La troisième guerre sacrée

NOTES

  1. Après Amphipolis, Philippe rompt avec Athènes et s’empare de Potidée en Chalcidique où Athènes a des intérêts, et livre la place aux Olynthiens. Mais ils comprennent vite que leur puis­sant allié a des visées territo­riales dont ils risquent de faire les frais. Une alliance est donc conclue avec Athènes.
  2. Charès mena la première et la troisième expédition. Cette dernière semble ne pas être arri­vée à temps. Plus tard il pas­sera au service des Perses contre Alexandre. Il prendra Mitylène en 333.
  3. Il passera, lui aussi, au service des Perses. Voir plus loin. Le IVe siècle est caractérisé par ces capitaines grecs qui vendront leurs services à des puissances étrangères. On pense, entre autres, à l’Athénien Athénodoros : il se battit pour Artabaze, Pairisadès le roi de Thrace, et enfin Darius en 334.
  4. Spartocos a fondé en 438 le royaume du Bosphore Cimmérien.
  5. Voir supra.
  6. Il ne s’agit pas d’une volte-face politique. Lire l’analyse de P. Carlier, in Le IVe siècle grec, Seuil, « Points », 1995, p. 101.
  7. Il s’agit, sans doute, de la perte d’Amphipolis, des positions stratégiques sur la côte thrace, de l’abandon des Thermopyles et du démantèlement des cités phocidiennes.
  8. Démosthène considère comme usurpé le titre que se donnaient Philippe et les Thessaliens.
  9.  C’est-à-dire jusqu’au moment du procès.
  10. La paix de Philocrate par rapport à celle de Démade, après Chéronée.
  11. Les Macédoniens sont les maîtres du jeu. C’est ce que Démosthène a compris.
  12. Le procès a lieu en 330, au moment de la victoire d’Arbèles.
  13. Ils sont six et font partie des neuf archontes. Ils sont choisis par tirage au sort pour un an. Ils forment un collège et sont chargés de la surveillance des lois, de leur révision annuelle, signalant, si nécessaire les contradictions existantes, et de l’inscription des lois nouvelles. Ils président également au tirage au sort des archontes, à l’examen des magistrats – do­kimasie –, à la reddition des comptes des stratèges. Ce qui se rapporte à l’exercice du pouvoir législatif – la graphè parano­môn –, ou qui concerne la sécurité de la cité – accusation de trahison, de corruption, d’eisangélie –, est de leur compétence.
  14. La privation des droits politiques.
  15. Un mercenaire, qui doit, en campagne, vivre sur le pays, revient finalement moins cher à la cité qu’un citoyen-soldat. C’est une des raisons, sans doute, qui explique la tendance, au IVe siècle, de remplacer les citoyens par des mercenaires. Mais si, dans la première moitié du IVe siècle le versement de la solde, grâce aux « contributions » des alliés, est relative­ment facile (voir Isocrate, Sur la Paix, 46), les choses deviennent ensuite, économiquement, plus difficiles. On comprend mieux, dans ces conditions, les « exactions » de certains stratèges obligés de pallier le manque de crédits.
  16. Le nom de la trière qui transmettaient les décisions de l’Assemblée. C’est ainsi que les stratèges pouvaient apprendre leur révocation ou leur mise en accusation.
  17. Cité de Béotie. La bataille de Leuctres remportée par Épaminondas sur les Lacédémoniens donna à Thèbes l’hégémo­nie sur la Grèce. Au moment des entreprises de Philippe, Thèbes et Athènes étaient en désaccord. Les agents de Philippe l’entretenaient. Démosthène, après la prise d’Élatée, comme on le verra plus loin, travailla à un rapprochement entre les deux cités qui se trouvèrent unies à Chéronée, face aux Macédoniens.
Carte 6 - La Troisième guerre sacrée et l'expansion macédonienne

Le « sacrilège » des Phocidiens, le prétexte à la guerre

 

355 est le début de la Troisième guerre sacrée. Les Phocidiens, qui ont occupé Delphes par représailles, sont accusés de sacrilège par le conseil des Amphictyons. Sparte et Athènes prennent fait et cause pour les Phocidiens. Le stratège phocidien Onomarchos stoppe les troupes amphictyoniques aux passes menant à Delphes, avant de pénétrer en Thessalie en 353. Il meurt au combat face à Philippe qui venait d’être élu archonte de la ligue thessalienne. 3 000 prisonniers, considérés comme des sacrilèges, sont jetés des falaises… En 352, Philippe est devant les Thermopyles. La flotte athénienne débarque plus de 10 000 hoplites alliés et des Phocidiens commandés par Phayllos, le frère d’Onomarchos. Ils arrivent sur les lieux assez tôt pour tenir les défilés et faire reculer le roi de Macédoine qui est rappelé en Thrace. Philippe n’est peut-être pas invincible. Démosthène prononce la Première Philippique en 351 et tire les enseignements de la Guerre sacrée : l’ennemi est le roi de Macédoine. Mais il ne s’arrêtera pas si on ne lui barre la route. Changer de méthode est, dans ces conditions, une nécessité urgente. Il faudrait constituer des forces ca­pables d’inter­venir et de faire face aux attaques foudroyantes de Philippe et de se porter immédiatement sur les points mena­cés, organiser enfin des corps expéditionnaires pour harceler l’ennemi chez lui.

[31] Δοκεῖτε δέ μοι πολὺ βέλτιον ἂν περὶ τοῦ πολέμου καὶ ὅλης τῆς παρασκευῆς βουλεύσασθαι, εἰ τὸν τόπον, ὦ ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τῆς χώρας, πρὸς ἣν πολεμεῖτε, ἐνθυμηθείητε, καὶ λογίσαισθ’ ὅτι τοῖς πνεύμασιν καὶ ταῖς ὥραις τοῦ ἔτους τὰ πολλὰ προλαμβάνων διαπράττεται Φίλιππος, καὶ φυλάξας τοὺς ἐτησίας ἢ τὸν χειμῶν’ ἐπιχειρεῖ, ἡνίκ’ ἂν ἡμεῖς μὴ δυναίμεθ’ ἐκεῖσ’ ἀφικέσθαι. [32] Δεῖ τοίνυν ταῦτ’ ἐνθυμουμένους μὴ βοηθείαις πολεμεῖν, ὑστεριοῦμεν γὰρ ἁπάντων, ἀλλὰ παρασκευῇ συνεχεῖ καὶ δυνάμει. Ὑπάρχει δ’ ὑμῖν χειμαδίῳ μὲν χρῆσθαι τῇ δυνάμει Λήμνῳ καὶ Θάσῳ καὶ Σκιάθῳ καὶ ταῖς ἐν τούτῳ τῷ τόπῳ νήσοις, ἐν αἷς καὶ λιμένες καὶ σῖτος καὶ ἃ χρὴ στρατεύματι πάνθ’ ὑπάρχει· τὴν δ’ ὥραν τοῦ ἔτους, ὅτε καὶ πρὸς τῇ γῇ γενέσθαι ῥᾴδιον καὶ τὸ τῶν πνευμάτων ἀσφαλές, πρὸς αὐτῇ τῇ χώρᾳ καὶ πρὸς τοῖς τῶν ἐμπορίων στόμασιν ῥᾳδίως… ἔσται.

[31] Pour mieux délibérer, et sur cette guerre, et sur les préparatifs il vous est important, Athéniens, de considérer la situation du pays où il faut que vous portiez vos armes. Remarquez à cet égard comme Philippe profite des vents et des saisons, pour l’arrangement de ses desseins. Tandis que les vents étésiens règnent, ou quand l’hiver est venu : c’est alors qu’il ouvre la guerre, parce qu’il nous sait dans l’impossibilité d’aller à lui. [32] Vous avez donc besoin de troupes qui soient toujours prêtes, toujours à portée. Car de croire que dans l’occasion vous n’avez qu’à ramasser des soldats, et les faire partir, c’est vouloir n’y être jamais à temps. Vous pourrez faire hiverner vos troupes à Lemnos, à Thasos, à Skiathos et dans les autres îles voisines, qui ont des ports, abondance de vivres, tout ce qu’il faut à des gens de guerre. Vos vaisseaux étant à l’abri dans ces ports, et vos soldats ne s’éloignant point des villes maritimes, il vous sera aisé de profiter du vent, pour mettre à la voile sans nul risque.

Démosthène, Première Philippique, 31-32, trad. abbé d’Olivet, 1811

La prise d’Olynthe par la Macédoine : la prise d’une base essentielle pour Athènes

 

349. Après une alliance qui dura six ans (356-351)1, Philippe attaque brusquement Olynthe, cité grecque située en Thrace. Les Olynthiennes de Démosthène contribuèrent, de manière certaine, à stimuler les Athéniens à venir en aide aux Olynthiens. Pour Démosthène, le salut d’Olynthe signifie la sauvegarde d’Athènes : si la cité est prise, les voies d’accès à Athènes sont ouvertes au roi macédonien. Eubule décide cependant de négliger Olynthe qui lui semble bien éloignée et choisit d’intervenir en Eubée où une révolution a éclaté. Ce choix stratégique ne s’avère pas payant. Athènes doit reconnaître l’indépendance de l’Eubée en 348. En Chalcidique, Olynthe tombe, par trahison, après une résistance d’un an et malgré les interventions tardives des stratèges Chars2 et Charisme3.

[2] Ὁ μὲν οὖν παρὼν καιρός, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μόνον οὐχὶ λέγει φωνὴν ἀφιεὶς ὅτι τῶν πραγμάτων ὑμῖν ἐκείνων αὐτοῖς ἀντιληπτέον ἐστίν, εἴπερ ὑπὲρ σωτηρίας αὐτῶν φροντίζετε· ἡμεῖς δ’ οὐκ οἶδ’ ὅντινά μοι δοκοῦμεν ἔχειν τρόπον πρὸς αὐτά. Ἔστι δὴ τά γ’ ἐμοὶ δοκοῦντα, ψηφίσασθαι μὲν ἤδη τὴν βοήθειαν, καὶ παρασκευάσασθαι τὴν ταχίστην ὅπως ἐνθένδε βοηθήσετε [καὶ μὴ πάθητε ταὐτὸν ὅπερ καὶ πρότερον], πρεσβείαν δὲ πέμπειν, ἥτις ταῦτ’ ἐρεῖ καὶ παρέσται τοῖς πράγμασιν· [3] ὡς ἔστι μάλιστα τοῦτο δέος, μὴ πανοῦργος ὢν καὶ δεινὸς ἅνθρωπος πράγμασι χρῆσθαι, τὰ μὲν εἴκων, ἡνίκ’ ἂν τύχῃ, τὰ δ’ ἀπειλῶν [ἀξιόπιστος δ’ ἂν εἰκότως φαίνοιτο], τὰ δ’ ἡμᾶς διαβάλλων καὶ τὴν ἀπουσίαν τὴν ἡμετέραν, τρέψηται καὶ παρασπάσηταί τι τῶν ὅλων πραγμάτων. [4] Οὐ μὴν ἀλλ’ ἐπιεικῶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῦθ’ ὃ δυσμαχώτατόν ἐστι τῶν Φιλίππου πραγμάτων, καὶ βέλτιστον ὑμῖν· τὸ γὰρ εἶναι πάντων ἐκεῖνον ἕν’ ὄντα κύριον καὶ ῥητῶν καὶ ἀπορρήτων καὶ ἅμα στρατηγὸν καὶ δεσπότην καὶ ταμίαν, καὶ πανταχοῦ αὐτὸν παρεῖναι τῷ στρατεύματι, πρὸς μὲν τὸ τὰ τοῦ πολέμου ταχὺ καὶ κατὰ καιρὸν πράττεσθαι πολλῷ προέχει, πρὸς δὲ τὰς καταλλαγάς, ἃς ἂν ἐκεῖνος ποιήσαιτ’ ἄσμενος πρὸς Ὀλυνθίους, ἐναντίως ἔχει. [5] Δῆλον γάρ ἐστι τοῖς Ὀλυνθίοις ὅτι νῦν οὐ περὶ δόξης οὐδ’ ὑπὲρ μέρους χώρας πολεμοῦσιν, ἀλλ’ ἀναστάσεως καὶ ἀνδραποδισμοῦ τῆς πατρίδος, καὶ ἴσασιν ἅ τ’ Ἀμφιπολιτῶν ἐποίησε τοὺς παραδόντας αὐτῷ τὴν πόλιν καὶ Πυδναίων τοὺς ὑποδεξαμένους· καὶ ὅλως ἄπιστον, οἶμαι, ταῖς πολιτείαις ἡ τυραννίς, ἄλλως τε κἂν ὅμορον χώραν ἔχωσι.

