de nouvelles dimensions dans l'EMC. Mais certains témoignent d'une inquiétude sur la faisabilité du programme. Jérôme, que peut-on leur répondre ?
Jérôme GRONDEUX
Toutes ces questions-là sont liées. En fait, c'était très important, et aussi ça faisait partie de la lettre de saisine, pour le Conseil supérieur des programmes, c'était très important de clarifier les contenus par année, de savoir de quoi on allait parler avec les élèves et sur quels sujets, à quelle année. Maintenant, ce qui est important sur la question de la faisabilité, c'est de comprendre le mode d'emploi, ou en quelque sorte la structure, du programme, puisqu'on a les deux premières colonnes qui indiquent des notions et des contenus. Et ces deux colonnes-là, elles sont effectivement présentées de façon annualisée, mais ça représente ce que doivent avoir vu les élèves. Et effectivement, de ce point de vue-là, c'est impératif.
Mais il y a aussi la colonne où on propose des démarches et des situations d'apprentissage qui sont indiquées comme « possibles », et là il faut être très attentif. Cette colonne n'est pas une liste de courses, pour dire les choses un peu familièrement, ce ne sont pas des items qu'on doit enchaîner. Ce sont véritablement des propositions. Donc on n'est pas obligé de toutes les faire, on n'est pas obligé de ne faire que ça, et on n'est pas obligé de les faire telles quelles sont indiquées dans les programmes. Donc, pour mettre en valeur ces notions et ces contenus, y compris avec des élèves en grande difficulté, c'est important que cette question ait été posée, c'est la liberté pédagogique du professeur qui lui permet de choisir à partir de quelle situation il va le faire. Et c'est très important parce que c'est ce qui permet que le programme soit réalisable.
Si on essaie de faire absolument tous les petits items de cette troisième colonne, effectivement, il y a là, dans ce cas-là, un véritable problème de faisabilité.
Nathalie REVEYAZ
La faisabilité, ou la clarté du programme, peut se lire avec les indications horaires par rubrique, et la construction interne des rubriques est l'expression de la liberté pédagogique de l'enseignant. Si l'on prend la seconde rubrique du programme de cinquième, « la solidarité à toutes les échelles », l'enseignant peut très bien prendre un exemple de l'expression d'un risque environnemental. Il va ainsi travailler le déploiement de la sécurité civile, associer la fraternité et la solidarité, et ensuite terminer cette rubrique. Donc, dans le choix des situations, dans le choix des supports, il s'adapte à la capacité des élèves et donc peut s'adresser à tous les publics.
Nicolas DAVIEAU
Merci. Les professeurs apprécient également l'attention portée aux réalités actuelles.
Karen PRÉVOST-SORBE
Oui, en effet, le programme d'enseignement moral et civique s'est enrichi tout naturellement de l'éducation aux médias et à l'information. C'est important aujourd'hui que les élèves acquièrent des connaissances, des compétences, en culture informationnelle, médiatique, numérique. Ils doivent impérativement comprendre le monde dans lequel ils évoluent et comprendre aussi la complexité de ce monde.
Nicolas DAVIEAU
Il y a également l'éducation au développement durable.
Nathalie REVEYAZ
Oui, puisque dans la complexité du monde actuel, il y a les enjeux actuels et tous les enjeux de la transition écologique. Et donc on est bien dans les enjeux tels qu'ils doivent les connaître, telle que la société doit les affronter, tels qu'on les envisage et on les interroge.
Nicolas DAVIEAU
Ces deux « éducation à » sont d'ailleurs propices à la démarche de projet que mentionne un professeur.
Karen PRÉVOST-SORBE
En effet, en éducation aux médias et l'information, les pédagogies d'actions et de projets sont essentielles. En fait, on encourage vivement les enseignants à développer des projets en classe. Par exemple la création de médias scolaires, à l'image de webradio, web TV. L'essentiel, c'est que les élèves fassent directement l'expérience très concrète de la création, de la fabrication, de la diffusion de l'information. C'est à dire que vraiment ils expérimentent tout ce qui relève de l'exercice du droit et de la responsabilité, en matière de publication. C'est essentiel de conduire ce type de projet et peut-être aussi de penser ces projets en partenariat avec des journalistes, des médias locaux, des médias régionaux. Et ça donne du sens aussi aux apprentissages pour les élèves.
