Les débuts de la Guerre de Corinthe

Notes

  1. Nous employons ce terme « Europe », à la manière des auteurs grecs du IVe siècle, pour qualifier les Balkans et la Grèce en particulier par rapport à l’Asie en général et l’Ionie en particulier.
  2. Les Lacédémoniens intentèrent à Pausanias un procès capital. Il était accusé d’être arrivé à Haliartos plus tard que Lysandre, d’avoir conclu une trêve plutôt que de se battre pour reprendre les morts. Il s’enfuit à Tégée où il mourut de maladie.
  3. La trière du spartiate Peisandros gravement endommagée par des coups d’éperons doit s’échouer. Le na­varque y est tué à son bord en combattant. Arrivé en Béotie, Agésilas y apprend la défaite, avant d’engager la bataille de Coronée.
  4. Voir infra.
  5. Voir infra.
  6. D’autres réussirent à sauver leur vie par une fuite honteuse.
  7. Il s’agit du libérateur de 404-403 à distinguer du Thrasybule de Collytos qui sera stratège en 387.
  8. En réalité, le renversement des alliances est proche. D’ailleurs, l’attitude de Thrasybule, obligé de lever des taxes, d’imposer des contributions et de piller les campagnes, montre bien que les subsides perses commen­cent à manquer pour mener à bien les opérations. Comme l’a dit Thucydide « à la guerre, le succès était essentiel­lement affaire de jugement et de ressources financières » (II, 13, trad. D. Roussel).
  9. Il était cependant très populaire.
  10. Note Remacle/Abbé Auger : Seuthès, prince de Thrace dont il est beaucoup parlé dans la retraite des Dix-mille de Xénophon.
  11. Note Remacle/Abbé Auger : Thrasybule, si nous en croyons Lysias, avait abusé du crédit que lui donnait le service important qu’il avait rendu à la république, en la délivrant de ses tyrans, et en lui rendant la liberté.
  12. Celle qui a déclaré Ergoclès coupable.
  13. Note Remacle/Abbé Auger : Les prytanes étaient les présidents du sénat, chargés de faire au peuple le rapport des affaires qui devaient être portées à son assemblée ; ceux qui se sentaient coupables tâchaient donc de les gagner pour que leur cause ne fût point portée devant le peuple.
  14. Renseignement précieux pour mieux comprendre la politique militaire athénienne et ses problèmes d’ordre écono­mique.
  15. Les marchands ne sont que les responsables les plus visibles. Les véritables maîtres du marché sont les importateurs. Ce qui explique peut-être la politique d’un des sitophylaques, Anytos, qui poussait les marchands de blé, les sitopolai, à s’entendre pour lutter contre le mono­pole des importateurs. Or, la loi interdisait d’acheter plus de cinquante charges de blé (Lysias, Contre les marchands de blé, 6). Anytos, dont le témoignage est utilisé par Lysias, expose que « l’hiver dernier, comme le blé était à un prix élevé et qu’il y avait surenchère et lutte entre les marchands, il leur avait conseillé de mettre un terme à leur concurrence, estiment qu’il était [de l’intérêt des citoyens, leurs clients] qu’ils achetassent au meilleur marché possible : car leur bénéfice devait être seule­ment d’une obole » (XXII, 8). Le jeu était donc dangereux pour les marchands comme pour les magis­trats.
  16. La trêve qui a précédé la paix d’Antalcidas.
  17. Polybe, IV, 27.
  18. Voir Diodore XII, 4, 5.
  19. En 405, Lysandre, comme aujourd’hui Antalcidas, menaçait les Détroits.

Le déclenchement de la guerre : le coup d’arrêt à l’expansion lacédémonienne

 

395. Début de la « guerre de Corinthe ». Les cinquante talents de Timocratès de Rhodes suffirent à déclencher la guerre. Après la disparition de Lysandre en Europe1 – il est battu et tué devant les remparts d’Haliartos par les Thébains –, après la trêve signée par Pausanias, son procès et sa condamnation à mort2, les Spartiates doivent rappeler Agésilas. Ce dernier avait pu pourtant conclure une trêve avec Pharnabaze. Malgré les victoires spartiates, en Europe, à Némée (début de l’été 394) et Coronée (août 394), la défaite navale de Cnide3, devant Conon, permet à Pharnabaze et au stratège athénien, d’arrêter l’expansion lacédémonienne en mer Égée.

L’intervention perse en Europe et le réveil de la flotte athénienne

 

La guerre se poursuit avec un arbitrage décisif des Perses, intervenant en Europe en fonction de la puissance d’une cité et de la menace qu’elle signifie pour leurs propres intérêts. Sparte privée de l’aide perse ne peut se battre sur les deux fronts, en Europe et en Asie. Les Perses, fidèles à leur tactique, jouent maintenant Athènes contre Sparte. C’est au tour de Conon d’utiliser l’argent du Roi. Il entre au Pirée à la tête d’une escadre perse et avec l’argent nécessaire pour reconstruire les Longs-Murs (393) et renforce sa flotte. Le danger pour les Lacédémoniens, qui voient l’influence athénienne grandir dans les îles et les cités de l’Asie mineure, est réel. Les Athéniens ont besoin de reconquérir leur hégémonie maritime pour assurer leur ravitaillement : l’Hellespont est, plus que jamais, une région vitale pour Athènes, comme le montrera en 389 l’attitude de Thrasybule qui, avant de cingler vers Rhodes, but de sa mission, se rend dans l’Hellespont pour tenter, en imposant, par exemple, une dîme dans le Bosphore ou encore par son appui des démocrates à Byzance et la prise de Lesbos, d’y jeter les bases d’un nouvel impérialisme4. L’opinion athénienne est divisée entre le rêve d’un retour à la puissance de l’Athènes impérialiste et la crainte de ce que cela impliquait. Le procès intenté à Ergoclès, le collaborateur immédiat de Thrasybule tué près d’Aspendos en 388, est le signe d’un rejet des pratiques qui avaient rendu l’hégémonie athénienne détestable. La Paix du Roi5 jurée par Athènes, en 386, est une victoire du parti des modérés.

Les Lacédémoniens envoient donc, en 392, des députations auprès du Roi. Tiribaze approuve les propositions d’Antalcidas. Les Athéniens, les Thébains et les Argiens s’y opposèrent. La paix n’aboutit pas et ce malgré l’autorisation pour les Athéniens de reconstruire les Longs-Murs. Mais Tiribaze se met à soutenir les Lacédémoniens pour qu’ils puissent équiper une flotte qui rendrait la paix nécessaire pour les Athéniens. Cependant, le Roi envoie Strouthas prendre la direction des régions maritimes. Or, ce dernier, se souvenant des opérations d’Agésilas, est favorable aux Athéniens…

En Grèce même, les moments essentiels de cette guerre furent le siège de Corinthe, mené par Agésilas et les exilés corinthiens, et les opérations du stratège athénien Iphicrate dans le Péloponnèse.

[1] μετὰ τοῦτό γε μὴν ἀφείθη μὲν κατὰ πόλεις τὸ ἄλλο στράτευμα, ἀπέπλευσε δὲ καὶ ὁ Ἀγησίλαος ἐπ᾽ οἴκου. ἐκ δὲ τούτου ἐπολέμουν Ἀθηναῖοι μὲν καὶ Βοιωτοὶ καὶ Ἀργεῖοι καὶ οἱ σύμμαχοι αὐτῶν ἐκ Κορίνθου ὁρμώμενοι, Λακεδαιμόνιοι δὲ καὶ οἱ σύμμαχοι ἐκ Σικυῶνος. ὁρῶντες δ᾽ οἱ Κορίνθιοι ἑαυτῶν μὲν καὶ τὴν χώραν δῃουμένην καὶ ἀποθνῄσκοντας διὰ τὸ ἀεὶ τῶν πολεμίων ἐγγὺς εἶναι, τοὺς δ᾽ ἄλλους συμμάχους καὶ αὐτοὺς ἐν εἰρήνῃ ὄντας καὶ τὰς χώρας αὐτῶν ἐνεργοὺς οὔσας, οἱ πλεῖστοι καὶ βέλτιστοι αὐτῶν εἰρήνης ἐπεθύμησαν, καὶ συνιστάμενοι ἐδίδασκον ταῦτα ἀλλήλους. [2] γνόντες δ᾽ οἱ Ἀργεῖοι καὶ Ἀθηναῖοι καὶ Βοιωτοὶ καὶ Κορινθίων οἵ τε τῶν παρὰ βασιλέως χρημάτων μετεσχηκότες καὶ οἱ τοῦ πολέμου αἰτιώτατοι γεγενημένοι ὡς εἰ μὴ ἐκποδὼν ποιήσοιντο τοὺς ἐπὶ τὴν εἰρήνην τετραμμένους, κινδυνεύσει πάλιν ἡ πόλις λακωνίσαι, οὕτω δὴ σφαγὰς ἐπεχείρουν ποιεῖσθαι. καὶ πρῶτον μὲν τὸ πάντων ἀνοσιώτατον ἐβουλεύσαντο : οἱ μὲν γὰρ ἄλλοι, κἂν νόμῳ τις καταγνωσθῇ, οὐκ ἀποκτιννύουσιν ἐν ἑορτῇ : ἐκεῖνοι δ᾽ Εὐκλείων τὴν τελευταίαν προείλοντο, ὅτι πλείους ἂν ᾤοντο λαβεῖν ἐν τῇ ἀγορᾷ, ὥστε ἀποκτεῖναι.