[2] L’occasion présente semble élever la voix, et vous dire que tous devez-vous occuper sérieusement de la défense des Olynthiens, si vous avez à cœur votre propre conservation. J’ignore quelle est là-dessus votre façon de penser ; voici la mienne. Je voudrais qu’on se décidât sur-le-champ à secourir Olynthe, qu’on préparât le secours au plutôt, et que les troupes fussent composées de nos citoyens, afin d’éviter l’inconvénient dans lequel on est déjà tombé. Je voudrais encore qu’on fit partir, avant tout, des députés pour annoncer nos résolutions, et veiller sur les lieux à nos intérêts. [3] Nous avons affaire à un rusé politique, à un homme, qui sait profiter des conjonctures ; et il est à craindre que, soit en relâchant de ses droits s’il est à propos, soit en faisant des menaces [et alors on peut croire à sa parole], soit en cherchant à décrier nos lenteurs et notre inaction, il ne parvienne à détacher de nous et à attirer à lui quelque partie de la Grèce. [4] Heureusement, ô Athéniens ! ce qui fait la plus grande force du roi de Macédoine, est aujourd’hui votre plus grand avantage. Être seul confident de tous ses secrets, être en même temps le général des armées, le dispensateur des finances le maître de tans les desseins, commander partout en personne ; cela influe beaucoup dans la guerre sur la promptitude et la justesse de l’exécution : mais aussi cela même est un obstacle à l’envie qu’aurait Philippe de se rapprocher des Olynthiens. [5] Ceux-ci, en effet, voient qu’ils combattent, non pour la gloire ou pour une partie de leur sol, mais pour empêcher la ruine et l’asservissement de leur patrie. Ils savent comment le prince a payé les services des traîtres d’Amphipolis et de Pydna qui lui ont ouvert les portes de ces deux villes [03]. Et en général, les monarques doivent être suspects aux républiques, surtout quand ils en sont voisins.

Première Olynthienne, 2-5

L’approvisionnement en blé, un enjeu stratégique majeur pour Athènes

 

347-346. Le ravitaillement en céréales est de plus en plus une question essentielle pour Athènes qui n’a plus les moyens (la seconde Confédération est dissoute) d’assurer totalement la régularité et la sécurité des convois ainsi que leur financement. La lignée des souverains ou dynastes Spartocides4 est courtisée. On comprend pourquoi : les Athéniens avaient obtenu de Satyres5 un véritable monopole pour le char­gement du blé en cas de pénurie, et son fils Leucon leur avait envoyé du blé lors de la famine de 357. Ici, dans ce décret d’éloge – inscrit sur une stèle de marbre trouvée au Pirée représentant Spartocos avec Pairisadès sur un trône et Apollonios debout –, Athènes honore les fils de Leucon et leur accorde le droit d’enrôler au Pirée des équipages pour la flotte : les Athéniens, par une sorte de troc, offrent leur aide et leur compétence techniques – on le sait depuis Platon la marine est un domaine savant nécessitant formation – pour régler en partie leur solde.

« Pour Spartocos, Pairisadès, Apollonios, les fils de Leucon. Sous l’archontat de Thémistoclès, durant la huitième prytanie qui était celle de la tribu Égéïs, Lysimachos fils de Sosidémos d’Acharnes était secrétaire, Théophilos d’Halimonte était président, Androtion fils d’Andros de Gargettos a fait la proposition ; pour répondre à ce qu’ont fait dire Spartocos et Pairisadès et qu’ont transmis les ambassadeurs venus de leur part, qu’il leur soit annoncé que le peuple des Athéniens accorde l’éloge à Spartocos et Pairisadès parce qu’ils se conduisent en hommes de bien et qu’ils promettent au peuple des Athéniens qu’ils en useront, pour l’exportation de cé­réales, comme leur père le faisait, ils aideront vo­lontiers le peuple à satisfaire ses besoins ; que les ambassadeurs leur signifient que, s’ils agissent ainsi, le peuple des Athéniens ne leur fera aucun tort ; et puisqu’ils ont offert aux Athéniens les mêmes cadeaux que ceux qui avaient déjà été offerts par Satyros et Leucon, qu’on les couronne aux grandes Panathénées d’une couronne d’or de mille drachmes pour chacun d’eux, que les responsables des concours fassent confectionner la couronne l’année prochaine lors des grandes Panathénées, se­lon le décret pris précédemment pour Leucon, que l’on proclame que le peuple des Athéniens cou­ronne Spartocos et Pairisadès fils de Leucon, pour leur valeur et leur bienveillance à l’égard du peuple des Athéniens ; et puisqu’ils consacrent les couronnes à Athéna Polias, que les responsables des concours déposent les couronnes dans le sanctuaire en y faisant graver l’inscription suivante : “Spartocos, Pairisadès fils de Leucon, couronnés par le peuple des Athéniens, ont consacré ces couronnes à Athéna” ; le trésorier du peuple donnera aux responsables l’argent ré­servé pour les couronnes sur l’argent réservé pour les décrets, que, présentement, les receveurs donnent pour les couronnes l’argent pris sur les crédits militaires ; que le secrétaire du conseil ins­crive ce décret sur une stèle de pierre et la place près de celle pour Satyros et Leucon, que le trésorier du peuple donne trente drachmes pour l’inscription ; que soit accordé l’éloge pour l’ambas­sadeur Sosis et Théodosios parce qu’ils prennent soin de ceux qui d’Athènes vont au Bosphore et qu’ils soient invités demain au repas du prytanée ; pour le recouvrement de l’argent dû aux fils de Leucon, que les présidents qui ont été désignés pour exercer la présidence soumettent l’affaire à la délibération du peuple le 18 du mois, aussitôt après l’examen des affaires sacrées, afin qu’ayant récupéré leur argent, ils n’aient pas à se plaindre du peuple ; qu’on donnent les rameurs que demandent Spartocos et Pairisadès, mais que les ambassadeurs inscrivent les noms des rameurs qu’ils auront retenus et donnent cette liste au secrétaire du conseil, ceux qui y seront inscrits auront pour instruction de s’employer du mieux qu’ils pourront pour les fils de Leucon. Polyeucte fils de Timocratès du dème de Crioé a fait la proposition : pour tout le reste conformément à la proposition d’Androtion, que l’on couronne aussi Apollonios fils de Leucon de la même façon […]. »

Inscription historique grecque.

La difficile négociation d’un traité de paix entre Athènes et la Macédoine

 

346. Avant et après la prise d’Olynthe (348) Philippe propose la paix à Athènes. Sur proposition de Philocrate l’assemblée envoie une ambassade à Pella. Démosthène en fait partie6. Eubule tente en vain de constituer une alliance contre Philippe avec les cités neutres. Antipater et Parménion, Compagnons de Philippe, sont reçus à Athènes. La paix est signée entre Athènes et Philippe après la seconde ambassade qui reçut les serments du roi. Il n’est donc pas question d’une paix commune. Ces faits sont à l’origine du fameux procès de l’Ambassade et des plaidoyers de Démosthène et d’Eschine. Malgré ces témoignages de première importance, il est difficile de se rendre compte exactement du déroulement des différentes opérations diplomatiques. Les textes des orateurs évoqués plus haut sont, en effet, polémiques. En tout cas, la paix de 346, ou paix de Philocrate, – véritable humiliation pour Athènes qui n’avait pas d’autre solution que de subir la loi du plus fort – ne peut être qu’une trêve. Il faut donc se méfier. Surtout, il s’agit de ne pas engager une guerre où l’on aurait tout le monde contre soi. Mais Philippe pénètre alors en Grèce centrale : les Athéniens devenus ses « alliés » ne peuvent lui barrer le passage. Au lieu de réduire « l’insolence thébaine », il livre à Thèbes les cités de Béotie, à l’opposé des promesses faites aux Athéniens qui voulaient empêcher la cité de devenir trop puissante. Les Thébains deviennent les alliés du Macédonien. Les Phocidiens, dont la situation n’avait pas été réglée par le traité, sont contraints de livrer les Thermopyles – Phalaicos capitule – même si les Athéniens dans un dernier sursaut d’orgueil ont re­fusé de combattre leurs an­ciens alliés. Delphes est « libérée » par les Macédoniens au nom des Amphictyons.

[13] Ἓν μὲν οὖν ἔγωγε πρῶτον ὑπάρχειν φημὶ δεῖν, ὅπως, εἴτε συμμάχους εἴτε σύνταξιν εἴτ’ ἄλλο τι βούλεταί τις κατασκευάζειν τῇ πόλει, τὴν ὑπάρχουσαν εἰρήνην μὴ λύων τοῦτο ποιήσει, οὐχ ὡς θαυμαστὴν οὐδ’ ὡς ἀξίαν οὖσαν ὑμῶν· ἀλλ’ ὁποία τίς ποτ’ ἐστὶν αὕτη, μὴ γενέσθαι μᾶλλον εἶχε τοῖς πράγμασι καιρὸν ἢ γεγενημένη νῦν δι’ ἡμᾶς λυθῆναι· πολλὰ γὰρ προείμεθα, ὧν ὑπαρχόντων τότ’ ἂν ἢ νῦν ἀσφαλέστερος καὶ ῥᾴων ἦν ἡμῖν ὁ πόλεμος. [14] Δεύτερον δ’, ὁρᾶν ὅπως μὴ προαξόμεθ’, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς συνεληλυθότας τούτους καὶ φάσκοντας Ἀμφικτύονας νῦν εἶναι εἰς ἀνάγκην καὶ πρόφασιν κοινοῦ πολέμου πρὸς ἡμᾶς.

[13] Au reste, voici non avis dans la conjoncture présente. Soit qu’on veuille procurer à la république des fonds, des alliés ou d’autres ressources le premier soin qu’on doit avoir c’est de ne pas rompre la paix actuelle. Non que je la croie fort avantageuse et digne de vous ; mais quelle qu’elle soit, s’il ne fallait point la faire, il ne faut point la rompre aujourd’hui qu’elle est faite. Car nous avons laissé échapper bien des objets qui, étant alors entre nos mains, nous donnaient, pour la guerre, plus de sûretés et de facilités que nous n’en aurions à présent7. [14] Nous devons prendre garde, en second lieu, de jeter les peuples qui composaient l’assemblée, et qui se parent du titre d’Amphitryons8 dans la nécessité de nous attaquer tous de concert ; il ne faut pas au moins leur en fournir le prétexte. […]

Démosthène, Sur la paix, 13-14

L’interprétation des négociations par les auteurs contemporains

 

Les négociations de la paix de Philocrate et le rôle de Démosthène vus par Eschine, son adversaire, sont particu­lièrement intéressants parce que sa version des faits est, naturellement, différente.