Jérôme GRONDEUX
Et il faut être au clair sur le fait que l'ensemble de l'éducation au développement durable ou l'ensemble de l'EMI n'est pas porté par l'EMC. L'EMC peut donner lieu à ces projets-là, et il y a toute une dimension EMI qui se fait hors de cet horaire d'EMC.
Nicolas DAVIEAU
Merci beaucoup à vous trois pour cet éclairage sur la philosophie générale du programme. Je vous propose maintenant d'écouter les questions plus spécifiques posées par les enseignants, sur certains points précis du programme.
Anaïs NAZE
Les programmes mettent en avant des compétences psychosociales et civiques, à développer chez les élèves. Quels indicateurs concrets permettront aux enseignants de les développer et de les évaluer correctement au niveau des élèves ? Que deviennent les quatre cultures mises en avant dans les anciens programmes ?
Marie-Alice DE PAEPE
Je constate que nous ne raisonnons plus en cycle dans ces programmes. Est-ce que cela ne va pas rendre plus difficile les relations inter-degrés ?
Sonia BUBALO
L'EMC doit-il être spécifiquement identifié auprès des jeunes, auprès des collégiens ? Ou est-ce que ça peut être induit au sein d'une séance d'histoire, de géographie ou même lors d'un projet interdisciplinaire ?
Sandra HAYRAULT
Pourriez-vous développer ce qu'est une conscience claire de la citoyenneté mentionnée dans le préambule ?
Sonia BUBALO
Comment les programmes d'EMC intègrent-ils l'EMI et les EDD, et comment assurer leur visibilité et leur cohérence au sein des projets et des enseignements ?
Laëtitia ASSERPE
Les nouveaux programmes insistent sur l'éducation à la citoyenneté et l'engagement des élèves. Comment éviter que les projets ne deviennent des dispositifs annexes sans véritable démarche pédagogique ?
Nicolas POLLET
Certains textes de référence sont cités dans les contenus d'enseignement sans qu'ils soient reliés de manière évidente à la notion étudiée. Par exemple, la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen et la vie privée en sixième. Comment expliquer le choix des faire figurer ?
Christian LEGROS
L'intelligence artificielle apparaît dans ces nouveaux programmes. Est-ce qu'il ne serait pas nécessaire d'aller plus loin en mettant en place une véritable éducation à l'IA ?
Loïc MASSIQUAT
En classe de sixième dans la partie « représenter les autres et agir pour l'intérêt général », nous devons aborder les différentes échelles de représentation en partant de l'échelle locale jusqu'à l'échelle européenne, tout en la mettant en lien avec la démocratie scolaire. Je voulais donc savoir quels moyens peuvent être mis en œuvre afin de relier la démocratie scolaire et les différentes échelles de représentation, sans tomber dans l'exhaustivité ou la complexité institutionnelle ?
Nicolas POLLET
Pourquoi certains objets d'étude sont-ils présentés comme des notions ? Je pense notamment à la question de la sécurité sociale dans le programme de cinquième.
Nicolas DAVIEAU
Les enseignants se questionnent sur les compétences, sur la liaison inter-degrés, sur la place de l'EMC en lien avec l'enseignement d'histoire-géographie notamment. Qui souhaite leur répondre ?
Jérôme GRONDEUX
On a, sur les compétences, fait quelque chose qui peut sembler nouveau mais qui n’est, en fait, pas totalement original, c'est à dire qu'on s'est inspiré du cadre pour une culture de la démocratie du Conseil de l'Europe, en structurant entre valeurs, connaissances critiques, attitudes et aptitudes. Et on a choisi de reprendre tout ce qui avait été fait dans les référentiels de citoyenneté, qui sont très nombreux en EMC, en EDD, en EMI, et d'essayer de faire quelque chose qui soit un petit peu global.
Alors, ça change par rapport aux quatre cultures, qui étaient : culture de la sensibilité, culture du jugement, culture de la règle du droit, culture de l'engagement. Mais, en fait, on retrouve les éléments de ces cultures dans ce cadre. Je vais donner deux exemples. Le premier exemple, quand on est sur la compréhension d'autrui et l'empathie dans les aptitudes, eh bien on est sur ce quelque chose qui ressemble à l'ancienne culture de la sensibilité, et qui peut-être un peu plus clairement exprimé. Et de même que, quand dans les connaissances critiques, on a la règle et le droit, on est sur l'ancienne culture de la règle et du droit, donc on retrouve ces éléments. Il y a une continuité dans ce travail sur la citoyenneté depuis pas mal d'années.
