Laïcité et religion En lisant la loi de 1905

Les « énigmes de la chouette »

La chouette d’Athéna, dont le regard est capable de percer les ténèbres, est chère au cœur des Hellénistes. Pour aller plus loin dans l’étude du mot « église », vous pouvez proposer à vos élèves une énigme qui consiste à en affiner le sens en demandant de découvrir le point commun qui existe entre deux mots apparemment sans rapport entre eux. Ce point commun est toujours la découverte d’un geste, d’un concept, d’une perception du monde, exprimés par l’homme antique.

Première énigme

Quel rapport existe-t-il entre le nom « église » et l’adjectif »clair » ?

Réponse

Pour trouver le point commun, il faudra remonter à la racine indo-européenne du mot *k(e)la qui signifie « appeler ».

Clarus, « clair » est un adjectif qui exprime une sensation apparentée à clamo et καλῶ( kalo), « j’appelle » : clarus s‘est d’abord appliqué à la voix et aux sons (clara vox : une voix « propre à appeler ») puis s’est étendu aux sensations de la vue, clara lux, clair, une lumière « brillante », puis aux choses de l’esprit, clara consilia : des conseils « éclairés ».

Le point commun est donc « l’appel ».

 

La lecture de la loi de1905 est un pré requis pour qui veut la connaître avec précision, en avoir un usage « de première main ». Or, cette lecture réserve quelques surprises non seulement par l’esprit qui la guide, mais aussi par la nature du vocabulaire religieux qu’elle contient, si bien qu’il paraît opportun d’en suivre le texte, pas à pas.

La question de la langue

En lisant la loi de 1905, un esprit curieux est conduit à examiner les concepts qui ont construit ce vocabulaire religieux : en est-il de ces derniers, comme il en est des symboles qui, à travers le temps se chargent de significations nouvelles ? Il s’avère que cette curiosité ne peut être satisfaire que par le truchement des langues de l’Antiquité : encore une fois là, indispensables, et à disposition, aujourd’hui, au XXIème siècle, pour peu que l’on en recherche la vérité, que les Grecs nommaient ἀλήθεια…

Mais il ne s’agit plus seulement de puiser à cette source humaniste pour éclairer notre langue. Il s’agit d’initier à une méthode, pour appréhender la façon dont une religion, la religion chrétienne a pu se constituer, se définir et évoluer à partir de concepts définis par une culture que l’on a pris l’habitude de lui opposer.

En fait la question qui s’est posée est assez proche de la nôtre aujourd’hui : que faire de cette culture reçue en héritage et par laquelle ces hommes avaient été formés? Que faire de cet héritage, sinon le transmettre ? Entre tradition et transmission la différence est bien là : transmettre, c’est donner ce que l’on a reçu, mais enrichi de sa propre expérience. Les premiers chrétiens ont transmis la tradition antique qu’ils avaient reçue, selon des critères nouveaux qu’ils ont élaborés et à l’aune de leurs croyances.

Marie-Françoise BASLEZ , dans son ouvrage Comment les Chrétiens sont devenus catholiques, Ier- Vème siècle, Tallandier, février 2019, pose clairement les données : « L’Eglise de Rome est une église de langue grecque où les traités de théologie sont écrits en grec jusque vers 230 et dont tous les évêques portent des noms grecs jusqu’en 189 » (p 70). On lira avec profit cet ouvrage pour comprendre la mise en place des concepts de l’Eglise dans les premiers siècles du christianisme.

Remarque :

Le corpus du Nouveau Testament, composé de vingt-sept livres, est entièrement rédigé en grec. On les classe selon leur genre littéraire : cinq récits (les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres), vingt et une lettres, et un livre, l'Apocalypse ou livre de la Révélation, appartenant à un genre littéraire du judaïsme ancien.

Cette question conduit à examiner de plus près les mots religieux que comporte la loi, non plus seulement dans leur origine, mais dans leur réutilisation à travers le temps. Plutôt que d’interroger un héritage lexical en remontant à l’étymologie du mot, ce qui, en soi est légitime, nous avons voulu cerner les perceptions décrites et les concepts élaborés par l’homme de l’Antiquité, dont les mots ont à la fois assuré la transmission et permis leur mutation jusqu’à nos jours.