 [1] Après cette campagne, le reste de l’armée est renvoyé dans ses villes respectives, et Agésilas s’embarque pour sa patrie. Dès lors la guerre se fait entre les Athéniens, les Béotiens, les Argiens et leurs alliés, postés à Corinthe, et les Lacédémoniens établis à Sicyone. Les Corinthiens, voyant ainsi leur territoire ravagé et leur population décimée par le voisinage continuel de la guerre, tandis que le reste des alliés jouissaient eux-mêmes de la paix et cultivaient leurs champs, désirent vivement la paix, principalement les plus nombreux et les plus notables, et se réunissent pour se communiquer leur désir. [2] Mais les Argiens, les Athéniens, les Béotiens, et ceux des Corinthiens qui avaient eu part aux largesses du roi, et qui étaient les fauteurs les plus actifs de la guerre, comprennent que, s’ils ne se débarrassent pas de ceux dont les esprits sont tournés vers la paix, ils courront grand risque de voir l’État retomber sous l’influence lacédémonienne : ils essayent de procéder par des massacres, et ils prennent la plus impie de toutes les mesures. Jamais, en effet, on n’exécute pendant une fête une sentence de mort, même édictée par la loi ; et ils choisissent le dernier jour des Eucléies [18], parce qu’ils espèrent pouvoir alors saisir sur l’agora un plus grand nombre de personnes à qui donner la mort

Xénophon, Helléniques, IV, 4, 1-2, trad. Eugène Talbot, 1859

La défaite spartiate à Amyclées

 

390. À Amyclées, dans la vallée de l’Eurotas, près de Léchaion, à une heure environ de Sparte, Iphicrate, avec ses peltastes, défait un bataillon lacédémonien.

[11] ἐγένετο δὲ τὸ τῆς μόρας πάθος τοιῷδε τρόπῳ. οἱ Ἀμυκλαῖοι ἀεί ποτε ἀπέρχονται εἰς τὰ Ὑακίνθια ἐπὶ τὸν παιᾶνα, ἐάν τε στρατοπεδευόμενοι τυγχάνωσιν ἐάν τε ἄλλως πως ἀποδημοῦντες. καὶ τότε δὴ τοὺς ἐκ πάσης τῆς στρατιᾶς Ἀμυκλαίους κατέλιπε μὲν Ἀγησίλαος ἐν Λεχαίῳ. ὁ δ᾽ ἐκεῖ φρουρῶν πολέμαρχος τοὺς μὲν ἀπὸ τῶν συμμάχων φρουροὺς παρέταξε φυλάττειν τὸ τεῖχος, αὐτὸς δὲ σὺν τῇ τῶν ὁπλιτῶν καὶ τῇ τῶν ἱππέων μόρᾳ παρὰ τὴν πόλιν τῶν Κορινθίων τοὺς Ἀμυκλαιεῖς παρῆγεν. [12] ἐπεὶ δὲ ἀπεῖχον ὅσον εἴκοσιν ἢ τριάκοντα σταδίους τοῦ Σικυῶνος, ὁ μὲν πολέμαρχος σὺν τοῖς ὁπλίταις οὖσιν ὡς ἑξακοσίοις ἀπῄει πάλιν ἐπὶ τὸ Λέχαιον, τὸν δ᾽ ἱππαρμοστὴν ἐκέλευσε σὺν τῇ τῶν ἱππέων μόρᾳ, ἐπεὶ προπέμψειαν τοὺς Ἀμυκλαιεῖς μέχρι ὁπόσου αὐτοὶ κελεύοιεν, μεταδιώκειν. καὶ ὅτι μὲν πολλοὶ ἦσαν ἐν τῇ Κορίνθῳ καὶ πελτασταὶ καὶ ὁπλῖται οὐδὲν ἠγνόουν : κατεφρόνουν δὲ διὰ τὰς ἔμπροσθεν τύχας μηδένα ἂν ἐπιχειρῆσαι σφίσιν. [13] οἱ δ᾽ ἐκ τῶν Κορινθίων ἄστεως, Καλλίας τε ὁ Ἱππονίκου, τῶν Ἀθηναίων ὁπλιτῶν στρατηγῶν, καὶ Ἰφικράτης, τῶν πελταστῶν ἄρχων, καθορῶντες αὐτοὺς καὶ οὐ πολλοὺς ὄντας καὶ ἐρήμους καὶ πελταστῶν καὶ ἱππέων, ἐνόμισαν ἀσφαλὲς εἶναι ἐπιθέσθαι αὐτοῖς τῷ πελταστικῷ. εἰ μὲν γὰρ πορεύοιντο τῇ ὁδῷ, ἀκοντιζομένους ἂν αὐτοὺς εἰς τὰ γυμνὰ ἀπόλλυσθαι : εἰ δ᾽ ἐπιχειροῖεν διώκειν, ῥᾳδίως ἂν ἀποφυγεῖν πελτασταῖς τοῖς ἐλαφροτάτοις τοὺς ὁπλίτας. [14] γνόντες δὲ ταῦτα ἐξάγουσι. καὶ ὁ μὲν Καλλίας παρέταξε τοὺς ὁπλίτας οὐ πόρρω τῆς πόλεως, ὁ δὲ Ἰφικράτης λαβὼν τοὺς πελταστὰς ἐπέθετο τῇ μόρᾳ. οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι ἐπεὶ ἠκοντίζοντο καὶ ὁ μέν τις ἐτέτρωτο, ὁ δὲ καὶ ἐπεπτώκει, τούτους μὲν ἐκέλευον τοὺς ὑπασπιστὰς ἀραμένους ἀποφέρειν εἰς Λέχαιον : καὶ οὗτοι μόνοι τῆς μόρας τῇ ἀληθεία ἐσώθησαν : ὁ δὲ πολέμαρχος ἐκέλευσε τὰ δέκα ἀφ᾽ ἥβης ἀποδιῶξαι τοὺς προειρημένους. [15] ὡς δὲ ἐδίωκον, ᾕρουν τε οὐδένα ἐξ ἀκοντίου βολῆς ὁπλῖται ὄντες πελταστάς : καὶ γὰρ ἀναχωρεῖν αὐτοὺς ἐκέλευε, πρὶν τοὺς ὁπλίτας ὁμοῦ γίγνεσθαι : ἐπεὶ δὲ ἀνεχώρουν ἐσπαρμένοι, ἅτε διώξαντες ὡς τάχους ἕκαστος εἶχεν, ἀναστρέφοντες οἱ περὶ τὸν Ἰφικράτην, οἵ τε ἐκ τοῦ ἐναντίου πάλιν ἠκόντιζον καὶ ἄλλοι ἐκ πλαγίου παραθέοντες εἰς τὰ γυμνά. καὶ εὐθὺς μὲν ἐπὶ τῇ πρώτῃ διώξει κατηκόντιζον ἐννέα ἢ δέκα αὐτῶν. ὡς δὲ τοῦτο ἐγένετο, πολὺ ἤδη θρασύτερον ἐπέκειντο. [16] ἐπεὶ δὲ κακῶς ἔπασχον, πάλιν ἐκέλευσεν ὁ πολέμαρχος διώκειν τὰ πεντεκαίδεκα ἀφ᾽ ἥβης. ἀναχωροῦντες δὲ ἔτι πλείους αὐτῶν ἢ τὸ πρῶτον ἔπεσον. ἤδη δὲ τῶν βελτίστων ἀπολωλότων, οἱ ἱππεῖς αὐτοῖς παραγίγνονται καὶ σὺν τούτοις αὖθις δίωξιν ἐποιήσαντο. ὡς δ᾽ ἐνέκλιναν οἱ πελτασταί, ἐν τούτῳ κακῶς οἱ ἱππεῖς ἐπέθεντο : οὐ γὰρ ἕως ἀπέκτεινάν τινας αὐτῶν ἐδίωξαν, ἀλλὰ σὺν τοῖς ἐκδρόμοις ἰσομέτωποι καὶ ἐδίωκον καὶ ἐπέστρεφον. ποιοῦντες δὲ καὶ πάσχοντες τὰ ὅμοια τούτοις καὶ αὖθις, αὐτοὶ μὲν ἀεὶ ἐλάττους τε καὶ μαλακώτεροι ἐγίγνοντο, οἱ δὲ πολέμιοι θρασύτεροί τε καὶ ἀεὶ πλείους οἱ ἐγχειροῦντες. [17] ἀποροῦντες δὴ συνίστανται ἐπὶ βραχύν τινα γήλοφον, ἀπέχοντα τῆς μὲν θαλάττης ὡς δύο στάδια, τοῦ δὲ Λεχαίου ὡς ἓξ ἢ ἑπτὰ καὶ δέκα στάδια. αἰσθόμενοι δ᾽ οἱ ἀπὸ τοῦ Λεχαίου, εἰσβάντες εἰς πλοιάρια παρέπλεον, ἕως ἐγένοντο κατὰ τὸν γήλοφον. οἱ δ᾽ ἀποροῦντες ἤδη, ὅτι ἔπασχον μὲν κακῶς καὶ ἀπέθνῃσκον, ποιεῖν δὲ οὐδὲν ἐδύναντο, πρὸς τούτοις δὲ ὁρῶντες καὶ τοὺς ὁπλίτας ἐπιόντας, ἐγκλίνουσι. καὶ οἱ μὲν ἐμπίπτουσιν αὐτῶν εἰς τὴν θάλατταν, ὀλίγοι δέ τινες μετὰ τῶν ἱππέων εἰς Λέχαιον ἐσώθησαν. ἐν πάσαις δὲ ταῖς μάχαις καὶ τῇ φυγῇ ἀπέθανον περὶ πεντήκοντα καὶ διακοσίους.

