
Continuité pédagogique en arts plastiques
Cette page vise à rappeler quelques grands principes et à présenter diverses options pédagogiques permettant d'assurer au mieux une continuité pédagogique en arts plastiques.
Le contenu présenté ici ne prétend pas être exhaustif et est à adapter en fonction des conditions locales. Il complète ce qui peut être trouvé sur les pages générales éduscol dédiées au plan de continuité pédagogique et aux ressources numériques éducatives.
Introduction
Dans le prolongement de l’enseignement primaire, les arts plastiques sont l’un des enseignements obligatoires des cycles du collège. Avec l’éducation musicale et l’histoire des arts, ils garantissent une formation artistique dispensée à tous les élèves.
Au-delà des enseignements, le Président de la République a fait de l’éducation artistique et culturelle (EAC) une priorité nationale incarnée dans la visée du 100 % EAC. L’EAC prend appui sur les enseignements artistiques qui en sont la clé de voûte. Dans le cadre de la continuité pédagogique, maintenir le lien de tous les élèves aux arts et à la culture, à la pratique sensible et à l’accès à des œuvres de référence est une nécessité, à la fois dans la formation commune et pour le bien-être de la personne.
De manière significative et par des moyens spécifiques, l’enseignement des arts plastiques contribue à la continuité des apprentissages, à tisser le lien nécessaire entre les élèves et l’École. Il suscite un engagement personnel. Dans le cadre particulier d’un enseignement à distance, il s’appuie sur les principes suivants :
- l’offre prioritaire d’une pratique artistique sensible régulière aux élèves et insérée dans les programmations à distance des activités scolaires;
- l’ouverture sur la pratique et la culture artistiques ancrée sur une approche ajustée des compétences, des notions et des questionnements des programmes;
- la meilleure prise en compte possible des situations personnelles des élèves en matière de temps, d’espaces, de ressources, de moyens de communication à leur disposition;
- une recherche d’articulations et d’équilibres adaptés à l’enseignement à distance entre les trois composantes de la discipline (plasticiennes, théoriques et culturelles).
Penser la mise en œuvre d’un enseignement d’arts plastiques à distance
Tisser le lien avec les élèves
- S’il convient de s’assurer que chaque élève peut accéder à un moyen d’échange avec le professeur (via Internet, l’établissement scolaire, etc.), il faut être attentif à la surcharge du temps passé devant les écrans comme à la consommation en bande passante des réseaux numériques.
- Il est préférable d’utiliser les outils de l’établissement, ceux que le plus grand nombre d’élèves et de familles connaît.
- Envisager d’autres moyens, collectivement avec l’équipe pédagogique et la direction, est nécessaire, principalement pour les élèves sans outils informatiques ni connexion Internet.
Rechercher des dispositions soutenables d’interaction avec les élèves, voire entre les élèves
- Il est possible de tester d’autres vecteurs que l’ENT dès lors qu’ils sont sécurisés, équitables et fluides.
- De même, selon l’autonomie et la maturité d’une classe, une chaîne de communication peut s’envisager : par exemple, constituer à distance et au sein d’une classe des petits groupes d’élèves sur une même proposition ou activité, désigner un rapporteur ou un relai, favoriser ainsi une interaction entre les élèves sur les apprentissages, etc. Mais, quoi qu’il en soit, il faut être prudent et rechercher l’efficacité comme la robustesse.
- Poser des règles et prendre la mesure du volume de la communication sont des nécessités : un professeur d’arts plastiques encadre au collège plus de 500 élèves, tout ne peut pas basculer vers la somme de tous les suivis strictement individuels.
Planifier les apprentissages visés
- Il est important que les élèves et leurs familles puissent s’organiser au mieux. Les diverses disciplines ont en effet des exigences, des rythmes, des modalités parfois spécifiques. En arts plastiques, une vision sur la période de la continuité, 15 jours si cela s'avère adapté, est probablement à privilégier afin de garantir le plus de souplesse possible, un rythme régulier du lien à la discipline, un suivi soutenable.
- De même, il est utile de pouvoir définir la part des apprentissages et leurs temporalités prévues pour chacune des composantes disciplinaires (plasticiennes, théoriques, culturelles). Cette planification globale est à indiquer dans les scénarios pédagogiques transmis aux élèves.
- Elle peut se décomposer en divers intervalles de temps recommandés par le professeur selon les composantes et les phases de travail à réaliser. Chaque professeur peut « ritualiser », tout le temps du confinement, la modalité dont il aura constaté qu’elle est la plus opérante pour ses élèves.
Indiquer des modalités efficaces d’organisation du travail à la maison
- Communiquer avec les élèves, c’est aussi s’adresser à la famille et ce faisant apporter des éléments de compréhension sur ce qui est attendu, sur ce qui est possible, sur le sens du travail à faire, etc.
