La guerre de Corinthe VI : Recrudescence d’un l’impérialisme athénien en but à de nouvelles rivalités

Notes

  1. Voir infra la « guerre des Alliés ».
  2.  On ne saisit pas, ici, à propos de la cause de la bataille de Leuctres, la logique d’Isocrate.
  3. Voir Xénophon, Helléniques, VII, 1, 37 : « Quand ces clauses furent rédigées et lues aux députés, Léon dit – et le Roi l’entendit : “Pardieu, Athéniens, c’est bien le moment pour vous, à ce qu’il paraît, de chercher un autre allié pour remplacer le Roi”. » L’autre ambassadeur, Timagoras, accusé de trahison, est condamné à mort à son retour à Athènes.
  4. Ces cités se révolteront contre Athènes lors de la « guerre des alliés » qui mit fin à l’hégémonie athénienne, en 355.
  5. Le parti des aristocrates selon Budé.
  6. Voir supra.
  7. Après la réconciliation au sein de la ligue arcadienne.
  8. Ils ont utilisé les richesses du sanctuaire.
  9. La paix avec les Éléens.
  10. La demande d’aide athénienne par les Arcadiens.
  11. Note E. Talbot : Tyran de Phères ; voir livre VI, 4.
  12. Lire, entre autres, le chapitre 1 du livre IX (1-2) où Polybe explique pourquoi il s’est cantonné dans le genre « pragmatique » excluant les autres genres historiques, les chapitre 12 et 14 du livre XII (27a-28a) qu’il consacre respectivement aux compétences indispensables à l’historien et aux qualités qui doivent être celles de l’historien complet.
  13. Voir infra ce qu’il dit sur Théopompe, Timée et Callisthène.
  14. Voir infra les critiques de Polybe sur la relation de la bataille d’Issos par Théopompe.
  15. Note E. Talbot : Suivant Diodore, l’armée des Lacédémoniens et de leurs alliés, s’élevait à plus de 20 000 fantassins et de 2000 cavaliers, celle des Thébains et de leurs alliés à 30 000 hommes de pied et plus de 3000 chevaux. Ainsi près de 60 000 hommes se trouvèrent en présence dans cette bataille, demeurée justement célèbre.
  16. Voir supra.
  17. Voir, supra, la charte de fondation de la seconde Confédération athénienne et Diodore de Sicile, XV, 30, 5.
  18. Charès s’est montré particulièrement brutal à l’égard des alliés. Voir Polybe, VII, 23, trad. D. Roussel : « Sous les gouvernements d’Aristide et de Périclès, le gouvernement d’Athènes s’est rarement montré brutal ; on l’a au contraire souvent vu faire preuve de générosité et de noblesse morale. Mais il en alla à l’inverse sous Cléon et Charès. »
  19. Voir infra.

Le retour à l’impérialisme athénien et la fragilisation de la seconde Confédération

 

366-365. Timothée intègre Samos à la seconde Confédération, après un siège de près d’un an, en 366-365. Il y installe une clérouquie. Il prend la Chalcidique, en 364, Potidée, en 361. Ce sont les signes d’un retour aux pratiques impérialistes du Ve siècle dont les conséquences seront graves pour Athènes1 : la nécessité de la seconde Confédération devient de moins en moins évidente. Mais, même si Paros se révolte en 373, Kéos, en 365, les menaces sont encore lointaines… La flotte athénienne est bien encore maîtresse de la mer Égée.

[107] ἀθροώτατον μὲν οὖν τοῦτ᾽ εἰπεῖν ἔχω περὶ Τιμοθέου καὶ μάλιστα καθ᾽ ἁπάντων, ὅτι τοσαύτας ᾕρηκε πόλεις κατὰ κράτος ὅσας οὐδεὶς πώποτε τῶν ἐστρατηγηκότων, οὔτε τῶν ἐκ ταύτης τῆς πόλεως οὔτε τῶν ἐκ τῆς ἄλλης Ἑλλάδος, καὶ τούτων ἐνίας, ὧν ληφθεισῶν ἅπας ὁ τόπος ὁ περιέχων οἰκεῖος ἠναγκάσθη τῇ πόλει γενέσθαι : τηλικαύτην ἑκάστη δύναμιν εἶχε. [108] τίς γὰρ οὐκ οἶδε Κόρκυραν μὲν ἐν ἐπικαιροτάτῳ καὶ κάλλιστα κειμένην τῶν περὶ Πελοπόννησον, Σάμον δὲ τῶν ἐν Ἰωνίᾳ, Σηστὸν δὲ καὶ Κριθώτην τῶν ἐν Ἑλλησπόντῳ, πόντῳ, Ποτίδαιαν δὲ καὶ Τορώνην τῶν ἐπὶ Θρᾴκης ; ἃς ἐκεῖνος ἁπάσας κτησάμενος παρέδωκεν ὑμῖν, οὐ δαπάναις μεγάλαις, οὐδὲ τοὺς ὑπάρχοντας συμμάχους λυμηνάμενος, οὐδὲ πολλὰς ὑμᾶς εἰσφορὰς ἀναγκάσας εἰσενεγκεῖν, [109] ἀλλ᾽ εἰς μὲν τὸν περίπλουν τὸν περὶ Πελοπόννησον τρία καὶ δέκα μόνον τάλαντα δούσης αὐτῷ τῆς πόλεως καὶ τριήρεις πεντήκοντα Κόρκυραν εἷλε, πόλιν ὀγδοήκοντα τριήρεις κεκτημένην, καὶ περὶ τὸν αὐτὸν χρόνον Λακεδαιμονίους ἐνίκησε ναυμαχῶν, καὶ ταύτην αὐτοὺς ἠνάγκασε συνθέσθαι τὴν εἰρήνην, ἣ τοσαύτην μεταβολὴν ἑκατέρᾳ τῶν πόλεων ἐποίησεν, [110] ὥσθ᾽ ἡμᾶς μὲν ἀπ᾽ ἐκείνης τῆς ἡμέρας θύειν αὐτῇ καθ᾽ ἕκαστον τὸν ἐνιαυτὸν ὡς οὐδεμιᾶς ἄλλης οὕτω τῇ πόλει συνενεγκούσης, Λακεδαιμονίων δὲ μετ᾽ ἐκεῖνον τὸν χρόνον μηδ᾽ ὑφ᾽ ἑνὸς ἑωρᾶσθαι μήτε ναυτικὸν ἐντὸς Μαλέας περιπλέον μήτε πεζὸν στρατόπεδον διὰ τοῦ Ἰσθμοῦ πορευόμενον, ὅπερ αὐτοῖς τῆς περὶ Λεῦκτρα συμφορᾶς εὕροι τις ἂν αἴτιον γεγενημένον.