[11] Or, voici comment était arrivé le désastre de ce bataillon. Lorsque les Amycléens sont en campagne ou qu’ils se trouvent n’importe en quel endroit éloigné de chez eux, ils ont coutume de revenir à l’époque des Hyakinthia pour le chant du péan ; et cette fois Agésilas avait laissé au Léchaion tous les Amycléens et son armée. Le polémarque qui commandait la garnison enjoint aux troupes des alliés qui en faisaient partie, de garder la place, et lui-même avec une division des hoplites et de cavaliers, escorte les Amycléens le long des murs de Corinthe. [12] Lorsqu’ils sont arrivés à environ vingt ou trente stades de Sicyone, le polémarque reprend le chemin du Léchaion avec les hoplites, au nombre de six cents environ, et ordonne à l’hipparmoste de le rejoindre, après qu’il aura escorté les Amycléens aussi loin qu’ils le désireront. Les Lacédémoniens n’ignoraient pas que Corinthe renfermait un nombre considérable d’hoplites et de peltastes ; mais ils s’en inquiétaient peu, croyant qu’on n’oserait les attaquer après ce qui s’était passé tout récemment. [13] Alors deux hommes du parti de la ville, Callias, fils d’Hipponicos, général des hoplites athéniens, et Iphicrate, commandant des peltastes, voyant les troupes peu nombreuses et dépourvues d’infanterie légère et de cavalerie, se figurent qu’on peut en toute sûreté les attaquer avec le corps des peltastes. En effet, si les Lacédémoniens continuaient leur route, les coups, portant sur leurs flancs sans défense, devaient en abattre un grand nombre, et, s’ils essayaient de les poursuivre, les peltastes, la plus agile de toutes les troupes, n’auraient guère de peine à échapper aux hoplites. [14] Ces réflexions faites, ils sortent. Callias range les hoplites à quelque distance des murs, et Iphicrate, à la tête de ses peltastes, attaque le bataillon. Les Lacédémoniens, atteints par les traits qui les blessent ou les tuent, ordonnent aux valets d’armes de prendre les blessés et de les emporter au Léchaion, et ce furent, pour dire vrai, les seuls de la more qui échappèrent6. Ensuite, le polémarque ordonne à ceux qui, depuis dix ans, ont passé l’adolescence, de poursuivre les assaillants ; [15] mais ces troupes pesamment armées ne peuvent plus approcher des peltastes à la portée du trait, ces derniers ayant reçu l’ordre de se retirer sans attendre les hoplites. Les Lacédémoniens, ne courant pas tous avec la même vitesse, s’étaient dans la poursuite écartés les uns des autres. Lors donc qu’ils veulent revenir vers les leurs, les soldats d’Iphicrate, faisant volte-face, les accablent de nouveau de traits, les uns par derrière, les autres en prenant de côté leur flanc découvert ; les peltastes tuent donc tout d’abord dans cette première poursuite neuf ou dix Lacédémoniens, succès qui les rend déjà plus hardis. [16] Comme les Lacédémoniens avaient eu le désavantage, le polémarque ordonne aux soldats qui, depuis quinze ans, avaient passé l’adolescence, d’attaquer de nouveau ; mais, lorsqu’ils se replient, il en tombe encore plus que la première fois. Ils avaient déjà perdu leurs meilleures troupes, lorsque la cavalerie les rejoint et tente avec eux une troisième attaque ; mais lorsque les peltastes se retirent, les cavaliers font une fausse manœuvre. En effet, au lieu de les poursuivre jusqu’à ce qu’ils en eussent tué quelques-uns, ils chargent de front avec les hoplites, s’avancent et se replient en même temps qu’eux. Après avoir répété plusieurs fois la même manœuvre avec aussi peu de succès, ils vont s’affaiblissant toujours en nombre et en courage, tandis que les ennemis ne devenaient que plus audacieux et plus nombreux dans leurs attaques. [17] Ne sachant que faire, ils se réunissent sur une petite colline éloignée de la mer de deux stades, et de seize ou dix-sept du Léchaion. Ceux du Léchaion, s’apercevant alors de leur situation, s’embarquent dans de petits bateaux et s’avancent vers la colline. Les Lacédémoniens, déjà réduits au désespoir par leur triste position et par le nombre des morts, sans pouvoir rien pour leur défense, prennent la fuite quand ils voient encore arriver des hoplites. Les uns se jettent dans la mer, d’autres en petit nombre se sauvent au Léchaion avec les cavaliers. Dans tous ces combats et dans la déroute, ils perdent environ deux cent cinquante hommes.

Xénophon, Helléniques, IV, 5, 11-17, trad. Eugène Talbot, 1859

[37] ὅμως δὲ ὁ Ἰφικράτης, ἕως μὲν ἐν τῷ ἰσοπέδῳ τὸ στράτευμα τοῦ Ἀναξιβίου ἦν, οὐκ ἐξανίστατο : ἐπειδὴ δὲ οἱ μὲν Ἀβυδηνοὶ ἀφηγούμενοι ἤδη ἐν τῷ παρὰ Κρεμαστὴν ἦσαν πεδίῳ, ἔνθα ἐστὶ τὰ χρύσεια αὐτοῖς, τὸ δ᾽ ἄλλο στράτευμα ἑπόμενον ἐν τῷ κατάντει ἦν, ὁ δὲ Ἀναξίβιος ἄρτι κατέβαινε σὺν τοῖς Λακωνικοῖς, ἐν τούτῳ ὁ Ἰφικράτης ἐξανίστησι τὴν ἐνέδραν καὶ δρόμῳ ἐφέρετο πρὸς αὐτόν. [38] καὶ ὁ Ἀναξίβιος γνοὺς μὴ εἶναι ἐλπίδα σωτηρίας, ὁρῶν ἐπὶ πολύ τε καὶ στενὸν ἐκτεταμένον τὸ ἑαυτοῦ στράτευμα, καὶ νομίζων πρὸς τὸ ἄναντες οὐκ ἂν δύνασθαι σαφῶς βοηθῆσαι ἑαυτῷ τοὺς προεληλυθότας, ὁρῶν δὲ καὶ ἐκπεπληγμένους ἅπαντας, ὡς εἶδον τὴν ἐνέδραν, εἶπε πρὸς τοὺς παρόντας : ἄνδρες, ἐμοὶ μὲν ἐνθάδε καλὸν ἀποθανεῖν : ὑμεῖς δὲ πρὶν συμμεῖξαι τοῖς πολεμίοις σπεύδετε εἰς τὴν σωτηρίαν. [39] καὶ ταῦτ᾽ ἔλεγε καὶ παρὰ τοῦ ὑπασπιστοῦ λαβὼν τὴν ἀσπίδα ἐν χώρᾳ αὐτοῦ μαχόμενος ἀποθνῄσκει. καὶ τὰ παιδικὰ μέντοι αὐτῷ παρέμεινε, καὶ τῶν Λακεδαιμονίων δὲ τῶν συνεληλυθότων ἐκ τῶν πόλεων ἁρμοστήρων ὡς δώδεκα μαχόμενοι συναπέθανον : οἱ δ᾽ ἄλλοι φεύγοντες ἔπιπτον. οἱ δ᾽ ἐδίωκον μέχρι τοῦ ἄστεως. καὶ τῶν τε ἄλλων ὡς διακόσιοι ἀπέθανον καὶ τῶν Ἀβυδηνῶν ὁπλιτῶν περὶ πεντήκοντα. ταῦτα δὲ πράξας ὁ Ἰφικράτης ἀνεχώρησε πάλιν εἰς Χερρόνησον.

[37] Cependant Iphicrate ne bouge point, tant que l’armée d’Anaxibios est à la même hauteur que lui ; mais dès que les Abydéniens, qui ouvraient la marche, sont arrivés dans la plaine de Cremasté, où ils possèdent leurs mines d’or, et que le reste de l’armée, qui les suivait, se trouve sur la pente de la montagne qu’Anaxibios descendait en même temps que les Lacédémoniens, Iphicrate s’élance de son embuscade et fond sur eux au pas de course. [38] Anaxibios sent bien qu’il n’a aucun espoir de salut, et, considérant la longue ligne de son armée qui s’étend dans le défilé, il comprend que la montagne empêchera ceux qui le précèdent de venir à son secours. Voyant donc la terreur de toutes ses troupes quand elles s’aperçoivent de l’embuscade, il dit à ceux qui l’entourent : « Camarades, je trouve beau de mourir ici : quant à vous, avant d’en venir aux mains avec les ennemis, hâtez-vous de vous sauver ! » [39] A ces mots, il prend son bouclier des mains de son écuyer et tombe sur la place en combattant. Son mignon reste à ses côtés, et une douzaine d’harmostes lacédémoniens, rassemblés des différentes villes, sont tués avec lui. Le reste tombe en fuyant ou est poursuivi jusqu’à la ville. Le reste des troupes perd environ deux cents hoplites, et les Abydéniens une cinquantaine. Cela fait, Iphicrate se retire de nouveau dans la Chersonèse.

Xénophon, Helléniques, IV, 8, 37-39, trad. Eugène Talbot, 1859

La rupture entre Athènes et les Perses

 

390-389. Thrasybule est envoyé contre le navarque lacédémonien Téleutias qui commande les renforts destinés à Rhodes. Mais l’Athénien cingle vers l’Hellespont. Présentant l’imminence du rapproche¬ment entre Sparte et les Perses – les Athéniens vont se brouiller avec les Perses après leur soutien aux Égyptiens et à Évagoras révoltés contre le Roi – il tente de reconstruire, violemment, les bases de l’empire athénien du Ve siècle.