[50] Ἁπλοῦς δὴ παντάπασιν ὁ μετὰ ταῦτα ἡμῖν λόγος γίγνεται, καὶ ὑμῖν ἀκούσασι κρῖναι εὐμαθής· δεῖ γὰρ δή που τὸν μὲν κατηγοροῦντα ἐμὲ τοῦθ’ ὑμῖν ἐπιδεικνύναι, ὡς εἰσὶν οἱ κατὰ Δημοσθένους ἔπαινοι ψευδεῖς, καὶ ὡς οὔτ’ ἤρξατο λέγειν τὰ βέλτιστα, οὔτε νῦν διατελεῖ πράττων τὰ συμφέροντα τῷ δήμῳ· κἂν τοῦτ’ ἐπιδείξω, δικαίως δή που τὴν γραφὴν ἁλώσεται Κτησιφῶν· ἅπαντες γὰρ ἀπαγορεύουσιν οἱ νόμοι μηδένα ψευδῆ γράφειν ἐν τοῖς δημοσίοις ψηφίσμασι· τῷ δ’ ἀπολογουμένῳ τοὐναντίον τούτου δεικτέον ἐστίν. Ὑμεῖς δ’ ἡμῖν ἔσεσθε τῶν λόγων κριταί. [51] Ἔχει δ’ οὕτως. Ἐγὼ τὸν μὲν ἴδιον βίον τὸν Δημοσθένους ἐξετάζειν μακροτέρου λόγου ἔργον ἡγοῦμαι. Τί γὰρ δεῖ νῦν ταῦτα λέγειν, ἢ τὰ περὶ τὴν τοῦ τραύματος γραφὴν αὐτῷ συμβεβηκότα, ὅτ’ ἐγράψατο εἰς Ἄρειον πάγον Δημομέλην τὸν Παιανιέα, ἀνεψιὸν ὄντα ἑαυτῷ, καὶ τὴν τῆς κεφαλῆς ἐπιτομήν; ἢ τὰ περὶ τὴν Κηφισοδότου στρατηγίαν καὶ τὸν τῶν νεῶν ἔκπλουν τὸν εἰς Ἑλλήσποντον, [52] ὅτε, εἷς ὢν τῶν τριηράρχων Δημοσθένης, καὶ περιάγων τὸν στρατηγὸν ἐπὶ τῆς νεώς, καὶ συσσιτῶν, καὶ συνθύων, καὶ συσπένδων, καὶ τούτων ἀξιωθεὶς διὰ τὸ πατρικὸς αὐτῷ φίλος εἶναι, οὐκ ὤκνησεν ἀπ’ εἰσαγγελίας αὐτοῦ κρινομένου περὶ θανάτου κατήγορος γενέσθαι; Ἢ ταῦτα ἤδη τὰ περὶ Μειδίαν, καὶ τοὺς κονδύλους, οὓς ἔλαβεν ἐν τῇ ὀρχήστρᾳ χορηγὸς ὤν, καὶ ὡς ἀπέδοτο τριάκοντα μνῶν ἅμα τήν τε εἰς αὑτὸν ὕβριν, καὶ τὴν τοῦ δήμου καταχειροτονίαν, ἣν ἐν Διονύσου κατεχειροτόνησε Μειδίου. [53] Ταῦτα μὲν οὖν μοι δοκῶ καὶ τἆλλα τὰ τούτοις ὅμοια ὑπερβήσεσθαι, οὐ προδιδοὺς ὑμᾶς, οὐδὲ τὸν ἀγῶνα καταχαριζόμενος, ἀλλ’ ἐκεῖνο φοβούμενος, μή μοι παρ’ ὑμῶν ἀπαντήσῃ τὸ δοκεῖν ἀληθῆ μὲν λέγειν, ἀρχαῖα δὲ, καὶ λίαν ὁμολογούμενα. Καίτοι, ὦ Κτησιφῶν, ὅτῳ τὰ μέγιστα τῶν αἰσχρῶν οὕτως ἐστὶ πιστὰ καὶ γνώριμα τοῖς ἀκούουσιν, ὥστε τὸν κατήγορον μὴ δοκεῖν ψευδῆ λέγειν, ἀλλὰ παλαιὰ καὶ λίαν προωμολογημένα, πότερα αὐτὸν δεῖ χρυσῷ στεφάνῳ στεφανωθῆναι, ἢ ψέγεσθαι; Καὶ σὲ, τὸν ψευδῆ καὶ παράνομα τολμῶντα γράφειν πότερα χρὴ καταφρονεῖν τῶν δικαστηρίων, ἢ δίκην τῇ πόλει δοῦναι; [54] Περὶ δὲ τῶν δημοσίων ἀδικημάτων πειράσομαι σαφέστερον εἰπεῖν. Καὶ γὰρ πυνθάνομαι μέλλειν Δημοσθένην, ἐπειδὰν αὐτοῖς ὁ λόγος ἀποδοθῇ, καταριθμεῖσθαι πρὸς ὑμᾶς, ὡς ἄρα τῇ πόλει τέτταρες ἤδη γεγένηνται καιροί, ἐν οἷς αὐτὸς πεπολίτευται· ὧν ἕνα μὲν καὶ πρῶτον ἁπάντων, ὡς ἔγωγε ἀκούω, καταλογίζεται ἐκεῖνον τὸν χρόνον, ἐν ᾧ πρὸς Φίλιππον ὑπὲρ Ἀμφιπόλεως ἐπολεμοῦμεν· τοῦτον δ’ ἀφορίζεται τῇ γενομένῃ εἰρήνῃ καὶ συμμαχίᾳ, ἣν Φιλοκράτης ὁ Ἁγνούσιος ἔγραψε, καὶ αὐτὸς οὗτος μετ’ ἐκείνου, ὡς ἐγὼ δείξω· [55] δεύτερον δέ καιρὸν φησι γενέσθαι, ὃν ἤγομεν χρόνον τὴν εἰρήνην, δηλονότι μέχρι τῆς ἡμέρας ἐκείνης, ἐν ᾗ, καταλύσας τὴν ὑπάρχουσαν εἰρήνην τῇ πόλει, ὁ αὐτὸς οὗτος ῥήτωρ ἔγραψε τὸν πόλεμον· τρίτον δὲ, ὃν ἐπολεμοῦμεν χρόνον, μέχρι τῶν ἐν Χαιρωνείᾳ· τέταρτον δὲ, τὸν νῦν παρόντα καιρόν. […]. [60] Οὕτω καὶ νῦν τὴν ἀκρόασιν ποιήσασθε. Εἴ τινες ὑμῶν ἐκ τῶν ἔμπροσθεν χρόνων ἥκουσιν οἴκοθεν τοιαύτην ἔχοντες τὴν δόξαν, ὡς ἄρα ὁ Δημοσθένης οὐδὲν πώποτε εἴρηκεν ὑπὲρ Φιλίππου, συστὰς μετὰ Φιλοκράτους, ὅστις οὕτω διάκειται, μήτε ἀπογνώτω μηδὲν, μήτε καταγνώτω, πρὶν ἀκούσῃ· οὐ γὰρ δίκαιον. Ἀλλ’, ἐάν ἐμοῦ διὰ βραχέων ὑπομιμνῄσκοντος τοὺς καιροὺς, καὶ τὰ ψηφίσματα παρεχομένου ὃ μετὰ Φιλοκράτους ἔγραψε Δημοσθένης, ἐὰν αὐτὸς ὁ τῆς ἀληθείας λογισμὸς καταλάβῃ τὸν Δημοσθένην πλείω μὲν γεγραφότα ψηφίσματα Φιλοκράτους τῆς ἐξ ἀρχῆς εἰρήνης καὶ συμμαχίας, [61] καθ’ ὑπερβολὴν δὲ αἰσχύνης κεκολακευκότα Φίλιππον, καὶ τοὺς παρ’ ἐκείνου πρέσβεις οὐκ ἀναμείναντα, αἴτιον δὲ γεγονότα τῷ δήμῳ τοῦ μὴ μετὰ κοινοῦ συνεδρίου τῶν Ἑλλήνων ποιήσασθαι τὴν εἰρήνην, ἔκδοτον δὲ Φιλίππῳ πεποιηκότα Κερσοβλέπτην τὸν Θρᾴκης βασιλέα, ἄνδρα φίλον καὶ σύμμαχον τῇ πόλει, ἐὰν ταῦθ’ ὑμῖν σαφῶς ἐπιδείξω, δεήσομαι ὑμῶν μετρίαν δέησιν· ἐπινεύσατέ μοι, πρὸς θεῶν, τὸν πρῶτον τῶν τεττάρων καιρῶν μὴ καλῶς αὐτὸν πεπολιτεῦσθαι. Λέξω δὲ, ὅθεν μάλιστα παρακολουθήσετε. [62] Ἔγραψε Φιλοκράτης ἐξεῖναι Φιλίππῳ δεῦρο κήρυκα καὶ πρέσβεις πέμπειν περὶ εἰρήνης κάὶ συμμαχὶας. Τοῦτο τὸ ψήφισμα ἐγράφη παρανόμων. Ἧκον οἱ τῆς κρίσεως χρόνοι. Κατηγόρει μὲν Λυκῖνος ὁ γραψάμενος, ἀπελογεῖτο δὲ Φιλοκράτης, συναπελογεῖτο δὲ Δημοσθένης. Ἀπέφυγε Φιλοκράτης. Μετὰ ταῦτα ἐπῄει ὁ χρόνος· Θεμιστοκλῆς ἄρχων. Ἐνταῦθ’ εἰσέρχεται βουλευτὴς Δημοσθένης, οὔτε λαχὼν, οὔτ’ ἐπιλαχών, ἀλλ’ ἐκ παρασκευῆς, πριάμενος, ἵν’ εἰς ὑποδοχὴν ἅπαντα καὶ λέγοι καὶ πράττοι Φιλοκράτει, ὡς αὐτὸ ἔδειξε τὸ ἔργον. [63] Νικᾷ γὰρ ἕτερον ψήφισμα Φιλοκράτης, ἐν ᾧ κελεύει ἑλέσθαι δέκα πρέσβεις, οἵτινες, ἀφικόμενοι ὡς Φίλιππον, ἀξιώσουσιν αὐτὸν δεῦρο πρέσβεις αὐτοκράτορας ἀποστέλλειν πέμπειν ὑπὲρ εἰρήνης. Τούτων εἷς ἦν Δημοσθένης. Κἀκεῖθεν ἐπανήκων ἐπαινέτης ἦν τῆς εἰρήνης, καὶ ταὐτὰ τοῖς ἄλλοις πρέσβεσιν ἀπήγγελλε, καὶ μόνος τῶν βουλευτῶν ἔγραψε σπείσασθαι τῷ κήρυκι τῷ παρὰ τοῦ Φιλίππου, καὶ τοῖς πρέσβεσιν, ἀκόλουθα γράφων Φιλοκράτει. Ὁ μέν γε τὴν ἐξουσίαν δέδωκε τοῦ δεῦρο κήρυκα καὶ πρέσβεις πέμπεσθαι· ὁ δὲ τῇ πρεσβείᾳ σπένδεται. [64] Τὰ δὲ μετὰ ταῦτα ἤδη μοι σφόδρα προσέχετε τὸν νοῦν. Ἐπράττετο γὰρ οὐ πρὸς τοὺς ἄλλους πρέσβεις τὰ πολλὰ, συκοφαντηθέντας ὕστερον ἐκ μεταβολῆς ὑπὸ Δημοσθένους, ἀλλὰ πρὸς Φιλοκράτην καὶ Δημοσθένην, εἰκότως, τοὺς ἅμα μὲν πρεσβεύοντας, ἅμα δὲ τὰ ψηφίσματα γράφοντας, πρῶτον μὲν, ὅπως μὴ περιμενεῖτε τοὺς πρέσβεις, οὓς ἦτε ἐκπεπομφότες, παρακαλοῦντας ἐπὶ Φίλιππον, ἵνα, μὴ μετὰ τῶν Ἑλλήνων, ἀλλ’ ἰδίᾳ ποιήσαισθε τὴν εἰρήνην·[65] δεύτερον δ’, ὅπως μὴ μόνον εἰρήνην, ἀλλὰ καὶ συμμαχίαν εἶναι ψηφιεῖσθε πρὸς Φίλιππον, ἵν’, εἴ τινες προσέχοιεν τῷ πλήθει τῷ ὑμετέρῳ, εἰς τὴν ἐσχάτην ἐμπέσοιεν ἀθυμίαν, ὁρῶντες ὑμᾶς αὑτοὺς μὲν παρακαλοῦντας ἐπὶ τὸν πόλεμον, οἴκοι δὲ μὴ μόνον εἰρήνην, ἀλλὰ καὶ συμμαχίαν ἐψηφισμένους ποιεῖσθαι· τρίτον δὲ, ὅπως Κερσοβλέπτης ὁ Θρᾴκης βασιλεὺς μὴ ἔσται ἔνορκος, μηδέ μετέσται τῆς συμμαχίας καὶ τῆς εἰρήνης αὐτῷ· παρηγγέλλετο δ’ ἐπ’ αὐτὸν ἤδη στρατεία. [66] Καὶ ταῦθ’ ὁ μὲν ἐξωνούμενος οὐκ ἠδίκει (πρὸ γὰρ τῶν ὅρκων καὶ τῶν συνθηκῶν ἀνεμέσητον ἦν αὐτῷ πράττειν τὰ συμφέροντα), οἱ δ’ ἀποδόμενοι καὶ κατακοινωνήσαντες τὰ τῆς πόλεως ἰσχυρὰ, μεγάλης ὀργῆς ἦσαν ἄξιοι. Ὁ γὰρ μισαλέξανδρος νυνὶ φάσκων εἶναι, καὶ τότε μισοφίλιππος, Δημοσθένης, ὁ τὴν ξενίαν ἐμοὶ προφέρων τὴν Ἀλεξάνδρου, γράφει ψήφισμα, τοὺς καιροὺς τῆς πόλεως ὑφαιρούμενος, [67] ἐκκλησίαν ποιεῖσθαι τοὺς πρυτάνεις τῇ ὀγδόῃ ἱσταμένου τοῦ ἐλαφηβολιῶνος μηνός, ὅτε ἦν τῷ Ἀσκληπιῷ ἡ θυσία, καὶ ὅτε ἦν προαγών, ἐν τῇ ἱερᾷ ἡμέρᾳ, ὃ πρότερον οὐδεὶς μέμνηται γεγόμενον· τίνα πρόφασιν ποιησάμενος; Ἵνα, φησίν, ἐὰν παρῶσιν ἤδη οἱ Φιλίππου πρέσβεις, βουλεύσηται ὁ δῆμος ὡς τάχιστα περὶ τῶν πρὸς Φίλιππον πρέσβεων· τοῖς οὔπω παροῦσι πρέσβεσι προκαταλαμβάνων τὴν ἐκκλησίαν, καὶ τοὺς χρόνους ὑμῶν ὑποτεμνόμενος, καὶ τὸ πρᾶγμα κατασπεύδων, ἵνα μὴ μετὰ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων, ἐπανελθόντων τῶν ὑμετέρων πρέσβεων, ἀλλὰ μόνοι ποιήσησθε τὴν εἰρήνην. [68] Μετὰ ταῦτα, ὦ Ἀθηναῖοι, ἧκον οἱ τοῦ Φιλίππου πρέσβεις· οἱ δὲ ὑμέτεροι ἀπεδήμουν, παρακαλοῦντες τοὺς Ἕλληνας ἐπὶ Φίλιππον. Ἐνταῦθα ἕτερον ψήφισμα νικᾷ Δημοσθένης, ἐν ᾧ γράφει, μὴ μόνον ὑπὲρ εἰρήνης, ἀλλὰ καὶ περὶ συμμαχίας βουλεύσασθαι, μὴ περιμείναντας τοὺς πρέσβεις τοὺς ὑμετέρους, ἀλλ’ εὐθὺς μετὰ τὰ ἐν ἄστει Διονύσια τῇ ὀγδόῃ καὶ ἐνάτῃ ἐπὶ δέκα. Ὅτι δ’ ἀληθῆ λέγω, τῶν ψηφισμάτων ἀκούσατε.