[107] En général, et comme un fait qui domine tous les autres, je puis dire que Timothée a conquis autant de villes qu’aucun des généraux qui ont commandé, à une époque quelconque, les armées d’Athènes ou de la Grèce ; et que parmi ces villes il s’en trouvait plusieurs dont la conquête, tant leur puissance était grande, soumettait à l’autorité de la République tout le pays qui les environnait. [108] Qui ne connaît Corcyre, la plus belle et la plus avantageusement située entre les îles qui entourent le Péloponnèse ? et Samos, entre celles d’Ionie ? et Sestos, et Crithotè, sur l’Hellespont, enfin Potidée et Toronè, dans les plaines de la Thrace ? Toutes ces villes, Timothée les a conquises, et il vous les a données sans vous imposer de fortes dépenses, sans fouler vos alliés, sans vous obliger vous-mêmes à fournir de nombreuses contributions ; [109] et de plus c’est avec treize talents et cinquante galères que vous lui aviez confiés pour croiser autour du Péloponnèse, qu’il a pris Corcyre, dont la force navale s’élevait à quatre-vingts vaisseaux. Vers le même temps, il a vaincu les Lacédémoniens sur mer, et il les a obligés à conclure un traité de paix, qui a tellement changé la situation des deux villes, [110] qu’à partir de ce moment vous avez offert chaque année des sacrifices aux dieux en mémoire de ce traité, parce qu’aucun autre n’avait été jusque-là aussi avantageux pour notre patrie, et que depuis lors personne n’a vu les flottes de Lacédémone doubler le cap Malée, ni ses armées s’avancer à travers l’Isthme, ce qu’on peut considérer comme la cause de leur désastre à Leuctres2.

Isocrate, Sur l’échange, 107-110, Sur la permutation des biens, 107-110, trad. Le Duc de Clermont-Tonnerre, Œuvres complètes d’Isocrate, Tome III, Paris, Firmin Didot, 1864

Plus loin, Isocrate montre en quoi Timothée l’emporte sur les autres stratèges.

[116] […] Ὁ δὲ [Τιμόθεος] τοῖς μὲν τοιούτοις λοχαγοῖς ἐχρῆτο καὶ ταξιάρχοις, [117] αὐτὸς δὲ περὶ ταῦτα δεινὸς ἦν, περὶ ἅπερ χρὴ φρόνιμον εἶναι τὸν στρατηγὸν τὸν ἀγαθόν. Ἔστι δὲ ταῦτα τίνα δύναμιν ἔχοντα ; δεῖ γὰρ οὐχ ἁπλῶς εἰπεῖν, ἀλλὰ σαφῶς φράσαι περὶ αὐτῶν. πρῶτον μὲν δύνασθαι γνῶναι πρὸς τίνας πολεμητέον καὶ τίνας συμμάχους ποιητέον : ἀρχὴ γὰρ αὕτη στρατηγίας ἐστίν, ἧς ἢν διαμάρτῃ τις, ἀνάγκη τὸν πόλεμον ἀσύμφορον καὶ χαλεπὸν καὶ περίεργον εἶναι. [118] περὶ τοίνυν τὴν τοιαύτην προαίρεσιν οὐ μόνον οὐδεὶς τοιοῦτος γέγονεν, ἀλλ᾽ οὐδὲ παραπλήσιος. ῥᾴδιον δ᾽ ἐξ αὐτῶν τῶν ἔργων γνῶναι : πλείστους γὰρ πολέμους ἄνευ τῆς πόλεως ἀνελόμενος, ἅπαντας τούτους κατώρθωσε καὶ δικαίως ἅπασι τοῖς Ἕλλησιν ἔδοξεν αὐτοὺς ποιήσασθαι. καί τοι τοῦ καλῶς βουλεύσασθαι τίς ἂν ἀπόδειξιν ἔχοι σαφεστέραν καὶ μείζω ταύτης παρασχέσθαι; [119] δεύτερον τί προσήκει τὸν στρατηγὸν τὸν ἀγαθόν; στρατόπεδον συναγαγεῖν ἁρμόττον τῷ πολέμῳ τῷ παρόντι, καὶ τοῦτο συντάξαι καὶ χρήσασθαι συμφερόντως. ὡς μὲν τοίνυν ἠπίστατο χρῆσθαι καλῶς, αἱ πράξεις αὐταὶ δεδηλώκασιν : ὡς δὲ καὶ πρὸς τὸ παρασκευάσασθαι μεγαλοπρεπῶς καὶ τῆς πόλεως ἀξίως ἁπάντων διήνεγκεν, οὐδὲ τῶν ἐχθρῶν οὐδεὶς ἂν ἄλλως εἰπεῖν τολμήσειεν.

[116] […] Timothée employait les hommes de cette nature pour commander des compagnies ou des bataillons, [117] et, quant à lui, il excellait dans toutes les qualités qui font un général accompli. Quelles sont ces qualités, et quelle est leur valeur ? car il ne faut pas ici donner de simples indications, il faut s’expliquer avec clarté. C’est d’abord de savoir apprécier contre quels ennemis on doit faire la guerre, et quelles alliances il convient de contracter ; telle est la première condition de la stratégie, et, si cette condition n’est pas remplie, la guerre est inévitablement désavantageuse, difficile et sans résultat utile. [118] Or, dans cette appréciation si importante, aucun homme n’a égalé Timothée et n’a même approché de lui. Il est facile de le reconnaître par les faits, puisque, ayant entrepris la plupart des guerres sans la participation de la République, non seulement il les a toutes heureusement terminées, mais, au jugement de tous les Grecs, il les avait entreprises conformément à la justice. Quelle preuve plus grande, plus évidente, pourrait-on présenter de la sagesse de ses conseils ? [119] En second lieu, quelles qualités doit encore posséder un général accompli ? Il doit savoir se composer une armée en rapport avec la guerre qu’il va faire, l’organiser et l’employer d’une manière avantageuse. Que Timothée ait su se servir avec gloire d’une armée, les faits mêmes l’ont établi, que, pour faire des dispositions avec grandeur et d’une manière digne de la République, il se soit montré supérieur à tous les autres généraux, aucun de ses ennemis n’oserait dire le contraire.

Isocrate, Sur l’échange, 116-119, Sur la permutation des biens, trad. Le Duc de Clermont-Tonnerre, Œuvres complètes d’Isocrate, Tome III, Paris, Firmin Didot, 1864

Le jeu de bascule des Perses entre Athènes et Thèbes

 

Les Perses, jouant leur éternel jeu de bascule, font des concessions aux Athéniens. Les droits athéniens sur Amphipolis sont reconnus. Ils ont peur de leur intervention éventuelle auprès des satrapes révoltés, possibilité qu’un des ambassadeurs athéniens, Léon3, avait laissé entrevoir, comme une menace, lors du congrès de Suse. En même temps ils poussent les Thébains, pour faire contrepoids à cette hégémonie maritime athénienne, à construire une flotte pour intervenir en mer Égée. C’est le début de la rivalité de Thèbes et d’Athènes sur mer. Épaminondas persuade ses concitoyens de l’utilité de cette entreprise.