[25] οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι νομίσαντες τοὺς Λακεδαιμονίους πάλιν δύναμιν κατασκευάζεσθαι ἐν τῇ θαλάττῃ, ἀντεκπέμπουσι Θρασύβουλον τὸν Στειριέα σὺν τετταράκοντα ναυσίν. ὁ δ᾽ ἐκπλεύσας τῆς μὲν εἰς Ῥόδον βοηθείας ἐπέσχε, νομίζων οὔτ᾽ ἂν αὐτὸς ῥᾳδίως τιμωρήσασθαι τοὺς φίλους τῶν Λακεδαιμονίων τεῖχος ἔχοντας καὶ Τελευτίου σὺν ναυσὶ παρόντος συμμάχου αὐτοῖς, οὔτ᾽ ἂν τοὺς σφετέρους φίλους ὑπὸ τοῖς πολεμίοις γενέσθαι, τάς τε πόλεις ἔχοντας καὶ πολὺ πλείους ὄντας καὶ μάχῃ κεκρατηκότας : [26] εἰς δὲ τὸν Ἑλλήσποντον πλεύσας καὶ οὐδενὸς ἀντιπάλου παρόντος ἐνόμισε καταπρᾶξαι ἄν τι τῇ πόλει ἀγαθόν. καὶ οὕτω δὴ πρῶτον μὲν καταμαθὼν στασιάζοντας Ἀμήδοκόν τε τὸν Ὀδρυσῶν βασιλέα καὶ Σεύθην τὸν ἐπὶ θαλάττῃ ἄρχοντα ἀλλήλοις μὲν διήλλαξεν αὐτούς, Ἀθηναίοις δὲ φίλους καὶ συμμάχους ἐποίησε, νομίζων καὶ τὰς ὑπὸ τῇ Θρᾴκῃ οἰκούσας Ἑλληνίδας πόλεις φίλων ὄντων τούτων μᾶλλον προσέχειν ἂν τοῖς Ἀθηναίοις τὸν νοῦν. [27] ἐχόντων δὲ τούτων τε καλῶς καὶ τῶν ἐν τῇ Ἀσίᾳ πόλεων διὰ τὸ βασιλέα φίλον τοῖς Ἀθηναίοις εἶναι, πλεύσας εἰς Βυζάντιον ἀπέδοτο τὴν δεκάτην τῶν ἐκ τοῦ Πόντου πλεόντων. μετέστησε δὲ ἐξ ὀλιγαρχίας εἰς τὸ δημοκρατεῖσθαι τοὺς Βυζαντίους : ὥστε οὐκ ἀχθεινῶς ἑώρα ὁ τῶν Βυζαντίων δῆμος Ἀθηναίους ὅτι πλείστους παρόντας ἐν τῇ πόλει. [28] ταῦτα δὲ πράξας καὶ Καλχηδονίους φίλους προσποιησάμενος ἀπέπλει ἔξω τοῦ Ἑλλησπόντου. […] [30] ἐκ δὲ τούτου τὰς μὲν προσηγάγετο τῶν πόλεων, ἐκ δὲ τῶν οὐ προσχωρουσῶν λεηλατῶν χρήματα τοῖς στρατιώταις, ἔσπευσεν εἰς τὴν Ῥόδον ἀφικέσθαι. ὅπως δ᾽ ἂν καὶ ἐκεῖ ὡς ἐρρωμενέστατον τὸ στράτευμα ποιήσαιτο, ἐξ ἄλλων τε πόλεων ἠργυρολόγει καὶ εἰς Ἄσπενδον ἀφικόμενος ὡρμίσατο εἰς τὸν Εὐρυμέδοντα ποταμόν. ἤδη δ᾽ ἔχοντος αὐτοῦ χρήματα παρὰ τῶν Ἀσπενδίων, ἀδικησάντων τι ἐκ τῶν ἀγρῶν τῶν στρατιωτῶν, ὀργισθέντες οἱ Ἀσπένδιοι τῆς νυκτὸς ἐπιπεσόντες κατακόπτουσιν ἐν τῇ σκηνῇ αὐτόν.

[25] Les Athéniens, croyant les Lacédémoniens tout près de rétablir leur puissance sur mer, envoient de leur côté Thrasybule de Steiria7 avec quarante vaisseaux. Celui-ci, toutefois, ne se rend point à Rhodes, dans la pensée qu’il pourra difficilement faire peser sa vengeance sur les amis des Lacédémoniens, maîtres d’une place forte et soutenus par la présence de Téleutias et de sa flotte. D’un autre côté, il ne croit pas que les alliés des Athéniens courent le risque de succomber sous leurs ennemis, parce qu’ils possèdent les villes, qu’ils sont de beaucoup supérieurs en nombre, et qu’ils viennent de gagner une bataille. [26] Il fait donc voile vers l’Hellespont, et, comme il n’y trouve point d’adversaires, il pense qu’il pourra rendre de grands services à sa patrie. Aussi, ayant appris d’abord que Amédocos, roi des Odryses, et Seuthès, souverain du littoral étaient brouillés, il les réconcilie et en fait des amis et des alliés d’Athènes. Il espérait que, grâce à cette alliance, les villes grecques situées dans la Thrace seraient mieux disposées en faveur des Athéniens. [27] Or, comme ces pays, ainsi que les villes grecques d’Asie, à cause de l’alliance du Roi avec les Athéniens8, ne lui donnaient aucune inquiétude, il se rend à Byzance et afferme la dîme prélevée sur les vaisseaux qui sortent du Pont. Il remplace aussi par la démocratie le gouvernent oligarchique des Byzantins. De cette manière, le peuple de Byzance voit avec plaisir un grand nombre d’Athéniens entrer et séjourner dans leur ville. [28] Cela fait, il s’assure l’amitié des Chalcédoniens, puis il quitte l’Hellespont. […] [30] Alors plusieurs villes ouvrent leurs portes à Thrasybule, qui ravage celles qui refusent de se rendre, et fournit ainsi de l’argent à ses soldats. Il se hâte ensuite de retourner à Rhodes ; mais, afin de donner plus de cœur à son armée, il lève des contributions dans les différentes villes, et vient spécialement dans cette vue à Aspendos, sur le fleuve Eurymédon. Il avait déjà reçu de l’argent des Aspendiens, lorsque ses soldats commettent quelques dégâts dans la campagne. Les Aspendiens irrités font une irruption de nuit et l’égorgent dans sa tente.

Xénophon, Helléniques, IV, 8, 25-30, trad. Eugène Talbot, 1859

Mettre en accusation les opposants à la démocratie : le procès d’Ergoclès

 

La mort, en 388, de Thrasybule a interrompu l’action d’eisangélie intentée contre lui9 à cause de ses exactions, de ses détournements de fonds. Lysias dans le Contre Ergoclès l’accuse même de trahison et de complot contre la démocratie. Ergoclès, son compagnon d’expédition, est condamné à mort.