Cette mise en perspective permet de mesurer à quel point le christianisme s’est immergé dans la réalité antique, comme un « baptême » qui conféra dès lors une signification « détournée » aux mots antiques et aux concepts qu’ils exprimaient.

Commençons par le titre :

Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'Etat.

Deux constats :

Le premier : ce titre annonce une loi, ce qui, dans ce domaine, est une nouveauté.

Le second : cette loi que l’on présente en général de façon raccourcie, comme la « loi de 1905 », cette loi sur la laïcité, ne comporte dans son titre ni le mot « religions », ni le mot « laïcité ».

Premier constat.

Ce titre annonce une loi

Cette « loi » de 1905 rompt l’usage de la « tradition concordataire », instaurée depuis le XIe siècle jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, interrompue par la Révolution pour une période de 10 ans, puis reprise en 1801 par Bonaparte pour mettre fin à la persécution religieuse de l’époque révolutionnaire.

Cette nouveauté affirme une indépendance - une émancipation ? -, car depuis le XIe siècle les querelles entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel se réglaient par un « concordat ». Un concordat « est un traité de droit international par lequel le Saint-Siège, d’une part, et un Etat souverain, d’autre part,- ce qu’exprime le préfixe « con », issu de « cum » latin - règlent « ensemble » l’ensemble des questions concernant les institutions et les activités de l’Eglise catholique sur un territoire donné. » Encyclopaedia Universalis, sub verbo « Concordat ». Le titre annonce en effet une « séparation ».

Second constat.

Les auteurs n’ont pas utilisé le mot « religions », mais le mot « Églises ». Les deux termes ne sont pas synonymes : dans le premier cas, on est dans la sphère de la spiritualité, de la conviction personnelle et collective, alors que le nom « Églises », avec une majuscule et au pluriel, désigne les institutions qui représentent ces religions. Il est donc question de « séparer » les « institutions religieuses » des institutions de l’Etat. (Sans majuscule, « église » désigne l’édifice religieux).

Le concordat signé en 1801 concernait l’Église catholique ; en 1802 il a été étendu au culte protestant, calviniste et luthérien et, en 1808, au culte israélite. (Il ne concerne pas la religion musulmane). Si ce concordat est toujours en vigueur en Alsace-Moselle, c’est que la région n’était pas encore rattachée à la France au moment de la loi de 1905.

Examinons donc le mot « église ». Qu’est-ce que l’Eglise ?

Le concept d’ « église »

Le concept  d’« Eglise » est clair, si l’on se reporte à son origine : le mot vient du nom grec ἐκκλησία ( ecclèsia ) qui désignait à Athènes « l’assemblée du peuple », une assemblée « convoquée, appelée ». A partir du Ve siècle av. J.C., il s’agit d’un terme du vocabulaire politique, en régime de démocratie. Cette assemblée est un organe du gouvernement qui, de concert avec le Conseil βουλή (boulè), avait l’initiative des mesures à prendre. Elle comprenait tous les Athéniens majeurs qui avaient la complète jouissance de leurs droits civiques. Elle a d’abord siégé sur l’Agora, « le lieu où l’on parle », ἀγορεύειν (agoreuein), où l’on donne son avis, où l’on vote. Une indemnité de présence était versée aux citoyens qui assistaient aux séances (à l’époque classique, elle était de 3 oboles), ce qui permettait aux gens de métiers et aux pauvres de prendre part aux délibérations.

Antérieurement, dans la civilisation homérique, le terme désignait l’Assemblée des Guerriers appelés nommément à se réunir.