Nicolas DAVIEAU
Nathalie, sur la notion de cycle et de liaison inter-degrés, inter-cycles ?
Nathalie REVEYAZ
Le programme d'EMC, tel qu'il est écrit avec cette progression spiralaire, aide Le travail en inter-degrés et en inter-cycles puisque, si l'on prend l'exemple en collège, quand le professeur en cinquième va aborder la notion d'inclusion, il sait qu'à l'école primaire, les élèves ont déjà abordé certaines notions qui vont favoriser cette étude et il prépare également le travail qui sera conduit en lycée, sur la réflexion autour de la société inclusive.
Nicolas DAVIEAU
Merci. Et sur le lien, peut-être entre l'EMC et l'histoire géo, Jérôme ?
Jérôme GRONDEUX
Oui, on a là un enjeu qui est important. Il ne faut pas que l'EMC soit annexé par l'histoire-géographie. C'est au contraire quelque chose qui doit être individualisé pour deux raisons. La première, c'est que l'enseignement moral et civique, on se bat beaucoup pour que ça ne soit pas confondu avec l'ensemble de l'éducation à la citoyenneté. C'est le lieu réflexif d'un parcours citoyen où il y a beaucoup d'autres choses qui se font ailleurs. La deuxième raison, elle est d'ordre méthodologique, c'est un enseignement, ce n'est pas une discipline, l'EMC, et en particulier on n'a pas le même rapport au texte. En histoire, on va expliquer les conditions d'apparition d'un texte, le contexte, etc. Là, on est dans un rapport plus juridique aux textes qu'on convoque. Il y a des principes, des valeurs. Comment ils s'appliquent à une situation ? C'est une démarche qui un peu plus juridique, qui est différente. Donc, pour ces deux raisons, à la fois de lien avec l'ensemble des citoyennetés, et d'avoir une méthodologie qui est propre à l'EMC, il ne faut absolument pas qu'il y ait cette espèce de fusion où personne ne s'y retrouverait.
Nicolas DAVIEAU
Une enseignante demande un éclaircissement sur l'expression « conscience claire de la citoyenneté » qui figure dans le préambule. Nathalie, qu'est-ce qu'on peut lui répondre ?
Nathalie REVEYAZ
Que cette conscience claire de la citoyenneté, c'est une citoyenneté active dans le monde actuel. Citoyenneté active, c'est-à-dire qu'il y a des transmissions de connaissances, mais que l'on va dépasser cette transmission de connaissances pour faire une exposition à l'action, pour que les élèves puissent agir, c'est-à-dire leur faire rencontrer différents acteurs, des modalités d'action, pour qu'ils puissent avoir conscience de ce que c'est qu'un citoyen engagé, comment fonctionne la société dans laquelle ils s'insèrent, dans laquelle ils vont prendre les rennes pour pouvoir ensuite avoir cette citoyenneté de demain.
Jérôme GRONDEUX
C'est très important cette progressivité, cette mise en situation de l'engagement, parce qu'il ne faut pas, à mon avis, être dans une sorte de maximalisme de l'engagement d'un élève engagé et militant sur tous les fronts, parce que là, on leur propose une sorte d'idéal inaccessible. Ils s'engageront aussi selon leurs goûts. Et puis de montrer qu'il y a différents degrés de l'engagement. Il y a se sentir concerné, il y a être impliqué et il y a devenir acteur à part entière.
Karen PRÉVOST-SORBE
Si on prend l'exemple de l'éducation aux médias et l'information, l'éducation aux médias, l'information contribue pleinement à cette idée d'engagement, notamment quand on regarde le parcours citoyen, l'EMI est un des piliers du parcours citoyen, et ce qui me semble intéressant dans l'éducation aux médias, à l'information, et notamment dans ce qui est dit dans le programme d'enseignement moral et civique, mais il faut quand même le rappeler, comme l'a fait Jérôme précédemment, il n'y a pas l'intégralité des champs qui concernent l'éducation aux médias et à l'information qui figure dans le programme d'enseignement moral et civique, c'est très important, mais on va pouvoir travailler la question de l'engagement avec les élèves et notamment par l'expérience concrète de la création, la fabrication, la diffusion d'informations.