[1] τὰ μὲν κατηγορημένα οὕτως ἐστὶ πολλὰ καὶ δεινά, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὥστε οὐκ ἄν μοι δοκεῖ δύνασθαι Ἐργοκλῆς ὑπὲρ ἑνὸς ἑκάστου τῶν πεπραγμένων αὐτῷ πολλάκις ἀποθανὼν δοῦναι δίκην ἀξίαν τῷ ὑμετέρῳ πλήθει. καὶ γὰρ πόλεις προδεδωκὼς φαίνεται, καὶ προξένους καὶ πολίτας ὑμετέρους ἠδικηκώς, καὶ ἐκ πένητος ἐκ τῶν ὑμετέρων πλούσιος γεγενημένος. [2] καίτοι πῶς αὐτοῖς χρὴ συγγνώμην ἔχειν, ὅταν ὁρᾶτε τὰς μὲν ναῦς, ὧν ἦρχον οὗτοι, δι᾽ ἀπορίαν χρημάτων καταλυομένας καὶ ἐκ πολλῶν ὀλίγας γιγνομένας, τούτους δὲ πένητας καὶ ἀπόρους ἐκπλεύσαντας οὕτως ταχέως πλείστην τῶν πολιτῶν οὐσίαν κεκτημένους; ὑμέτερον τοίνυν ἔργον ἐστίν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, [3] ἐπὶ τοῖς τοιούτοις ὀργίζεσθαι : καὶ γὰρ δὴ δεινὸν ἂν εἴη, εἰ νῦν μὲν οὕτως αὐτοὶ πιεζόμενοι ταῖς εἰσφοραῖς συγγνώμην τοῖς κλέπτουσι καὶ τοῖς δωροδοκοῦσιν ἔχοιτε, ἐν δὲ τῷ τέως χρόνῳ, καὶ τῶν οἴκων τῶν ὑμετέρων μεγάλων ὄντων καὶ τῶν δημοσίων προσόδων μεγάλων οὐσῶν, θανάτῳ ἐκολάζετε τοὺς τῶν ὑμετέρων ἐπιθυμοῦντας. [4] οἶμαι δ᾽ ἔγωγε πάντας ἂν ὑμᾶς ὁμολογῆσαι, εἰ ὑμῖν Θρασύβουλος ἐπηγγέλλετο τριήρεις ἔχων ἐκπλεύσεσθαι καὶ ταύτας παλαιὰς ἀντὶ καινῶν παραδώσειν, καὶ τοὺς μὲν κινδύνους ὑμετέρους ἔσεσθαι, τὰς δ᾽ ὠφελείας τῶν αὑτοῦ φίλων, καὶ ὑμᾶς μὲν διὰ τὰς εἰσφορὰς πενεστέρους ἀποδείξειν, Ἐργοκλέα δὲ καὶ τοὺς κόλακας τοὺς αὑτοῦ πλουσιωτάτους τῶν πολιτῶν ποιήσειν, οὐδένα ἂν ὑμῶν ἐπιτρέψαι τὰς ναῦς ἐκεῖνον ἔχοντα ἐκπλεῦσαι, [5] ἄλλως τε ἐπειδή, ὡς τάχιστα ὑμεῖς ἐψηφίσασθε τὰ χρήματα ὑπογράψαι τὰ ἐκ τῶν πόλεων εἰλημμένα καὶ τοὺς ἄρχοντας τοὺς μετ᾽ ἐκείνου καταπλεῖν εὐθύνας δώσοντας, Ἐργοκλῆς ἔλεγεν ὡς ἤδη συκοφαντεῖτε καὶ τῶν ἀρχαίων νόμων ἐπιθυμεῖτε, καὶ Θρασυβούλῳ συνεβούλευε Βυζάντιον καταλαβεῖν καὶ τὰς ναῦς ἔχειν καὶ τὴν Σεύθου θυγατέρα γαμεῖν : [6] ‘ἵνα αὐτῶν ἐκκόψῃς’ ἔφη ‘τὰς συκοφαντίας : ποιήσεις γὰρ αὐτοὺς οὐκ ἐπιβουλεύοντας σοὶ καθῆσθαι καὶ τοῖς σοῖς φίλοις, ἀλλὰ περὶ αὑτῶν δεδιέναι.’ οὕτως, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐπειδὴ τάχιστα ἐνεπέπληντο καὶ τῶν ὑμετέρων ἀπέλαυσαν, ἀλλοτρίους τῆς πόλεως αὑτοὺς ἡγήσαντο. [7] ἅμα γὰρ πλουτοῦσι καὶ ὑμᾶς μισοῦσι, καὶ οὐκέτι ὡς ἀρξόμενοι παρασκευάζονται ἀλλ᾽ ὡς ὑμῶν ἄρξοντες, καὶ δεδιότες ὑπὲρ ὧν ἀφῄρηνται ἕτοιμοί εἰσι καὶ χωρία καταλαμβάνειν καὶ ὀλιγαρχίαν καθιστάναι καὶ πάντα πράττειν ὅπως ὑμεῖς ἐν τοῖς δεινοτάτοις κινδύνοις καθ᾽ ἑκάστην ἡμέραν ἔσεσθε : οὕτως γὰρ ἡγοῦνται οὐκέτι τοῖς σφετέροις αὐτῶν ἁμαρτήμασι τὸν νοῦν ὑμᾶς προσέξειν, ἀλλ᾽ ὑπὲρ ὑμῶν αὐτῶν καὶ τῆς πόλεως ὀρρωδοῦντας ἡσυχίαν πρὸς τούτους ἕξειν. [8] Θρασύβουλος μὲν οὖν ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,(οὐδὲν γὰρ δεῖ περὶ αὐτοῦ πλείω λέγειν) καλῶς ἐποίησεν οὕτως τελευτήσας τὸν βίον : οὐ γὰρ ἔδει αὐτὸν οὔτε ζῆν τοιούτοις ἔργοις ἐπιβουλεύοντα, οὔθ᾽ ὑφ᾽ ὑμῶν ἀποθανεῖν ἤδη τι δοκοῦντα ὑμᾶς ἀγαθὸν πεποιηκέναι, ἀλλὰ τοιούτῳ τρόπῳ τῆς πόλεως ἀπαλλαγῆναι. [9] ὁρῶ δ᾽ αὐτοὺς διὰ τὴν πρῴην ἐκκλησίαν οὐκέτι φειδομένους τῶν χρημάτων, ἀλλ᾽ ὠνουμένους τὰς αὑτῶν ψυχὰς καὶ παρὰ τῶν λεγόντων καὶ παρὰ τῶν ἐχθρῶν καὶ παρὰ τῶν πρυτάνεων, καὶ πολλοὺς Ἀθηναίων ἀργυρίῳ διαφθείροντας. ὑπὲρ ὧν ὑμῖν ἄξιόν ἀπολογήσασθαι παρὰ τούτου νῦν δίκην λαβοῦσι, καὶ πᾶσιν ἀνθρώποις ἐπιδεῖξαι ὅτι οὐκ ἔστι τοσαῦτα χρήματα, ὧν ὑμεῖς ἡττήσεσθε ὥστε μὴ τιμωρεῖσθαι τοὺς ἀδικοῦντας. [10] ἐνθυμεῖσθε γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὅτι οὐκ Ἐργοκλῆς μόνος κρίνεται, ἀλλὰ καὶ ἡ πόλις ὅλη. νυνὶ γὰρ τοῖς ἄρχουσι τοῖς ὑμετέροις ἐπιδείξετε πότερον χρὴ δικαίους εἶναι, ἢ ὡς πλεῖστα τῶν ὑμετέρων ὑφελομένους τῷ αὐτῷ τρόπῳ τὴν σωτηρίαν παρασκευάζεσθαι, ᾧπερ οὗτοι νυνὶ πειρῶνται. καίτοι εὖ εἰδέναι χρή, [11] ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι. ὅστις ἐν τοσαύτῃ ἀπορίᾳ τῶν ὑμετέρων πραγμάτων ἢ πόλεις προδίδωσιν ἢ χρήματα κλέπτειν ἢ δωροδοκεῖν ἀξιοῖ, οὗτος καὶ τὰ τείχη καὶ τὰς ναῦς τοῖς πολεμίοις παραδίδωσι καὶ ὀλιγαρχίαν ἐκ δημοκρατίας καθίστησιν : ὥστ᾽ οὐκ ἄξιον ὑμῖν τῆς τούτων παρασκευῆς ἡττᾶσθαι, ἀλλὰ παράδειγμα πᾶσιν ἀνθρώποις ποιῆσαι καὶ μήτε κέρδος μήτε ἔλεον μήτ᾽ ἄλλο μηδὲν περὶ πλείονος ποιήσασθαι τῆς τούτων τιμωρίας. [12] οἶμαι δ᾽ Ἐργοκλέα, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, περὶ μὲν Ἁλικαρνασσοῦ καὶ περὶ τῆς ἀρχῆς καὶ περὶ τῶν αὑτῷ πεπραγμένων οὐκ ἐπιχειρήσειν ἀπολογεῖσθαι, ἐρεῖν δὲ ὡς ἀπὸ Φυλῆς κατῆλθε καὶ ὡς δημοτικός ἐστι καὶ ὡς τῶν κινδύνων τῶν ὑμετέρων μετέσχεν. ἐγὼ δέ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, οὐ [13] τοιαύτην γνώμην ἔχω περὶ τῶν τοιούτων : ἀλλ᾽ ὅσοι μὲν ἐλευθερίας καὶ τοῦ δικαίου ἐπιθυμοῦντες καὶ τοὺς νόμους ἰσχύειν βουλόμενοι καὶ τοὺς ἀδικοῦντας μισοῦντες τῶν ὑμετέρων κινδύνων μετέσχον, οὐ πονηροὺς εἶναι πολίτας, οὐδὲ ἀδίκως τούτοις φημι ἂν εἶναι ὑπόλογον τὴν ἐκείνων φυγήν : ὅσοι δὲ κατελθόντες ἐν δημοκρατία τὸ μὲν ὑμέτερον πλῆθος ἀδικοῦσι, τοὺς δὲ ἰδίους οἴκους ἐκ τῶν ὑμετέρων μεγάλους ποιοῦσι, πολὺ μᾶλλον αὐτοῖς προσήκει ὀργίζεσθαι ἤ τοῖς τριάκοντα. [14] οἱ μὲν γὰρ ἐπὶ τοῦτ᾽ ἐχειροτονήθησαν, ἵνα κακῶς, εἴ πῃ δύναιντο, ὑμᾶς ποιήσειαν : τούτοις δ᾽ ὑμᾶς αὐτοὺς ἐπετρέψατε, ὡς μεγάλην καὶ ἐλευθέραν τὴν πόλιν ποιήσωσιν : ὧν ὑμῖν οὐδὲν ἀποβέβηκεν, ἀλλὰ τὸ ἐπὶ τούτοις εἶναι ἐν τοῖς δεινοτάτοις κινδύνοις καθεστήκατε, ὥστε πολὺ ἂν δικαιότερον ὑμᾶς αὐτοὺς ἢ τούτους ἐλεοῖτε, καὶ τοὺς ὑμετέρους παῖδας καὶ γυναῖκας, ὅτι ὑπὸ τοιούτων ἀνδρῶν λυμαίνεσθε. [15] ὅταν γὰρ ἡγησώμεθα σωτηρίας ἀντειλῆφθαι, δεινότερα ὑπὸ τῶν ἡμετέρων ἀρχόντων πάσχομεν ἢ ὑπὸ τῶν πολεμίων. καίτοι πάντες ἐπίστασθε ὅτι οὐδεμία ἐλπὶς σωτηρίας ὑμῖν δυστυχήσασιν. ὥστε ἄξιον ὑμᾶς παρακελευσαμένους ὑμῖν αὐτοῖς παρὰ τούτων νυνὶ τὴν μεγίστην δίκην λαβεῖν, καὶ τοῖς ἄλλοις Ἕλλησιν ἐπιδεῖξαι ὡς τοὺς ἀδικοῦντας τιμωρεῖσθε, καὶ τοὺς ὑμετέρους ἄρχοντας βελτίους ποιήσετε. [16] ἐγὼ μὲν οὖν ταῦθ᾽ ὑμῖν παρακελεύομαι : ὑμᾶς δὲ χρὴ εἰδέναι ὅτι, ἐὰν μὲν ἐμοὶ πεισθῆτε, εὖ περὶ αὑτῶν βουλεύσεσθε, εἰ δὲ μή, χείροσι τοῖς ἄλλοις πολίταις χρήσεσθε. ἔτι δέ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐὰν αὐτῶν ἀποψηφίσησθε, οὐδεμίαν ὑμῖν εἴσονται χάριν, ἀλλὰ τοῖς ἀνηλωμένοις καὶ τοῖς χρήμασιν οἷς ὑφῄρηνται : ὥστε τὴν μὲν ἔχθραν ὑμῖν αὐτοῖς καταλείψετε, τῆς δὲ σωτηρίας ἐκείνοις εἴσονται χάριν. [17] καὶ μὲν δή, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ Ἁλικαρνασσεῖς καὶ οἱ ἄλλοι οἱ ὑπὸ τούτων ἠδικημένοι, ἐὰν μὲν παρὰ τούτων τὴν μεγίστην δίκην λάβητε, νομιοῦσιν ὑπὸ τούτων μὲν ἀπολωλέναι, ὑμᾶς δὲ αὑτοῖς βεβοηθηκέναι : ἐὰν δὲ τούτους σώσητε, ἡγήσονται καὶ ὑμᾶς ὁμογνώμονας γεγονέναι τοῖς αὑτοὺς προδεδωκόσιν. ὥστ᾽ ἄξιον τούτων ἁπάντων ἐνθυμηθέντας ἅμα τοῖς τε φίλοις τοῖς ὑμετέροις ἀποδοῦναι χάριν καὶ παρὰ τῶν ἀδικούντων τὴν δίκην λαβεῖν.