[50] La manière dont je procède, est fort simple et facile à comprendre. Je dois, comme accusateur, démontrer que les éloges donnés à Démosthène sont faux, qu’il n’a jamais commencé, et qu’il ne continue pas maintenant à servir le peuple par ses actions et par ses discours. Si je démontre ce point, Ctésiphon assurément est condamnable, puisque toutes les lois défendent d’insérer des faussetés dans des actes publics. L’auteur du décret doit, comme accusé, établir ce que je détruis. Vous, Athéniens, vous jugerez de nos raisons. [51] Je commence. Il serait trop long, sans doute, de parcourir tous les détails de la vie privée de Démosthène : qu’est-il besoin, par exemple, de vous entretenir de sa blessure prétendue, de l’incision qu’il s’est faite lui-même à la tête, et de l’accusation qu’il a intentée, à ce sujet, devant l’Aréopage, contre Démomèle son parent ? Qu’est-il besoin de rapporter son procédé odieux à l’égard de Céphisodote, lorsque celui-ci, élu pour commander nos vaisseaux, partit pour l’Hellespont ? [52] Vous dirai-je comment Démosthène, qui était un des armateurs, qui avait l’amiral sur son navire, qui mangeait à la même table, participait aux mêmes libations et aux mêmes sacrifices, distinction flatteuse qu’il devait à une ancienne amitié entre les deux familles ; comment, dis-je, Démosthène osa se joindre aux accusateurs qui poursuivaient à mort ce citoyen comme criminel d’État ? Pourquoi vous rappellerais-je son affaire avec Midias, les soufflets qu’il en reçut en plein théâtre, au milieu de ses fonctions de chorège, la bassesse qui lui fit vendre trente mines, et l’affront qu’il avait essuyé, et la condamnation déjà prononcée par le peuple ? [53] Je crois devoir omettre ces faits et beaucoup d’autres pareils : non que je veuille, ou tromper votre attente, ou trahir ma cause ; mais j’appréhende que vous ne me reprochiez de rapporter des faits certains, à la vérité, mais trop anciens et trop connus. Cependant, Ctésiphon, un homme dans qui les actions les plus honteuses sont si avérées et si notoires, que le seul reproche à faire à l’accusateur est de rapporter des faits trop anciens et trop connus, un tel homme mérite-t-il d’être couronné ou blâmé ? Et vous qui avez le front de proposer des décrets contraires aux lois et à la vérité, devez-vous échapper à la sévérité des tribunaux, ou être puni par la république ? [54] Quant aux iniquités de Démosthène, dans le gouvernement, je tâcherai, Athéniens, de vous les exposer dans l’ordre le plus clair. J’apprends qu’il doit, lorsque ce sera son tour à parler, diviser en quatre parties le temps où il a gouverné la république. La première, dit-on, il la date de notre guerre avec Philippe au sujet d’Amphipolis, et il la termine à la conclusion de la paix et de l’alliance, que Philocrate a proposées de concert avec lui, comme je le prouverai par la suite. [55] La seconde, suivant sa division, commence au temps où nous avons joui de la paix, et finit au jour où lui-même qui avait rompu la paix, a proposé la guerre. La troisième s’étendra depuis le moment où nous avons repris les armes jusqu’à la bataille funeste de Chéronée. La quatrième, enfin, sera remplie par les circonstances présentes9 […]. [60] Écoutez-moi, de même, si quelques-uns de vous, par hasard, apportaient ici cet ancien préjugé, que Démosthène n’a jamais parlé pour Philippe, de concert avec Philocrate. Celui qui serait ainsi disposé, doit suspendre son jugement jusqu’à ce qu’il m’ait entendu ; la justice l’exige. Si donc, Athéniens, je vous rappelle, en peu de mots, toutes les circonstances ; si je vous présente le décret que Démosthène a proposé conjointement avec Phallocrate ; si le calcul de la vérité même convainc Démosthène d’avoir proposé, de concert avec Philocrate, plusieurs décrets dans les premières négociations de la paix10 et de l’alliance ; [61] d’avoir flatté Philippe avec la dernière bassesse ; de n’avoir pas attendu les députés envoyés aux Grecs contre ce prince ; d’avoir empêché le peuple de conclure la paix dans une assemblée de la nation ; d’avoir, enfin, livré à Philippe Kersoblepte, roi de Thrace, notre ami et notre allié : si je vous offre sur tous ces objets des preuves évidentes, je vous fais une demande des plus justes ; convenez, avec moi, je vous en supplie, que le premier temps de son administration n’est pas à l’abri de reproche. Je parlerai de façon que vous n’aurez pas de peine à me suivre. [62] Philocrate proposa un décret par lequel Philippe pouvait envoyer ici un héraut d’armes et des députés pour la paix et pour l’alliance : ce décret fut attaqué comme contraire aux lois. Le temps du jugement arriva : Lycine était accusateur, Philocrate accusé ; Démosthène défendait Philocrate, celui-ci fut absous. Quelque teins après (c’était sous l’archonte Thémistocle), Démosthène entre au sénat, en qualité de sénateur, dignité qu’il n’avait pas obtenue par le sort, mais à prix d’argent et par intrigue ; il entre afin de seconder, en tout, Philocrate par ses discours et par ses actions, comme sa conduite l’a prouvé. [63] Il fait passer, en effet, un second décret de Philocrate, dans lequel celui-ci demande que l’on choisisse dix députés qui joindront Philippe, et le prieront d’envoyer ici des plénipotentiaires pour la paix : Démosthène était un des députés. A son retour de Macédoine, il parlait hautement en faveur de la paix, et confirmait le rapport de ses collègues. Enfin, seul des sénateurs, il propose de conclure un traité avec le héraut d’armes et les députés de Philippe, se conformant, en cela, aux vues de Philocrate L’un avait permis à Philippe d’envoyer ici un héraut d’armes et des députés, l’autre conclut avec eux. [64] Mais écoutez la suite, et donnez-moi toute votre attention. Démosthène, s’étant brouillé avec ses collègues, et les ayant chargés de calomnies, intriguait à leur insu avec Philocrate ; ce qui ne doit pas étonner, puisqu’ils remplissaient l’ambassade et proposaient ensemble les décrets. Ils agissaient tous deux de concert, et voulaient, premièrement, que vous n’attendissiez pas les députés envoyés, par vous, aux Grecs, pour les animer contre Philippe, afin que, par-là, vous fissiez la paix seuls, et non avec les autres Grecs. [65] Ils voulaient, en second lieu, vous faire conclure avec le roi de Macédoine, non seulement la paix, mais une alliance, afin que les peuples de votre parti fussent entièrement découragés, en voyant que, vous-mêmes qui les animiez à la guerre, vous aviez déterminé chez vous non seulement la paix, mais une alliance. Ils voulaient, enfin, que Cersoblepte, roi de Thrace, ne fût pas compris dans le traité, et qu’il n’y eût aucune part ; cependant on armait déjà contre ce prince. [66] Celui qui achetait ces avantages, n’avait pas tort ; il lui était permis de ne pas négliger ses intérêts avant la conclusion du traité. Ceux qui lui vendaient, qui lui livraient les ressources de la république, méritaient seuls toute votre indignation. Ce Démosthène, qui se dit aujourd’hui l’ennemi d’Alexandre, qui se disait autrefois l’ennemi de Philippe ; cet anti-macédonien, qui me reproche l’amitié d’Alexandre, vous enlève adroitement l’avantage des circonstances. [67] Il propose un décret en vertu duquel les prytanes convoqueront une assemblée le huit du mois de Mai, jour consacré aux jeux et aux sacrifices en l’honneur d’Esculape, jour de fête, chose inouïe jusqu’alors, afin, disait-il (c’était son prétexte), afin qu’aussitôt que les députés de Philippe seront arrivés, vous délibériez, sans délai, sur ceux que vous enverrez à Philippe. Il proposait une assemblée pour des députés qui étaient encore en Macédoine ; et dérobant à la république un temps précieux, il précipitait les affaires pour que vous fissiez la paix seuls avant le retour de vos députés, et sans attendre l’acquiescement des autres peuples de la Grèce. [68] Après quoi, Athéniens, les députés de Philippe arrivèrent ; ceux qu’on avait envoyés aux Grecs pour les animer contre ce prince, étaient encore absents ; que fait Démosthène ? il fait passer un second décret, qui porte qu’on délibérera non seulement sur la paix, mais sur l’alliance, avant le retour de vos députés, aussitôt après les fêtes de Dionysos, le 18 et le 19 du mois. Pour preuve que je dis vrai, écoutez les décrets mêmes.

