Les Atrides aujourd'hui

La création du Thyeste de Sénèque (auteur latin de tragédies très inspirées d’Euripide), dans la Cour d’honneur, mis en scène par Thomas Jolly dans la traduction de Florence Dupont, a été l’événement marquant du festival d’Avignon 2018 (voir le dossier THYESTE).

On a aussi beaucoup monté L’Orestie en 2019 : à la Comédie-Française (Ivo van Hove), aux Nuits de Fourrière (Georges Lavaudant), au Festival d’Avignon (Jean-Pierre Vincent).

« Sur fond de guerre de Troie, de conflits conjugaux, familiaux et de chaînes ininterrompues de vengeance, la tragédie représentée en 458 avant J.-C. aux grandes Dionysies d’Athènes ne cesse d’interroger nos démocraties modernes. Parce qu’on la dit à l’origine même de la démocratie. En pardonnant à Oreste - fils du roi Agamemnon, vainqueur de Troie - d’avoir massacré Clytemnestre, sa mère adultère, et meurtrière du roi à son retour du combat, les dieux veulent y proclamer en effet la fin des crimes de sang - qu’ils télécommandent souvent et qui condamnent les cités à de permanentes guerres civiles. Ce pardon et ce renoncement à leurs propres pouvoirs devraient faire naître la paix, et la constitution d’une société plus juste, sans destin fixé à l’avance aux hommes désormais responsables de leur action. Ainsi la tragédie d’Eschyle se termine-t-elle sur la fin annoncée - désirée - de la tragédie. » (Fabienne Pascaud, Télérama, 9 septembre 2019).

Au Théâtre des Amandiers à Nanterre, le dramaturge suisse Milo Rau a adapté l’Orestie d’Eschyle pour la transposer dans le chaos de la ville irakienne de Mossoul, prise par l’état islamique en 2014 et devenue sa capitale jusqu’à ce qu’elle soit reprise par l’armée irakienne en 2017 (Oreste à Mossoul, 10 - 14 septembre 2019).

À la Comédie-Française, les deux tragédies d’Euripide Électre et Oreste sont présentées en un seul spectacle, créé le 27 avril 2019 salle Richelieu par Ivo van Hove, le célèbre metteur en scène belge, pour qui « les pièces d’Euripide sont d’une brutalité et d’un réalisme presque contemporains » (Comédie-Française, livret du spectacle).

« Signes des temps », France Culture, présentation de l’émission du 2 juin 2019, « Électre/Oreste à la Comédie-Française : quelle place pour la tragédie grecque ? »

« Un spectacle organique, rythmé et violent, dont le public un peu estomaqué ponctue les péripéties sanglantes comme on suit un épisode de Game of Thrones. Un spectacle tendu, fait de terre humide, de chairs violentées, de haines extatiques et de transes meurtrières, repris cet été en Grèce au festival du théâtre antique d’Épidaure et qui fait presque exploser les limites de la salle à l’italienne de la Comédie-Française. Un spectacle dont Ivo van Hove a pris soin de ne conserver que l’essentiel, c’est-à-dire la cruauté et l’ironie, et dont il a aussi soigneusement éliminé tout espoir de réconciliation. Un spectacle qui est l’occasion de nous demander non pas en quoi la tragédie antique est moderne, mais bien plutôt de quoi nous parle son archaïsme - à quoi il fait écho chez nous. »

Suliane Brahim (qui tient le rôle d’Électre) : « Il y a dans cette mise en scène un geste de théâtre assez radical. Il y a quelque chose d’assez primitif que j’aime beaucoup. Je trouve ça beau de vouloir faire jouer les comédiennes pieds nus, très peu vêtues, sales, les percussions, les danses animales... ça questionne la violence. [...] D’une vengeance plus ou moins légitime, on passe petit à petit à la barbarie. » 

Dossier et galerie de photos sur le site de la Comédie-Française EN LIEN.

En lien avec les programmes

Lycée

Terminale, Spécialité
Objet d'étude : « L’Homme, le monde, le destin »
Sous-ensemble : « Mythe et théâtre : héros et familles maudites »
 

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