[1] Les charges de l’accusation sont si graves et si multipliées, qu’il me semble, Athéniens, que, quand même Ergoclès mourrait plusieurs fois pour chacun de ses délits, il ne satisferait pas suffisamment au peuple. Il est convaincu d’avoir trahi les villes, d’avoir vexé les citoyens et les étrangers, et de s’être enrichi à vos dépens. [2] Mais devez-vous pardonner à de tels hommes, lorsque vous voyez les vaisseaux qu’ils commandaient dispersés faute d’argent et réduits à un petit nombre ; tandis qu’eux-mêmes, qu’on a vus partir pauvres et manquant du nécessaire, devenus riches tout-à-coup, possèdent des fonds immenses. C’est à vous, sans doute, de sévir contre de tels désordres ; [3] et il serait étrange que vous fissiez grâce à des traîtres et à des voleurs, aujourd’hui que vous êtes accablés d’impôts ; tandis qu’autrefois, lorsque les maisons particulières étaient riches et le trésor public opulent, vous punissiez de mort quiconque cherchait à piller vos revenus. [4] Voici une chose dont vous conviendrez tous, je pense : si on vous annonçait que Thrasybule, revenu à la vie, doit partir avec vos vaisseaux, vous en remettre de vieux a la place des neufs, vous exposer aux dangers et en donner le profit à ses amis, vous épuiser par des contributions et combler de richesses Ergoclès et ses autres flatteurs ; nul de vous, j’en suis sûr, ne lui permettrait de partir avec les vaisseaux, [5] d’autant plus que du moment où vous ordonnâtes qu’on rapporterait au trésor l’argent pris dans les villes, et que ceux qui commandaient sous Thrasybule viendraient rendre compte de leur administration, Ergoclès disait que vous recommenciez à persécuter vos chefs, et que vous repreniez vos anciens usages. Il conseillait à Thrasybule de s’approprier les vaisseaux qu’il commandait, et d’épouser sa fille de Seuthès10. [6] Par-là, lui disait-il, vous arrêterez la persécution, ils craindront pour eux-mêmes, et ne chercheront pas dans leur loisir à vous perdre vous et vos amis. Ainsi, Athéniens, dès qu’ils se sont vus comblés de vos bienfaits et enrichis de vos revenus, ils se sont regardés comme étrangers pour la patrie. [7] Fiers de leur opulence, ils vous haïssent, ils refusent d’obéir à vos ordres, ils veulent même vous imposer des lois. Dans la crainte de perdre ce qu’ils ont ravi, on les voit se disposer à s’emparer des villes, à établir l’oligarchie, et à vous jeter tous les jours dans les plus grands dangers. Ils s’imaginent que par-là vous oublierez leurs crimes, et, qu’appréhendant pour vous-mêmes et pour la république, vous ne songerez plus à les inquiéter. [8] Thrasybule11, je n’en dirai pas davantage, a bien sait de mourir. Il ne méritait pas, sans doute, de vivre puisqu’il tramait de pareils desseins ; vous ne pouviez non plus condamner à mort un homme à qui vous aviez quelques obligations ; mais nous devions en être délivrés de cette manière. [9] Effrayés par la dernière assemblée du peuple12, nos traîtres n’épargnaient plus l’argent, ils prodiguaient l’or, pour racheter leur vie, aux orateurs, à leurs ennemis, aux prytanes13, enfin ils cherchaient à corrompre tous ceux qu’ils pouvaient. II faut, Athéniens, vous laver de tout soupçon en punissant aujourd’hui Ergoclès ; il faut que toute la Grèce sache qu’il n’est pas de somme assez considérable pour vous faire succomber et vous empêcher de punir les prévaricateurs. [10] Considérez, en effet, que le jugement que vous allez prononcer ne regarde pas Ergoclès seul, mais la ville entière. Vous allez apprendre en ce jour aux citoyens qui vous gouvernent, s’ils doivent être intègres, ou si, après avoir pillé une grande partie de vos revenus, ils peuvent espérer d’échapper par les intrigues que ceux-ci mettent en usage. [11] Pourriez-vous néanmoins ignorer que dans vos embarras actuels14, trahir les villes, piller le trésor, ou se laisser corrompre, c’est livrer aux ennemis nos vaisseaux et nos murs, c’est établir l’oligarchie à la place de la démocratie. Prenez donc garde que leurs cabales ne puissent prévaloir, et annoncez à toute la Grèce que ni moitis d’intérêt, ni sentiment de pitié, que rien en un mot ne peut l’emporter auprès de vous sur la nécessité de punir les coupables. [12] Ergoclès n’entreprendra pas, je crois, de se justicier au sujet d’Halicarnasse qu’il a gouverné, au sujet des flottes qu’il a commandées, et sur la conduite qu’il a tenue dans l’administration ; mais il dira qu’il est revenu de Phyle, qu’il est ami du peuple, et qu’il a partagé vos périls. Pour moi, ô Athéniens, voici comme je penserais sur cet article. [13] Ceux qui par haine pour le crime, par attachement à la liberté, à la justice et aux lois, partagèrent vos périls, je ne crois pas que ce soient de mauvais citoyens, et je dis qu’on pourrait leur tenir compte de leur exil : mais tous ceux qu’on voit à leur retour persécuter le peuple dans la démocratie, et établir leur fortune sur les ruines de la vôtre, je soutiens qu’ils méritent votre indignation beaucoup plus que les Trente. [14] Ceux-ci étaient constitués pour vous faire tout le mal qu’ils pourraient, et vous vous êtes vous-mêmes abandonnés aux autres pour qu’ils rendissent la ville libre et florissante. Mais, loin que vous ayez obtenu l’objet de vos désirs, ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour vous mettre dans la situation la plus fâcheuse. Leur sort doit donc vous toucher beaucoup moins que le vôtre propre, que celui de vos femmes et de vos enfants. Ce sont de tels hommes qui vous perdent ; [15] et lorsque nous pensons avoir trouvé un état heureux et tranquille, nous souffrons de plus cruels outrages de la part de nos chefs que de la part des ennemis mêmes. Vous savez cependant qu’il ne vous reste aucune ressource dans le triste état de vos affaires. C’est donc à vous seuls à vous exhorter ici ; c’est à vous de traiter avec la dernière sévérité les criminels que j’accuse, pour montrer à tous les Grecs que vous êtes résolus à punir les coupables, et à réformer vos chefs. [16] Sachez, Athéniens, que, si vous écoutez mes conseils, vous exercerez, comme vous le devez, votre justice contre les prévaricateurs ; sinon, que votre indulgence nuisible pervertira les autres citoyens. Ajoutez que si vous renvoyez absous les coupables, ce n’est pas à vous qu’ils en sauront gré, mais à votre or qu’ils ont ravi, et qu’ils prodiguent maintenant de toutes parts : oui, c’est à votre or seul qu’ils devront leur salut, et vous n’aurez gagné que leur haine. [17] Enfin, si vous leur faites subir la peine qu’ils méritent, les habitants d’Halicarnasse et les autres auxquels ils ont causé des torts énormes, verront que s’ils ont été ruinés par eux, ils ont du moins été vengés par vous : mais si vous les épargnez, ils s’imagineront que vous êtes d’accord avec les perfides qui les ont trahis. De si puissants motifs, sans doute, doivent vous porter à servir des amis en punissant des coupables.

Lysias, Contre Ergoclès, 1-17, trad. abbé Auger

Le rapprochement des Perses et de Sparte

 

Le réveil des ambitions impérialistes des Athéniens et la première mission du Spartiate Antalcidas auprès du satrape Tiribaze qui a été rétabli à Sardes poussent les Perses, logiquement, à se rapprocher à nouveau des Lacédémoniens.

[25] ὁ δὲ Ἀνταλκίδας κατέβη μὲν μετὰ Τιριβάζου διαπεπραγμένος συμμαχεῖν βασιλέα, εἰ μὴ ἐθέλοιεν Ἀθηναῖοι καὶ οἱ σύμμαχοι χρῆσθαι τῇ εἰρήνῃ ᾗ αὐτὸς ἔλεγεν.

[25] Antalcidas redescendait de l’Asie avec Tiribaze, après avoir négocié l’alliance avec le roi, dans le cas où les Athéniens et leurs alliés ne voudraient pas accepter la paix que ce dernier leur proposait.

Xénophon, Helléniques, V, 1, 25, trad. Eugène Talbot, 1859

La paix du Roi : une paix grecque sous égide perse

 

386. Le désir de paix est général. Corinthe n’est toujours pas tombée. Par ailleurs, le ravitaillement d’Athènes en blé est menacé par une flotte lacédémonienne qui croise dans les Détroits. À Athènes, les prix montent à cause de la spéculation. Les arrivages sont de plus en plus précaires et les commerçants qui ont acheté du blé en masse, habiles en chrématistique, profitent de la situation et manœuvrent pour provoquer des hausses.