On va véritablement permettre aux élèves d'être acteurs dans ce travail autour de l'information et ça me semble essentiel pour que les élèves puissent bien comprendre les mécanismes et les finalités autour de l'information aujourd'hui. Et l'information est un bien essentiel pour pouvoir se forger une opinion, pour pouvoir aussi être actif dans cette société et vraiment être actif aussi en démocratie.
Nicolas DAVIEAU
Alors ça peut passer par la question des projets aussi bien en EMI qu'en EDD. Est-ce que Nathalie, vous pouvez répondre sur cette question de l'insertion de l'EMI, d'EDD dans des enseignements et/ou dans des projets ?
Nathalie REVEYAZ
En fait, c'est l'articulation entre les temps de réflexion en EMC et ce que sont et ce que doit être le projet d'éducation à la citoyenneté, notamment au cycle 4.
Par exemple, pour l'EDD, c'est bien comment est-ce que l'on réfléchit aux choix par rapport à la transition écologique, et comment est-ce que dans l'établissement on agit ? On agit par les éco-délégués, on agit et on travaille en interdisciplinarité, mais on travaille aussi avec des partenaires, avec des associations pour construire ces projets et faire expérimenter les élèves.
Nicolas DAVIEAU
Merci. On a enfin une petite série de questions plus précises sur l'intelligence artificielle. Jérôme, qu'est-ce qu'on peut répondre ?
Jérôme GRONDEUX
Il est très important de comprendre que, dans le format de l'enseignement moral et civique, et dans le volume horaire, on ne peut pas traiter de l'intégralité des enjeux qui concernent l'intelligence artificielle. Donc il y a tout un dispositif autour de l'intelligence artificielle. L'EMC souligne les enjeux qui sont liés à la citoyenneté, par exemple, les enjeux de manipulation de l'information. Mais l'EMC ne peut pas rendre compte de l'ensemble de toute cette problématique IA, qui est une problématique évolutive, qui est une problématique riche. Et enfin, l'enseignant ou l'enseignante d'EMC peut être aux aguets des enjeux citoyens liés à l'IA qui surgissent régulièrement dans l'actualité.
Karen PRÉVOST-SORBE
Pour compléter la réponse de Jérôme, je crois que l'enseignant peut inscrire aussi ses actions pédagogiques avec les élèves dans le cadre de textes importants, à savoir, par exemple, le cadre de référence des compétences numériques, mais aussi la charte pour la culture et la citoyenneté numérique. Ça me semble essentiel aussi de s'inscrire dans ces cadres-là, qui sont riches aussi et inspirants.
Nicolas DAVIEAU
Sur la Sécurité sociale, Nathalie, qui était présentée comme une notion, qu'est-ce qu'on peut répondre ?
Nathalie REVEYAZ
Elle est abordée comme une institution, comme une finalité de l'enseignement pour pouvoir travailler sur les risques sociaux. C'est une institution, à quoi elle sert ? comment elle contribue à la cohésion de la société pour gérer les risques sociaux ?
Nicolas DAVIEAU
Sur la vie privée, Jérôme, lié à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ?
Jérôme GRONDEUX
C'est intéressant parce que ça montre comment justement on traite ces textes, et ces textes juridiques et ces références, en EMC, puisqu'effectivement la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ne mentionne pas précisément la vie privée. Mais le Conseil constitutionnel, et donc la jurisprudence, ont relié l'idée du respect de la vie privée à l'idée de la liberté. Et ça c'est vraiment très important parce qu'on enseigne des principes, mais il faut montrer comment les principes, les valeurs, sont inter-corrélées, comment ça se répond et pas le faire de manière totalement isolée, sous peine d'avoir quelque chose, je dirais d'un peu sec.
Nicolas DAVIEAU
Sur les échelles de représentation en sixième et la question de l'exhaustivité ?
Jérôme GRONDEUX
C'est là aussi une question extrêmement intéressante parce qu'en fait ça montre que, quand on aborde des institutions, puisqu'il y en a qui sont évoquées dans cette question, le Parlement européen, enfin dans cette thématique, l'Assemblée nationale, on ne va pas tout dire de l'institution, on va voir juste un aspect, et là il s'agit de faire réfléchir les élèves à ce qu'est la représentation et à ce qu'elle implique.