Eschine, Contre Ctésiphon, 54-68, trad. abbé Auger

La signature de la paix : l’alliance forcée entre Athènes et la Macédoine

 

La première assemblée des alliés proposait la paix et n’évoquait pas d’alliance. Tout cité grecque devait avoir la possibilité, dans les trois mois de s’inscrire aux côtés des Athéniens sur la même stèle. Cette idée d’un congrès pan­hellénique et d’une paix commune permettrait à Athènes, en cas de non-respect des traités et donc de conflit, de ne pas se trouver isolée face à Philippe. Mais, par la faute de Démosthène, toujours selon Eschine, le pire est arrivé. En réalité il n’y a pas intelligence entre Démosthène et Philippe. Démosthène n’ignorait pas les avantages d’un délai de trois mois pour la cause grecque. Face aux Macédoniens qui dictent leurs conditions de la paix – une paix bien pro­visoire, mais qui leur permet d’avoir les mains libres en Grèce centrale – il n’y pas d’autre solution, pour éviter la guerre que de signer la paix et d’accepter la si importante clause d’al­liance.

[71] Τούτῳ τῷ δόγματι συνειπεῖν ὁμολογῶ, καὶ πάντες οἱ ἐν τῇ προτέρᾳ τῶν ἐκκλησιῶν δημηγοροῦντες. Καὶ ὁ δῆμος ἀπῆλθε τοιοῦτόν τι ὑπειληφώς, ὡς ἔσται μὲν ἡ εἰρήνη, περὶ δὲ συμμαχίας οὐκ ἄμεινον εἴη, διὰ τὴν τῶν Ἑλλήνων παράκλησιν, βουλεύσασθαι, ἔσται δὲ κοινῇ μετὰ τῶν Ἑλλήνων ἁπάντων. Νὺξ ἐν μέσῳ, καὶ παρῆμεν τῇ ὑστεραίᾳ εἰς τὴν ἐκκλησίαν. Ἐνταῦθα δὴ προκαταλαβὼν Δημοσθένης τὸ βῆμα, οὐδενὶ τῶν ἄλλων παραλιπὼν λόγον, οὐδὲν ὄφελος ἔφη τῶν χθὲς εἰρημένων εἶναι λόγων, ἐὰν ταῦθ’ οἱ Φιλίππου μὴ συμπεισθήσονται πρέσβεις, οὐδὲ γιγνώσκειν ἔφη τὴν εἰρήνην, ἀπούσης συμμαχίας· [72] οὐ γὰρ ἔφη δεῖν [καὶ γὰρ τὸ ῥῆμα μέμνημαι ὡς εἶπε, διὰ τὴν ἀηδίαν τοῦ λέγοντος ἅμα καὶ τοῦ ὀνόματος] ἀπορρῆξαι τῆς εἰρήνης τὴν συμμαχίαν, οὐδὲ τὰ τῶν Ἑλλήνων ἀναμένειν μελλήματα, ἀλλ’ ἢ πολεμεῖν αὐτούς, ἢ τὴν εἰρήνην ἰδίᾳ ποιεῖσθαι. Καὶ τελευτῶν ἐπὶ τὸ βῆμα καλέσας Ἀντίπατρον, ἐρώτημά τι ἠρώτα, προειπὼν μὲν ἃ ἐρήσεται, προδιδάξας δὲ ἃ χρὴ κατὰ τῆς πόλεως ἀποκρίνασθαι· καὶ, τέλος, ταῦτα ἐνίκα, τῷ μὲν λόγῳ προσβιασαμένου Δημοσθένους, τὸ δὲ ψήφισμα γράψαντος Φιλοκράτους. [73] Ὃ δὲ ἦν ὑπόλοιπον αὐτοῖς, Κερσοβλέπτην καὶ τὸν ἐπὶ Θρᾴκης τόπον ἔκδοτον ποιῆσαι, καὶ τοῦτ’ ἔπραξαν ἕκτῃ φθίνοντος τοῦ Ἐλαφηβολιῶνος, πρὶν ἐπὶ τὴν ὑστέραν ἀπαίρειν πρεσβείαν τὴν ἐπὶ τοὺς ὅρκους, Δημοσθένην. Ὁ γὰρ μισαλέξανδρος καὶ μισοφίλιππος ἡμῖν οὑτοσὶ ῥήτωρ δὶς ἐπρέσβευσεν ἐν Μακεδονίᾳ, ἐξὸν μηδὲ ἅπαξ, ὁ νυνὶ κελεύων τῶν Μακεδόνων καταπτύειν. Εἰς δὲ τὴν ἐκκλησίαν [τὴν τῇ ἕκτῃ λ’εγω] καθεζόμενος, βουλευτὴς ὢν ἐκ παρασκευῆς, ἔκδοτον Κερσοβλέπτην μετὰ Φιλοκράτους ἐποίησε. [74] Λανθάνει γὰρ ὁ μὲν Φιλοκράτης ἐν ψηφίσματι μετὰ τῶν ἄλλων παρεγγράψας, ὁ δ’ ἐπιψηφίσας, Δημοσθένης, ἐν ᾧ γέγραπται, ἀποδοῦναι τοὺς ὅρκους τοῖς πρέσβεσι τοῖς παρὰ Φιλίππου ἐν τῇδε τῇ ἡμέρᾳ τοὺς συνέδρους τῶν συμμάχων· παρὰ δὲ Κερσοβλέπτου σύνεδρος οὐκ ἐκάθητο· γράψας δὲ τοὺς συνεδρεύοντας ὀμνύναι, τὸν Κερσοβλέπτην οὐ συνεδρεύοντα ἐξέκλῃσε τῶν ὅρκων. [75] Ὅτι δ’ ἀληθῆ λέγω, ἀνάγνωθί μοι, τίς ἦν ὁ ταῦτα γράψας, καὶ τίς ὁ ἐπιψηφίσασ. ΨΗΦΙΣΜΑ. ΠΡΟΕΔΡΟΣ Καλόν, ὦ Ἀθηναῖοι, καλὸν ἡ τῶν δημοσίων γραμμάτων φυλακή. Ἀκίνητον γάρ ἐστι, καὶ οὐ συμμεταπίπτει τοῖς αὐτομολοῦσιν ἐν τῇ πολιτείᾳ, ἀλλ’ ἀπέδωκε τῷ δήμῳ, ὁπόταν βούληται, συνιδεῖν τοὺς πάλαι μὲν πονηρούς, ἐκ μεταβολῆς δ’ ἀξιοῦντας εἶναι χρηστούς. [76] Ὑπόλοιπον δ’ ἐστί μοι τὴν κολακείαν διεξελθεῖν. Δημοσθένης γὰρ, ἐνιαυτὸν βουλεύσας, οὐδεμίαν πώποτε φανήσεται πρεσβείαν εἰς προεδρίαν καλέσας, ἀλλὰ τότε, μόνον καὶ πρῶτον, πρέσβεις εἰς προεδρίαν ἐκάλεσε, καὶ προσκεφάλαια ἔθηκε, καὶ φοινικίδας περιεπέτασε, καὶ ἅμα τῇ ἡμέρᾳ ἡγεῖτο τοῖς πρέσβεσιν εἰς τὸ θέατρον, ὥστε καὶ συρίττεσθαι διὰ τὴν ἀσχημοσύνην καὶ κολακείαν. Καὶ ὅτε ἀπῄεσαν εἰς Θήβας, ἐμισθώσατο αὐτοῖς τρία ζεύγη ὀρεικὰ, καὶ τοὺς πρέσβεις προὔπεμψεν εἰς Θήβας, καταγέλαστον τὴν πόλιν ποιῶν. Ἵνα δ’ ἐπὶ τῆς ὑποθέσεως μείνω, λαβέ μοι τὸ ψήφισμα τὸ περὶ τῆς προεδρίασ. ΨΗΦΙΣΜΑ.

[71] Je me déclarai, je l’avoue, pour ce décret, et je fus imité par ceux qui avaient harangué le peuple dans la première assemblée ; le peuple, en un mot, se sépara convaincu qu’on ferait la paix, et qu’on la ferait conjointement avec toute la Grèce, mais qu’il n’était pas à propos de parler d’alliance, à cause de la sollicitation faite aux Grecs. Une nuit se passe, on s’assemble le lendemain. Alors Démosthène, s’emparant de la tribune, et ne laissant à personne la liberté de parler, commence par attaquer tout ce qu’on avait dit la veille ; qu’en vain on prenait des arrangements, si l’on n’y faisait consentir les députés de Philippe11 ; qu’il ne connaissait pas de paix sans alliance. [72] Il ne faut pas, disait-il, [je me souviens encore de l’expression, elle m’a frappé par l’odieux du mot et de la personne] il ne faut pas ARRACHER l’alliance de la paix, ni attendre les lenteurs des autres Grecs, mais faire la guerre ou conclure la paix séparément. Il finit par adresser la parole à Antipater de dessus la tribune, après avoir concerté avec lui les questions et les réponses contre les intérêts de la république. On vit passer, enfin, ce que Démosthène avait emporté par ses déclamations, et ce que Philocrate avait proposé dans un décret. [73] Il leur restait encore à livrer la Thrace avec son roi Kersoblepte. Ils le firent aussi le 25e jour du mois de Mai, avant que Démosthène partit pour la seconde ambassade où la paix devait être conclue. Car, ce grand ennemi de Philippe et d’Alexandre, cet orateur qui affecte aujourd’hui de décrier les Macédoniens12, a fait deux ambassades en Macédoine, quoique rien ne l’obligeât d’en accepter une seule. Sénateur, par intrigue, présent à l’assemblée, je dis celle du 25, il livra Kersoblepte de concert avec Philocrate. [74] En effet, sans qu’on s’en aperçût, Philocrate inséra dans son décret, et Démosthène fit passer l’article fatal à ce prince. Cet article porte que les députés des alliés prêteront serment, le même jour, entre les mains des députés de Philippe ; or, n’admettre au serment que ceux qui avaient des députés, c’était en exclure Kersoblepte, qui n’en avait point. [75] Pour preuve de ce que j’avance, qu’on nous lise le nom du citoyen qui a proposé le décret, et celui du proèdre qui l’a fait passer. On lit le décret et le nom du proèdre. Qu’il est beau, Athéniens, qu’il est beau l’établissement des archives publiques ! Les écrits qu’on y dépose, monuments ineffaçables, ne varient pas au gré de ces traîtres qui changent si aisément de parti : ils fournissent au peuple les moyens de connaître, quand il voudra, ces hommes qui après une administration criminelle, se déguisent tout à coup en citoyens vertueux. [76] Il me reste à vous parler de sa basse flatterie. On ne verra jamais que, dans le cours de l’année où il était sénateur, il ait accordé la préséance à aucun député : il l’accorda cependant alors, pour la première et la seule fois, aux députés de Philippe ; il leur fit apporter des coussins, et fit étendre devant eux des tapis de pourpre ; dès le point du jour, il les conduisit lui-même au théâtre ; en sorte que ces basses et indignes complaisances lui attiraient les huées du peuple. Lorsqu’ils partirent pour Thèbes, ce fut lui qui fit le marché pour les voitures ; il les accompagna jusqu’à Thèbes, à la honte et à la confusion de sa patrie. Mais, pour ne point m’écarter de mon sujet, greffier, lisez-nous le décret qui concerne la préséance. On lit le décret.

Eschine, Contre Ctésiphon, 71-76, trad. abbé Auger.