πολλοί μοι προσεληλύθασιν, ὦ ἄνδρες δικασταί, θαυμάζοντες ὅτι ἐγὼ τῶν σιτοπωλῶν ἐν τῇ βουλῇ κατηγόρουν, καὶ λέγοντες ὅτι ὑμεῖς, εἰ ὡς μάλιστα αὐτοὺς ἀδικεῖν ἡγεῖσθε, οὐδὲν ἧττον καὶ τοὺς περὶ τούτων λόγους ποιουμένους συκοφαντεῖν νομίζετε. ὅθεν οὖν ἠνάγκασμαι κατηγορεῖν αὐτῶν, περὶ τούτων πρῶτον εἰπεῖν βούλομαι. [2] ἐπειδὴ γὰρ οἱ πρυτάνεις ἀπέδοσαν εἰς τὴν βουλὴν περὶ αὐτῶν, οὕτως ὠργίσθησαν αὐτοῖς, ὥστε ἔλεγόν τινες τῶν ῥητόρων ὡς ἀκρίτους αὐτοὺς χρὴ τοῖς ἕνδεκα παραδοῦναι θανάτῳ ζημιῶσαι. ἡγούμενος δὲ ἐγὼ δεινὸν εἶναι τοιαῦτα ἐθίζεσθαι ποιεῖν τὴν βουλήν, ἀναστὰς εἶπον ὅτι μοι δοκοίη κρίνειν τοὺς σιτοπώλας κατὰ τὸν νόμον, νομίζων, εἰ μέν εἰσιν ἄξια θανάτου εἰργασμένοι, ὑμᾶς οὐδὲν ἧττον ἡμῶν γνώσεσθαι τὰ δίκαια, εἰ δὲ μηδὲν ἀδικοῦσιν, οὐ δεῖν αὐτοὺς ἀκρίτους ἀπολωλέναι. […] [12] περιφανέστατον τεκμήριον ὅτι ψεύδονται : ἐχρῆν γὰρ αὐτούς, εἴπερ ὑμῶν ἕνεκα ἔπραττον ταῦτα, φαίνεσθαι τῆς αὐτῆς τιμῆς πολλὰς ἡμέρας πωλοῦντας, ἕως ὁ συνεωνημένος αὐτοὺς ἐπέλιπε : νῦν δ᾽ ἐνίοτε τῆς αὐτῆς ἡμέρας ἐπώλουν δραχμῇ τιμιώτερον, ὥσπερ κατὰ μέδιμνον συνωνούμενοι. καὶ τούτων ὑμᾶς μάρτυρας παρέχομαι. [13] δεινὸν δέ μοι δοκεῖ εἶναι, εἰ ὅταν μὲν εἰσφορὰν εἰσενεγκεῖν δέη, ἣν πάντες εἴσεσθαι μέλλουσιν, οὐκ ἐθέλουσιν, ἀλλὰ πενίαν προφασίζονται, ἐφ᾽ οἷς δὲ θάνατός ἐστιν ἡ ζημία καὶ λαθεῖν αὐτοῖς συνέφερε, ταῦτα ἐπ᾽ εὐνοίᾳ φασὶ τῇ ὑμετέρα παρανομῆσαι. καίτοι πάντες ἐπίστασθε ὅτι τούτοις ἥκιστα προσήκει τοιούτους ποιεῖσθαι λόγους. [14] τἀναντία γὰρ αὐτοῖς καὶ τοῖς ἄλλοις συμφέρει : τότε γὰρ πλεῖστα κερδαίνουσιν, ὅταν κακοῦ τινος ἀπαγγελθέντος τῇ πόλει τίμιον τὸν σῖτον πωλῶσιν. οὕτω δ᾽ ἄσμενοι τὰς συμφορὰς τὰς ὑμετέρας ὁρῶσιν, ὥστε τὰς μὲν πρότεροι τῶν ἄλλων πυνθάνονται, τὰς δ᾽ αὐτοὶ λογοποιοῦσιν, ἢ τὰς ναῦς διεφθάρθαι τὰς ἐν τῷ Πόντῳ ἢ ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἐκπλεούσας συνειλῆφθαι, ἢ τὰ ἐμπόρια κεκλῇσθαι, ἢ τὰς σπονδὰς μέλλειν ἀπορρηθήσεσθαι, καὶ εἰς τοῦτ᾽ ἔχθρας ἐληλύθασιν, [15] ὥστ᾽ ἐν τοῖς αὐτοῖς καιροῖς ἐπιβουλεύουσιν ὑμῖν, ἐν οἷσπερ οἱ πολέμιοι.

1 Bien des gens sont venus me trouver, juges, qui s’étonnaient de me voir accuser les marchands de blé15 dans le Conseil : ils me disaient que, si convaincus que vous soyez de leur culpabilité, vous considérez néanmoins comme des sycophantes ceux qui les incriminent. C’est pourquoi je veux d’abord vous dire à la suite de quoi j’ai dû faire office d’accusateur. 2 Lorsque les prytanes portèrent la question devant le Conseil, l’indignation fut telle que, d’après certains des orateurs, il fallait, sans jugement, livrer les accusés aux Onze (pour les faire exécuter). Pour moi, je trouvai bien grave pour le Conseil d’établir de pareils précédents ; je me levai et je dis qu’à mon avis, il fallait juger les marchands de blé dans les formes légales : je considérais que, s’ils étaient coupables d’un crime capital, vous sauriez aussi bien que nous prononcer une juste sentence et que, s’ils étaient innocents, ils ne devaient pas périr sans jugement. […] 12 S’ils agissaient dans votre intérêt, on aurait dû voir le prix se maintenir pendant pas mal de jours, jusqu’à épuisement de leurs stocks ; pas du tout : il montait parfois d’une drachme dans la même journée, comme s’ils achetaient ensemble médimne par médimne ; j’en appelle dessus à votre témoignage. 13 Et voici qui me paraît étrange : lorsqu’ils ont à fournir une contribution, ce qui doit se faire au su de tout le monde, ils s’y refusent, ils prétextent leur pauvreté : et des actes illégaux qui encou¬rent la peine de mort et pour lesquels le secret leur était avantageux, ils prétendent les avoir accomplis dans votre intérêt ! Pourtant, vous savez tous que de pareils propos leur conviennent moins qu’à personne : leurs intérêts sont contraires à ceux du public. Quand font-ils le plus de bénéfices ? Quand l’annonce d’un désastre leur permet de vendre cher. 14 Ils voient vos malheurs d’un si bon œil que, tantôt, ils les savent avant tout le monde, tantôt ils en inventent : ce sont les vaisseaux qui ont péri dans le Pont, d’autres qui ont été capturés par les Lacédémoniens au cours de leur traversée ; ce sont les places de commerce qui sont bloquées, c’est la trêve16 qui va être rompue.

Lysias, Contre les marchands de blé, 12-14.

Le Grand Roi est donc en mesure de peser sur les affaires grecques : la paix d’Antalcidas, en 386, la première des paix communes, est bien la « paix du Roi ». Elle prévoit que toutes les cités grecques devront recouvrer leur liberté. Le Koinon béotien est donc dissous. Chaque cité de Béotie redevient, en principe, « autonome » : en réalité, les Spartiates, complices de la Paix et au sommet de leur puissance, contrôlent la plupart d’entre elles par des garnisons qu’ils y ont installées. Polybe note ainsi que « lorsque les Lacédémoniens eurent, selon le traité d’Antalcidas, solennellement proclamé que les cités grecques seraient désormais libres et indépendantes, ils ne retirèrent pas pour autant les harmostes qu’ils avaient installés dans ces cités »17. Par ailleurs, les Athéniens conservent Imbros, Lemnos, Skyros et la Chersonèse reprise par Iphicrate. Il est intéressant de comparer cette paix avec celle qu’aurait négociée l’Athénien Callias, en 449. Elle est de nature bien différente18

[28] ἐπεὶ δ᾽ ἦλθον αὐτῷ αἵ τε ἐκ Συρακουσῶν νῆες εἴκοσιν, ἦλθον δὲ καὶ αἱ ἀπὸ Ἰωνίας, ὅσης ἐγκρατὴς ἦν Τιρίβαζος, συνεπληρώθησαν δὲ καὶ ἐκ τῆς Ἀριοβαρζάνους, καὶ γὰρ ἦν ξένος ἐκ παλαιοῦ τῷ Ἀριοβαρζάνει, ὁ δὲ Φαρνάβαζος ἤδη ἀνακεκλημένος ᾤχετο ἄνω, ὅτε δὴ καὶ ἔγημε τὴν βασιλέως θυγατέρα : ὁ δὲ Ἀνταλκίδας γενομέναις ταῖς πάσαις ναυσὶ πλείοσιν ἢ ὀγδοήκοντα ἐκράτει τῆς θαλάττης : ὥστε καὶ τὰς ἐκ τοῦ Πόντου ναῦς Ἀθήναζε μὲν ἐκώλυε καταπλεῖν, εἰς δὲ τοὺς ἑαυτῶν συμμάχους κατῆγεν. [29] οἱ μὲν οὖν Ἀθηναῖοι, ὁρῶντες μὲν πολλὰς τὰς πολεμίας ναῦς, φοβούμενοι δὲ μὴ ὡς πρότερον καταπολεμηθείησαν, συμμάχου Λακεδαιμονίοις βασιλέως γεγενημένου, πολιορκούμενοι δ᾽ ἐκ τῆς Αἰγίνης ὑπὸ τῶν λῃστῶν, διὰ ταῦτα μὲν ἰσχυρῶς ἐπεθύμουν τῆς εἰρήνης. οἱ δ᾽ αὖ Λακεδαιμόνιοι, φρουροῦντες μόρᾳ μὲν ἐν Λεχαίῳ, μόρᾳ δ᾽ ἐν Ὀρχομενῷ, φυλάττοντες δὲ τὰς πόλεις, αἷς μὲν ἐπίστευον, μὴ ἀπόλοιντο, αἷς δὲ ἠπίστουν, μὴ ἀποσταῖεν, πράγματα δ᾽ ἔχοντες καὶ παρέχοντες περὶ τὴν Κόρινθον, χαλεπῶς ἔφερον τῷ πολέμῳ. […] [30] ὥστ᾽ ἐπεὶ παρήγγειλεν ὁ Τιρίβαζος παρεῖναι τοὺς βουλομένους ὑπακοῦσαι ἣν βασιλεὺς εἰρήνην καταπέμποι, ταχέως πάντες παρεγένοντο. ἐπεὶ δὲ συνῆλθον, ἐπιδείξας ὁ Τιρίβαζος τὰ βασιλέως σημεῖα ἀνεγίγνωσκε τὰ γεγραμμένα. εἶχε δὲ ὧδε. [31] Ἀρταξέρξης βασιλεὺς νομίζει δίκαιον τὰς μὲν ἐν τῇ Ἀσίᾳ πόλεις ἑαυτοῦ εἶναι καὶ τῶν νήσων Κλαζομενὰς καὶ Κύπρον, τὰς δὲ ἄλλας Ἑλληνίδας πόλεις καὶ μικρὰς καὶ μεγάλας αὐτονόμους ἀφεῖναι πλὴν Λήμνου καὶ Ἴμβρου καὶ Σκύρου : ταύτας δὲ ὥσπερ τὸ ἀρχαῖον εἶναι Ἀθηναίων. ὁπότεροι δὲ ταύτην τὴν εἰρήνην μὴ δέχονται, τούτοις ἐγὼ πολεμήσω μετὰ τῶν ταῦτα βουλομένων καὶ πεζῇ καὶ κατὰ θάλατταν καὶ ναυσὶ καὶ χρήμασιν.