Et on peut s'appuyer éventuellement sur le témoignage, par exemple en vidéo, d'un représentant sur son expérience. Et on va plus loin que ça. Si l'élève a compris qu'il va exercer une fonction de représentation, que, dans le monde adulte, ces fonctions de représentation existent et qu'elles sont à différentes échelles, c'est tout à fait suffisant au moment où on est en sixième, puisqu'on reviendra après sur tout cela, l'ensemble de la Constitution est vu en troisième.
Nicolas DAVIEAU
Merci beaucoup pour ces éléments de réponse. Intéressons-nous maintenant aux projections de mise en œuvre du programme d'EMC dans la classe et dans l'établissement. Comment les personnels envisagent-ils les choses ?
Christophe LORIOT
En tant que chef d'établissement, ces programmes s'accompagnent-ils de modifications d'horaires, notamment pour les professeurs ou pour les élèves, sur l'enseignement moral et civique, à partir de la sixième ?
Sonia BUBALO
Le programme met aussi l'accent sur les compétences psychosociales. Existe-t-il des outils prêts à l'emploi, par exemple des séances clé en main, pour développer des compétences psychosociales, comme l'empathie ?
Marie-Alice DE PAEPE
Comment contextualiser les textes à étudier sans que cela ne soit trop chronophage, comme par exemple la DDHC en classe de sixième ?
Sonia BUBALO
Une question spécifique pour le niveau troisième : comment aborder les programmes d'EMC pour répondre à la contrainte du temps, tout en permettant la réalisation de projets ? Car actuellement, par exemple, nous allons travailler sur des exercices type brevet, et il est vrai qu'en troisième, le programme est quand même assez lourd et qu'il nous reste peu de temps pour travailler sur des projets.
Sandra HAYRAULT
Comment se répartissent les 18 heures allouées à la pédagogie de projet ?
Sonia BUBALO
Certains projets sont menés au sein d'une ou plusieurs classes. Comment faire en sorte pour que tous les élèves puissent être touchés, pour que toutes les classes soient concernées et tous les niveaux également ?
Christian LEGROS
Les 18 heures allouées à la pédagogie de projet et à l'éducation à la citoyenneté peuvent-elles intégrer des dispositifs existants, je pense notamment à celui de la classe défense ?
Stéphane YAMEUNDJEU
Les nouveaux programmes, même s'ils font la part belle à l'interdisciplinarité, en tant que chef d'établissement, je me pose la question de la mise en œuvre des points de contrôle que l'on peut avoir pour s'assurer d'une cohérence sur l'ensemble des quatre années du collège. Et j'identifie une grande nécessité de concertation entre les équipes.
Nicolas DAVIEAU
Merci à nouveau aux enseignants et chefs d'établissement pour ces questions. Plusieurs d'entre eux évoquent notamment la question de l'horaire, ou des horaires. Jérôme, est-ce qu'on peut clarifier ?
Jérôme GRONDEUX
Oui, il faut bien distinguer entre les 18 heures projet et l'horaire d'enseignement. L'enseignement de l'EMC, au sens strict, on est toujours dans les mêmes horaires. Et donc c'est important pour qu'on puisse structurer la progression et l'application du programme dans l'année.
Nicolas DAVIEAU
Et sur l'idée que contextualiser, parfois, peut demander du temps ?
Jérôme GRONDEUX
C'est toujours cet enjeu. Mais c'est bien qu'on y revienne parce qu'il est fondamental. C'est vraiment l'idée qu'on contextualise d'une manière plus juridique qu'historique. Il s'agit de voir comment les principes qui sont posés par un texte s'appliquent dans une situation concrète.
Et effectivement, c'est moins chronophage puisqu'on ne contextualise pas avant d'aborder le rapport avec la situation, c'est le rapport avec la situation qui contextualise.
Nicolas DAVIEAU
Merci. L'introduction des compétences psychosociales pose également des questions.
Jérôme GRONDEUX
L'idée directrice qu'on a eu pour ces programmes, c'est que ces compétences psychosociales soient pédagogisées en quelque sorte, c'est à dire qu'on la retrouve dans la démarche d'enseignement. Si par exemple, on a placé l'empathie et la « faire preuve d'empathie » parmi les aptitudes, c'est précisément parce qu'on distingue l'empathie de la sympathie. Il s'agit d'une capacité à comprendre le point de vue des autres. Ça, on peut voir si l'élève est capable de comprendre le point de vue des autres, de se mettre à la place des autres. Et ça, on peut l'évaluer.