Le procès d’Eschine, symptomatique des tensions liées à la paix de Philocrate

 

Philocrate, l’ami d’Eschine, est accusé et convaincu par Hypéride d’être de connivence avec l’ennemi et d’avoir mal conseillé le peuple. Au moment du procès, Philocrate prit la fuite pour échapper à la mort. Eschine à son tour fut cité de­vant un tri­bunal. Les trois principales accusations de Démosthène sont graves : Eschine est accusé d’avoir, par des faux rap­ports, trompé le peuple sur les véritables intentions de Philippe – ce dernier, pré­senté comme hostile aux Thébains et ami des Athéniens, a pu ainsi s’emparer des Thermopyles, zone stra­tégique de première importance pour Athènes, et s’attaquer aux Phocidiens –, d’avoir par ses lenteurs fait perdre à la cité des occasions d’action, d’avoir enfin reçu de l’or pour agir de la sorte. Les conséquences de l’appui d’Eschine à la mo­tion de Philocrate étaient en effet lourdes. Echine doit expliquer devant les Thesmothètes13 et tenter de justifier son rôle au cours de la seconde ambassade. Pour Démosthène, Eschine est un traître qui prépare la voie à Philippe. Démosthène avait réclamé la peine de mort ou tout au moins l’amimie15. Eschine dans sa défense – Sur l’ambassade – esquive avec habileté les questions essen­tielles et s’attaque directement à Démosthène. Soutenu par Eubule et Phocion, il fut acquitté à une majorité de trente voix.         

« Mais je me suis trouvé associé, dans une fonction publique, à un homme fourbe et méprisable au-delà de toute expression, qui ne saurait, même involontairement, dire un seul mot de vérité. Quand il ment, il commence par jurer sur ses yeux effrontés ; puis, d’une chose qui n’est pas il affirme qu’elle est : il fait plus, il dit le jour où elle serait arrivée, et il ajoute le nom qu’il invente, d’un témoin qui se serait trouvé là par hasard, contrefaisant le langage de la vérité même. Une seule chose nous sauve, nous les innocents, c’est qu’avec ses manières de charlatan, son art d’arranger les mots, il n’a pas le sens commun. Considérez, en effet, la sottise et la grossièreté de cet homme, qui a forgé contre moi, à propos de la femme d’Olynthe, une si odieuse calomnie, que vous l’avez arraché de la tribune au milieu même de son discours. Celui qu’il accusait ainsi, et devant des auditeurs qui le connaissaient, s’était, en effet, tenu toujours complètement éloigné de pa­reilles infamies. Et voyez comme il préparait de longue main cette accusation. Il y a parmi les étrangers venus se fixer chez nous un certain Aristophane d’Olynthe. Démosthène lui est pré­senté par quelques personnes, apprend qu’il sait parler, et alors le comble de politesses, de séductions, pour l’engager à porter contre moi devant vous un faux témoignage : il promet de lui donner, s’il veut paraître de­vant les juges et leur dire en gémissant que j’ai outragé dans l’ivresse sa propre femme, qui était captive, cinq cents drachmes tout de suite, et cinq cents autres après sa déposition. Aristophane – il le racontait lui-même – répondit à ce fourbe que sur sa situation d’exilé, sur son dénuement, ses conjectures loin d’être fausses, étaient aussi exactes que possible, mais que, sur son caractère, il s’était absolument trompé : et il lui dé­clara qu’il ne ferait rien de pareil. Pour prouver ce que je dis, je ferai paraître comme témoin Aristophane lui-même. Appelle-moi donc Aristophane d’Olynthe, et lis sa déposition. Appelle aussi ceux qui lui ont entendu racon­ter cette his­toire et me l’ont rapportée, Derkylos d’Hagnonte, fils d’Autoclès, et Aristide de Képhisia, fils d’Euphilètos. [Témoignages] Vous entendez les serments et les dépositions des témoins. Rappelez-vous maintenant ces abominables artifices de rhéteur qu’il enseigne à la jeunesse, et dont il use aujourd’hui contre moi : comment, par exemple, versant des larmes, gémissant sur la Grèce, et louant l’acteur comique Satyros d’avoir obtenu de Philippe, dans un banquet, la liberté de quelques hôtes à lui, qui étaient prisonniers et travaillaient chargés de fer aux vignes du roi, il est parti de là pour enfler cette voix aigre et impudente qu’on lui connaît, et demander s’il n’était pas inouï qu’un acteur habitué à jouer les Carions et les Xanthias se montrât si noble, si magnanime, et que moi ministre d’une grande cité, moi qui donnais des conseils aux Dix-Mille en Arcadie, je n’aie pas su contenir ma violence, mais que, échauffé par le vin, à la table où nous recevait Xénodochos, l’un des courti­sans de Philippe, j’aie traîné par les cheveux et, des lanières à la main, fouetté une captive. Si donc vous aviez ajouté foi à ses paroles, ou si Aristophane avait voulu se faire contre moi le complice de ses calom­nies, j’aurais indignement succombé sous le poids d’accusations honteuses. Cet impie, qui attire sur lui le malheur – puisse-t-il ne pas l’attirer sur la cité ! – souffrirez-vous qu’il demeure au milieu de vous ! Quoi ? vous purifiez l’assemblée du peuple : et c’est en vertu de décrets proposés par cet homme que vous ordonnerez des supplications ou des expéditions sur mer et sur terre ? et cependant, Hésiode le dit : “Souvent une ville entière a partagé le sort d’un mauvais citoyen qui agit mal et médite des projets insensés”. »

Eschine, Sur l’ambassade, 153-158.

L’avertissement de Démosthène contre la menace grandissante de la Macédoine

 

344-343. Pour Démosthène, si Philippe soutient, dans le Péloponnèse, les alliés des Thébains contre les Spartiates, c’est pour se faire des alliés contre Athènes.

[23] Ὑμεῖς δ’ ἔφην ἐγώ, ‘διδόντα μὲν καὶ ὑπισχνούμενον θεωρεῖτε Φίλιππον, ἐξηπατηκότα δ’ ἤδη καὶ παρακεκρουμένον ἀπεύχεσθε, εἰ σωφρονεῖτε δή, ἰδεῖν. Ἔστι τοίνυν νὴ Δί’,’ ἔφην ἐγώ, ‘παντοδαπὰ εὑρημένα ταῖς πόλεσιν πρὸς φυλακὴν καὶ σωτηρίαν, οἷον χαρακώματα καὶ τείχη καὶ τάφροι καὶ τἄλλ’ ὅσα τοιαῦτα. [24] Καὶ ταῦτα μέν ἐστιν ἅπαντα χειροποίητα καὶ δαπάνης προσδεῖται· ἓν δέ τι κοινὸν ἡ φύσις τῶν εὖ φρονούντων ἐν αὑτῇ κέκτηται φυλακτήριον, ὃ πᾶσι μέν ἐστ’ ἀγαθὸν καὶ σωτήριον, μάλιστα δὲ τοῖς πλήθεσι πρὸς τοὺς τυράννους. Τί οὖν ἐστι τοῦτο; Ἀπιστία. Ταύτην φυλάττετε, ταύτης ἀντέχεσθε· ἂν ταύτην σῴζητε, οὐδὲν μὴ δεινὸν πάθητε. Τί ζητεῖτ’;’ ἔφην. [25] ‘Ἐλευθερίαν; Εἶτ’ οὐχ ὁρᾶτε Φίλιππον ἀλλοτριωτάτας ταύτῃ καὶ τὰς προσηγορίας ἔχοντα; Βασιλεὺς γὰρ καὶ τύραννος ἅπας ἐχθρὸς ἐλευθερίᾳ καὶ νόμοις ἐναντίος. Οὐ φυλάξεσθ’ ὅπως,’ ἔφην, ‘μὴ πολέμου ζητοῦντες ἀπαλλαγῆναι δεσπότην εὕρητε ;’

[23] Pour vous, leur disais-je, vous voyez Philippe vous donner et vous promettre ; priez les dieux, si vous êtes sages, de ne pas voir bientôt qu’il vous a joués et indignement trompés. On a inventé beaucoup d’ouvrages pour défendre les villes, et les mettre à l’abri d’insulte ; des remparts, des murs, des fossés, des fortifications de mille espèces, [24] qui toutes exigent la main des hommes et des frais immenses. Le bon politique trouve en lui-même une arme défensive, commune à tous utile et salutaire principalement aux villes libres contre l’ambition des rois. Et quelle est cette arme ? la défiance. Portez-la toujours avec vous ayez soin de vous en couvrir : tant que vous ne la quitterez pas, vous n’avez rien à craindre. Car enfin, leur disais-je, que désirez-vous le plus ? [25] n’est-ce pas la liberté ? Mais ne voyez-vous pas que les titres même dont Philippe s’honore sont contraires à cette liberté, l’objet de vos voeux ? Oui, tout prince et tout monarque est naturellement ennemi de l’indépendance et des lois. Prenez garde, Messéniens, qu’en cherchant à éviter la guerre, vous ne rencontriez la servitude.

Démosthène, Deuxième Philippique, 23-25

Philippe de Macédoine conquiert la Thrace, accroissant la pression contre Athènes

Carte 7 - L'intensification de la pression macédonienne

 

 

342. Dernières offres de paix de Philippe aux Athéniens. Début de la campagne de Thrace de Philippe.

Les progrès que le roi de Macédoine avait faits dans toutes les directions, dans le Péloponnèse, en Eubée, en Thrace notamment, sont source d’inquiétude pour les Athéniens. Son dessein est d’assurer sa suprématie en Grèce et dans la presqu’île de l’Hémos pour rendre possible plus tard son invasion de l’Asie. Pour ce faire, la conquête de tous les royaumes thraces et la soumission des cités grecques de la Propontide et du Bosphore, Périnthe et Byzance – ses futures bases d’opérations – sont nécessaires. Or, de ce fait, Philippe mena­çait directement les routes commerciales et stratégiques d’Athènes et son ravitail­le­ment indispensable : en effet l’essentiel du blé athénien venait du Pont-Euxin par les détroits du Bosphore. C’est pour cette raison qu’Athènes occupait depuis longtemps la Chersonèse de Thrace.

Or, selon Démosthène, face à ces dangers, le peuple est sans réaction. Face à l’invasion de la Thrace par Philippe, durant l’hiver 342, Athènes a envoyé Diopithès et des mercenaires15, mais sans aucun crédit. Et pourtant, comme l’a souligné Démosthène avec énergie, il s’agit d’une zone essentielle pour la survie de la cité. Pour rétribuer ses troupes le stratège est obligé à se livrer à des exactions et à vivre sur le pays. Ainsi il capture des vaisseaux de commerce, lève des tributs…

On comprend pourquoi Démosthène prend la défense de Diopithès, comme il le fera encore dans la Troisième Philippique.

