Pompéi - La chronologie des fouilles

Chronologie des fouilles

Entre le 17 et le 24 octobre 79

Une éruption du Vésuve ensevelit la ville de Pompéi. L’événement est retracé par Pline le Jeune dans une lettre à l’historien Tacite.

Suite à la catastrophe, l’empereur Titus nomme des représentants chargés de venir en aide aux survivants et de reconstruire la ville voisine de Stabies, ce n’est pas le cas de Pompéi.

1594

Après des siècles d’oubli, Pompéi est découverte par hasard, à l’occasion de travaux, par l’architecte Domenico Fontana.

1748

Le roi des Deux-Siciles, Charles III, inaugure les fouilles à Pompéi. Le site est interdit aux visiteurs. Un musée est aménagé dans la villa royale de Portici pour exposer les objets découverts, présentés de façon typologique.

1763

La découverte d’une inscription près de la porte d’Herculanum mentionnant Res publica Pompeianorum, assure définitivement l’identification de Pompéi. On nommait jusqu’alors le site Civita, la cité.

1806-1815

Durant l’occupation française, Caroline Bonaparte, épouse du roi de Naples Joachim Murat, surnommée « Madame Pompéi » par ses détracteurs, encourage les fouilles menées par l’architecte François Mazois. L’élaboration d’un plan de fouilles permet de comprendre l’extension du territoire urbain et le tracé complet des murailles. On dégage une partie du forum et l’axe qui relie la porte d’Herculanum au quartier des théâtres.

1860

Depuis le retour des Bourbons sur le trône de Naples, les fouilles sont ralenties mais se poursuivent vers le Nord et l’Est. En 1860, 22 ha sont excavés soit le tiers de la ville, surtout dans sa partie Ouest.

1861

Lors du rattachement du royaume des Deux-Siciles à l’Italie, le numismate (spécialiste des monnaies) Giuseppe Fiorelli est nommé directeur des fouilles. Il trace le plan de la cité, qu’il divise en Régions et en Îlots. Il met au point la technique du moulage des corps et ouvre le site au public en instituant un billet d’entrée. Pour la première fois, on entreprend des fouilles stratigraphiques : les dégagements s’effectuent par le niveau supérieur. On réalise une maquette en liège de la ville.

 

Plan

Répartition cadastrale de Pompéi selon Fiorello, © Wikicommons

 

1910-1923

Vittorio Spinazzola entreprend le dégagement de la rue de l’Abondance sur un tracé inexploré de 600 mètres reliant le forum à l’amphithéâtre et ne mettant au jour que les façades. On comprend alors la présence des étages, le rôle des installations commerciales, on observe les graffitis…

1924-1961

Amedeo Maiuri explore deux nouvelles régions (I et II) et dégage l’enceinte de la ville sur près de 2,5 kilomètres. Il effectue des sondages stratigraphiques et met à jour une occupation de la ville dès le VIe ou Ve siècle avant J.-C.

1960 - fin des années 1980

On donne la priorité à la documentation et à l’entretien du site dont les trois cinquième sont excavés.

1997

Le site de Pompéi est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Années 2000

Des projets internationaux se multiplient autour de prospections géophysiques et de sondages profonds. Ils permettent d’étudier les niveaux archaïques de la ville.

6 novembre 2010

Le manque d’entretien de la zone archéologique, victime d’écoulements d’eau, provoque l’écroulement de la Schola armaturarum (École des gladiateurs). La nouvelle est relayée par la presse internationale et suscite un grand émoi. S’ensuit une prise de conscience sur la nécessité de sécuriser le site.

2014

Lancement du « Grand Projet Pompéi » financé par l’Union européenne et le ministère de la Culture italien. L’objectif est de sécuriser et de valoriser Pompéi.

Depuis 2017

Le projet DelPo étudie les espaces urbains de production et l’histoire des techniques à Délos et à Pompéi.

2017-2019

De nouvelles fouilles sont menées sous la direction du Professeur Massimo Osanna. Une zone du Nord de la ville (regio V), dite « Cuneo » (le coin) est dégagée. Elle permet en particulier la découverte de deux maisons la Maison de Jupiter et la Maison au jardin, d’un thermopolium (restauration rapide), de magnifiques fresques et mosaïques ainsi que des centaines d’objets.

Actuellement sur les 66 ha de la ville, 44 ha ont fait l’objet de fouilles.

Plusieurs découvertes récentes sont mémorables :

- Une inscription « XVI (ante) K(agendas) Nov(membres) in[d]ulsit pro masumis esurit[ioni] ». On peut la traduire par « Le 16e jour avant les calendes de novembre (= le 17 octobre) il s'est livré à la nourriture de façon immodérée ». Conservé par la lave, ce graffiti est forcément antérieur à l’éruption, et de par sa nature, tracé au charbon de bois, un matériau qui s’efface facilement, il n’aurait pas pu être inscrit en 78, une année avant la disparition de Pompéi, sans s’effacer. L’inscription permet de situer l’éruption à l’automne 79.