[28] Outre les vingt vaisseaux de Syracuse qui viennent se joindre à Antalcidas, il en arrive d’autres de toute la partie de l’Ionie soumise à Tiribaze, ainsi que plusieurs équipés par la province d’Ariobarzane, auquel il se trouvait, depuis longues années, uni par les liens de l’hospitalité. D’un autre côté, Pharnabaze, rappelé par le Roi, était déjà parti pour le haut pays ; car c’est alors qu’il épousa la fille du roi. Antalcidas, qui se trouvait à la tête de plus de quatre-vingts vaisseaux, tenait l’empire de la mer, de sorte qu’il empêche les vaisseaux du Pont de retourner à Athènes, et les force à se réfugier chez leurs alliés. [29] Les Athéniens, en voyant la force de la flotte ennemie, craignent que cette guerre ne se termine pour eux aussi mal que la précédente19, maintenant que le Roi est devenu l’allié des Lacédémoniens ; ils étaient d’ailleurs obsédés par les corsaires d’Égine : aussi désiraient-ils vivement la paix. Les Lacédémoniens, qui avaient une armée au Léchaion et une à Orchomène, et qui étaient obligés de garder certaines villes, les unes dont ils n’étaient pas sûrs, afin de ne pas les perdre ; les autres dont ils se défiaient, pour les empêcher de passer aux ennemis, ayant d’ailleurs à supporter à Corinthe toutes les chances de la guerre, se sentaient aussi fatigués de cette lutte. […] [30] Lors donc que Tiribaze fit engager ceux qui désiraient savoir les conditions de la paix proposée par le roi, à se rendre auprès de lui, tous s’y rendirent avec empressement. Dès qu’ils sont réunis, Tiribaze, leur ayant montré le cachet du Roi, leur lit ce qui était écrit ; en voici la teneur : [31] « Le Roi Artaxercès regarde comme juste que les villes situées en Asie, ainsi que les îles de Clazomènes et de Chypre, soient sa propriété, mais que toutes les autres villes grecques, petites et grandes, soient toutes rendues indépendantes, à l’exception de Lemnos, Imbros et Scyros : ces dernières, comme par le passé, seront aux Athéniens. Tous ceux qui n’accepteront point cette paix, je leur ferai la guerre avec ceux qui l’acceptent, et cela sur terre et sur mer, n’épargnant ni vaisseaux ni argent. »

Xénophon, Helléniques, V, 1, 28-31, trad. Eugène Talbot, 1859

Le Roi dicte ses conditions de paix aux cités grecques, mais les Lacédémoniens tirent de ce succès diplomatique un grand avantage politique. Ils sont les « patrons de la paix » : tout en interdisant, au nom du Roi, la formation de toute confédération limitant l’» autonomie des cités » ils maintiennent de fait leur hégémonie sur la ligue du Péloponnèse.

[36] ἐν δὲ τῷ πολέμῳ μᾶλλον ἀντιρρόπως τοῖς ἐναντίοις πράττοντες οἱ Λακεδαιμόνιοι πολὺ ἐπικυδέστεροι ἐγένοντο ἐκ τῆς ἐπ᾽ Ἀνταλκίδου εἰρήνης καλουμένης. προστάται γὰρ γενόμενοι τῆς ὑπὸ βασιλέως καταπεμφθείσης εἰρήνης καὶ τὴν αὐτονομίαν ταῖς πόλεσι πράττοντες, προσέλαβον μὲν σύμμαχον Κόρινθον, αὐτονόμους δὲ ἀπὸ τῶν Θηβαίων τὰς Βοιωτίδας πόλεις ἐποίησαν, οὗπερ πάλαι ἐπεθύμουν, ἔπαυσαν δὲ καὶ Ἀργείους Κόρινθον σφετεριζομένους, φρουρὰν φήναντες ἐπ᾽ αὐτούς, εἰ μὴ ἐξίοιεν ἐκ Κορίνθου.

[36] Or, après avoir déjà fait pencher la balance plutôt de leur côté durant la guerre, les Lacédémoniens obtiennent par cette paix, connue sous le nom de paix d’Antalcidas, une supériorité incontestable. Non seulement ils en furent promoteurs auprès du Roi et obtinrent l’indépendance les villes, mais ils se firent une alliée de Corinthe et affranchirent les villes béotiennes de la domination des Thébains, ce qu’ils souhaitaient depuis longtemps. Enfin ils firent cesser l’occupation de Corinthe par les Argiens, en les menaçant de la guerre, s’ils ne se retiraient de Corinthe.

Xénophon, Helléniques, V, 1, 36, trad. Eugène Talbot, 1859

Notes

  1. Nous employons ce terme « Europe », à la manière des auteurs grecs du IVe siècle, pour qualifier les Balkans et la Grèce en particulier par rapport à l’Asie en général et l’Ionie en particulier.
  2. Les Lacédémoniens intentèrent à Pausanias un procès capital. Il était accusé d’être arrivé à Haliartos plus tard que Lysandre, d’avoir conclu une trêve plutôt que de se battre pour reprendre les morts. Il s’enfuit à Tégée où il mourut de maladie.
  3. La trière du spartiate Peisandros gravement endommagée par des coups d’éperons doit s’échouer. Le na­varque y est tué à son bord en combattant. Arrivé en Béotie, Agésilas y apprend la défaite, avant d’engager la bataille de Coronée.
  4. Voir infra.
  5. Voir infra.
  6. D’autres réussirent à sauver leur vie par une fuite honteuse.
  7. Il s’agit du libérateur de 404-403 à distinguer du Thrasybule de Collytos qui sera stratège en 387.
  8. En réalité, le renversement des alliances est proche. D’ailleurs, l’attitude de Thrasybule, obligé de lever des taxes, d’imposer des contributions et de piller les campagnes, montre bien que les subsides perses commen­cent à manquer pour mener à bien les opérations. Comme l’a dit Thucydide « à la guerre, le succès était essentiel­lement affaire de jugement et de ressources financières » (II, 13, trad. D. Roussel).
  9. Il était cependant très populaire.
  10. Note Remacle/Abbé Auger : Seuthès, prince de Thrace dont il est beaucoup parlé dans la retraite des Dix-mille de Xénophon.
  11. Note Remacle/Abbé Auger : Thrasybule, si nous en croyons Lysias, avait abusé du crédit que lui donnait le service important qu’il avait rendu à la république, en la délivrant de ses tyrans, et en lui rendant la liberté.
  12. Celle qui a déclaré Ergoclès coupable.
  13. Note Remacle/Abbé Auger : Les prytanes étaient les présidents du sénat, chargés de faire au peuple le rapport des affaires qui devaient être portées à son assemblée ; ceux qui se sentaient coupables tâchaient donc de les gagner pour que leur cause ne fût point portée devant le peuple.
  14. Renseignement précieux pour mieux comprendre la politique militaire athénienne et ses problèmes d’ordre écono­mique.
  15. Les marchands ne sont que les responsables les plus visibles. Les véritables maîtres du marché sont les importateurs. Ce qui explique peut-être la politique d’un des sitophylaques, Anytos, qui poussait les marchands de blé, les sitopolai, à s’entendre pour lutter contre le mono­pole des importateurs. Or, la loi interdisait d’acheter plus de cinquante charges de blé (Lysias, Contre les marchands de blé, 6). Anytos, dont le témoignage est utilisé par Lysias, expose que « l’hiver dernier, comme le blé était à un prix élevé et qu’il y avait surenchère et lutte entre les marchands, il leur avait conseillé de mettre un terme à leur concurrence, estiment qu’il était [de l’intérêt des citoyens, leurs clients] qu’ils achetassent au meilleur marché possible : car leur bénéfice devait être seule­ment d’une obole » (XXII, 8). Le jeu était donc dangereux pour les marchands comme pour les magis­trats.
  16. La trêve qui a précédé la paix d’Antalcidas.
  17. Polybe, IV, 27.
  18. Voir Diodore XII, 4, 5.
  19. En 405, Lysandre, comme aujourd’hui Antalcidas, menaçait les Détroits.
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