Nathalie REVEYAZ
Je peux ajouter un élément, c'est aussi les mobiliser dans le cadre des débats, sur l'écoute, interroger son point de vue, reprendre, argumenter.
Karen PRÉVOST-SORBE
En éducation aux médias et à l'information, on travaille également grandement les compétences psychosociales, savoir caractériser ses émotions, les gérer, par exemple face à une information qu'on pourrait rencontrer sur les réseaux sociaux, ne pas céder par exemple à une colère. Il y a aussi la question de savoir communiquer avec efficacité.
Il y a aussi tout ce qui relève de la mobilisation de l'esprit critique. Ça, ce sont des compétences qu'on mobilise vraiment quotidiennement lorsqu'on fait l'éducation aux médias. Et plus largement, ce qui me semble aussi intéressant, c'est se développer chez les élèves aussi des comportements prosociaux, notamment des comportements prosociaux en ligne et sur les réseaux sociaux. Notamment, on voit bien, on a à travailler sur tout ce qui relève des cyberviolences et activer la question des comportements prosociaux, c'est important avec les élèves.
Nicolas DAVIEAU
Merci. Nathalie, il y a beaucoup de questions sur la mise en œuvre des projets. Qu'est-ce qu'on peut répondre ?
Nathalie REVEYAZ
Pour la mise en œuvre des projets, et puis les questions sur leur progressivité, presque une non-concurrence entre les projets, c'est tout un questionnement sur le pilotage également. Ce pilotage est également à penser dans le cadre des instances, notamment le CESCE, qui permet, à l'échelle de l'établissement, de réfléchir à cette progression, à interroger ces projets et à les organiser.
C'est aussi l'idée de ce travail d'articulation entre les temps réflexifs et les temps de mise en œuvre. Et l'ouverture, et tous les projets d'éducation à la citoyenneté, ne sont pas tous du ressort du professeur d'histoire-géographie. Ils peuvent être plus larges. Il était mentionné les classes de défense. Effectivement, elles ont encore cours et elles vont s'adosser au cours d'EMC, mais elles peuvent s'appuyer sur d'autres enseignements.
Nicolas DAVIEAU
Pour la question du rapport au brevet en classe de troisième, Jérôme ?
Jérôme GRONDEUX
Effectivement, il y a cette contrainte. C'est aussi quelque chose qui est aussi une garantie de prise au sérieux de l'enseignement moral et civique. Il faut bien mesurer aussi qu'un projet, ça peut prendre diverses formes et diverses ampleurs. Il y a des gros projets. Et on peut souligner aussi qu'un projet citoyen, ça peut s'inscrire dans des projets qui travaillent d'autres dimensions de la citoyenneté.
Nathalie REVEYAZ
Il faut aussi penser à l'oral, à l'épreuve orale, qui mobilise les parcours éducatifs. Et là, toutes les actions conduites dans le cadre du parcours citoyen s'inscrivent naturellement dans cette épreuve.
Nicolas DAVIEAU
Karen ?
Karen PRÉVOST-SORBE
Oui, tout à l'heure, on mentionnait les différents acteurs justement, qui peuvent agir autour du projet et du parcours citoyen des élèves. Il me semble important aussi de citer l'importance du professeur documentaliste. Le professeur documentaliste est enseignant, mais c'est aussi le maître d'œuvre de l'éducation aux médias et à l'information. C'est lui qui porte tout ce qui relève de la culture informationnelle et médiatique des élèves. Et, bien souvent, le professeur documentaliste concourt véritablement au parcours de formation en éducation aux médias et à l'information. Donc il vient alimenter aussi le parcours citoyen. Et il peut aussi travailler en équipe avec l'ensemble des acteurs, que ce soient les enseignants, la vie scolaire, sur des projets de citoyenneté. Donc ne pas oublier aussi la place et le rôle du professeur documentaliste.
Nicolas DAVIEAU
Merci à vous. L'accompagnement des enseignants à la mise en œuvre des programmes est un enjeu essentiel. Nous les écoutons sur les besoins qu'ils ont pu identifier à la lecture du programme.
Marie-Alice DE PAEPE
Des formations sont-elles prévues pour intégrer l'EDD dans le cadre de l'enseignement moral et civique ?
