publié le 25 mai 2016 par Emmanuel HOLTZ
Tardivement rattachés à la démarche de rationalisation de la construction, grues, coffrages, étaiements, font l’objet de modélisations qui les feront entrer dans la maquette numérique.
Quel sera le rôle des matériels dans la démarche BIM ? Essentiel ! pensent les entreprises. Le Building Information Modeling (BIM) consiste à numériser dans un même format tous les composants d’un bâtiment, de la poutre précontrainte au moindre joint de chaudière. Ces « objets » représentent leurs formes en trois dimensions enrichis d’informations sur leur fonctionnement et leurs caractéristiques techniques. Or les matériels utilisés lors de la phase de construction sont, pour l’instant, absent de ce catalogue.
L’enjeu est de taille : introduire les matériels dans le BIM, c’est créer un outil pour rationaliser le chantier « affiner la commande auprès du service matériels » dit Raymond Sailly, directeur matériel chez Bouygues Construction – optimiser leur utilisation, voire leur conduite. Pour cela il faut créer des « objets BIM », soit leur représentation en trois dimensions sous forme de fichiers numériques associés à une bibliothèque sur leurs caractéristiques dimensionnelles et techniques.
Chacun y est allé en ordre dispersé. Les grandes entreprises ont élaboré leurs propres objets. Ce sont tout d’abord des objets génériques, avec les caractéristiques essentielles d’une grue type ou d’un coffrage type. Puis, les fabricants ont été sollicités. Leur premier réflexe a été de fournir les plans en 3 dimensions issus de leurs bureaux d’études. Ce n’est pas ce qu’on leur demande car du côté des entreprises on juge ces fichiers trop détaillés, trop lourds. « Les industriels ne comprennent pas toujours ce dont nous avons besoin, dit Jean-Baptiste Valette, chef de service ingénierie modélisation des projets chez Vinci. Il nous faut passer du modèle générique au matériel réel en modifiant un minimum de paramètres ». Le tout sous forme d’un fichier relativement léger. Certains l’ont compris et commencent le travail. C’est le cas, par exemple, du fabricant de coffrage Sateco qui s’est donné un objectif : la création d’objets BIM au format Revit pour tous ses produits. Le constructeur a commencé par les plus complexes, les pates-formes de travail en encorbellement. « Nous ne voulons pas que les clients hébergent ces objets mais qu’ils aillent les chercher à chaque fois, car nous actualisons en permanence les caractéristiques de nos produits », dit Patrick Micheneau directeur technique. Aussi Sateco travaille en collaboration avec BIMobject France, à qui il confie la diffusion de son catalogue.
Outre la diffusion, le format informatique de ces objets est encore en discussion. Le fabricant de coffrage Peri propose depuis peu son catalogue de coffrages et d’étaiements en format Tekla. En juillet prochain il sera également disponible en Revit. Chez son concurrent, on hésite encore. « Notre groupe et nous-même sommes en train de faire des expériences avec des entreprises, en Grande-Bretagne, en Europe du Nord et dans d’autres pays » explique Jens Stadelbauer, directeur technique de Doka France. « A vrai dire nous ne recevons par an seuls qu’une dizaine de demandes BIM, souvent en Revit, parfois en Tekla ». Pas évident pour les industriels de parier sur une stratégie – donc de lancer des investissements – dans un secteur non seulement balbutiant et aux normes encore floues