L’émergence de la domination macédonienne

NOTES

  1. Voir Diodore, XVI, 3, 1-2.
  2. Port situé sur le golfe Strymonique (mer Égée) fut avec Pydna et Potidée une des premières conquêtes de Philippe.
  3. Voir O. Battistini, La Guerre, op. cit., p. 9 et sq.
  4. Un décret (psêphisma) est une proposition de loi comportant un effet immédiat. Cette proposition était renvoyée à la Boulè pour exécution.
  5. On pense, par exemple, à l’expédition d’Alexandre de Phères contre le Pirée en 361.
Carte 5 - Emergence et hégémonie de la Macédoine

Formation et équipement de la phalange macédonienne : les innovations militaires de Philippe de Macédoine

 

359-358. Philippe est roi de Macédoine en 359. Il montre rapidement ses ambitions et son génie politique. Pendant l’hiver 359-358 Philippe réorganise la phalange macédonienne1. Selon Polybe les innovations sont essentielles : on constate, d’une part, au niveau de l’armement lourd, un allongement considérable de la sarisse qui passe de 2 à 7 m, la présence d’un petit bouclier recourbé attaché à l’épaule par une courroie, et, d’autre part, au niveau tactique, la phalange compte 16 rangs sur toute la ligne frontale.

Elle triomphera en Asie, voir Quinte-Curce, III, 2.

La conquête de l’Illyrie et l’immobilisme d’Athènes

 

Ses voisins de Péonie, de Thrace et d’Illyrie sont vaincus. Les Illyriens sont écrasés sur le plan stratégique et tactique : Philippe a lancé de manière combinée l’infanterie et la cavalerie sur les flancs et l’arrière de l’adversaire, ses points faibles. Amphipolis2, Pydna, Potidée, Méthone tombent. Amphipolis avait été prise par le spartiate Brasidas en 424. Devenue indépendante, elle résista, avec l’aide de Perdiccas III de Macédoine, à toute tentative d’Athènes pour s’y réinstaller. Philippe joue, maintenant, un jeu ambigu et subtil, comme le montre, par exemple, la théorie de l’existence d’un « pacte secret » entre Athènes et Philippe qui pourrait expliquer l’attitude athénienne. Ce dernier retire, en 359, les troupes qui protégeaient la cité des menées athéniennes. En 358, il reconnaît aux Athéniens le droit de reprendre leur ancienne colonie. En fait, son but est de s’en emparer pour son propre compte. Il réussit ainsi à tromper les Athéniens qui restent sans réaction lors de l’intervention des troupes macédoniennes. En effet, le Macédonien, montrant son art de la désinformation et la maîtrise d’une forme de guerre nouvelle3, aurait fait croire aux Athéniens qu’il prendrait Amphipolis pour la leur livrer ensuite.

[5] Τὸ μὲν οὖν ἐπίορκον κἄπιστον καλεῖν ἄνευ τοῦ τὰ πεπραγμένα δεικνύναι λοιδορίαν εἶναί τις ἂν φήσειε κενὴν δικαίως· τὸ δὲ πάνθ’ ὅσα πώποτ’ ἔπραξε διεξιόντα ἐφ’ ἅπασι τούτοις ἐλέγχειν, καὶ βραχέος λόγου συμβαίνει δεῖσθαι, καὶ δυοῖν ἕνεχ’ ἡγοῦμαι συμφέρειν εἰρῆσθαι, τοῦ τ’ ἐκεῖνον, ὅπερ καὶ ἀληθὲς ὑπάρχει, φαῦλον φαίνεσθαι, καὶ τοὺς ὑπερεκπεπληγμένους ὡς ἄμαχόν τινα τὸν Φίλιππον ἰδεῖν ὅτι πάντα διεξελήλυθεν οἷς πρότερον παρακρουόμενος μέγας ηὐξήθη, καὶ πρὸς αὐτὴν ἥκει τὴν τελευτὴν τὰ πράγματ’ αὐτῷ. [6] Ἐγὼ γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, σφόδρ’ ἂν ἡγούμην καὶ αὐτὸς φοβερὸν τὸν Φίλιππον καὶ θαυμαστόν, εἰ τὰ δίκαια πράττονθ’ ἑώρων ηὐξημένον· νῦν δὲ θεωρῶν καὶ σκοπῶν εὑρίσκω τὴν μὲν ἡμετέραν εὐήθειαν τὸ κατ’ ἀρχάς, ὅτ’ Ὀλυνθίους ἀπήλαυνόν τινες ἐνθένδε βουλομένους ὑμῖν διαλεχθῆναι, τῷ τὴν Ἀμφίπολιν φάσκειν παραδώσειν καὶ τὸ θρυλούμενόν ποτ’ ἀπόρρητον ἐκεῖνο κατασκευάσαι.

