Politique de prévention de la radicalisation violente en milieu scolaire

En milieu scolaire, la politique de prévention de la radicalisation mobilise tous les personnels de l'éducation nationale pour intervenir le plus en amont possible et interrompre le processus d'engagement dans la radicalisation violente. L'ensemble de cette politique de prévention est portée de façon partenariale. Du signalement jusqu'au suivi, un croisement des regards et des compétences est mis en œuvre afin d'accompagner au plus près chaque situation.

Mis à jour : juin 2023

Focus - Module de sensibilisation à la prévention de la radicalisation

Un module de sensibilisation consacré à la prévention de la radicalisation a été conçu spécifiquement pour les personnels de l’éducation nationale. Il permet de cerner le processus de radicalisation, la réponse de l’État et la politique de prévention en milieu scolaire ainsi que les partenariats entre les acteurs mobilisés.

Chaque jour, les équipes se mobilisent sur le terrain pour apporter des réponses aux situations de remise en cause des valeurs qui fondent notre institution. Ce module doit permettre de former et renforcer la formation des équipes pour mieux comprendre le phénomène de radicalisation, en repérer les faisceaux d’indices et faciliter la transmission des signalements vers les autorités compétentes.

Accéder à la vidéo « Comprendre et prévenir la radicalisation en milieu scolaire » qui s'inscrit dans les ressources « Agir en classe » proposées sur le site Valeurs de la République du réseau Canopé, dans l'espace « Prévenir la radicalisation ».

Le plan national de la prévention de la radicalisation (PNPR)

Depuis la mise en place de la politique de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes, sous l'égide du ministère de l'intérieur, le 23 avril 2014 (circulaire aux préfets en date du 29 avril 2014), le secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) est chargé de l'appui méthodologique et cordonne le plan d'actions de la prévention, avec les ministères concernés dont le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche (MENESR).

Face à la menace terroriste, une politique publique de prévention de la radicalisation a été élaborée avec le PLAT, plan de lutte anti-terroriste en avril 2014, puis le PART, plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme en mai 2016. A la lumière des expérimentations conduites, 2 plans distincts ont succédé au PART :

  • Le plan d'action contre le terrorisme - PACT, présenté le 13 juillet 2018 par le Premier ministre, qui se concentre sur la lutte contre le terrorisme et a pour objet de mettre en cohérence l'ensemble du dispositif anti-terroriste national.
  • Le plan national de la prévention de la radicalisation - PNPR, présenté le 23 février 2018 par le Premier ministre qui définit 5 axes et 60 mesures pour réorienter la politique de prévention. Une attention doit être portée à l'axe 1 « Prémunir les esprits contre la radicalisation » et aux 10 mesures associant pleinement les acteurs de l'Éducation nationale.

La définition de la radicalisation violente

Le travail interministériel en France a permis un consensus autour de la définition suivante : « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d'action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux, qui conteste l'ordre établi. » (Fahrad Khosrokhavar).

La radicalisation n'est pas ainsi, exclusive au terrorisme islamiste. Elle intègre tout type d'idéologie, religieuse ou non, qui conduit l'individu à choisir l'action violente, au nom des croyances auxquelles il adhère sans compromission possible, engagement terroriste contre les autres membres de la société dont il rejette, inconditionnellement, les valeurs et le mode de vie. On parle ainsi de processus d'engagement dans la radicalisation, par paliers avec adhésion et rupture avec l'environnement habituel. Le rapport d'avril 2017 de la mission de recherche Droit et Justice rappelle, qu'il faut penser la radicalisation « en termes de processus faisant intervenir des mécanismes multiples d'implication (cognitif, relationnel, de socialisation et psychologique) ».

Les mécanismes de la radicalisation violente

La radicalisation apparaît comme un phénomène profondément lié à l'exploitation de conflits d'identité, fragilités renforcées par des ruptures (scolaire, familiale, histoire personnelle...). Cependant, une fragilité individuelle ne conduit pas obligatoirement à la radicalisation violente : il faut pour cela, la rencontre avec une offre radicale composée d'un ensemble de discours, de croyances et de visions du monde. En ce sens, la crise de l'adolescence, souvent « crise de l'idéal » et « recherche de sens », constitue une période privilégiée pour les réseaux djihadistes qui offrent aux jeunes « une réponse » prête à l'emploi.