78 [4] ἅμα δὲ τούτοις πραττομένοις Ἐπαμεινώνδας ὁ Θηβαῖος, μέγιστον ἔχων τῶν πολιτῶν ἀξίωμα, συναχθείσης ἐκκλησίας διελέχθη τοῖς πολίταις, προτρεπόμενος αὐτοὺς ἀντέχεσθαι τῆς κατὰ θάλατταν ἡγεμονίας. διελθὼν δὲ λόγον ἐκ χρόνου πεφροντισμένον ἐδείκνυε τὴν ἐπιβολὴν ταύτην συμφέρουσάν τε καὶ δυνατήν, τά τε ἄλλα προφερόμενος καὶ διότι τοῖς πεζῇ κρατοῦσι ῥᾴδιόν ἐστι περιποιήσασθαι τὴν τῆς θαλάττης ἀρχήν : καὶ γὰρ Ἀθηναίους ἐν τῷ πρὸς Ξέρξην πολέμῳ διακοσίας ναῦς ἰδίᾳ πληροῦντας Λακεδαιμονίοις δέκα ναῦς παρεχομένοις ὑποτετάχθαι. πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα πρὸς ταύτην τὴν ὑπόθεσιν οἰκείως διαλεχθεὶς ἔπεισε τοὺς Θηβαίους ἀντέχεσθαι τῆς κατὰ θάλατταν ἀρχῆς. 79. εὐθὺς οὖν ὁ δῆμος ἐψηφίσατο τριήρεις μὲν ἑκατὸν ναυπηγεῖσθαι, νεώρια δὲ ταύταις ἴσα τὸν ἀριθμόν, Ῥοδίους δὲ καὶ Χίους καὶ Βυζαντίους προτρέπεσθαι βοηθῆσαι ταῖς ἐπιβολαῖς. αὐτὸς δὲ μετὰ δυνάμεως ἐκπεμφθεὶς ἐπὶ τὰς εἰρημένας πόλεις Λάχητα μὲν τὸν Ἀθηναίων στρατηγόν, ἔχοντα στόλον ἀξιόλογον καὶ διακωλύειν τοὺς Θηβαίους ἀπεσταλμένον, καταπληξάμενος καὶ ἀποπλεῦσαι συναναγκάσας, ἰδίας τὰς πόλεις τοῖς Θηβαίοις ἐποίησεν. [2] εἰ μὲν οὖν ὁ ἀνὴρ οὗτος πλείω χρόνον ἐπέζησεν, ὡμολογημένως ἂν οἱ Θηβαῖοι τῇ κατὰ γῆν ἡγεμονίᾳ καὶ τὴν τῆς θαλάττης ἀρχὴν προσεκτήσαντο : ἐπεὶ δὲ μετ᾽ ὀλίγον χρόνον ἐν τῇ περὶ τὴν Μαντίνειαν μάχῃ λαμπροτάτην τὴν νίκην τῇ πατρίδι περιποιήσας ἡρωικῶς ἐτελεύτησεν, εὐθέως καὶ τὰ τῶν Θηβαίων πράγματα τῇ τούτου τελευτῇ συναπέθανεν. ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων τὰ κατὰ μέρος μικρὸν ὕστερον ἀκριβῶς διέξιμεν.

[4] En ce même temps le Thébain Épaminondas qui avait un grand crédit sur l’esprit de ses concitoyens les fit assembler et leur proposa de former une puissante marine, pour attirer à leur république l’empire de la mer. Dans ce discours prémédité depuis longtemps, il leur fit voir d’abord l’avantage et ensuite la facilité de cette entreprise fondée principalement sur ce que ceux qui ont la supériorité sur la terre sont en état de se la donner bientôt sur la mer. Il alléguait pour preuve de sa proposition l’exemple des Athéniens qui dans la guerre de Xerxès, ayant mis en mer deux cens vaisseaux, ne laissaient pas d’être subalternes aux Lacédémoniens qui n’en avaient que dix. Par ces raisons et par d’autres non moins convenables à son sujet, il persuada aux Thébains de se rendre les maîtres de la mer. [79] Le peuple ordonna par un décret que l’on construisît incessamment cent galères à trois rangs de rames et un arsenal composé d’autant de loges pour les recevoir ; on fit même proposer aux insulaires de Rhodes et de Chios, et aux citoyens de Byzance de prendre part à cette entreprise. Épaminondas député lui-même à ces villes, rencontra Lachès à la tête d’une flotte athénienne qui était considérable et qu’on envoyait pour s’opposer aux tentatives des Thébains. La rencontre d’Épaminondas mit Lachès en crainte et l’obligea de se retirer ; et le Thébain, ayant poursuivi sa route attira toutes ces villes à son parti4. [2] Si ce grand homme avait vécu plus longtemps, les Thébains se seraient sans doute acquis suivant son projet l’empire de la terre et de la mer : mais étant mort peu de temps après à la bataille de Mantinée, non sans avoir assuré à sa patrie une victoire glorieuse, il sembla avoir emporté avec lui dans le tombeau toute la fortune de Thèbes, comme nous le verrons bientôt plus en détail.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 78, 4 – 79, 2, trad. abbé Jean Terrasson

La formalisation d’un traité de paix séparé entre Thèbes et Corinthe

 

365-363. La présence des Thébains dans le Péloponnèse pousse les Corinthiens à conclure, après en avoir averti les Lacédémoniens, une paix séparée avec Thèbes. En revanche, les relations avec leurs alliés arcadiens, en conflit avec les Éléens à propos du sanctuaire d’Olympie, deviennent de plus en plus difficiles. L’utilisation par les magistrats arcadiens – de tendance démocratique – des richesses du sanctuaire pour payer les troupes d’élite des éparites est à l’origine de dissentiments dans la ligue arcadienne, en 363, sur fond de stasis. La décision de non utilisation des biens sacrés par l’Assemblée des Dix-Mille est à l’origine de transformations politiques. Ceux qui ne pouvaient, sans solde, faire partie des éparites doivent se disperser – sans doute pour s’engager comme mercenaires – tandis que les plus riches entrent dans le corps d’élite. La tendance est nettement oligarchique. Les nouveaux dirigeants font la paix avec les gens d’Élis. Mais ceux qui avaient utilisé les biens sacrés savaient que, s’ils devaient rendre des comptes, ils risquaient la mort. Ils demandent aux Thébains d’envoyer des troupes car, disent-ils, les Arcadiens recommencent à laconiser…

[35] καὶ οἱ μὲν παρεσκευάζοντο ὡς στρατευσόμενοι : οἱ δὲ τὰ κράτιστα τῇ Πελοποννήσῳ βουλευόμενοι ἔπεισαν τὸ κοινὸν τῶν Ἀρκάδων πέμψαντας πρέσβεις εἰπεῖν τοῖς Θηβαίοις μὴ ἰέναι σὺν ὅπλοις εἰς τὴν Ἀρκαδίαν, εἰ μή τι καλοῖεν. καὶ ἅμα μὲν ταῦτα πρὸς τοὺς Θηβαίους ἔλεγον, ἅμα δὲ ἐλογίζοντο ὅτι πολέμου οὐδὲν δέοιντο. τοῦ τε γὰρ ἱεροῦ τοῦ Διὸς προεστάναι οὐδὲν προσδεῖσθαι ἐνόμιζον, ἀλλ᾽ ἀποδιδόντες ἂν καὶ δικαιότερα καὶ ὁσιώτερα ποιεῖν, καὶ τῷ θεῷ οἴεσθαι μᾶλλον ἂν οὕτω χαρίζεσθαι. βουλομένων δὲ ταῦτα καὶ τῶν Ἠλείων, ἔδοξεν ἀμφοτέροις εἰρήνην ποιήσασθαι : καὶ ἐγένοντο σπονδαί.