[21] Βούλομαι τοίνυν [ὑμᾶς] μετὰ παρρησίας ἐξετάσαι τὰ παρόντα πράγματα τῇ πόλει, καὶ σκέψασθαι τί ποιοῦμεν αὐτοὶ νῦν καὶ ὅπως χρώμεθ’ αὐτοῖς. Ἡμεῖς οὔτε χρήματ’ εἰσφέρειν βουλόμεθα, οὔτ’ αὐτοὶ στρατεύεσθαι, οὔτε τῶν κοινῶν ἀπέχεσθαι δυνάμεθα, οὔτε τὰς συντάξεις Διοπείθει δίδομεν, οὔθ’ ὅσ’ ἂν αὐτὸς αὑτῷ πορίσηται ἐπαινοῦμεν· [22] ἀλλὰ βασκαίνομεν καὶ σκοποῦμεν πόθεν, καὶ τί μέλλει ποιεῖν, καὶ πάντα τὰ τοιαυτί, οὔτ’, ἐπειδήπερ οὕτως ἔχομεν, τὰ ἡμέτερ’ αὐτῶν πράττειν ἐθέλομεν, ἀλλ’ ἐν μὲν τοῖς λόγοις τοὺς τῆς πόλεως λέγοντας ἄξι’ ἐπαινοῦμεν, ἐν δὲ τοῖς ἔργοις τοῖς ἐναντιουμένοις τούτοις συναγωνιζόμεθα. [23] Ὑμεῖς μὲν τοίνυν εἰώθαθ’ ἑκάστοτε τὸν παριόντ’ ἐρωτᾶν, « Τί οὖν χρὴ ποιεῖν; » Ἐγὼ δ’ ὑμᾶς ἐρωτῆσαι βούλομαι, « Τί οὖν χρὴ λέγειν; » Εἰ γὰρ μήτ’ εἰσοίσετε, μήτ’ αὐτοὶ στρατεύσεσθε, μήτε τῶν κοινῶν ἀφέξεσθε, μήτε τὰς συντάξεις δώσετε, μήθ’ ὅσ’ ἂν αὐτὸς αὑτῷ πορίσηται ἐάσετε, μήτε τὰ ὑμέτερ’ αὐτῶν πράττειν ἐθελήσετε, οὐκ ἔχω τί λέγω. Οἱ γὰρ ἤδη τοσαύτην ἐξουσίαν τοῖς αἰτιᾶσθαι καὶ διαβάλλειν βουλομένοις διδόντες, ὥστε καὶ περὶ ὧν φασι μέλλειν αὐτὸν ποιεῖν, καὶ περὶ τούτων προκατηγορούντων ἀκροᾶσθαι, τί ἄν τις λέγοι ; [24] Ὅ τι τοίνυν δύναται ταῦτα ποιεῖν, ἐνίους μαθεῖν ὑμῶν δεῖ. Λέξω δὲ μετὰ παρρησίας· καὶ γὰρ οὐδ’ ἂν ἄλλως δυναίμην. Πάντες ὅσοι πώποτ’ ἐκπεπλεύκασι παρ’ ὑμῶν στρατηγοί - ἢ ἐγὼ πάσχειν ὁτιοῦν τιμῶμαι - καὶ παρὰ Χίων καὶ παρ’ Ἐρυθραίων καὶ παρ’ ὧν ἂν ἕκαστοι δύνωνται, τούτων τῶν τὴν Ἀσίαν οἰκούντων λέγω, χρήματα λαμβάνουσιν. [25] Λαμβάνουσι δ’ οἱ μὲν ἔχοντες μίαν ἢ δύο ναῦς ἐλάττονα, οἱ δὲ μείζω δύναμιν πλείονα. Καὶ διδόασιν οἱ διδόντες οὔτε τὰ μικρὰ οὔτε τὰ πολλὰ ἀντ’ οὐδενός - οὐ γὰρ οὕτω μαίνονται -, ἀλλ’ ὠνούμενοι μὴ ἀδικεῖσθαι τοὺς παρ’ αὑτῶν ἐκπλέοντας ἐμπόρους, μὴ συλᾶσθαι, παραπέμπεσθαι τὰ πλοῖα τὰ αὑτῶν, τὰ τοιαῦτα· φασὶ δ’ εὐνοίας διδόναι, καὶ τοῦτο τοὔνομ’ ἔχει τὰ λήμματα ταῦτα. [26] Καὶ δὴ καὶ νῦν τῷ Διοπείθει στράτευμ’ ἔχοντι σαφῶς ἐστι τοῦτο δῆλον ὅτι δώσουσι χρήματα πάντες οὗτοι· πόθεν γὰρ οἴεσθ’ ἄλλοθεν τὸν μήτε λαβόντα παρ’ ὑμῶν μηδὲν μήτ’ αὐτὸν ἔχονθ’ ὁπόθεν μισθοδοτήσει, στρατιώτας τρέφειν ; Ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ; Οὐκ ἔστι ταῦτα· ἀλλ’ ἀφ’ ὧν ἀγείρει καὶ προσαιτεῖ καὶ δανείζεται, ἀπὸ τούτων διάγει. […] [29] ἀλλ’ ἐπὶ μὲν τοὺς ἐχθρούς, οὓς οὐκ ἔστι λαβεῖν ὑπὸ τοῖς νόμοις, καὶ στρατιώτας τρέφειν καὶ τριήρεις ἐκπέμπειν καὶ χρήματ’ εἰσφέρειν δεῖ καὶ ἀναγκαῖόν ἐστιν, ἐπὶ δ’ ἡμᾶς αὐτοὺς ψήφισμα, εἰσαγγελία, πάραλος ταῦτ’ ἔστιν. Ταῦτ’ ἦν εὖ φρονούντων ἀνθρώπων, ἐπηρεαζόντων δὲ καὶ διαφθειρόντων τὰ πράγμαθ’ ἃ νῦν οὗτοι ποιοῦσιν.

[21] je vais vous répondre avec sincérité, et vous mettre sous les yeux l’état présent de notre ville, et les désordres de notre conduite actuelle. Nous n’avons ni la volonté de contribuer de nos biens, ni le courage de nous mettre en campagne ; avides pour nous des revenus publics, nous laissons notre général manquer d’argent ; au lieu de lui savoir gré de l’abondance qu’il se procure lui-même, [22] nous nous attachons à observer ses démarches, à décrier ses entreprises, à blâmer les moyens dont il use pour réussir, et ainsi du reste. Disposés de la sorte, nous ne pouvons nous résoudre à ne nous mêler que de ce qui nous regarde ; nous louons les ministres zélés pour notre gloire, en même temps que nous soutenons ceux qui combattent leurs avis. [23] Vous êtes dans l’usage de demander à vos orateurs quand ils montent à la tribune, que but-il donc faire ? je vous demanderai moi, que faut-il donc dire ? car si sous continuez à ne pas contribuer de vos biens, à ne pas vous mettre en compagne, à dissiper les revenus publics, à laisser manquer d’argent votre général, à lui faire un crime de l’abondance qu’il se procure lui-même ; si-vous persévérez dans ce désordre, sans pouvoir vous résoudre à ne vous mêler que de ce qui vous regarde, je ne sais que vous dire. Que si en ce jour vous permettez même aux calomniateurs de Diopithès de l’accuser sur les projets qu’on lui prête, si vous daignez écouter leurs plaintes, que vous dira-t-on ? [24] il faut vous apprendre ce que vous gagneriez à suivre leurs conseils je vous parlerai avec franchise, je ne le pourrais autrement. Tous les généraux qui partent de vos ports [j’attesterais ce fait à mes plus grands risques] reçoivent une contribution des habitants de Chios et d’Érythres, et de tous ceux qu’ils peuvent, je dis des Grecs asiatiques. [25] S’ils n’ont qu’un ou deux vaisseaux, la contribution est légère ; elle est plus considérable, s’ils ont un plus grand nombre de navires. Les peuples qui leur donnent peu ou beaucoup, ne sont point assez insensés pour le faire sans intérêt ; ils achètent d’eux, par exemple, la liberté et la sûreté de leur commerce maritime, l’avantage d’être escortés et défendus contre les pirates. C’est par cette affection, disent-ils, qu’ils nous donnent ; c’est à titre de présents qu’ils nous fournissent des subsides. [26] Il est certain qu’aujourd’hui encore ils en fourniront tous à Diopithès qu’ils voient à la tête d’une armée. Car ne recevant rien d’ici, et n’ayant rien pour lui-même, où voulez-vous qu’il prenne le pain des soldats ? lui viendra-t-il du ciel ? il ne peut l’espérer. Il les nourrit donc de ce qu’il prend, de ce qu’on lui donne et de ce qu’il emprunte. […] [29] C’est contre les ennemis, sur lesquels nos lois n’ont aucune prise, qu’il faut entretenir des troupes, armer des flottes, lever des subsides ; et il le faut de toute nécessité ! un décret, un acte d’accusation, l’envoi de la Parolos16, voilà ce qui suffit contre nous autres : C’est là ce qui suffisait contre Diopithès, et ce que devaient proposer des hommes sages. Ce qu’on vous propose maintenant, ne peut venir en pensée qu’à des traîtres gagés pour vous nuire.

Démosthène, Sur les affaires de Chersonèse, 21-29, trad. abbé Auger

L’ennemi est bien Philippe.

[43] Πρῶτον μὲν δὴ τοῦτο δεῖ, ἐχθρὸν ὑπειληφέναι τῆς πολιτείας καὶ τῆς δημοκρατίας ἀδιάλλακτον ἐκεῖνον· εἰ γὰρ μὴ τοῦτο πεισθήσεσθε ταῖς ψυχαῖς, οὐκ ἐθελήσεθ’ ὑπὲρ τῶν πραγμάτων σπουδάζειν· δεύτερον δ’ εἰδέναι σαφῶς ὅτι πάνθ’ ὅσα πραγματεύεται καὶ κατασκευάζεται νῦν, ἐπὶ τὴν ἡμετέραν πόλιν παρασκευάζεται, καὶ ὅπου τις ἐκεῖνον ἀμύνεται, ἐνταῦθ’ ὑπὲρ ἡμῶν ἀμύνεται. [44] Οὐ γὰρ οὕτω γ’ εὐήθης οὐδεὶς ὃς ὑπολαμβάνει τὸν Φίλιππον τῶν μὲν ἐν Θρᾴκῃ κακῶν - τί γὰρ ἂν ἄλλο τις εἴποι Δρογγίλον καὶ Καβύλην καὶ Μάστειραν καὶ ἃ νῦν ἐξαιρεῖ καὶ κατασκευάζεται; - τούτων μὲν ἐπιθυμεῖν καὶ ὑπὲρ τοῦ ταῦτα λαβεῖν καὶ πόνους καὶ χειμῶνας καὶ τοὺς ἐσχάτους κινδύνους ὑπομένειν, [45] τῶν δ’ Ἀθηναίων λιμένων καὶ νεωρίων καὶ τριήρων καὶ τῶν ἔργων τῶν ἀργυρείων καὶ τοσούτων προσόδων οὐκ ἐπιθυμεῖν, ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὑμᾶς ἐάσειν ἔχειν, ὑπὲρ δὲ τῶν μελινῶν καὶ τῶν ὀλυρῶν τῶν ἐν τοῖς Θρᾳκίοις σιροῖς ἐν τῷ βαράθρῳ χειμάζειν. Οὐκ ἔστι ταῦτα, ἀλλὰ κἀκεῖν’ ὑπὲρ τοῦ τούτων γενέσθαι κύριος καὶ τἄλλα πάντα πραγματεύεται.

[43] Nous en conséquence, nous, devons d’abord regarder [Philippe] comme l’ennemi irréconciliable de toute démocratie, et nous bien convaincre d’une vérité qui nous fera donner aux affaires toute l’attention qu’elles demandent. Nous devons ensuite tenir pour certain, que c’est contre Athènes qu’il dispose, et dirige toutes ses batteries, et que dans quelque endroit qu’on cherche à l’arrêter, on agit pour nous. [44] Nul de vous, en effet, n’est assez simple pour croire que de misérables villages dans la Thrace [car de quel autre nom appeler Drongilos, Cabylé, Mastira, et d’autres places qu’il a prises ou qu’il veut prendre ?] Que de telles conquêtes fassent l’objet de ses vœux ? et que pour elles il brave frimas, travaux, dangers. [45] Quoi ! les ports de notre ville, ses arsenaux, ses galères, ses mines d’argent, ses revenus immenses, il les dédaignerait, il vous en laisserait possesseurs paisibles ; et pour le seigle et le millet de la Thrace, il irait s’ensevelir dans des contrées affreuses, au milieu des glaces et des neiges ! non, il n’en est pas ainsi, mais c’est pour s’emparer d’Athènes et de tous les avantages dont elle est en possession, qu’il agit dans la Thrace et ailleurs.

Démosthène, Sur les affaires de Chersonèse, 43-45, trad. J.F. Stievenart

341. Philippe occupe Cardia, il progresse en Thrace et menace Byzance, pourtant encore son alliée. Il place des tyrans à sa solde en Eubée, aux portes d’Athènes. Les avertissements de Démosthène se font de plus en plus éner­giques. Il faut associer tous les Grecs aux efforts de résistance d’Athènes, lutter contre l’aveuglement général qui conduit à choisir la solution la plus facile. Il n’y a plus de choix entre la paix et la guerre : Philippe est déjà en état de guerre contre Athènes, et le but visé n’est pas une hégémonie sem­blable à celle qu’ont exer­cée Athènes, Sparte ou Thèbes17, mais une domination absolue. Par ailleurs, non seule­ment la vénalité a maintenant une importance essen­tielle dans la politique, mais les mé­thodes et les techniques mêmes de la guerre ont changé. Et cela est un atout pour le roi de Macédoine.

