Publius Ovidius Naso, que nous appelons Ovide, est né le 20 mars 43 avant J.-C. à Sulmone dans le Samnium (aujourd’hui les Abruzzes, à 130 km au sud-est de Rome). Sa famille appartient à la classe équestre (la bourgeoisie aisée). Selon la tradition, le surnom de Naso (“le nez”) lui viendrait de l’un de ses aïeux, doté d’un nez particulièrement proéminent.
En 27 avant J.-C., Ovide est envoyé à Rome par son père pour y apprendre la rhétorique. Il exerce sans enthousiasme la première magistrature réservée aux jeunes gens de son âge et de sa classe (23 av. J.-C.) : il est alors triumvir (magistrat chargé d’opérations de police, d’exécution des sentences et de surveillance des prisons). Mais il décide rapidement d’abandonner la carrière d’homme politique pour se consacrer à la poésie et célèbrer l’amour. Doté d’un grand charme personnel, il fréquente le cercle de Messalla et tous les grands poètes de son temps. Il achève sa formation de droit par le classique séjour à Athènes, parcourt la Grèce, l’Asie mineure et la Sicile, puis s’installe définitivement à Rome (20 av. J.-C.) ; il exerce pendant un temps le métier d’avocat pour satisfaire le désir de son père.
Passionné de poésie, Ovide compose des œuvres d’une éblouissante virtuosité pour un public très cultivé. Il écrit une tragédie, Médée, aujourd’hui perdue, puis un recueil de poèmes, les Amours, à la gloire de la femme aimée (nommée Corinne, elle représente une sorte de synthèse idéalisée des amantes que le poète a pu connaître). Il publie ensuite les Héroïdes: quatorze lettres fictives adressées par de grandes héroïnes mythologiques à leurs maris ou à leurs amants absents, comme Ariane à Thésée, Pénélope à Ulysse ou encore Didon à Énée, ainsi que trois « paires » de lettres comprenant une réponse, comme Pâris à Hélène suivi de la réponse d’Hélène à Pâris.
Vers 1 av. J.-C. Ovide publie l’Art d’aimer (des conseils aux jeunes gens pour améliorer leur technique de séduction) qui déplaît à l’empereur Auguste pour son manque de moralité. Il se met alors à écrire les Métamorphoses, son grand poème mythologique, et les Fastes : un commentaire poétique du calendrier rituel de Rome (origines mythiques des fêtes et des cultes, anniversaires des grands événements nationaux), pour s’inscrire dans le cadre de la politique culturelle et religieuse voulue par Auguste.
Ovide, qui s’est marié trois fois, est un poète heureux, prisé par tous les cercles mondains, célèbre pour ses déclamations et ses improvisations. Il publie encore les Cosmétiques (une sorte de livre de recettes de maquillage), un 3e livre à l’Art d’aimer (des conseils de séduction pour les femmes) et les Remèdes à l’amour (des conseils pour guérir du mal d’aimer).
À la fin de l’année 8 après J.-C. , Auguste donne l’ordre à Ovide de quitter Rome, sans même lui laisser l’occasion de s’expliquer. Le poète est exilé aux confins de l’Empire romain, à Tomes sur les bords de la mer Noire (aujourd’hui Constantza en Roumanie) et ses ouvrages sont interdits dans les trois bibliothèques publiques de Rome.
En exil, Ovide compose les Tristes, un recueil de poèmes où il exprime ses plaintes et tente de se justifier). Après la mort de l’empereur (en 14 ap. J.-C.), à qui succède Tibère, il n’obtient toujours pas la permission du retour. Il rédige les Pontiques : un recueil de lettres envoyées du Pont (le nom ancien de la mer Noire, d’où le titre) à sa femme, demeurée à Rome, et à ses amis pour les supplier d’intervenir afin d’obtenir sa grâce.
Il compose encore l’Ibis (une satire visant un ancien ami qui avait essayé de s’emparer de sa fortune après son exil) et commence les Halieutiques (un poème sur les poissons et l’art de la pêche).
Ovide meurt en exil, à l’âge de soixante ans, en 17 ou 18 après J.-C.
Ce que chante Ovide :
Vaticinor moneoque : locum date sacra ferenti.
« Je prédis l’avenir et j’instruis les mortels ; faites donc place à celui qui apporte les paroles sacrées ! »
Ovide, Pontiques, Livre I, vers 47