[35] Les Thébains se préparent donc à marcher. Mais ceux qui se préoccupent sincèrement des vrais intérêts du Péloponnèse5, persuadent à l’assemblée arcadienne d’envoyer des députés aux Thébains pour leur dire de ne pas venir en armes en Arcadie, à moins qu’on ne les appelle. Tout en faisant dire cela aux Thébains, ils réfléchissent qu’ils n’ont que faire de la guerre. Ils pensent qu’ils n’ont, en effet, nul besoin d’avoir l’intendance du temple de Zeus, mais qu’en y renonçant, ils feront une action plus juste et plus pieuse, et se rendront ainsi plus agréables au Dieu. Comme les Éléens n’avaient pas d’autres prétentions, les deux partis se décident à la paix, et le traité est conclu.

Xénophon, Helléniques, VII, 4, 35, trad. Eugène Talbot, 1859

Résistance de la confédérations athénienne aux manœuvres séparatistes

 

364-362. Mort de Pélopidas en Thessalie6. Épaminondas en Égée. Son but est de détacher Athènes de ses alliés. Mais, seule Byzance abandonne la seconde Confédération athénienne. La défection de Céos est provoquée par la présence des trières d’Épaminondas dans les eaux de l’île : elle passe dans le camp thébain. Chabrias la reprend en 363. Après son bref passage, une nouvelle révolte éclate annulant les accords qui venaient d’être conclus. Elle sera durement réprimée par Aristophon envoyé par Athènes pour rétablir l’ordre. Un autre traité est alors signé en 362. Malgré ces vicissitudes qui annoncent la « guerre des Alliés », pour l’instant l’empire, ou plus exactement la seconde Confédération, garde sa cohésion et assure toujours le ravitaillement d’Athènes et permet surtout de financer la guerre.

Le décret suivant, relativement difficile à interpréter, gravé sur une stèle de marbre trouvée sur l’Acropole d’Athènes, concerne la « normalisation » des relations entre Ioulis – une des quatre cités de Céos d’où était partie la dissidence – et Athènes dont la façon de percevoir les « contributions » devient de plus en plus autoritaire et annonce la « guerre des Alliés ».

 

« Dieux

Sous l’archontat de Charicleidès, la tribu Aiantis exerçait la prytanie ; Nicostratos de Pallène était secrétaire, Philittios des Boutades était président ; il a plu au conseil et au peuple, Aristophanès a fait la proposition : attendu que les habitants de Ioulis que les Athéniens ont ramené chez eux ont signalé que la cité des Ioulis devait à la cité des Athéniens trois talents de l’argent compté dans le décret du peuple des Athéniens qu’avait proposé Ménéxénos, plaise au peuple que les gens de Ioulis remettent aux Athéniens cet argent du mois Skiophorion de l’archontat de Charicleidès ; s’ils ne remettent pas cet argent au moment indiqué, que viennent le percevoir chez eux les agents choisis par le peuple pour percevoir, de la façon qu’ils connaissent, l’argent dû, auprès des insulaires, que fassent la perception avec eux les stratèges de Ioulis, Échétimos, Nicoléôs, Satyros, Glaucôn et Héracleidès ; pour que les serments et les accords qu’a établis le stratège Chabrias et qu’il avait jurés aux Céens pour les Athéniens et les Céens que ramenaient les Athéniens soient valides, que les stratèges de Ioulis dont il est dit dans ce décret qu’ils doivent participer à la perception de l’argent, les fassent inscrire sur une stèle de pierre et placer dans le sanctuaire d’Apollon Pythien, comme ils sont gravés à Carthaia et que le secrétaire du conseil les inscrive sur une stèle de la même façon, et la place sur l’Acropole, que le trésorier du peuple donne pour cela 20 drachmes sur les crédits réservés aux décrets. Attendu que les gens de Ioulis qui n’ont pas respecté les serments et les traités, qui ont combattu contre le peuple des Athéniens, les Céens et les autres alliés, qui ont été condamnés à mort, sont allés à Céos et ont renversé les stèles sur lesquelles étaient inscrits les traités avec les Athéniens et les noms de ceux qui ne respectaient pas les serments, et qu’ils ont tué certains des amis des Athéniens que le peuple avait ramenés, condamné d’autres à mort et confisqué les biens de Satyridos, Timoxénos et Miltiade en contravention avec les serments et les traités, parce qu’ils avaient été les accusateurs d’Antipater, lorsque le conseil le condamna à mort pour avoir tué l’hôte officiel des Athéniens A[…]ision en contravention avec les décrets du peuple des Athéniens et n’avoir pas respecté les serments et les accords, qu’ils soient bannis de Céos et d’Athènes et que leurs biens soient confisqués au profit du peuple de Ioulis ; que les stratèges de Ioulis qui séjournent en ce moment à Athènes inscrivent leur noms aussitôt en présence du secrétaire du peuple ; si tel des inscrits conteste faire partie de ces gens-là, qu’il lui soit permis, après avoir fourni des garants, de se présenter dans les trente jours devant les stratèges de Ioulis pour être juger Céos ou devant le conseil appelé à juger à Athènes ; que Satyridès, Timoxénos et Miltiade aillent à Céos recouvrir leur propriété ; que reçoivent l’éloge ceux des gens de Ioulis qui sont venus à Athènes, Démétrios, Héracleidès, Échétimos, Calliphantos, et aussi Satyridès, Timoxénos et Aglokritos, et qu’ils soient invités au prytanée pour le repas de demain. Voici ce qu’ont établi et juré les stratèges des Athéniens et les alliés pour les villes de Céos : je ne garderai pas souvenir, ni ne ferai mémoire des maux causés par quiconque s’est attaqué aux Céens, et je ne tuerai ni n’exilerai aucun des Céens qui restent fidèles aux serments et aux accords, mais je les introduirai dans l’alliance comme les autres alliés ; si quelqu’un agit à Céos de façon à être en contravention avec les serments et les accords, je ne le laisserai pas faire, ni par art, ni par machination aucune, autant que faire se pourra ; si quelqu’un ne veut pas rester à Céos, je le laisserai habiter où il le désire dans les villes alliées, en lui laissant la jouissance de ses propriétés ; je resterai fidèle à ces stipulations, par Zeus, Athéna, Poséidon, Déméter. Si je reste fidèle à mes serments, qu’il m’en advienne beaucoup de bien, sinon des maux. Serments et accords des villes de Céos envers les Athéniens, les alliés et les Céens qu’ont ramenés les Athéniens ; je serai allié des Athéniens et des alliés et n’abandonnerai pas les Athéniens et les alliés, ni de mon propre mouvement, ni en obéissant à quelqu’un d’autre, autant que faire se pourra ; tous les procès publics ou privés qui porteront sur plus de cent drachmes, je les ferai juger selon les traités […]. Si je respecte ce serment [par Zeus, Athéna, Poséidon Déméter], qu’il m’en advienne du bien sinon des maux.