Depuis 2017, le réseau CANOPÉ met des ressources à disposition des enseignants sur le site Prévenir la radicalisation. L'axe comprendre est organisé autour de trois rubriques qui donnent des clefs de compréhension du phénomène de radicalisation.

En mars 2018, le rapport de Laurent Bonelli et Fabien Carrié, sociologues et chercheurs de l'Université Paris Ouest Nanterre, présente les différentes manières de s'approprier une forme de radicalisation et les conditions sociales qui les produisent. Il distingue 4 registres et 2 profils de radicalité (les révoltés et les engagés) et leurs caractéristiques.

Isabelle Lacroix, chercheuse postdoctorante en sociologie au laboratoire Printemps, université Versailles-Saint-Quentin/Paris Saclay présente en mars 2018 un rapport pour la revue de littérature de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), « radicalisations et jeunesses ». Cette revue croise la sociologie de la jeunesse à celle de la radicalisation. À partir des publications actuelles, Isabelle Lacroix décrit la morphologie de cette jeunesse « radicalisée » et les facteurs de radicalisation des jeunes, puis elle approfondit les agents de socialisation et l'importance des lieux dans les modes de radicalisation et de recrutement des jeunes (l'intégralité de la revue de littérature et la synthèse de la revue de littérature sont téléchargeables).

L'ADDAP13 (Groupe association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhône) a souhaité conduire une étude en mars 2018, sur « la prévention spécialisée à l'épreuve de la radicalisation et du fait religieux ». Cette mission a été confiée à Véronique le Goaziou Sociologue, chercheuse associée au Lames (CNRS, Aix-en-Provence). La méthode a consisté en une série d'entretiens individuels ou collectifs avec des professionnels, notamment sur, la radicalisation sur les territoires, I'islamisation et la montée du fait religieux et la progression de l'islam.

Dans les études de l'IFRI, « 137 nuances de terrorisme. Les djihadistes de France face à la justice », Focus stratégique n°79, avril 2018, Marc Hecker observe que :

  1. Le processus de radicalisation est un cheminement relativement long (entre plusieurs mois et quelques années), contrairement à ce qui se dit souvent.
  2. Il ressort des jugements analysés qu'internet seul ne suffit pas à la radicalisation.
  3. Une fois, les individus radicalisés et le groupe constitué, internet sert de moyen de communication.
  4. Internet peut servir à préparer une action qui s'opère sous l'effet de groupe.
  5.  La récurrence de l'argument de la manipulation mentale est faible.

Une enquête auprès des lycéens, « La tentation radicale », sous la direction de Olivier Galland et Anne Muxel, avril 2018, mesure et rend compte du degré de « radicalité » au sein d'une partie de la jeunesse française, ainsi que de leur degré d'acceptation de la violence, dans une enquête de grande ampleur menée suite aux attentats commis en France en 2015. Ce travail, réalisé auprès de quelques 7 000 lycéens, scolarisés en classe de seconde, venant de différents lycées (d'enseignement général, technique et professionnel) de quatre académies, est inédit par son approche quantitative et par la possibilité qu'il offre « de mesurer l'impact des idées radicales sur un large échantillon et de tenter d'identifier les principaux facteurs qui peuvent lui être associés. L'ouvrage de Galland et Muxel présente un grand mérite : celui de livrer un instantané contemporain de la jeunesse lycéenne.

Dans le cadre de cette enquête, Laurent Lardeux, chargé d'études et de recherche à l'INJEP a participé plus spécifiquement au volet portant sur le sentiment d'injustice et de discrimination. Les résultats font apparaître un puissant désir de réussite de la part de lycéens déclarant pourtant subir de multiples injustices et discriminations. La forte adhésion des jeunes des quartiers populaires au modèle d'intégration, qui est censé garantir l'égalité des chances à chacun quelle que soit sa place sur le territoire français, peut toutefois engendrer de profondes frustrations en cas de défaillance de ce principe d'égalité. « De la discrimination aux attitudes protestataires ? » Études et recherches N°12 - avril 2018.

Les actions de prévention de la radicalisation en milieu scolaire

Dans ce contexte, la politique de prévention de la radicalisation violente du ministère chargé de l'Éducation nationale repose en milieu scolaire sur 4 axes : la prévention, le repérage et le signalement, le suivi des jeunes en voie de radicalisation et la formation des personnels.