- Apprendre en arts plastiques, y compris à distance, c’est aussi se donner la possibilité d’engager une pratique sensible. Il convient de prendre en compte le fait que tous les élèves ne sont pas dans les mêmes situations de vie, d’environnement, d’espace, d’accès à des ressources de toutes natures.
- Donner quelques repères et des cadres simples, déclinés en quelques hypothèses envisageant diverses adaptations du rapport au lieu de travail, aux instruments, aux matériaux, aux gestes, aux ressources, etc. est très important.
- Il convient d’être attentif aux règles de sécurité dans l’usage d’outils, de médiums, de situations de travail, etc.
- Sur un plan général, il faut rassurer, ne pas donner l’impression que c’est impossible, être compréhensif sur les limites qui seront rencontrées et, le cas échéant, régler en conséquence les propositions à suivre.
Adapter la conduite pédagogique à la situation d’éloignement
Maintenir la motivation et l’engagement des élèves dans la pratique
- Pratiquer à distance c’est possible! De très longue histoire, les arts plastiques se pratiquent seuls ou à plusieurs, dans l’atelier comme dans des espaces publics ou privés auxquels sont destinées des créations. Les artistes et des œuvres de toutes les époques en témoignent.
- Dessiner, peindre, sculpter, assembler, photographier, etc., sont des possibilités qui restent ouvertes. Cependant, les élèves ne disposent ni des ressources et compétences à partager dans une salle spécialisée ni de l’accompagnement direct du professeur. S’il lui faut être pédagogiquement inventif pour maintenir le désir d’arts plastiques, au professeur doit aussi être modéré dans ses attentes. Les propositions sont réalistes, quant aux techniques et à l’autonomie requises, modestes en échelle, en surface et en volume nécessités, équitables en moyens à mobiliser.
- Il est possible de focaliser sur certains langages, certains moyens techniques que l’on sait largement disponibles, ou — comme il est de tradition dans la pédagogie des arts plastiques — de permettre la résolution d’un problème, l’invention d’une production, en fonction de choix réfléchis par l’élève à partir des moyens qu’il est en mesure de pouvoir mobiliser actuellement.
Approfondir, revisiter des pratiques et des savoirs, privilégier des approches asynchrones
- Il semble préférable d’envisager des approfondissements, des approches renouvelées de savoirs et de pratiques abordés plutôt que l’introduction a priori de nouvelles connaissances : tous les élèves ne pourront peut-être suivre régulièrement l’enseignement, tous les leviers pédagogiques de l’interaction et de l’explicitation ne sont pas disponibles.
- De même, parce que tous les élèves ne se connectent pas au même moment, il apparaît judicieux de privilégier des « séances » d’arts plastiques asynchrones : les élèves disposent d’un cadre de travail, d’une « feuille de route » adaptée et réalisent les tâches demandées, franchissent les étapes prévues dans un intervalle de temps mis à leur disposition plutôt qu’à un moment unique programmé dans la semaine.
Être pragmatique dans la mise en œuvre
- Il faut envisager les modalités les plus simples pour les élèves comme pour le professeur quant au rendu des productions plastiques, en privilégiant souvent une capture photographique, le cas échéant accompagnée d’un document simple, léger, mettant en évidence les mots-clés/les notions essentielles, ce que l’élève a repéré, ce qu’il retient;
- Tout le monde n’est pas familier avec les supports de l’enseignement à distance, il convient donc, sauf cas particulier, de limiter le nombre d’outils et de vecteurs utilisés et de se concerter au sein d’une même classe, voire d’un même établissement, pour qu’ils soient à peu près identiques entre les professeurs ;
- Dans la mesure du possible se concerter également avec les autres professeurs de la classe pour que les séances synchrones comme les temps d’une conduite pédagogique collective (verbalisation, analyses ou commentaires d’œuvres, écrits collaboratifs par l’usage de services en ligne, de visio, etc.) ne soient pas réalisés en même temps dans plusieurs disciplines.
Proposer des scénarios rédigés pour des élèves qui majoritairement vont travailler en autonomie
- Les formes habituelles en arts plastiques dites d’incitations, de propositions, de confrontation à des « situations problèmes » dans la classe ne seront souvent ni possibles ni directement appropriables à distance par les élèves. Il faut donc envisager des alternatives ancrées dans la didactique et la pédagogie de la discipline. C’est une période d’invention et de réflexion pédagogique qui pourra contribuer à l’enrichissement professionnel collectif. Cela ne va pas de soi et c’est intense. Il est nécessaire de tester et de stabiliser une formalisation efficace et partagée pour éviter une dispersion des formes et des contenus. Une invitation : collaborez entre pairs ! Et ce faisant partagez vos scénarios et vos retours d’expériences.