Christian LEGROS
L'intégration de la pédagogie de projet en EMC nécessite des compétences spécifiques. Est-il prévu de préparer un accompagnement particulier pour la mise en place de ces nouvelles compétences ?
Nicolas POLLET
Y a-t-il des formations prévues permettant des éclairages sur l'articulation entre les projets d'éducation à la citoyenneté et le programme d'EMC ?
Sandra HAYRAULT
Nous aurions besoin de formation sur la mise en œuvre des questions vives dans les classes. Peut-être un accompagnement spécifique.
Loïc MASSIQUAT
Les programmes d'EMC nous invitent à nous appuyer sur des exemples précis pour éclairer les élèves. Existera-t-il une banque d'exemples des ressources particulières sur lesquelles les enseignants pourront s'appuyer ?
Nicolas DAVIEAU
Les enseignants expriment des besoins en termes de formation, de ressources, notamment sur les aspects les plus novateurs du programme. Que peut-on leur répondre, Nathalie ?
Nathalie REVEYAZ
Il existe tout d'abord les livrets d'accompagnement de la mise en œuvre des programmes, qui proposent des mises en œuvre concrètes avec des possibilités d'élargissement et des possibilités de choix. Sur tout ce qui est proposé, ce sont des réflexions et donc une possibilité de transposition pour s'adapter aux territoires et aux besoins des élèves.
Nicolas DAVIEAU
Un besoin d'accompagnement s'exprime aussi sur le rapport spécifique à l'EMC, à l'actualité.
Jérôme, qu'est-ce qu'on peut répondre sur ces questions actuelles qui effectivement nécessitent une sorte d'outillage peut-être ?
Jérôme GRONDEUX
C'est une vraie question. La difficulté d'outiller sur l'actualité, c'est précisément que l'actualité est l'actualité et qu'elle bouge. Je pense que c'est très important pour un enseignant d'EMC d'avoir un rapport particulier dans son suivi de l'actualité. C'est-à-dire qu'on doit être amené à suivre l'actualité en distinguant bien les faits, les camps en présence, les enjeux, en ayant un peu cette idée-là, en guettant aussi des situations qui sont à la fois actuelles et pas totalement explosives, qu'on peut utiliser, et à en s'initiant, parce que c'est peut-être ça qui est au fond le plus difficile, à avoir ce pas de côté ou ce recul dans son rapport à l'actualité. Donc ce n'est pas une réponse, là pour le coup, en termes de formation, mais c'est vraiment une réponse en termes de posture, tout en sachant que c'est très délicat.
Karen PRÉVOST-SORBE
Alors, cette question de l'actualité, on la retrouve aussi chez nos élèves, en fait. Ce qui me semble important aussi, en enseignement moral et civique, c'est aussi de pouvoir s'appuyer sur les pratiques informationnelles et médiatiques des élèves, c'est-à-dire aussi prendre en compte leurs propres pratiques. C'est à dire que nos élèves évoluent dans un espace informationnel et médiatique qui ne ressemble pas totalement à celui des adultes. Mais ça me semble important de ne pas stigmatiser leurs pratiques, d'entendre quelles sont leurs pratiques et surtout de leur donner la possibilité aussi d'élargir leur répertoire de pratiques, de les mettre en contact avec d'autres sources d'information et surtout de leur redonner cette capacité d'agir. Et on retrouve là vraiment la question de l'engagement aussi, on peut s'engager lorsqu'on est bien informé.
Nicolas DAVIEAU
Merci. Sur certaines questions sensibles, qui sont mentionnées, que peut-on répondre aux enseignants ?
Nathalie REVEYAZ
Il y a des formations qui sont offertes dans toutes les académies, qui relèvent, effectivement, des questions socialement vives, de comment est-ce qu'on les aborde dans les enseignements. Je pense notamment à toutes les questions mémorielles, tout ce qui relève également de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, et également toutes les questions qui relèvent de la transition écologique.
Donc il y a déjà des formations qui ne sont pas forcément étiquetées enseignement moral et civique, mais qui sont autant de possibilités de formations offertes par les programmes des écoles académiques de formation continue.