L’appeler parjure et perfide, sans s’appuyer sur des faits, ce serait une insulte sans portée, pourrait-on dire justement. Mais passer en revue tous ses actes, et en tirer autant de chefs d’accusation contre lui, c’est ce que je peux faire en peu de mots, et ce qui me semble à propos pour deux motifs : d’abord pour montrer sa réelle perversité, ensuite parce que ceux qui sont frappés de terreur, croyant Philippe invincible, verront que c’en est fait des artifices grâce auxquels il s’est élevé, et que ses succès touchent à leur terme. [6] Sans doute, moi aussi, je jugerais Philippe fort redoutable, et digne d’admiration, si je voyais qu’il se fût élevé en pratiquant la justice. Mais, à examiner, à étudier sa conduite, je trouve que d’abord il s’est joué de notre simplicité, à l’époque où les Olynthiens voulaient s’entendre avec nous, et où quelques gens ont réussi à faire chasser leurs députés ; pour nous attirer à lui, il s’est engagé à vous livrer Amphipolis, et vous a leurrés de ce secret dont on parlait sans cesse. Puis, plus tard, il s’est acquis l’amitié des Olynthiens, en vous enlevant, pour la leur donner, Amphipolis, qui était votre bien ; il vous trahissait ainsi, vous qui étiez, avant eux, ses alliés.

Démosthène, Seconde Olympienne, 5-6, trad. C. Poyard

357. Décret4 d’Amphipolis après la prise de la cité par Philippe. Ce décret révèle comment, la cité une fois dans les mains de Philippe, les instigateurs de l’appel à Athènes furent bannis.

La stèle a été découverte réemployée dans la construction d’une fontaine. L’écriture est en files.

« Il a plu au peuple ; que Philon et Stratoclès soient à jamais bannis d’Amphipolis et de la terre d’Amphipolis ; qu’eux-mêmes et leurs enfants, si on les prend, soient traités comme des ennemis et mis à mort impunément, que leurs biens soient confisqués, la dîme en étant consacrée à Apollon et au Strymon ; que leur président inscrive leur nom sur une stèle de pierre ; si quelqu’un propose un décret contraire ou les accueille, par art ou par ruse, que ses biens soient confisqués et qu’il soit banni d’Amphipolis à jamais. »

Inscription historique grecque.

La dissolution de la confédération athénienne

 

357-351. Athènes, après la guerre contre ses alliés (357-355), est affaiblie. La politique de restauration de l’empire athénien semble avoir échoué, car trop ambitieuse. Les Athéniens n’avaient pas les moyens de maintenir leurs communications avec la mer Noire, de reprendre Amphipolis, de tenir Byzance, Lesbos et Chios (364), Cyzique et Corcyre (362-361) et de défendre leur propre territoire5. Ses troupes terrestres et sa flotte sont mal organisées. Mal financées. En 356, la défaite de la flotte de l’Hellespont commandée par Charès, au large d’Embata, est décisive et significative d’un état des choses. Elles arrivent le plus souvent trop tard sur le théâtre des opérations. Athènes doit re­connaître l’indépendance de leurs anciens alliés. En 355, la confédération athénienne est réduite à quelques bases navales en mer Égée…

NOTES

  1. Voir Diodore, XVI, 3, 1-2.
  2. Port situé sur le golfe Strymonique (mer Égée) fut avec Pydna et Potidée une des premières conquêtes de Philippe.
  3. Voir O. Battistini, La Guerre, op. cit., p. 9 et sq.
  4. Un décret (psêphisma) est une proposition de loi comportant un effet immédiat. Cette proposition était renvoyée à la Boulè pour exécution.
  5. On pense, par exemple, à l’expédition d’Alexandre de Phères contre le Pirée en 361.
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