[Serment des Céens qu’ont ramenés les Athéniens…] : je ne rappellerai pas quels maux […]. »

Inscription historique grecque.

Le coup de force de Thèbes à Tégée

 

368-362 av. J.-C. La domination thébaine remplace l'hégémonie spartiate

carte 4

362. Thèbes ne peut tolérer la paix signée entre les Arcadiens et les Éléens. Une paix séparée est interdite par les accords qui lient les Arcadiens aux Thébains. Thèbes se doit de réagir. Le coup de force du « Thébain » à Tégée, le chef de la garnison, annonce l’expédition d’Épaminondas dans le Péloponnèse.

[36] γενομένων δὲ τῶν ὅρκων, καὶ ὀμοσάντων τῶν τε ἄλλων ἁπάντων καὶ Τεγεατῶν καὶ αὐτοῦ τοῦ Θηβαίου, ὃς ἐτύγχανεν ἐν Τεγέᾳ ἔχων τριακοσίους ὁπλίτας τῶν Βοιωτῶν, οἱ μὲν ἄλλοι Ἀρκάδες ἐν τῇ Τεγέᾳ αὐτοῦ ἐπικαταμείναντες ἐδειπνοποιοῦντό τε καὶ ηὐθυμοῦντο καὶ σπονδὰς καὶ παιᾶνας ὡς εἰρήνης γεγενημένης ἐποιοῦντο, ὁ δὲ Θηβαῖος καὶ τῶν ἀρχόντων οἱ φοβούμενοι τὰς εὐθύνας σύν τε τοῖς Βοιωτοῖς καὶ τοῖς ὁμογνώμοσι τῶν ἐπαρίτων κλείσαντες τὰς πύλας τοῦ τῶν Τεγεατῶν τείχους, πέμποντες ἐπὶ τοὺς σκηνοῦντας συνελάμβανον τοὺς βελτίστους. ἅτε δὲ ἐκ πασῶν τῶν πόλεων παρόντων τῶν Ἀρκάδων, καὶ πάντων εἰρήνην βουλομένων ἔχειν, πολλοὺς ἔδει τοὺς συλλαμβανομένους εἶναι : ὥστε ταχὺ μὲν αὐτοῖς τὸ δεσμωτήριον μεστὸν ἦν, ταχὺ δὲ ἡ δημοσία οἰκία. [37] ὡς δὲ πολλοὶ οἱ εἰργμένοι ἦσαν, πολλοὶ δὲ κατὰ τοῦ τείχους ἐκπεπηδηκότες, ἦσαν δ᾽ οἳ καὶ διὰ τῶν πυλῶν ἀφεῖντο : οὐδεὶς γὰρ οὐδενὶ ὠργίζετο, ὅστις μὴ ᾤετο ἀπολεῖσθαι : ἀπορῆσαι δὴ μάλιστα ἐποίησε τόν τε Θηβαῖον καὶ τοὺς μετ᾽ αὐτοῦ ταῦτα πράττοντας ὅτι Μαντινέας, οὓς μάλιστα ἐβούλοντο λαβεῖν, ὀλίγους τινὰς πάνυ εἶχον : διὰ γὰρ τὸ ἐγγὺς τὴν πόλιν εἶναι σχεδὸν πάντες ᾤχοντο οἴκαδε. [38] ἐπεὶ δὲ ἡμέρα ἐγένετο καὶ τὰ πεπραγμένα ἐπύθοντο οἱ Μαντινεῖς, εὐθὺς πέμποντες εἴς τε τὰς ἄλλας Ἀρκαδικὰς πόλεις προηγόρευον ἐν τοῖς ὅπλοις εἶναι καὶ φυλάττειν τὰς παρόδους. καὶ αὐτοὶ δὲ οὕτως ἐποίουν, καὶ ἅμα πέμψαντες εἰς τὴν Τεγέαν ἀπῄτουν ὅσους ἔχοιεν ἄνδρας Μαντινέων : καὶ τῶν ἄλλων δὲ Ἀρκάδων οὐδένα ἀξιοῦν ἔφασαν οὔτε δεδέσθαι οὔτε ἀποθνῄσκειν πρὸ δίκης. εἰ δὲ καί τινες ἐπαιτιῷντο, ἔλεγον ἐπαγγέλλοντες ὅτι ἡ τῶν Μαντινέων πόλις ἐγγυῷτο ἦ μὴν παρέξειν εἰς τὸ κοινὸν τῶν Ἀρκάδων ὁπόσους τις προσκαλοῖτο. [39] ἀκούων οὖν ὁ Θηβαῖος ἠπόρει τε ὅ τι χρήσαιτο τῷ πράγματι καὶ ἀφίησι πάντας τοὺς ἄνδρας. καὶ τῇ ὑστεραίᾳ συγκαλέσας τῶν Ἀρκάδων ὁπόσοι γε δὴ συνελθεῖν ἠθέλησαν, ἀπελογεῖτο ὡς ἐξαπατηθείη. ἀκοῦσαι γὰρ ἔφη ὡς Λακεδαιμόνιοί τε εἶεν σὺν τοῖς ὅπλοις ἐπὶ τοῖς ὁρίοις προδιδόναι τε μέλλοιεν αὐτοῖς τὴν Τεγέαν τῶν Ἀρκάδων τινές. οἱ δὲ ἀκούσαντες ἐκεῖνον μέν, καίπερ γιγνώσκοντες ὅτι ἐψεύδετο περὶ σφῶν, ἀφίεσαν : πέμψαντες δ᾽ εἰς Θήβας πρέσβεις κατηγόρουν αὐτοῦ ὡς δεῖν ἀποθανεῖν. [40] τὸν δ᾽ Ἐπαμεινώνδαν ἔφασαν, καὶ γὰρ στρατηγῶν τότε ἐτύγχανε, λέγειν ὡς πολὺ ὀρθότερον ποιήσειεν, ὅτε συνελάμβανε τοὺς ἄνδρας ἢ ὅτε ἀφῆκε. τὸ γὰρ ἡμῶν δι᾽ ὑμᾶς εἰς πόλεμον καταστάντων ὑμᾶς ἄνευ τῆς ἡμετέρας γνώμης εἰρήνην ποιεῖσθαι πῶς οὐκ ἂν δικαίως προδοσίαν τις ὑμῶν τοῦτο κατηγοροίη; εὖ δ᾽ ἴστε, ἔφη, ὅτι ἡμεῖς καὶ στρατευσόμεθα εἰς τὴν Ἀρκαδίαν καὶ σὺν τοῖς τὰ ἡμέτερα φρονοῦσι πολεμήσομεν.