Karen PRÉVOST-SORBE
Au sein des académies, il existe des personnes ressources aussi. On peut citer par exemple aussi le CLEMI. Il y a un coordonnateur ou une coordonnatrice académique dans chaque académie et le CLEMI propose aide et conseil pour tout projet en éducation aux médias et le CLEMI propose également des outils pour pouvoir accompagner les enseignants et en éducation aux médias, il y a un incontournable que l'on peut citer, c'est le vadémécum en éducation aux médias qui a été publié en 2022 et qui offre des repères scientifiques mais aussi des propositions pédagogiques clé en main.
Nathalie REVEYAZ
Pour compléter ce que vient de dire Karen, concernant l'éducation au développement durable, dans chaque académie, il y a une mission EDD, et la mission EDD propose des formations, met à disposition des ressources. Il y a également le guide pour la transition écologique, il y un vadémécum de l'EDD qui sont autant d'aides et autant de ressources mises à disposition des équipes, au plus proche des établissements.
Nicolas DAVIEAU
Sur la question de la culture juridique, qu'on a évoquée comme étant un élément fondamental du programme d'enseignement moral et civique, quel accompagnement existe ?
Jérôme GRONDEUX
Il y a déjà des dimensions juridiques dans deux vadémécums, puisqu'on citait les vadémécums,qui sont le vadémécum sur la laïcité et le vadémécum agir contre le racisme, et, plus spécialement, il y a un outil qui est remarquable, c'est le site vie-publique.fr, qui est à la fois construit autour d'une expertise juridique très solide et qui s'exprime dans un langage complètement accessible à des gens qui ne sont pas des juristes. Pour ne citer qu'un exemple, ce qu'il y a écrit sur l'état de droit est absolument remarquable et c'est vraiment un outil simple, consultable et vraiment, à mon avis, indispensable.
Nicolas DAVIEAU
Dernière question, peut-être, sur la pédagogie de projet, sur les besoins d'accompagnement en termes de pédagogie de projet ?
Nathalie REVEYAZ
Toutes les académies proposent des formations d'initiatives territoriales, qui vont être adaptées à la problématique de l'établissement, aux questionnements qui sont partagées au sein de l'établissement. Donc, cet accompagnement peut être mis en œuvre selon les différentes dimensions qui vont recouvrir la citoyenneté, l'EMI, l'EDD, l'égalité femmes-hommes. Et puis je dirai aussi un accompagnement pour certains dispositifs, ou certaines labellisations. Je pense toujours à l'égalité ou aux établissements E3D, pour ce qui relève de l'éducation au développement durable.
Nicolas DAVIEAU
Il y a aussi un vadémécum qu'on peut mentionner : le vadémécum « Éduquer à la citoyenneté au cycle 4 », qui est disponible sur Éduscol, qui est une sorte de porte d'entrée, on va dire, sur cet univers, cette démarche de la pédagogie de projet.
Merci beaucoup. Merci à tous les trois. Nous arrivons au terme de cette émission. J'espère qu'elle aura permis de répondre aux interrogations et de nourrir la réflexion collective. Je remercie très chaleureusement l'ensemble des intervenants, les enseignants, les chefs d'établissement, qui ont accepté de nous répondre, et les intervenants ici en plateau. Merci.
Les livrets d’accompagnement des nouveaux programmes du collège
Les livrets d’accompagnement proposent quelques exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.). Les livrets des autres années du collège sont en cours de production.
Livret d’accompagnement pour la classe de cinquième : Égalité, fraternité et solidarité et son annexe documentaire
Éduquer à la citoyenneté au cycle 4
Afin d’accompagner les équipes dans la mise en œuvre des heures de projet d’éducation à la citoyenneté, aux médias et à l’information, qui viennent compléter les heures d’EMC au cycle 4, ce vademecum (mis à jour en novembre 2024) propose des éléments pour cadrer, piloter et mettre en place des projets.

Les ressources d’accompagnement des anciens programmes
Les ressources d’accompagnement publiées pour accompagner les anciens programmes d’EMC peuvent encore être mises à profit pour les niveaux d’enseignement qui ne sont pas d’ores et déjà concernés par la mise en œuvre du nouveau programme. Ces ressources s’organisent autour d’entrées pédagogiques transversales, qui correspondent à des enjeux forts de l’enseignement moral et civique, et proposent des pistes pédagogiques de mise en œuvre.
Les repères annuels de progression
Pour les classes concernées par les anciens programmes, les repères annuels de progression offrent une référence commune pour aborder de façon équilibrée les connaissances et compétences. Ils restent valables en 2024-2025 pour les deux dernières années de chaque cycle.