Trèves, la Porta Nigra

Monument emblématique de la ville de Trèves, la Porta Nigra ("Porte Noire") est le plus grand édifice romain sur le sol allemand. Elle était intégrée dans le mur d’enceinte de la ville et constituait son entrée Nord (à l’origine, ses deux tours jumelles étaient à la même hauteur).
Sa structure, qui combine une porte fortifiée monumentale et une architecture palatiale, en fait une réalisation singulière, sans autre exemple dans le monde romain.
Le nom nigra (noire) provient de la couleur sombre de la pierre : due à la patine des siècles, cette couleur est attestée dès le Moyen Âge.

Trèves Porta Nigra façade nord

La Porta Nigra, façade nord (côté campagne), © Odysseum, photo A. Collognat

Trèves, Porta Nigra, façade sud

La Porta Nigra, façade sud (côté ville), © Odysseum, photo A. Collognat

La porte a été construite au cours de l’hiver 169-170 après J.-C. : lors d’une fouille, les archéologues ont découvert du bois ancien qui a pu être daté avec précision.
Flanquée de deux tours semi-circulaires à quatre niveaux, elle a été édifiée en grosses pierres de taille, dont certaines pèsent six tonnes. Les blocs de grès provenant de la proche vallée de la Kyll furent façonnés par des scies de bronze actionnées par des moulins (certaines traces de scie sont encore visibles) ; ils furent ensuite superposés sans mortier. Cependant, les pierres furent attachées horizontalement deux par deux à l’aide de crochets de fer plombés : on peut encore voir un exemple de crochet à l’intérieur du porche, près de l’escalier en colimaçon côté Est.
Des traces de rouille, témoins de nombreux crochets antiques, sont encore visibles à l’extérieur car, au Moyen Âge, on burinait des trous profonds pour voler le métal et le fondre ensuite.

Vers l’an 1028, le moine grec Siméon vint s’installer comme ermite dans le monument et il s’y fit probablement cloîtrer, dans une cellule, tout en haut de la tour Est. Après sa mort en 1035, il fut inhumé au rez-de-chaussée et canonisé.
Entre 1034 et 1042, l’archevêque Poppon de Bamberg fit construire un sanctuaire en l’honneur de Siméon et on utilisa alors la Porta Nigra comme une église à deux niveaux, dont l’abside est encore visible sur la partie Est du monument.
Cette transformation évita à la porte romaine d’être démantelée et « recyclée » en matériau de construction, comme ce fut le cas pour bien des monuments antiques.

Trèves, Porta Nigra, vues de l'intérieur

La Porta Nigra, vues de l'intérieur, © Odysseum, photos A. Collognat

En 1802, Napoléon fit détruire l’église et le sanctuaire. En 1804, il décida d’éliminer aussi les autres ajouts, ce qui permit de restaurer l’aspect de la construction romaine.
On peut voir à l’intérieur de l’édifice des traces de la double église, des signatures des tailleurs de pierre romains et des graffiti.

Trèves, Porta Nigra, chemin de ronde

La Porta Nigra, partie supérieure, chemin de ronde, © Odysseum, photo A. Collognat

 

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