Le pilotage de cette politique est assuré par l'administration centrale (direction générale de l'enseignement scolaire - Dgesco) en lien avec le haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) et le cabinet de la ministre.

Dans les territoires, chaque académie et chaque département disposent d'un référent radicalisation. Ces référents "prévention de la radicalisation" sont joignables, par tous les personnels, en passant par la voie hiérarchique et en s'adressant au rectorat.

Au sein des établissements, les chefs d'établissement s'appuient sur les cellules de veille, pour le repérage, la prise en charge et le suivi des jeunes radicalisés ou en risque de le devenir.

Prévention primaire

Au niveau national

Une des missions centrales de l'École est de favoriser la construction d'un élève citoyen, apte à appréhender le monde qui l'entoure et à prendre des décisions qui préservent son intégrité, tout en respectant celle des autres. La prévention primaire, destinée à tous les élèves, vise à développer la résilience des élèves et à diminuer les risques d'apparition de nouvelles situations de radicalisation. Un certain nombre d'actions de prévention ont été mises en œuvre au sein des établissements.

Après les attentats de janvier 2015, le ministère de l'éducation nationale a mis en place un vaste plan d'ensemble de mobilisation pour les valeurs de la République à l'école dans lequel « le parcours citoyen » joue un rôle majeur.

La formation de la personne et du citoyen s'appuient notamment sur :

  • L'enseignement moral et civique (l'EMC),
  • L'éducation aux médias et à l'information (l'EMI),
  • En transdisciplinarité, la construction de la pensée critique,
  • L'approche nuancée et objective de l'histoire des idées et des faits religieux,

Pour aller plus loin, consulter la page Ressources et outils éducatifs de prévention de la radicalisation violente.

Pour favoriser l'engagement des jeunes, le ministère a créé, pour des élèves volontaires dès l'âge de 11 ans, des dispositifs :

  • Les classes des « cadets de la sécurité civile » ( BO) qui visent à sensibiliser les jeunes élèves aux comportements de prévention et développer un sens civique,
  • Les « élèves assistants de sécurité » (ASSEC) pour apprendre à réagir de façon collective dans des situations de danger simulées et à intervenir lors des exercices d'évacuation ou de confinement.

Afin de mettre en œuvre, des actions de prévention primaire concernant la prévention de la radicalisation violente, de nombreux outils ont été réalisés (films, pièces de théâtre, évènements, jeux et les concours, guides de pratiques ...). Ces ressources sont disponibles sur la page éduscol Ressources et outils éducatifs de prévention de la radicalisation violente.

Au niveau européen

À l'occasion de la conférence du Radicalisation Awareness Network (RAN) sur « la radicalisation et l'enseignement » à Manchester le 3 et 4 mars 2015, une centaine d'éducateurs, provenant de pratiquement tous les États membres de l'UE ont échangé autour de la réalisation d'un « Manifeste pour l'éducation » est un appel à l'action pour prévenir véritablement l'extrémisme violent. Ces idées reposent principalement sur des expériences provenant de l'enseignement secondaire, mais elles peuvent être facilement transférables à l'enseignement primaire, professionnel et supérieur.

Au niveau international

L'Unesco rappelle que « quoique importantes, les réponses sécuritaires sont insuffisantes et ne permettront pas de s'attaquer aux nombreux facteurs sous-jacents qui alimentent l'extrémisme violent et conduisent les jeunes à adhérer à des groupes extrémistes violents. Nous avons besoin de la « puissance douce » de l'éducation. » C'est pour aider les pays dans leurs efforts que l'Unesco a élaboré « La prévention de l'extrémisme violent par l'éducation - Guide à l'intention des décideurs politiques ».

Un Guide pour la prévention de l'extrémisme violent, destiné aux enseignants, a été publié en 2016 par l'Unesco pour mieux accompagner les États membres dans leurs efforts pour renforcer l'éducation afin de prévenir l'extrémisme violent à travers notamment des programmes d'éducation à la citoyenneté mondiale fondée sur les droits de l'homme, tout en tenant compte des contextes nationaux.

Un plan d'action pour la prévention de l'extrémisme violent a été rédigé le 24 décembre 2015 par les nations unies « Plan d'action pour la prévention de l'extrémisme violent » (VF).