Évolution et métamorphose sémantique du mot

C’est au premier siècle après JC, que le contexte d’emploi se modifia. En effet, en 50 ap.JC, le grec chrétien, langue de la rédaction du Nouveau Testament, après la mort de JC, utilisa le mot ἐκκλησία (ekklèsia) pour désigner l’assemblée des fidèles, la communauté des Chrétiens. Dans La Doctrine des Douze Apôtres, 14,1 je cite Marie-Françoise Baslez, « l’ekklesia est définie comme une réunion de prière et de confession publique ». Comme il en était des délibérations publiques sur l’agora, les premiers Chrétiens se sont réunis dans l’espace public, ce qui est attesté par Pline le Jeune (61ap – 113) dans sa correspondance à Trajan, Lettre 96, 7.

Texte d’appui :

Lettre 96 « PLINE A L’EMPEREUR TRAJAN »

§ 7 : sur les « rassemblements » des Chrétiens

7. Adfirmabant autem hanc fuisse summam vel culpaesuae vel erroris, quod essent soliti stato die ante lucem conuenire carmenque Christo quasi deo dicere secum inuicem seque sacramento non in scelus aliquod obstringere, sed ne furta, ne latrocinia, ne adulteria committerent, ne fidem fallerent, ne depositum appellati abnegarent. Quibus peractis morem sibi discedendi fuisse rursusque coeundi ad capiendum cibum, promiscuum tamen et innoxium ; quod ipsum facere desisse post edictum meum, quo secundum mandata tua hetaerias esse uetueram.


7. « Ils affirmaient du reste que toute leur faute, ou leur erreur, avait été d’avoir pris l’habitude de se rassembler à date fixe avant l’aube, de chanter alternativement entre eux un hymne au Christ comme à un dieu et de s’engager par serment non à quelque crime, mais à ne commettre ni vols ni actes de brigandage ni adultères, à ne pas manquer à leur parole, à ne pas refuser la restitution d’un dépôt après sommation. Ces rites achevés, ils avaient eu, disaient-ils, coutume de se séparer et de se réunir de nouveau pour prendre leur nourriture, d’ailleurs ordinaire et innocente, ce qu’ils avaient même cessé de faire après mon édit, par lequel j’avais, suivant tes instructions, interdit les sociétés secrètes. »

Pline le Jeune, Lettres Livre X Budé, Hubert Zehnacker, 2017

Ce n’est que plus tard, c’est-à-dire au IIIème siècle, que le mot désigna le lieu de réunion des fidèles. Marie-Françoise Baslez cite le témoignage d’Eusèbe de Césarée (265-340) qui, dans son Histoire de l’Eglise (Ἐκκλησιαστικῆς ἱστόριας), appliqua pour la première fois le terme ekklesia à un édifice : « L’historien antique, écrit-elle, emploie ici un lexique inhabituel pour traiter de l’assemblée des chrétiens ».

Le latin chrétien a repris les concepts grecs, empruntant le terme ἐκκλησία (ecclèsia) dans le sens d’ « assemblée »… des fidèles. Même concept, mais appliqué à un contexte nouveau. Pour qui veut faire le départ intellectuel entre le laïque et le religieux, il reste ce point de rencontre originel. L’Histoire écrira la suite, sculptant les différences…

 

Évolution et métamorphose phonétique du mot 

Comment phonétiquement, le mot ἐκκλησία (ekklèsia) a-t-il pu donner « église » ?

On sait qu’il existait en grec un è long ouvert (ainsi nommé parce que l’on ouvre la bouche pour le prononcer, comme notre è accent grave) et un é bref fermé, qui correspond à notre é accent aigu, ainsi nomme parce que pour le prononcer, on garde la bouche fermée : bouche ouverte, bouche fermée, voyelle dont la prononciation est proche de la voyelle i : ἐκκλησία (ekklèsia) a donné en latin eclésia, eclisia, église (la gutturale K s’adoucissant en G)

Prolongements : Rubrique Curiosités et énigmes linguistiques

Une curiosité : lex, legis, f, un mot qui s’est laïcisé !

Le mot « loi » lui-même présente une curiosité.

Dans les premiers temps de Rome, le mot avait un caractère religieux et était utilisé pour des formules très particulières lors de cérémonies qui ne l’étaient pas moins, comme le ver sacrum, étrange et funeste promesse faite aux dieux !

