Résumé du livre de Georges Blin " Stendhal et les problèmes du roman". Paris, 1953 Le Rouge et le Noir

Si le romancier a  mis en exergue du chapitre XIII du Rouge et le Noir la définition que donne Saint-Réal du roman : « c’est un miroir qu’on promène le long du chemin », l’écriture romanesque n’obéit pas chez lui cependant à cette définition : il est certes toujours soucieux de refléter, dit-il, « l’âpre vérité », et de respecter une exactitude quasi-scientifique, mais d’un autre côté l’artiste qu’il est implique qu’il fasse un choix dans ces vérités, qu’il élimine les détails inutiles, ou ce qui n’est pas de son goût (il préfère évoquer l’héroïsme plutôt que la bassesse). Dans ses romans en effet, il semble parfaitement insoucieux du réel et du détail : l’impression de célérité des romans de Stendhal vient de ce qu’il ne s’embarrasse pas de descriptions circonstanciées, et qu’il se concentre sur les actions proprement dites.

C’est ici la première différence avec Balzac : l’absence de description rend peut-être l’imagination plus active, et le lecteur a d’autant plus intérêt à poursuivre sa lecture. Au contraire, chez Balzac, l’imagination abdique et l’intérêt aussi : l’objet, tellement décrit ne peut plus être informé par l’imagination. Il est comme mort. Stendhal lui a comme la phobie des détails inutiles « J’ai osé laisser le lecteur dans une ignorance complète sur la forme de la robe que portent Madame de Rênal et Mademoiselle de la Môle. Les détails qui figurent donc (chiffres, adresses) ne sont là que pour faire adhérer le lecteur au récit ; ils sont une garantie de vrai (c’est de l’anti-romanesque). Ils n’ont pas un intérêt documentaire, mais ils répondent à un besoin de vraisemblance. Pas de détails pittoresques non plus, l’extérieur ne lui paraît mériter l’attention que lorsqu’il constitue un présage.

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