Les serments une fois prêtés par toutes les villes7, ainsi que par les Tégéates et le commandant thébain lui-même, qui se trouvait à Tégée avec trois cents hoplites béotiens, tous les Arcadiens restent à Tégée festinant, menant joyeuse vie, avec libations et péans en l’honneur de la paix. Mais le Thébain et ceux des chefs qui craignent la reddition des comptes8 s’unissant aux Béotiens et à ceux des Éparites qui faisaient cause commune avec eux, ferment les portes des murs de Tégée, et envoient saisir les premiers citoyens au milieu des banquets. Comme il y avait là des Arcadiens de toutes les villes et que tous désiraient avoir la paix, on devait nécessairement saisir une grande quantité de personnes. Il en résulte que la prison publique est bientôt pleine, et bientôt aussi la maison commune. [37] Le nombre des prisonniers était grand ; plusieurs avaient sauté du haut du mur, et l’on en avait même laissé échapper quelques-uns par les portes : car on n’en voulait point à ceux par lesquels on ne croyait point ses jours menacés. Mais ce qui met le plus dans l’embarras le Thébain et ses affidés, c’est qu’ils n’ont en leur pouvoir qu’un petit nombre de Mantinéens, quand c’étaient justement eux qu’ils auraient le plus désiré prendre. Mais, grâce à la proximité de leur ville, ils s’étaient presque tous sauvés chez eux. [38] Quand le jour est venu et que les Mantinéens ont appris ce qui s’était passé, ils envoient aussitôt recommander aux autres villes de l’Arcadie d’être sous les armes et de garder leurs murailles. Eux-mêmes ils en font autant, et envoient en même temps à Tégée redemander tous les Mantinéens détenus. Ils exigent aussi qu’aucun des autres Arcadiens ne soit mis en prison ou condamné à mort avant un jugement ; et, dans le cas où l’on aurait des sujets d’accusation, ils déclarent que l’État de Mantinée s’engage comme garant à amener devant l’assemblée arcadienne tous ceux qu’on citera devant elle. [39] Le Thébain, à ce message, ne sait trop comment arranger l’affaire, et il renvoie tout le monde. Le lendemain il réunit tous ceux des Arcadiens qui voulaient se rendre auprès de lui, et cherche à se justifier en disant qu’il a été trompé. Il prétend, en effet, avoir appris que les Lacédémoniens étaient en armes sur les frontières, et que quelques Arcadiens devaient leur livrer Tégée. Après l’avoir entendu, ils le laissent libre, quoique sachant bien qu’il avait menti sur leur compte, mais ils envoient à Thèbes des députés chargés de l’accuser et de demander qu’on le mît à mort. [40] Mais on prétend qu’Épaminondas, alors un des stratèges, répondit qu’il avait eu bien plus raison d’arrêter que de relâcher ces hommes. « Car, dit-il, comment ne pas vous accuser avec justice de trahison, vous qui, après nous avoir engagés dans une guerre, faites la paix sans notre aveu9 ? Sachez-le bien, ajoute-t-il ; pour nous, nous marcherons en Arcadie et nous ferons la guerre de concert avec ceux qui sont encore de notre parti. »

Xénophon, Helléniques, VII, 4, 36-40, trad. Eugène Talbot, 1859

Les Arcadiens demandent du secours aux Athéniens. Ils envoient également des députés pour demander aux Lacédémoniens de participer à une défense commune. Or, les Thébains ont des visées de plus en plus évidentes sur le Péloponnèse qu’ils veulent affaiblir pour pouvoir mieux l’asservir. Épaminondas marche sur le Péloponnèse.

