Déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes

Les grands événements génèrent un flux d'images et d'informations d'une extrême densité. Certains éléments relèvent de la rumeur non fondée, de la désinformation, de la manipulation ou encore de théories conspirationnistes. Les enseignants peuvent accompagner leurs élèves dans un travail de réflexion et de mise à distance critique des informations qu'ils reçoivent et diffusent, en questionnant leur usage des médias, en particulier les réseaux sociaux.

Mis à jour : mai 2023

L'apport de l'éducation aux médias et à l'information (EMI) et de l'esprit critique 

L’éducation aux médias et à l’information met l’accent sur la capacité des élèves à analyser l’information et la source dont elle émane. Le programme pour le cycle 4 cite comme première compétence de l’EMI « Une connaissance critique de l’environnement informationnel et documentaire du XXIe siècle. »

Outils pour l'école, le collège et le lycée

Dans le premier degré

Pour le premier degré, la vidéo Vinz et Lou « La vérité ne sort pas toujours de la bouche d'internet » permet, sans traiter directement de la rumeur, de lancer le débat avec les élèves sur la manière dont ils vérifient les faits et croisent les informations.

Toujours dans le premier degré, le site de l'IEN de Cluses (académie de Grenoble) met en ligne le travail de Rose-Marie Farinella qui fait passer à ses élèves un diplôme d'apprenti hoaxbuster à travers une séquence du 8 séances.

Pour le collège et le lycée

Le site des Décodeurs du Monde revient sur le principe de vérification des faits que mettent en place les journalistes et que peuvent également faire les élèves dans leur propre pratique.

Libération publie un article « Toutes les intox qui circulent sur les attentats... et nos conseils pour s'en prémunir » qui donne des exemples de déformations diverses et des conseils pour les repérer.

Un article de la revue des médias de l'Ina qui permet de lancer le débat sur la place respective des médias « traditionnels » et des réseaux sociaux dans le traitement en direct des attentats.

France 24 avait également mis en ligne en janvier une vidéo pour montrer la nécessité de vérifier les faits pour éviter de relayer des informations fausses.

Toujours à l'occasion des attentats de janvier, le Clémi avait réuni un ensemble de ressources sur les méthodes de vérification de l'information.

Les vidéos sur le débat les jeunes et l'info, débat organisé le 10 novembre 2015, par francetv éducation, le Clemi, Canopé, enjeux e-médias et le ministère de l'éducation nationale.

Face au complotisme

Réagir face aux théories du complot

Le ministère a organisé le 9 février 2016 une journée d'étude sur le thème « Réagir face aux théories du complot » au Muséum national d'histoire naturelle. Collégiens, lycéens, étudiants, enseignants, universitaires et chercheurs, membres d'associations, journalistes, psychiatres, juristes étaient rassemblés à cette occasion pour présenter leurs démarches, échanger sur leurs expériences et participer à des tables rondes, conférences et ateliers. Cette journée s'inscrit dans le cadre de l'Enseignement moral et civique et de l'Éducation aux médias et à l'information, et dans la continuité de la mobilisation pour les valeurs de la République.

L'ensemble des interventions du séminaire sont accessibles sur la chaîne Canal U d'éduscol.

Dossier du participant de la journée

Valeurs de la République

Canopé propose sur le site Les valeurs de la République une page consacrée au complotisme dans l'histoire qui permet de recontextualiser la problématique dans un cadre historique.

Le complotisme dans l'histoire, l'histoire face au complotisme

Une étude sur l'adhésion aux théories du complot

La fondation Jean Jaurès et Conspiracy Watch on fait une étude sur l'adhésion aux théories du complot dans la société française. On y voit notamment une tendance plus grande des jeunes à adhérer à ces théories.

Le conspirationnisme dans l'opinion française

Information /désinformation et théorie du complot

Conférence de Divina Frau-Meigs (Université Sorbonne-Nouvelle, directrice ANR TRANSLIT, CHAIR UNESCO « savoir devenir dans le développement numérique durable ») concernant les apports de la recherche sur les thématiques de l'information / la désinformation, la rumeur et les théories du complot.

La conférence est divisée en trois parties :

  1. Recherches sur le cycle de vie d'une rumeur
  2. Recherches récentes sur les liens entre rumeurs et réseaux sociaux
  3. Solutions proposées par la recherche.

Voir la vidéo de l'intervention sur la WebTV de l'académie de Versailles

Poser la question de sa propre pratique des médias

L'arrivée des médias numériques a bousculé le rapport à l'information, notamment des plus jeunes. Une certaine défiance a pu se développer vis-à-vis des médias traditionnels, papier ou en ligne, avec une critique portant sur leur indépendance dans l'interprétation de l'événement. Les théories du complot reposent d'ailleurs toutes sur le fait que les médias de masse sont manipulés par un petit groupe d'individus dont l'intérêt est de laisser le plus grand nombre dans l'ignorance ou le mensonge.

Pour les enseignants, il est important de mettre au jour les procédés rhétoriques qui fondent les discours conspirationnistes.

L'Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot (Conspiracywatch) en distingue quatre  :

  • L'utilisation d'outils rhétoriques récurrents : dénonciation d'une machination secrète et visible aux seuls « initiés », supposée capacité extraordinaire d'un groupe à tromper le monde entier pendant des décennies.
  • Son irréfutabilité au sens poppérien, dans la mesure où il est impossible de prouver que les théories avancées sont fausses. 
  • L'inversion de la charge de la preuve. « Prouvez-nous que nous avons tort ! ». 
  • L'obsession du « cui bono » : « à qui profite le crime ». La nécessité de postuler systématiquement une intentionnalité derrière les événements, en faisant fi des raisons accidentelles : « si les choses se déroulent ainsi, c'est qu'elles sont manipulées pour servir des intérêts particuliers ». 

Afin de dépolitiser le débat et de permettre aux élèves de réfléchir sur leur pratique en montrant la mécanique de la théorie conspirationniste, les enseignants peuvent s'appuyer sur plusieurs ressources.

Le dossier Canopé sur « Radicalisation, complotisme et réseaux sociaux : comment en parler sans danger ? »

Les vidéos de Lumni sur les théories du complot.

Ces complots peuvent également décrédibiliser par l'absurde. Le Before du grand journal de Canal Plus fait notamment des vidéos humoristiques qui montrent que peu importe les faits une théorie conspirationniste ne vise qu'à confirmer sa propre interprétation.

Autre exemple de travail, celui de Lionel Vighier interviewé par le Café Pédagogique qui, pour permettre aux élèves de comprendre la construction d'une théorie conspirationniste, leur demande d'en produire une qui est totalement absurde.