- L'île et la cité de Rhodes

Sparsus honor, pelagique potens Phoebeia donis
exornata Rhodos

On combla de présents la reine de la mer,
Rhodes, consacrée à Phébus
Lucain, La Guerre civile, Livre V, 50

Une île à la situation exceptionnelle et un peuple remarquable

Rhodes est la plus grande île du Dodécanèse, le point le plus oriental du territoire grec, un véritable pont entre l'Orient et l'Occident. Dans l'Antiquité, sa situation géographique en a fait un haut lieu stratégique et économique. En effet, elle était un centre commercial très important pour les échanges entre les cités d'Asie mineure, d'Égypte, de Grèce, d'Italie, d'Afrique...

D'après l'hymne de Pindare dédié à Diagoras de Rhodes, vainqueur au pugilat (Olympiques VII), l'île fut choisie par Hélios qui, absent lors du partage du monde, avait été oublié. Il aimait ses terres fertiles qui pouvaient nourrir aisément hommes et bêtes. Là, Hélios s'unit à la nymphe Rhodos, fille de Poséidon et d'Amphitrite ; ils eurent sept fils dont l'un engendra Kameiros, Ialysos et Lindos. Les trois premières cités de l'île prirent leur nom qui perdure aujourd'hui.

Diodore de Sicile dans la Bibliothèque historique, livre V, LV, retrace l'histoire de l'île depuis les temps légendaires et s'efforce de donner sens aux mythes : « Le sens naturel de cette fable est que le terrain de cette île est humide et marécageux par lui-même, mais que le soleil ayant diminué peu à peu cette humidité, y a rendu la terre si féconde que les peuples en sont autochtones et qu'elle a produit en particulier les sept frères Héliades. En conséquence de cette opinion, l'île de Rhodes a été consacrée au Soleil, et ses habitants qui croient lui devoir leur origine, se sont voués plus particulièrement à son culte qu'à celui des autres dieux. » Les Rhodiens ont toujours été un peuple remarquable : les Telchins, premiers habitants « ont les premiers dressé des statues aux dieux, et l'on en voit encore quelques-unes qui portent leur nom » ; ils étaient capables de commander aux éléments. Puis les sept Héliades, fils d'Hélios et de Rhodos, se distinguèrent des autres hommes par leurs connaissances en astronomie, établirent les principes de navigation et partagèrent l'année en saison.
Ce texte tend à montrer la prééminence des Rhodiens dans le monde grec pour les arts et les sciences.
Strabon, Géographie, XIV, 2, reprend des éléments d'histoire légendaire donnés par Diodore de Sicile et montre lui aussi les spécificités des Rhodiens.

Le nom de l'île Rhodes, nymphe qui séduisit Hélios, est aussi celui de la cité construite au Ve siècle avant J.-C. à l'extrémité Nord-Est de l'île. Mais ce mot fait aussi penser au mot grec qui désigne la rose dont le motif se retrouve sur la plupart des pièces émises dans l'Antiquité.

Une cité fondée au Ve siècle par synoecisme

Au Ve siècle avant J.-C., trois villes se réunissent pour fonder une seule et même cité, c'est le synœcisme, et en 408, l'architecte Hippodamos de Milet supervise la construction de la nouvelle cité de Rhodes. Cet architecte est un élève de l'école de Milet dans la lignée de Thalès ; un passage du Politique d'Aristote le présente comme le père du plan orthogonal des cités.
« La première réalisation qui lui est attribuée est l'aménagement réalisé, à la demande de Périclès, du Pirée, port d'Athènes, au milieu du Ve siècle avant J.-C. À la fondation de Thourioi (en Italie) par les Athéniens, il les accompagne et dessine l'aménagement de la future colonie. » (source Wikipedia)

Cette cité est protégée d'une haute fortification, mais sa caractéristique principale est que sa côte abrite cinq ports dont le grand port ouvert pour le commerce, et un port de guerre avec ses arsenaux fermé par un môle. On peut voir des dessins de la cité antique dans le livre Der Koloss von Rhodos und die Bauten des Helios de Wolfram Hoepfner aux pages 20, 21 et 22.

Dans l'Antiquité, la cité de Rhodes est prospère et sa situation géographique en fait un point stratégique convoité. À l'époque médiévale, elle reste un point de ravitaillement indispensable pour les pèlerins en route vers Jérusalem, comme l'atteste la plupart des récits dont celui de Nicolas le Huen.

Risques naturels

Si du point de vue climatique, la situation de Rhodes en fait une île particulièrement agréable à vivre ; du point de vue sismique la situation est tout autre : Rhodes a connu et peut connaître encore de violents tremblements de terre.

  • 225 avant J.-C. : un violent séisme ruine les cités de Rhodes et Kameiros et met à terre le colosse de Rhodes (Polybe, Pausanias II. 7.1).
  • 148 après  J.-C. : un violent séisme est mentionné par Pausanias, VIII. 43. 4.
  • 344 et 515 après J.-C. : ces deux tremblements de terre ruinent à nouveau Rhodes et sont cause de la fin de sa prééminence en Méditerranée orientale.

À l'époque moderne, l'île est encore victime de secousses plus ou moins violentes accompagnées ou non de vagues de type "tsunami" : en 1481, 1609, 1741, 1851, 1926, 2002, 2008. (Source : Institute of Geodynamic, Athens, 2007)

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