[4] ἐν ὅσῳ δὲ ταῦτ᾽ ἐπράττετο, Ἐπαμεινώνδας ἐξῄει, Βοιωτοὺς ἔχων πάντας καὶ Εὐβοᾶς καὶ Θετταλῶν πολλοὺς παρά τε Ἀλεξάνδρου καὶ τῶν ἐναντίων αὐτῷ. Φωκεῖς μέντοι οὐκ ἠκολούθουν, λέγοντες ὅτι συνθῆκαι σφίσιν αὐτοῖς εἶεν, εἴ τις ἐπὶ Θήβας ἴοι, βοηθεῖν : ἐπ᾽ ἄλλους δὲ στρατεύειν οὐκ εἶναι ἐν ταῖς συνθήκαις. [5] ὁ μέντοι Ἐπαμεινώνδας ἐλογίζετο καὶ ἐν Πελοποννήσῳ σφίσιν ὑπάρχειν Ἀργείους τε καὶ Μεσσηνίους καὶ Ἀρκάδων τοὺς τὰ σφέτερα φρονοῦντας. ἦσαν δ᾽ οὗτοι Τεγεᾶται καὶ Μεγαλοπολῖται καὶ Ἀσεᾶται καὶ Παλλαντιεῖς, καὶ εἴ τινες δὴ πόλεις διὰ τὸ μικραί τε εἶναι καὶ ἐν μέσαις ταύταις οἰκεῖν ἠναγκάζοντο. [6] ἐξῆλθε μὲν δὴ ὁ Ἐπαμεινώνδας διὰ ταχέων : ἐπεὶ δὲ ἐγένετο ἐν Νεμέᾳ, ἐνταῦθα διέτριβεν, ἐλπίζων τοὺς Ἀθηναίους παριόντας λήψεσθαι καὶ λογιζόμενος μέγα ἂν τοῦτο γενέσθαι τοῖς μὲν σφετέροις συμμάχοις εἰς τὸ ἐπιρρῶσαι αὐτούς, τοῖς δὲ ἐναντίοις εἰς τὸ εἰς ἀθυμίαν ἐμπεσεῖν, ὡς δὲ συνελόντι εἰπεῖν, πᾶν ἀγαθὸν εἶναι Θηβαίοις ὅτι ἐλαττοῖντο Ἀθηναῖοι. [7] ἐν δὲ τῇ διατριβῇ αὐτοῦ ταύτῃ συνῇσαν πάντες οἱ ὁμοφρονοῦντες εἰς τὴν Μαντίνειαν. ἐπεὶ μέντοι ὁ Ἐπαμεινώνδας ἤκουσε τοὺς Ἀθηναίους τὸ μὲν κατὰ γῆν πορεύεσθαι ἀπεγνωκέναι, κατὰ θάλατταν δὲ παρασκευάζεσθαι ὡς διὰ Λακεδαίμονος βοηθήσοντας τοῖς Ἀρκάσιν, οὕτω δὴ ἀφορμήσας ἐκ τῆς Νεμέας ἀφικνεῖται εἰς τὴν Τεγέαν. [8] εὐτυχῆ μὲν οὖν οὐκ ἂν ἔγωγε φήσαιμι τὴν στρατηγίαν αὐτῷ γενέσθαι : ὅσα μέντοι προνοίας ἔργα καὶ τόλμης ἐστίν, οὐδέν μοι δοκεῖ ἁνὴρ ἐλλιπεῖν. πρῶτον μὲν γὰρ ἔγωγε ἐπαινῶ αὐτοῦ ὅτι τὸ στρατόπεδον ἐν τῷ τείχει τῶν Τεγεατῶν ἐποιήσατο, ἔνθ᾽ ἐν ἀσφαλεστέρῳ τε ἦν ἢ εἰ ἔξω ἐστρατοπεδεύετο καὶ τοῖς πολεμίοις ἐν ἀδηλοτέρῳ ὅ τι πράττοιτο. καὶ παρασκευάζεσθαι δέ, εἴ του ἐδεῖτο, ἐν τῇ πόλει ὄντι εὐπορώτερον ἦν. τῶν δ᾽ ἑτέρων ἔξω στρατευομένων ἐξῆν ὁρᾶν, εἴτε τι ὀρθῶς ἐπράττετο εἴτε τι ἡμάρτανον. καὶ μὴν οἰόμενος κρείττων τῶν ἀντιπάλων εἶναι, ὁπότε ὁρῴη χωρίοις πλεονεκτοῦντας αὐτούς, οὐκ ἐξήγετο ἐπιτίθεσθαι. [9] ὁρῶν δὲ οὔτε πόλιν αὑτῷ προσχωροῦσαν οὐδεμίαν τόν τε χρόνον προβαίνοντα, ἐνόμισε πρακτέον τι εἶναι : εἰ δὲ μή, ἀντὶ τῆς πρόσθεν εὐκλείας πολλὴν ἀδοξίαν προσεδέχετο. ἐπεὶ οὖν κατεμάνθανε περὶ μὲν τὴν Μαντίνειαν τοὺς ἀντιπάλους πεφυλαγμένους, μεταπεμπομένους δὲ Ἀγησίλαόν τε καὶ πάντας τοὺς Λακεδαιμονίους, καὶ ᾔσθετο ἐξεστρατευμένον τὸν Ἀγησίλαον καὶ ὄντα ἤδη ἐν τῇ Πελλήνῃ, δειπνοποιησάμενος καὶ παραγγείλας ἡγεῖτο τῷ στρατεύματι εὐθὺς ἐπὶ Σπάρτην. [10] καὶ εἰ μὴ Κρὴς θείᾳ τινὶ μοίρᾳ προσελθὼν ἐξήγγειλε τῷ Ἀγησιλάῳ προσιὸν τὸ στράτευμα, ἔλαβεν ἂν τὴν πόλιν ὥσπερ νεοττιὰν παντάπασιν ἔρημον τῶν ἀμυνομένων. ἐπεὶ μέντοι προπυθόμενος ταῦτα Ἀγησίλαος ἔφθη εἰς τὴν πόλιν ἀπελθών, διαταξάμενοι οἱ Σπαρτιᾶται ἐφύλαττον, καὶ μάλα ὀλίγοι ὄντες : οἵ τε γὰρ ἱππεῖς αὐτοῖς πάντες ἐν Ἀρκαδίᾳ ἀπῆσαν καὶ τὸ ξενικὸν καὶ τῶν λόχων δώδεκα ὄντων οἱ τρεῖς.

Pendant ces négociations10, Épaminondas était sorti, suivi de tous les Béotiens, d’Eubéens et de nombreux Thessaliens envoyés par Alexandre et par les adversaires de ce tyran. Les Phocéens toutefois ne marchent point avec lui, alléguant les traités, qui, disent-ils, leur enjoignent de secourir Thèbes, si elle est attaquée, mais non de faire une expédition contre d’autres États. [5] C’étaient les Tégéates, les Mégalopolitains, les Aséates, les Palantins, et toutes les villes auxquelles leur petitesse et leur position au milieu de ces États ne laissaient pas de choix. [6] Épaminondas part en toute hâte. Arrivé à Némée, il y demeure dans l’espérance de surprendre les Athéniens à leur passage ; il comptait que ce serait d’un grand poids pour redoubler l’ardeur de ses alliés et pour jeter ses adversaires dans le découragement ; il pensait, pour le dire en un mot, que tout revers des Athéniens était un bien pour Thèbes. [7] Cependant, lorsque Épaminondas apprend que les Athéniens ont renoncé à passer par terre et se préparent à envoyer sur mer et par la Laconie leurs secours aux Arcadiens, il part de Némée et arrive à Tégée. [8] Je ne pourrais pas dire qu’il ait été heureux pendant son commandement ; mais dans ce qui est l’œuvre de la prudence et de l’audace, cet homme ne me parait avoir rien laissé à désirer. Je commencerai par le louer d’avoir installé son camp dans les murs de Tégée, ce qui lui donnait une position plus sûre que s’il campait au dehors, et lui permettait de mieux cacher ses dispositions aux ennemis et de se procurer plus facilement dans la ville ce dont il avait besoin. Il pouvait, en outre, voir les autres campés dehors et juger de ce qu’ils faisaient de bien ou de mal. Quoiqu’il se crut plus fort que l’ennemi, il n’allait point l’attaquer, s’il lui croyait l’avantage du terrain. [9] Cependant, voyant qu’aucune ville ne se déclare pour lui, et que le temps se passe, il juge qu’il faut agir ; autrement, au lieu de la gloire passée, il n’aura plus qu’une grande honte. Ayant donc appris que les ennemis se sont fortifiés aux environs de Mantinée et ont envoyé chercher Agésilas et tous les Lacédémoniens, informé, en outre, qu’Agésilas est en campagne et se trouve déjà à Pellène, il fait souper ses troupes, donne l’ordre du départ et marche droit sur Sparte. [10] Si un Crétois, par une inspiration d’en haut, n’était venu annoncer à Agésilas l’approche de l’armée, Épaminondas aurait pris, comme un nid, la ville entièrement dégarnie de défenseurs. Mais Agésilas, informé à temps de ce coup de main, arrive avant lui à la ville, et les Spartiates s’en partagent les différents postes, bien qu’ils soient en petit nombre, leur cavalerie se trouvant en Arcadie ainsi que leurs troupes étrangères et trois des douze loches.

Xénophon, Helléniques, VII, 5, 4-10, trad. Eugène Talbot, 1859

La mort d’Epaminondas : la fin d’un grand stratège thébain

 

Avant l’arrivée d’Archidamos et de ses cent hoplites, Épaminondas, qui craint l’intervention des Arcadiens, se retire à Tégée. Bataille de Mantinée et mort d’Épaminondas. Voici comment Polybe raconte la dernière campagne d’Épaminondas et fait l’éloge du grand stratège thébain.