- Ayant principalement recours à des énoncés écrits, on utilisera un champ lexical compréhensible de tous les élèves et adapté à l’impulsion des apprentissages, dont ceux liés à la pratique. Parce qu’il convient de viser une appropriation aisée par les élèves du travail proposé, il est impératif de lever les implicites, de limiter le nombre de consignes, de préparer des documents clairs, structurés et aérés.
- On sera attentif aux élèves à besoins éducatifs particuliers (difficultés dans la charge cognitive, dys., etc.).
- Les professeurs privilégiant de courtes capsules vidéo ou audio veilleront à leur articulation avec d’autres supports nécessaires à la conduite des apprentissages. Ces documents gagneront à être d’un poids modeste (envois groupés par mail ou via l’ENT, téléchargement, lecture sur une tablette ou un smartphone, impression économe en papier, etc.).
Anticiper ce qui peut l’être
- Il faut s’efforcer d’anticiper les questions des élèves comme les obstacles qu’ils pourraient rencontrer, dans les diverses dimensions des apprentissages et dans la mesure du possible. Par exemple, il peut s’avérer utile de définir les termes essentiels, de préparer une liste de questions-réponses potentielles, de faire figurer un lien vers une ressource pertinente, facilitante et bien calibrée, ou de permettre l’utilisation d’une messagerie (ENT ou RGPD) partagée entre les élèves et le professeur pour que tous puissent bénéficier d’une réponse apportée à l’un d’entre eux, un peu comme en classe.
- L’objectif est de permettre à chacun de comprendre le travail qui est à faire : ce que vise la pratique, ce qu’il convient d’en réfléchir, les liens entre ce que l’on a fait et appris avec quelques œuvres de référence, etc.
Réajuster la charge de travail
- Une séquence d’arts plastiques est conçue à partir d’un enchaînement de séances d’une durée hebdomadaire d’une heure. Afin de tenir compte des conditions particulières de travail que peut imposer la période de continuité pédagogique, il serait cohérent que le travail demandé à l’élève n’excède pas 30 minutes sur une semaine.
- ll y a donc un grand intérêt à ne pas tout concentrer sur ce temps unique, mais à penser une décomposition des apprentissages sur une quinzaine de jours si cela s'avère adapté à la période de continuité pédagogique (par exemple en deux ou trois temps, selon le cas : 3 x 30 minutes ou 30 minutes + 15 + 15 + 30, etc.).
- Ceci procure des repères à l’élève dans son organisation plus ou moins autonome, module la charge exigée dans le concert des disciplines, permet une scansion et la déduction d’un modèle opérant que se construit le professeur. On sera attentif à indiquer la durée envisagée à chaque étape et on ne fera pas proliférer les documents, les liens vers des ressources extérieures, etc.
Réfléchir et modérer l’évaluation
Privilégier l’évaluation formative et l’ancrer sur les activités que l’on sait être réalisables
- En période de continuité pédagogique, il est non seulement possible, mais recommandé de ne pas sanctuariser l’évaluation sommative. D’ailleurs, les programmes comme les ressources d’accompagnement du cycle 4 préconisent déjà en arts plastiques une approche formative de l’évaluation et au service du progrès des élèves.
- Ce qui sera l’objet d’une approche formative de l’évaluation ne peut porter que sur ce que l’on sait comme pouvant être réalisé et ayant une forte probabilité d’être fait par tous les élèves touchés. De même les supports et les protocoles resteront modestes sur quelques éléments clés.
- On pourra favoriser et outiller (sans excès) l’auto-évaluation, et selon diverses approches (celles dont sont déjà familiers les élèves si elles paraissent compatibles avec l’enseignement à distance, des formes de petits bilans, des « check-lists », des échelles descriptives, etc., toujours dans des termes accessibles aux élèves).
- Il est possible de procéder par des approches dites récapitulatives du type : « ce que je sais », « ce que j’ai appris », « ce que j’ai découvert », « ce que je retiens », « les problèmes que j’ai rencontrés », etc.
- Quelle que soit la stratégie comme les modalités retenues, ce qui importe c’est de permettre à l’élève de se situer, de prendre conscience de ses acquis et de ses manques.