Repérage et signalement des jeunes radicalisés

Depuis 2014, le ministère de l'intérieur a mis en place un numéro vert national (0 800 005 696) de signalement et d'assistance à destination des familles, des professionnels et des institutions et une plateforme nationale STOP-DJIHADISME ; chaque citoyen peut également signaler ses inquiétudes ou doutes en se rendant au commissariat de police ou à la gendarmerie. Chaque signalement est étudié. Une évaluation est réalisée par les services de renseignements pour une levée de doute ou au contraire, une confirmation de suspicion d'entrée dans l'extrémisme violent.

Dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité, le ministère de l'Intérieur a mis en place un dispositif permettant le signalement en ligne des contenus et comportements illicites de l'internet. La plateforme PHAROS (Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements) dépend de la direction centrale de la police judiciaire. Le grand public peut y signaler des agissements délictueux repérés sur le Web concernant, entre autres, des faits de terrorisme et d'apologie du terrorisme (Loi n° 2014-1353 du 13 novembre 2014). 25 policiers et gendarmes traitent les signalements qui leur parviennent. En 2017, ils ont reçu 153.000 signalements, dont 4 % concernaient le terrorisme, 8,5 % les discriminations, 13 % les atteintes aux mineurs et près de 50% des escroqueries.

En milieu scolaire

Un livret « prévenir la radicalisation des jeunes »,  à l'usage des chefs d'établissement et de leurs équipes éducatives, a été diffusé en 2015, puis actualisé en 2018. Il appelle les personnels de l'éducation nationale à une attention particulière envers des élèves en risque dont on peut repérer des signes d'engagement dans la radicalisation. Ce livret et la grille d'indicateurs sont des outils d'aide à la détection et avant tout, des supports d'échanges pluri-professionnels. Ils permettent d'identifier chez un ou plusieurs individus l'apparition de signes caractéristiques afin d'aboutir à un faisceau d'indices probants et cumulatifs qui peut justifier un signalement. Cependant, un équilibre doit être trouvé, certes extrêmement difficile, pour éviter toute interprétation hâtive sur des troubles propres à l'adolescence. Il faut être attentif à différencier la provocation adolescente et l'engagement dans le processus de radicalisation. Le chef d'établissement transmet les éléments à l'IA-DASEN et au référent départemental de prévention de la radicalisation. Il renseigne également l'application « faits établissement » destinée à enregistrer et à transmettre tous les faits préoccupants d'une école, d'une circonscription ou d'un établissement scolaire.

Télécharger le livret 2018 « Prévenir la radicalisation des jeunes ». Ce livret rappelle la procédure de signalement en établissement et le numéro vert national.

Prise en charge et suivi des jeunes radicalisés

Au niveau départemental

Depuis 2014, le ministère de l'intérieur a organisé une réponse publique, au niveau départemental, autour de deux instances :

  • Le groupe évaluation (GED), composé des responsables départementaux de la sécurité intérieure, de la police nationale et de la gendarmerie, évalue et analyse les situations transmises.
  • La cellule préfectorale de suivi pour la prévention de la radicalisation et l'accompagnement des familles (CPRAF) est composée de membres issus des services de l'État (police, éducation nationale, protection judiciaire de la jeunesse, Pôle emploi...), des collectivités territoriales (les services sociaux du conseil départemental, les mairies ...) et du réseau associatif. Le DASEN, ou son représentant, y participe. Cette cellule préfectorale suit les jeunes signalés comme étant « en voie de radicalisation », mais non inculpés pour des faits « à caractère terroriste ». Une réunion mensuelle est organisée en préfecture et co-présidée par le procureur, pour suivre et appliquer des traitements spécifiques, en fonction des profils des personnes en voie de radicalisation. Elle permet de suivre les jeunes et leur famille afin de prévenir les actes violents.

Au niveau communal

Le PNPR prévoit que l'implication et la mobilisation des communes soient intensifiées (mesure 21, 46 et 48). L'instruction du 13 novembre 2018 décline les modalités de mise en œuvre d'un dialogue renforcé entre l'État et les maires dans le domaine de la prévention de la radicalisation violente. En annexe, un modèle de charte de confidentialité est proposé pour l'échange d'informations dans le cadre des conseils locaux et intercommunaux de sécurité et de la délinquance en matière de prévention de la radicalisation violente (CLISPD).

