Mort de Robert Badinter (1928-2024)

Robert Badinter est décédé le 9 février 2024, à l’âge de 95 ans. Ancien garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand (1981-1986), président du Conseil constitutionnel (1986-1995), son parcours, émaillé de nombreux engagements en faveur de l’école, constitue un modèle d’engagement au service de l’État de droit et des valeurs républicaines.

Mis à jour : mars 2024

Né à Paris en 1928 dans une famille juive, Robert Badinter doit se réfugier en Savoie durant la Seconde Guerre mondiale pour échapper à la déportation. Après guerre, il suit des études de droit (licencié en 1948, agrégé de droit privé en 1965). Il exerce ensuite comme avocat à la Cour d’appel de Paris (1951-1981). Ministre de la justice de 1981 à 1986, il est ensuite président du Conseil constitutionnel jusqu’en 1995, avant de terminer sa carrière publique comme sénateur socialiste de Paris (1995-2011).

Son engagement pour l’abolition de la peine de mort

Sa défense de Patrick Henry, en 1977, lui permet de diffuser dans le débat public ses arguments en faveur de l’abolition de la peine de mort : il réussit à convaincre la cour d’assises de ne pas condamner le criminel à la peine capitale. Élu en 1981 à la présidence de la République, François Mitterrand l’appelle comme garde des Sceaux, ministre de la Justice. Il porte alors avec succès le projet de loi d’abolition de la peine de mort.

Une page éduscol revient en détail sur cet événement historique et rappelle le rôle décisif joué à cette occasion par Robert Badinter, alors garde des Sceaux. Elle propose de nombreuses ressources pour aborder cet événement avec les élèves.

Une archive de l’INA le montre expliquant en 1978 les raisons de son opposition à l'application de la peine de mort, y compris pour les terroristes.

Liens avec les programmes

Dans le programme d’histoire de 3e, l’abolition de la peine de mort peut être étudiée comme un des « exemples d’adaptation de la législation aux évolutions de la société » qui « offre l’occasion de comprendre certains enjeux du débat politique et les modalités de l’exercice de la citoyenneté au sein de la démocratie française. » (thème 3 - Françaises et Français dans une République repensée)

Dans le programme d’histoire de terminale générale, un point de passage et d’ouverture est consacré à « 1981 : l’abolition de la peine de mort » (thème 3 – Les remises en cause économiques, politiques et sociales des années 1970 à 1991).

L’événement peut également être abordé dans de nombreuses entrées des programmes d’enseignement moral et civique, pour illustrer l’évolution des droits fondamentaux.

Une action pour l’État de droit comme ministre de la justice

Son action en tant que ministre de la Justice témoigne de ses engagements en faveur de l’État de droit : suppression des dispositions pénales discriminatoires fondées sur l’orientation sexuelle ( « dépénalisation de l’homosexualité » en 1982), disparition de la Cour de sûreté de l’État (juridiction d’exception mise en place durant la guerre d’Algérie), abrogation de certaines dispositions des lois « anticasseurs » (1970) et « Sécurité et liberté » (1981).

Robert Badinter est également à l’origine d’une véritable politique publique d'aide aux victimes, en œuvrant notamment pour la reconnaissance par le droit pénal du statut de victimes, notamment pour les victimes d'accidents de la route. Une page éduscol revient sur l’aide aux victimes d’événements potentiellement traumatiques.

Son attachement à l’école : l’hommage à Samuel Paty

Elevé dans une famille qui portait très haut les vertus de l’instruction et des études, instruments d’émancipation individuelle, Robert Badinter a tout au long de sa vie professionnelle pratiqué l’enseignement – essentiellement comme professeur à l’université – et fait œuvre de pédagogue.

En 2020, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, il lui rend hommage dans une vidéo adressée aux professeurs et aux élèves, dans laquelle il souligne l’importance de la transmission des valeurs et principes républicains : la liberté d’opinion et d’expression, la laïcité et la fraternité notamment. Ce discours de 3 minutes constitue un support pédagogique que les professeurs peuvent utiliser pour l’évoquer en classe.