Sélection de ressources méthodologiques académiques en arts plastiques pour nourrir la continuité
- Arts plastiques et continuité pédagogique à distance : quels types d’informations pour structurer des documents facilitant le travail des élèves? Académie de Versailles
- Conseils aux élèves pour pratiquer les arts plastiques à la maison. Territoires de l’hémisphère sud (Mayotte, La Réunion, Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna, Polynésie française)
- L’utilisation de Pearltrees Education pour structurer une séance, une séquence et accompagner les élèves à distance. Académies de Poitiers et Limoges
#DEFIDESSIN est une proposition légère et très ouverte, à l'initiative de professeurs et d'inspecteurs en arts plastiques. Soutenant le bien-être de tous et, avant tout, les élèves, elle favorise l'émulation et le dialogue au sein de la famille autour d'une activité de création. Elle est librement décidée par les élèves de l'école au lycée ou sur proposition de leur famille, peut être accompagnée mais aussi pratiquée par les parents. Selon le temps disponible, chacun peut s'exprimer par les divers moyens du dessin à partir d'une série de défis au choix à réaliser en 15 minutes.
Cette opération peut contribuer à assurer un lien aux arts plastiques pour les élèves qui seraient éloignés de la continuité pédagogique pour diverses raisons.
#ARCHI_PACK encourage la créativité artistique, stimule l'imaginaire et la sensibilité, permet de découvrir et d'apprendre en pratiquant de manière inventive. Cette proposition de professeurs et d'inspecteurs d'arts plastiques de l'académie de Nancy-Metz mobilise de nombreuses notions travaillées dans la discipline et les oriente vers l'architecture. C'est un dispositif léger et accessible destiné aux élèves et aux parents, s'ils le souhaitent, non obligatoire et parallèle aux cours d'arts plastiques qui est conduit dans le cadre de la continuité pédagogique.
Ressources de l’éducation nationale, de ses opérateurs et de ses partenaires, de diverses institutions artistiques et culturelles
Cette liste n’est pas exhaustive, c’est une sélection témoignant de la diversité de l’offre. De très nombreuses institutions culturelles, de rayonnement international, national et régional produisent et mettent à disposition des ressources de qualité.
- Édubase : recension de pratiques et scenarios pédagogiques valorisées par les académies, en lien avec le numérique éducatif.
- Ressources audiovisuelles : le portail Lumni offre des ressources audiovisuelles, dont une cinquantaine en histoire des arts. Le portail Lumni – enseignement permet au professeur de trier ses vidéos et de les organiser pour mettre en œuvre des séquences pour les élèves.
- Site histoire des arts - ministère de la Culture : Histoiredesarts est conçu pour la communauté éducative et pour les amateurs d’art. Le site signale, pour tous les domaines artistiques et culturels, des documents en ligne présentant une œuvre ou un groupe d’œuvres.
- Œuvres à la loupe - Le Louvre : les Œuvres à la loupe sont conçues dans l’esprit de deux collections : Palettes, bien connue du grand public et l’Œuvre en scène, présentée à l’Auditorium du musée.
- L’histoire par l’image : l’Histoire par l’image s’est donné l’ambition d’enrichir la connaissance du passé à travers les œuvres d’art et les documents iconographiques qui s’y rapportent. Bien des œuvres, quelle que soit leur nature (peinture, sculpture, photographie, dessin, gravure...), restent trop souvent utilisées comme de simples illustrations et méritent d’être analysées au-delà de la brève légende qui les accompagne le plus souvent.
- Les expositions virtuelles de la BNF : la Bibliothèque nationale de France propose des expositions virtuelles en prolongement de ses grandes expositions.
- Les dossiers pédagogiques du Centre Pompidou : lien vers les dossiers pédagogiques produits par le Centre Pompidou dans le domaine de l’art moderne et contemporain, de la parole, des spectacles vivants et des cinémas.
- Observer-Voir, la plateforme d’éducation au regard des Rencontres d’Arles : développée par les Rencontres d’Arles, elle propose une offre pédagogique et des ressources en lien avec la photographie.
- Collections des Frac : les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) créés en 1982 sur la base d’un partenariat État-régions sont des institutions qui ont pour mission de réunir des collections publiques d’art contemporain, de les diffuser auprès de nouveaux publics et d’inventer des formes de sensibilisation à la création actuelle.
- Base de données mondiale ARTSY : le site Artsy recense plus de 350 000 œuvres de plus de 40 000 artistes, provenant des plus grands musées et collections du monde, et revendique la plus importante base de données en ligne d’art contemporain.
- Panorama de l’art : bénéficiant d’un fonds riche de plus de 550 000 images, de conférenciers spécialistes en histoire de l’art et d’un savoir-faire reconnu en édition multimédia, la Réunion des musées nationaux Grand Palais a pour mission de favoriser l’accès aux œuvres d’art.
- ERSILIA : LE BAL est une plateforme indépendante d’exposition, d’édition, de réflexion et de pédagogie, dédiée à l’image contemporaine sous toutes ses formes : photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias. Il a développé une plateforme d’éducation à et par l’image.