À l'échelle de l'établissement scolaire

Le ministère a choisi une approche socio-éducative de la prévention de la radicalisation qui prend en charge le jeune dans sa globalité au sein de l'éducation nationale.

Le chef d'établissement préside une cellule de veille pluricatégorielle au sein de l'établissement scolaire. Elle est composée, selon son choix, de l'adjoint du chef d'établissement, d'un conseiller principal d'éducation (CPE), de l'assistant de service social, de l'infirmier, du médecin scolaire et/ou du psychologue de l'éducation nationale. Elle a pour vocation de déterminer les situations qui doivent être signalées au numéro vert du centre national et au référent prévention de la radicalisation de l'éducation nationale. Elle est aussi l'instance qui suivra, en assurant un lien régulier avec les partenaires, l'aménagement de la prise en charge et les éventuels ajustements nécessaires à y apporter.

Le partage d'informations est capital pour le suivi des jeunes radicalisés. Il est également essentiel d'en respecter les contours posés par la loi, contours qui préservent l'effectivité des missions des professionnels concernés. Les pratiques du partage d'informations permettent d'apprécier, au plus juste, le degré de gravité de la situation afin de pouvoir trouver, dans des délais toujours contraints, une prise en charge opérationnelle.

La prise en charge doit être construite au plus près des besoins identifiés de l'élève. Cette personnalisation du parcours et des réponses, les plus adaptées à sa situation, permettra de renforcer la résilience du jeune. Il appartient au chef d'établissement d'en organiser les modalités, après un temps de regards pluridisciplinaires croisés au sein de l'unité d'enseignement et avec les partenaires mandatés. Le travail de suivi au sein de l'établissement s'articule avec le référent parcours de la CPRAF via le référent départemental de la prévention de la radicalisation.
De plus, des espaces de dialogue avec les parents sont instaurés régulièrement afin de maintenir un lien de confiance, dans la mesure du possible.

Afin d'accompagner les chefs d'établissement dans la prise en charge d'un élève radicalisé ou en risque de le devenir, un guide a été établi et diffusé en octobre 2018. Ce guide « Prise en charge de jeunes dans un processus de radicalisation ou en risque de l'être » a été élaboré dans le cadre d'un groupe de travail piloté par la Dgesco en collaboration avec le secrétariat général du comité́ interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR), la direction de l'administration pénitentiaire, la direction de la protection judiciaire de la jeunesse et des référents académiques prévention de la radicalisation. Ce guide reprend le cadre général de la politique publique de prévention de la radicalisation, les principes présidant à la prise en charge de jeunes radicalisés ou en risque de l'être en milieu scolaire, ainsi que les modalités possibles pour ces parcours. Les chefs d'établissement et les conseillers techniques sociaux et de santé auprès des recteurs peuvent obtenir la transmission de ce guide en s'adressant soit à leur référent académique prévention de la radicalication ou directement au bureau de la santé et de l'action sociale de la Dgesco (@email).

Accompagnement du parcours scolaire des mineurs de retour de zone d'opérations de groupements terroristes

S'il n'y a pas de chiffres précis sur le nombre d'enfants présents sur zone de combat en Syrie et en Irak, certaines estimations donnent le nombre d'environ 500 mineurs dont la plupart sont très jeunes. L'instruction relative à la prise en charge des mineurs à leur retour de zone d'opérations de groupements terroristes du 23 février 2018  présente le dispositif spécifique de la double mesure de prise en charge des mineurs de retour de zones d'opérations terroristes au titre de l'assistance éducative et de la protection judiciaire de la jeunesse. Ces instances ont pour objectif commun d'assurer à ces enfants, qu'ils soient nés sur zone ou emmenés sur place par leurs parents, une prise en charge à la fois globale et individualisée, adaptée à leurs besoins au regard des traumatismes auxquels ils sont susceptibles d'avoir été confrontés et dont la nature et l'ampleur seront à évaluer au cas par cas.

Les mesures 52, 53 et 54 de l'axe 5.1 du PNPR sur « la réinsertion des mineurs de retour de zones d'opérations terroristes » renforcent le cadre législatif.

Au niveau européen

Le réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN) a également élaboré en juillet 2017 un manuel de recommandations concernant la prise en charge des personnes qui reviennent dans leur pays d'origine.

