
publié le 17 mar 2016 par Thomas BRIERE
L’unité de production n°2 de la centrale nucléaire de PALUEL (Seine-Maritime) a été arrêtée le 16 mai dernier. Ce découplage du réseau électrique national a donné le coup d'envoi de la 3ème visite décennale. Son but : allonger la durée de vie de cette tranche de trente à quarante ans. Cet immense chantier est ponctué de travaux importants, dont le contrôle de composants clés, comme la cuve, le circuit primaire et l'enceinte du bâtiment abritant le réacteur.
Faite d'acier, la cuve du réacteur contient les assemblages combustibles, appelés aussi cœur du réacteur. L'état de cette cuve, comme celui de l'enceinte d'ailleurs, conditionne la durée de fonctionnement des installations car elle est non remplaçable à ce jour. L'inspection est réalisée à l'aide d'un module robotisé de 12 tonnes qui contrôle l'intégrité de l'ensemble des soudures et la qualité du revêtement de la cuve. Dans ce module sont associées plusieurs techniques : l'ultrason permet d'observer la surface et l'intérieur du métal de la cuve ; la gammagraphie détecte d'éventuels défauts présents dans le volume de la cuve ; et, enfin, la vidéo en couleurs sert à observer l'état de surface.
Le circuit primaire constitue l'une des principales barrières de protection entre les produits radioactifs et l'extérieur. Pour contrôler son étanchéité et sa robustesse, il est soumis à une épreuve hydraulique : on lui applique la pression de 207 bar, soit 1,3 fois la pression normale d'exploitation (155 bar). Une fois cette épreuve terminée, des inspecteurs de l’ASN et d'EDF s'assurent de l'intégrité du circuit.
L'examen de l'enceinte abritant le réacteur consiste à vérifier sa capacité de confinement. Celle-ci est soumise à l'épreuve de l'air. La pression interne est portée à cinq fois la pression atmosphérique (5 bar), simulant les conditions qui pourraient être atteintes en cas d'accident. Une batterie de douze compresseurs et accessoires occupant 1000 m² « gonfle » le bâtiment à 400 m3/h de débit.
EDF change également d'autres composants importants : le transformateur, qui envoie l'électricité, après l'avoir élevée de 20 à 400 kV, vers le réseau de transport de RTE ; le contrôle-commande, autrement dit le système nerveux de l'unité de production (les hommes y pilotent la centrale) ; le condensateur, ce dernier étant alimenté par l'eau de la Manche. Il sert à refroidir l'eau du circuit secondaire, qui, transformée en vapeur, fait tourner le générateur de production d'électricité. Les 79 416 tubes par lesquels transite l'eau de mer seront remplacés en totalité. C'est la première fois qu'EDF procède à un tel chantier sur une centrale de 1300 MW. Parallèlement, l'un des tambours filtrants, qui nettoient l'eau de mer, sera également remplacé. Cette modification fait partie des travaux prévus par le programme du grand carénage. L'importance de cette opération s'explique par les dimensions de l'objet : l'axe principal du tambour pèse 57 tonnes et mesure 14 mètres de longueur. Cela donne une idée des travaux herculéens auxquels EDF s'est employé pendant huit mois.
L’après-FukushimaParallèlement à la visite décennale, EDF procédera aux travaux post-Fukushima dont (objectif est de renforcer la robustesse de la centrale et d'assurer des marges de sûreté supplémentaires des installations face aux risques de séisme et d'inondation, à la perte simultanée de la source de refroidissement et des alimentations électriques et aux conséquences en cas d'accident grave. Cela se concrétise par la mise en place d'une force d'action rapide (PALUEL dispose de l'une de quatre forces régionales), la construction d'un nouveau centre de crise local capable de résister à des agressions de séisme et inondation (1 cas tous les 20000 ans), l’installation d'un groupe électrogène (diesel d'ultime recours) sur l'ensemble des 58 réacteurs avant 2018 (en plus des 4 alimentations existantes) et, enfin, par l'installation sur chaque site d'une alimentation en eau supplémentaire pour garantir le refroidissement des générateurs de vapeur même en cas d'accident, en complément des installations existantes. Ces travaux sur l'ensemble du parc nucléaire français coûteront 10 milliards d'euros. |