Mais à époque historique, sous la République romaine, le mot désigne bien « l’ensemble des préceptes de droit acceptés expressément par l’assemblée des citoyens consultés à cet effet par le magistrat. A la base du mot lex, il y a une idée de convention, de contrat exprès entre deux personnes ou deux groupes, c’est pourquoi elle doit être écrite et promulguée ». Ernout Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, sub verbo « lex ».

Plus tard, avec le christianisme, la langue de l’Eglise a repris le mot pour rendre les expressions « les lois de Moïse, la loi du Seigneur », et le mot s’est de nouveau chargé d’un sens religieux qu’il a conservé, à côté de son sens juridique. Aujourd’hui, on fait bien le départ, grâce au contexte, entre les deux usages.

Sources et outils de travail :

Texte de la loi de 1905 paru dans Legifrance, dernière version.

Dictionnaires :

Dictionnaire étymologique de la langue latine, Histoire de la langue, Ernout, Meillet

Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Pierre Chantraine

Trésor de la Langue Française Informatisé (TLFi)

Encyclopaedia Universalis, sub verbo « Concordat »

Extrait des orateurs attiques, Hachette

Lettre 96 in extenso

Echange passionnant entre ces deux hommes d’une grande proximité, grâce auquel nous avons un témoignage de première main !

J’ai pour habitude, sire, de m’en remettre à toi pour toutes les questions sur lesquelles j’ai des doutes. Car qui serait mieux à même de me guider dans mon indécision ou de m’instruire dans mon ignorance ?

Jamais je n’ai pris part à des instructions concernant les chrétiens ; je ne sais donc pas quels sont généralement l’objet et les limites de l’enquête ou de la punition. 2. Et je suis dans la plus grande perplexité. Y a-t-il une distinction à faire entre les âges, ou les enfants, si jeunes soient-ils, sont-ils mis sur le même plan que les adultes ? Accorde-t-on le pardon au repentir ou, quand on a été une fois pour toutes chrétien, ne sert-il à rien d’avoir cessé de l’être ? Est-ce le seul nom qu’on punit, en l’absence d’actes délictueux, ou les actes délictueux associés au nom ?

En attendant, face à ceux qui m’étaient déférés en tant que chrétiens, j’ai suivi la ligne de conduite que voici. 3. J’ai demandé aux intéressés s’ils étaient chrétiens. A ceux qui avouaient, je l’ai demandé une deuxième fois, et une troisième, en les menaçant de la peine capitale ; ceux qui persévéraient, je les ai fait exécuter. Car je ne doutais pas, quelle que fût la teneur de leurs aveux, qu’au moins l’entêtement et l’obstination inflexible devaient être punis. 4. Il y en eut d’autres, possédés par une folie semblable, que j’ai signalés comme étant à envoyer à Rome, parce qu’ils étaient citoyens romains. Peu après, le simple cours de la procédure donnant, comme c’est généralement le cas, de l’ampleur à l’accusation, plusieurs cas de figure se sont présentés.

5. On a placardé un écriteau anonyme contenant les noms d’un grand nombre de personnes. Ceux qui niaient être chrétiens ou l’avoir été, quand ils invoquaient les dieux suivant la formule dictée par moi et faisaient offrande d’encens et de vin à ton effigie, que j’avais dans ce but fait apporter avec les statues de divinités, et qu’en plus ils blasphémaient le Christ – choses dont aucune ne peut, dit-on, être obtenue par la contrainte de ceux qui sont véritablement chrétiens – j’ai pensé qu’ils devaient être laissés libres. 6. D’autres, cités par un dénonciateur, dirent qu’ils étaient chrétiens et peu après nièrent l’être ; sans doute l’avaient-ils été, disaient-ils, mais ils avaient cessé de l’être, certains depuis trois ans, d’autres depuis un plus grand nombre d’années, quelques-uns même depuis vingt ans. Tous ceux-là également ont adoré aussi bien ton effigie que les statues des dieux et ont blasphémé le Christ.