[47] Ἔστι τοίνυν τις εὐήθης λόγος παρὰ τῶν παραμυθεῖσθαι βουλομένων τὴν πόλιν, ὡς ἄρ´ οὔπω Φίλιππός ἐστιν οἷοί ποτ´ ἦσαν Λακεδαιμόνιοι, οἳ θαλάττης μὲν ἦρχον καὶ γῆς ἁπάσης, βασιλέα δὲ σύμμαχον εἶχον, ὑφίστατο δ´ οὐδὲν αὐτούς· ἀλλ´ ὅμως ἠμύνατο κἀκείνους ἡ πόλις καὶ οὐκ ἀνηρπάσθη. Ἐγὼ δ´ ἁπάντων ὡς ἔπος εἰπεῖν πολλὴν εἰληφότων ἐπίδοσιν, καὶ οὐδὲν ὁμοίων ὄντων τῶν νῦν τοῖς πρότερον, οὐδὲν ἡγοῦμαι πλέον ἢ τὰ τοῦ πολέμου κεκινῆσθαι κἀπιδεδωκέναι. [48] Πρῶτον μὲν γὰρ ἀκούω Λακεδαιμονίους τότε καὶ πάντας τοὺς ἄλλους, τέτταρας μῆνας ἢ πέντε, τὴν ὡραίαν αὐτήν, ἐμβαλόντας ἂν καὶ κακώσαντας τὴν χώραν ὁπλίταις καὶ πολιτικοῖς στρατεύμασιν ἀναχωρεῖν ἐπ´ οἴκου πάλιν· οὕτω δ´ ἀρχαίως εἶχον, μᾶλλον δὲ πολιτικῶς, ὥστ´ οὐδὲ χρημάτων ὠνεῖσθαι παρ´ οὐδενὸς οὐδέν, ἀλλ´ εἶναι νόμιμόν τινα καὶ προφανῆ τὸν πόλεμον. [49] Νυνὶ δ´ ὁρᾶτε μὲν δήπου τὰ πλεῖστα τοὺς προδότας ἀπολωλεκότας, οὐδὲν δ´ ἐκ παρατάξεως οὐδὲ μάχης γιγνόμενον· ἀκούετε δὲ Φίλιππον οὐχὶ τῷ φάλαγγ´ ὁπλιτῶν ἄγειν βαδίζονθ´ ὅποι βούλεται, ἀλλὰ τῷ ψιλούς, ἱππέας, τοξότας, ξένους, τοιοῦτον ἐξηρτῆσθαι στρατόπεδον. [50] Ἐπειδὰν δ´ ἐπὶ τούτοις πρὸς νοσοῦντας ἐν αὑτοῖς προσπέσῃ καὶ μηδεὶς ὑπὲρ τῆς χώρας δι´ ἀπιστίαν ἐξίῃ, μηχανήματ´ ἐπιστήσας πολιορκεῖ. Καὶ σιωπῶ θέρος καὶ χειμῶνα, ὡς οὐδὲν διαφέρει, οὐδ´ ἐστὶν ἐξαίρετος ὥρα τις ἣν διαλείπει. […] [53] Οὐ μόνον δὲ δεῖ ταῦτα γιγνώσκειν, οὐδὲ τοῖς ἔργοις ἐκεῖνον ἀμύνεσθαι τοῖς τοῦ πολέμου, ἀλλὰ καὶ τῷ λογισμῷ καὶ τῇ διανοίᾳ τοὺς παρ´ ὑμῖν ὑπὲρ αὐτοῦ λέγοντας μισῆσαι, ἐνθυμουμένους ὅτι οὐκ ἔνεστι τῶν τῆς πόλεως ἐχθρῶν κρατῆσαι, πρὶν ἂν τοὺς ἐν αὐτῇ τῇ πόλει κολάσηθ´ ὑπηρετοῦντας ἐκείνοις. [54] Ὃ μὰ τὸν Δία καὶ τοὺς ἄλλους θεοὺς οὐ δυνήσεσθ´ ὑμεῖς ποιῆσαι, ἀλλ´ εἰς τοῦτ´ ἀφῖχθε μωρίας ἢ παρανοίας ἢ οὐκ ἔχω τί λέγω [πολλάκις γὰρ ἔμοιγ´ ἐπελήλυθε καὶ τοῦτο φοβεῖσθαι, μή τι δαιμόνιον τὰ πράγματ´ ἐλαύνῃ], ὥστε λοιδορίας, φθόνου, σκώμματος, ἧστινος ἂν τύχηθ´ ἕνεκ´ αἰτίας ἀνθρώπους μισθωτούς, ὧν οὐδ´ ἂν ἀρνηθεῖεν ἔνιοι ὡς οὐκ εἰσὶ τοιοῦτοι, λέγειν κελεύετε, καὶ γελᾶτε, ἄν τισι λοιδορηθῶσιν. [55] Καὶ οὐχί πω τοῦτο δεινόν, καίπερ ὂν δεινόν· ἀλλὰ καὶ μετὰ πλείονος ἀσφαλείας πολιτεύεσθαι δεδώκατε τούτοις ἢ τοῖς ὑπὲρ ὑμῶν λέγουσιν. Καίτοι θεάσασθε ὅσας συμφορὰς παρασκευάζει τὸ τῶν τοιούτων ἐθέλειν ἀκροᾶσθαι. Λέξω δ´ ἔργα ἃ πάντες εἴσεσθε.

[47] Il est de sots propos que font circuler quelques consolateurs bénévoles. Philippe, disent-ils, n’a pas encore atteint ce degré de puissance où parvinrent autrefois les Lacédémoniens ; maîtres sur mer et sur terre, alliés au Roi, ceux-ci faisaient tout plier sous leur empire, et Athènes, loin de succomber, brisa cependant leurs efforts. Je réponds : Tout a reçu des accroissements prodigieux ; notre siècle ne ressemble en rien aux siècles précédents ; et c’est, je crois, surtout dans l’art de la guerre qu’il y a eu mouvement et progrès. [48] À cette époque, nous le savons, les Lacédémoniens et tous les Grecs ne tenaient la campagne que pendant les quatre ou cinq mois de la belle saison : ce temps était employé en invasions, en dévastations du pays ennemi par la grosse infanterie et par des troupes citoyennes ; puis on rentrait dans ses foyers. Telle était l’antique candeur, disons mieux, l’honneur national, que jamais on n’achetait la victoire ; la guerre avait ses lois, et non ses mystères. [49] Aujourd’hui, vous le voyez, ce sont les traîtres qui ont tout perdu. Plus de batailles rangées, plus de combats. Vous n’ignorez pas que Philippe ne traîne plus après lui de lourdes phalanges, mais qu’à la tête d’un camp volant, composé de cavalerie légère et d’archers étrangers, il se déplace à son gré. [50] Fort de cet appui, il tombe sur les peuples travaillés par des dissensions intestines ; puis, voyant qu’enchaînes par la méfiance ils ne tentent point de sortir, il fait avancer ses machines, et il assiège. Je n’ajoute pas qu’il ne met aucune différence entre l’hiver et l’été, et qu’aucune saison n’est pour lui celle du repos. […] [53] Au reste, il ne suffit pas de penser ainsi, ni même de repousser cet homme les armes à la main : par principe, par raison, vous devez vous armer de haine contre ceux qui, devant vous, osent parler pour ses intérêts ; car, songez-y, vous ne vaincrez jamais l’ennemi du dehors, tant que vous ne sévirez pas contre nos ennemis domestiques, ses collaborateurs en sous-ordre. [54] Et voilà ce qui n’est ni dans votre pouvoir, ni dans votre volonté. Zeus ! dieux immortels ! est-ce aveuglement ? est-ce folie ? Que dirai-je ? souvent je me sens subjugué par la crainte qu’un génie malfaisant ne nous pousse à notre perte. Amis de la diffamation, ou de la jalousie, ou du sarcasme, que sais-je, enfin ? vous commandez à des mercenaires, dont plus d’un ne peut désavouer ce titre, de monter à la tribune ; et, s’ils déchirent quelqu’un, vous en riez ! [55] Eh bien ! ce mal, tout cruel qu’il est, n’est pas le plus cruel encore : à de tels hommes vous garantissez plus de sûreté dans la direction des affaires qu’à l’orateur fidèle à vos intérêts. Toutefois, considérez quels malheurs prépare la facilité à écouter ces misérables : je ne citerai que des faits connus de vous tous.

Démosthène, Troisième Philippique, 47-50 – 53-55

 

NOTES

  1. Après Amphipolis, Philippe rompt avec Athènes et s’empare de Potidée en Chalcidique où Athènes a des intérêts, et livre la place aux Olynthiens. Mais ils comprennent vite que leur puis­sant allié a des visées territo­riales dont ils risquent de faire les frais. Une alliance est donc conclue avec Athènes.
  2. Charès mena la première et la troisième expédition. Cette dernière semble ne pas être arri­vée à temps. Plus tard il pas­sera au service des Perses contre Alexandre. Il prendra Mitylène en 333.
  3. Il passera, lui aussi, au service des Perses. Voir plus loin. Le IVe siècle est caractérisé par ces capitaines grecs qui vendront leurs services à des puissances étrangères. On pense, entre autres, à l’Athénien Athénodoros : il se battit pour Artabaze, Pairisadès le roi de Thrace, et enfin Darius en 334.
  4. Spartocos a fondé en 438 le royaume du Bosphore Cimmérien.
  5. Voir supra.
  6. Il ne s’agit pas d’une volte-face politique. Lire l’analyse de P. Carlier, in Le IVe siècle grec, Seuil, « Points », 1995, p. 101.
  7. Il s’agit, sans doute, de la perte d’Amphipolis, des positions stratégiques sur la côte thrace, de l’abandon des Thermopyles et du démantèlement des cités phocidiennes.
  8. Démosthène considère comme usurpé le titre que se donnaient Philippe et les Thessaliens.
  9.  C’est-à-dire jusqu’au moment du procès.
  10. La paix de Philocrate par rapport à celle de Démade, après Chéronée.
  11. Les Macédoniens sont les maîtres du jeu. C’est ce que Démosthène a compris.
  12. Le procès a lieu en 330, au moment de la victoire d’Arbèles.
  13. Ils sont six et font partie des neuf archontes. Ils sont choisis par tirage au sort pour un an. Ils forment un collège et sont chargés de la surveillance des lois, de leur révision annuelle, signalant, si nécessaire les contradictions existantes, et de l’inscription des lois nouvelles. Ils président également au tirage au sort des archontes, à l’examen des magistrats – do­kimasie –, à la reddition des comptes des stratèges. Ce qui se rapporte à l’exercice du pouvoir législatif – la graphè parano­môn –, ou qui concerne la sécurité de la cité – accusation de trahison, de corruption, d’eisangélie –, est de leur compétence.
  14. La privation des droits politiques.
  15. Un mercenaire, qui doit, en campagne, vivre sur le pays, revient finalement moins cher à la cité qu’un citoyen-soldat. C’est une des raisons, sans doute, qui explique la tendance, au IVe siècle, de remplacer les citoyens par des mercenaires. Mais si, dans la première moitié du IVe siècle le versement de la solde, grâce aux « contributions » des alliés, est relative­ment facile (voir Isocrate, Sur la Paix, 46), les choses deviennent ensuite, économiquement, plus difficiles. On comprend mieux, dans ces conditions, les « exactions » de certains stratèges obligés de pallier le manque de crédits.
  16. Le nom de la trière qui transmettaient les décisions de l’Assemblée. C’est ainsi que les stratèges pouvaient apprendre leur révocation ou leur mise en accusation.
  17. Cité de Béotie. La bataille de Leuctres remportée par Épaminondas sur les Lacédémoniens donna à Thèbes l’hégémo­nie sur la Grèce. Au moment des entreprises de Philippe, Thèbes et Athènes étaient en désaccord. Les agents de Philippe l’entretenaient. Démosthène, après la prise d’Élatée, comme on le verra plus loin, travailla à un rapprochement entre les deux cités qui se trouvèrent unies à Chéronée, face aux Macédoniens.
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