Sensibilisation et formation des personnels

Au niveau national

Le ministère de l'éducation nationale assure une formation nationale pour les référents « radicalisation » de manière régulière et soutenue afin d'aider les équipes académiques à construire une politique de prévention, de repérage et d'accompagnement des situations en lien avec les préfets, les procureurs, les collectivités territoriales et les autres partenaires, notamment associatifs.

La politique de prévention de la radicalisation en milieu scolaire se situe en amont et mobilise tous les personnels de l'éducation nationale.

Lors de chaque séminaire, des chercheurs ou des spécialistes de toute discipline nourrissent la réflexion des participants :

Dans le cadre de la déclinaison territoriale de la politique de prévention de la radicalisation au plus près des terrains académiques, l'année 2017-2018 est marquée par l'offre de 4 séminaires interacadémiques sur le thème de « la prise en charge de jeunes en milieu scolaire dans le cadre de la politique de prévention de la radicalisation ».

  1. Le 21 décembre 2017 à Versailles avec la présence de Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS et Eduardo Valenzuela, Sociologue et directeur de l'association dialogues citoyens.
  2. Le 31 janvier 2018 à Nancy avec la présence de Ouisa Kies, sociologue, chargée de recherche au CNRS-EHESS et Romain Sèze chargé de recherche à l'INHESJ.
  3. Le 21 mars 2018 à Angers avec Faker Korchane, professeur de philosophie et chargé de mission au CEFRELCO, Romuald Hamon, psychanalyste, maître de conférence en psychopathologie et Michel Grollier, professeur de psychopathologie à l'Université Rennes 2.
  4. Le 6 juin 2018 à Toulouse avec David Vavassori, Maître de Conférences HDR en Psychologie clinique et psychopathologie, université Toulouse 2 et Rasha NAGEM, chercheuse en Sciences de l'éducation à École supérieure du professorat et de l'éducation ESPE, université de Toulouse Jean Jaurès.

Une journée d'études « Réagir face au complot », réunissant chercheurs, enseignants, journalistes, a marqué le 9 février 2016, le lancement d'une réflexion plus globale du ministère sur la prévention du complotisme à l'école. En effet, la radicalisation remet en question les pouvoirs en place et refuse tout compromis ; cette attitude de rejet extrême de toute parole institutionnelle est une des caractéristiques du complotisme.

Le site du gouvernement « On te manipule.fr » déconstruit la théorie du complot.

Au niveau européen

Dans le cadre de sa participation au réseau européen « Radicalisation Awareness Network » (RAN) sur l'extrémisme violent, la Dgesco désigne chaque année des acteurs de terrain pour participer aux ateliers d'échanges de pratiques organisés par le RAN. Le RAN met en contact des praticiens de toute l'Europe qui travaillent au quotidien avec des personnes exposées au risque de la radicalisation ou déjà radicalisées. Plus de 2 000 professionnels provenant de tous les États membres de l'UE ont rejoint le RAN depuis sa création.

Bibliographie et état des lieux de la recherche

Le rapport commandé par le secrétaire d'Etat à la Recherche et à l'Enseignement supérieur à Alain Fuchs, président de l'alliance ATHENA (alliance nationale des sciences humaines et sociales) et président du centre national de la recherche scientifique (CNRS), rendu en mars 2016, a permis de faire un état des lieux de la recherche (cartographie des travaux scientifiques et les différentes sources de financement existantes) afin de renforcer des actions en matière de recherche dans une optique interdisciplinaire.

Des bibliographies, sur les questions de la radicalisation et du terrorisme, recensent les chercheurs francophones ou anglophones en sciences humaines et sociales, ainsi que dans le domaine de la santé mentale. Elles sont régulièrement mises à jour sur le site de l'école thématique du CNRS : Bibliographie de la radicalisation

Un programme d'ensemble, sur appel à projets aux universités (650 000 euros pour 2016-2017), est mis en place pour appréhender le phénomène de la radicalisation islamiste de façon la plus exhaustive : sociologie, sciences cognitives, histoire, histoire des doctrines et une approche critique des textes (avec un focus sur ce qui fonde l'imaginaire de Daech, l'Islam médiéval).

Ressources

Sites à consulter

Pour lutter contre la radicalisation violente, de nombreuses ressources pédagogiques et éducatives sont mises à la disposition des enseignants :