7. Ils affirmaient du reste que toute leur faute, ou leur erreur, avait été d’avoir pris l’habitude de se rassembler à date fixe avant l’aube, de chanter alternativement entre eux un hymne au Christ comme à un dieu et de s’engager par serment non à quelque crime, mais à ne commettre ni vols ni actes de brigandage ni adultères, à ne pas manquer à leur parole, à ne pas refuser la restitution d’un dépôt après sommation. Ces rites achevés, ils avaient eu, disaient-ils, coutume de se séparer et de se réunir de nouveau pour prendre leur nourriture, d’ailleurs ordinaire et innocente, ce qu’ils avaient même cessé de faire après mon édit, par lequel j’avais, suivant tes instructions, interdit les sociétés secrètes. 8. Cela m’a d’autant plus convaincu de la nécessité de chercher à connaître la vérité, fût-ce par la torture, en la tirant de deux esclaves, qu’on appelait « servantes du culte ». Je n’ai rien trouvé d’autres qu’une superstition absurde, démesurée.

9. Aussi ai-je ajourné l’instruction pour te consulter au plus vite. Car l’affaire m’a semblé mériter que je te consulte, essentiellement en raison du nombre de prévenus : beaucoup de personnes de tout âge, de toute condition, des deux sexes aussi, sont et seront mises en prévention. Et ce n’est pas seulement dans les villes, mais également dans les villages et les campagnes que s’est répandue l’épidémie de cette superstition ; elle semble pouvoir être enrayée et guérie. 10. On voit bien, en tout cas, que les temples, jusqu’alors abandonnés, recommencent à être fréquentés, que les rites habituels, longtemps interrompus, reprennent et que partout on vend la chair des victimes, pour laquelle jusqu’ici on trouvait très rarement un acheteur. Il est facile d’en déduire quelle foule de gens pourrait s’amender, s’il y avait une place pour le repentir.

Réponse de l’Empereur

Lettre 97 TRAJAN A PLINE

Tu as suivi, Secundus, la démarche que tu devais suivre dans l’examen de la situation de ceux qui t’avaient été déférés en tant que chrétiens. Car il n’est pas possible d’établir une règle d’ensemble qui ait, pour ainsi dire une forme fixe. Il n’y a pas lieu de les faire rechercher ; dans les cas où ils sont déférés et reconnus coupables, il faut les punir, mais avec toutefois cette réserve : que celui qui aura nié être chrétien et en aura effectivement donné une preuve manifeste, je veux dire en faisant offrande à nos dieux, aussi suspecte qu’ait été sa conduite passée, obtienne le pardon pour son repentir. 2. Quant aux écriteaux placardés anonymement, ils ne doivent avoir leur place dans aucune procédure d’accusation. Le procédé est, en effet, du plus mauvais exemple et n’est pas de notre siècle.

Les « énigmes de la chouette »

La chouette d’Athéna, dont le regard est capable de percer les ténèbres, est chère au cœur des Hellénistes. Pour aller plus loin dans l’étude du mot « église », vous pouvez proposer à vos élèves une énigme qui consiste à en affiner le sens en demandant de découvrir le point commun qui existe entre deux mots apparemment sans rapport entre eux. Ce point commun est toujours la découverte d’un geste, d’un concept, d’une perception du monde, exprimés par l’homme antique.

Première énigme

Quel rapport existe-t-il entre le nom « église » et l’adjectif »clair » ?

Réponse

Pour trouver le point commun, il faudra remonter à la racine indo-européenne du mot *k(e)la qui signifie « appeler ».

Clarus, « clair » est un adjectif qui exprime une sensation apparentée à clamo et καλῶ( kalo), « j’appelle » : clarus s‘est d’abord appliqué à la voix et aux sons (clara vox : une voix « propre à appeler ») puis s’est étendu aux sensations de la vue, clara lux, clair, une lumière « brillante », puis aux choses de l’esprit, clara consilia : des conseils « éclairés ».

Le point commun est donc « l’appel ».

 

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