- Des fresques très bien conservées dont celle de Léda et le cygne, peinte de façon à dévisager directement une personne qui entrerait dans la pièce. 

- Des mosaïques inédites dont celles dites d’Orion et dont Sydney H. Aufrère apporte une interprétation documentée sur Odysseum.

Ce qu’en dit PLINE LE JEUNE, Lettres, VI, 20, 18 :

 

Occursabant trepidantibus adhuc oculis mutata omnia altoque cinere tamquam nive obducta.

 

Tout se montrait changé à nos yeux encore troublés et tout était enseveli sous une épaisse couche de cendre semblable à de la neige.

La technique des moulages

Giuseppe Fiorelli (1823-1896) est durant de nombreuses années Inspecteur des fouilles de Pompéi. Il met au point une technique pour conserver intacts les espaces laissés par les corps des habitants de Pompéi victimes de l’éruption du Vésuve. Il verse du plâtre liquide dans les cavités autour des corps en décomposition obtenant la reconstitution quasi parfaite des victimes dans l’attitude où la mort les a figées. Les moulages obtenus, une fois le plâtre durci, donnent une image très précise de l’attitude, du physique et des vêtements des victimes. Ils éclairent l’environnement et les circonstances du drame. Plus de 1 150 corps d’hommes, de femmes, d’enfants et d’animaux sont parvenus jusqu’à nous grâce à cette  technique mise au point par Fiorelli.

Aujourd’hui, les chercheurs utilisent des techniques d’imagerie médicale comme le scanner ou des méthodes de médecine légale pour étudier les moulages. Ils sont en mesure de déterminer l’âge, le sexe, les pathologies et même la classe sociale des victimes. Ils ont constaté, par exemple, que les habitants de Pompéi avaient des dents très saines, signe d’une alimentation riche en fruits et légumes et de la présence de fluor en quantité dans l’eau potable.

Les regiones de Pompéi

On doit également à Giuseppe Fiorelli la division cadastrale de la ville en 9 regiones (« régions, quartiers », pluriel de regio) elles-mêmes divisées en insulae «  îlots », à l'intérieur desquels chaque maison est affectée d'un numéro. Nous avons conservé encore aujourd’hui ce système d’identification auquel s’ajoute parfois un nom suggestif lié à ce que l’on a découvert dans la maison. Par exemple : La maison du Poète tragique VI, 8, 5 se trouve dans la regio VI, insula 8, maison n°5.

L’archéologie, une science pluridisciplinaire

La mise en œuvre du Grand Projet Pompéi et des fouilles qui l’accompagnent réunit non seulement des chercheurs internationaux mais aussi de nombreuses disciplines. Ainsi les archéologues travaillent par exemple avec  des archéozoologues qui déterminent le régime des habitants, des archéobotanistes qui étudient la végétation, des anthropologues qui examinent les restes des victimes en ayant également recours aux analyses ADN, des épigraphistes qui étudient les inscriptions ou encore des géophysiciens et des vulcanologues qui étudient les caractéristiques de l’éruption. Leurs observations croisées ont par exemple permis de préciser la date de l’éruption du Vésuve entre le 17 et le 24 octobre 79 alors qu’on croyait qu’elle avait eu lieu en août.

Le numérique au service de l’archéologie

Les outils numériques et les coordonnées GPS favorisent des relevés précis et immédiats des objets découverts. Désormais, la reconstitution numérique en 2D, l’infographie en 3D ou encore l’holographie permettent de superposer les images reconstituées du passé aux vestiges en l’état. Cela permet d’émettre des hypothèses d’interprétation comme Sydney H. Aufrère en propose pour la mosaïque dite d’Orion découverte en 2018 ou reconstituer l’évolution d’une villa comme pour la villa de Diomède, un projet achevé en 2019.

Stratigraphie : En archéologie, selon des principes empruntés à la géologie, distinction des différentes couches (ou unités stratigraphiques) qui composent un site de fouilles ou un édifice. La caractérisation de leur contenu et de leur succession permet d’établir des séquences chronologiques.

Photogrammétrie : Il s'agit d'une technique de mesure, et par extension, de numérisation tridimensionnelle d’une scène (environnement, bâtiment ou objet), qui se fonde sur la mise en correspondance de points remarquables présents sur au moins deux clichés photographiques. Le développement de la photographie numérique, l’augmentation des puissances de calcul et la constante amélioration des algorithmes de traitement d’image ont permis d’automatiser la recherche d’une multitude de points.

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