[2] [Ἐπαμινώνδας] παραγενόμενος εἰς Τεγέαν μετὰ τῶν συμμάχων καὶ θεωρήσας τοὺς Λακεδαιμονίους αὐτούς τε πανδημεὶ παραγεγονότας εἰς Μαντίνειαν καὶ τοὺς συμμάχους εἰς ταύτην ἡθροικότας τὴν πόλιν, ὡς παραταξομένους τοῖς Θηβαίοις, [3] δειπνοποιήσασθαι τοῖς αὑτοῦ καθ᾽ ὥραν παραγγείλας ἐξῆγε τὴν δύναμιν ἄρτι τῆς νυκτὸς ἐπιγινομένης, ὡς τῆς παρατάξεως χάριν σπεύδων εὐκαίρους τινὰς προκαταλαβέσθαι τόπους, [4] τοιαύτην δὲ τοῖς πολλοῖς δόξαν ἐνεργασάμενος προῆγε, ποιούμενος τὴν πορείαν ἐπ᾽ αὐτὴν τὴν Λακεδαίμονα, [5] προσμίξας δὲ περὶ τρίτην ὥραν τῇ πόλει παραδόξως καὶ καταλαβὼν τὴν Σπάρτην ἔρημον τῶν βοηθησόντων, μέχρι μὲν ἀγορᾶς ἐβιάσατο καὶ κατέσχε τῆς πόλεως τοὺς ἐπὶ τὸν ποταμὸν ἐστραμμένους τόπους. [6] γενομένης δὲ περιπετείας, καί τινος αὐτομόλου τὴν νύκτα διαπεσόντος εἰς τὴν Μαντίνειαν καὶ διασαφήσαντος Ἀγησιλάῳ τῷ βασιλεῖ τὸ συμβαῖνον, καὶ τῶν βοηθούντων παραγενομένων εἰς τὸν τῆς καταλήψεως καιρόν, [7] ταύτης μὲν τῆς ἐλπίδος ἀπεσφάλη, μετὰ δὲ ταῦτα περὶ τὸν Εὐρώταν ἀριστοποιησάμενος καὶ προσαναλαβὼν τὴν δύναμιν ἐκ τῆς κακοπαθείας, ὥρμα πάλιν ἐξ ὑποστροφῆς τὴν αὐτὴν ὁδόν, [8] συλλογιζόμενος ὅτι συμβήσεται τῶν Λακεδαιμονίων καὶ τῶν συμμάχων παραβεβοηθηκότων εἰς τὴν Σπάρτην ἔρημον πάλιν καταλείπεσθαι τὴν Μαντίνειαν : ὃ καὶ συνέβη γενέσθαι. [9] διὸ παρακαλέσας τοὺς Θηβαίους καὶ χρησάμενος ἐνεργῷ τῇ νυκτοπορείᾳ παρῆν καὶ προσέμισγε τῇ Μαντινείᾳ περὶ μέσον ἡμέρας, ἐρήμῳ τελέως ὑπαρχούσῃ τῶν βοηθησόντων. [10] οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι κατὰ τὸν καιρὸν τοῦτον σπουδάζοντες μετασχεῖν τοῦ πρὸς τοὺς Θηβαίους ἀγῶνος τοῖς Λακεδαιμονίοις κατὰ τὴν συμμαχίαν παρῆσαν. [11] ἤδη δὲ τῆς Θηβαίων πρωτοπορείας συναπτούσης πρὸς τὸ τοῦ Ποσειδῶνος ἱερόν, ὃ κεῖται πρὸ τῆς πόλεως ἐν ἑπτὰ σταδίοις, ὥσπερ ἐπίτηδες συνεκύρησεν ἅμα καὶ τοὺς Ἀθηναίους ἐπιφαίνεσθαι κατὰ τὸν τῆς Μαντινείας ὑπερκείμενον λόφον : [12] εἰς οὓς ἐμβλέψαντες οἱ καταλελειμμένοι τῶν Μαντινέων μόλις ἐθάρρησαν ἐπιβῆναι τοῦ τείχους καὶ κωλῦσαι τὴν τῶν Θηβαίων ἔφοδον. [13] διόπερ εἰκότως οἱ συγγραφεῖς ἐπιμέμφονται τοῖς προειρημένοις ἔργοις, φάσκοντες τῷ μὲν ἡγεμόνι πεπρᾶχθαι πᾶν ὅσον ἀγαθῷ στρατηγῷ, καὶ τῶν μὲν ὑπεναντίων κρείττω, τῆς δὲ τύχης ἥττω γεγονέναι τὸν Ἐπαμινώνδαν.

[2] Ce général des Thébains [Épaminondas] étant arrivé avec ses alliés à Tégée, et voyant les Lacédémoniens assemblés dans Mantinée avec leurs alliés, comme pour leur livrer bataille, [3] donna ordre à ses troupes de prendre leur repas de bonne heure, et s’ébranla au commencement de la nuit, comme s’il eût eu dessein de s’emparer des postes avantageux et d’offrir le combat. [4] Toute l’armée le croyait ainsi, lorsqu’il fit marcher droit à Lacédémone, et avec une si prodigieuse diligence, [5] qu’il y était arrivé à la troisième heure de la nuit. N’y trouvant personne qui défendit la ville, il entra d’emblée jusqu’au forum, et se rendit maître de toute la partie de la ville qui est le long de la rivière. [6] Par hasard un déserteur arrive cette nuit-là même à Mantinée, et apprend au roi Agésilas ce qui se passait. On court à Lacédémone, et on y arrive dans le temps même que la ville était emportée. [7] Épaminondas, déchu de son espérance, fait prendre le repas à ses troupes sur le bord de l’Eurotas, leur donne quelque repos et retourne par le même chemin, [8] jugeant que les Lacédémoniens étaient tous accourus pour secourir leur patrie, et qu’ils avaient laissé Mantinée sans secours. Cela n’avait pas manqué. [9] C’est pourquoi il encourage les Thébains, il marche en grande diligence toute la nuit, et paraît au milieu du jour devant Mantinée, où il n’y avait personne pour lui en défendre l’entrée. [10] Mais les Athéniens voulant partager cette guerre contre les Thébains, se présentèrent comme alliés des Lacédémoniens : [11] l’avant-garde des Thébains touchait déjà au temple de Dionysos, qui n’est qu’à sept stades de la ville, lorsqu’on vit paraître les Athéniens sur la montagne qui commande Mantinée, comme s’ils fussent venus exprès. [12] Ce ne fut qu’alors que ceux qui étaient restés dans la ville, à la vue de ce secours, osèrent enfin monter sur la muraille et empêcher les Thébains d’en approcher. [13] Ainsi les historiens ont raison de se plaindre du malheur qui a traversé ses exploits, et de dire qu’Épaminondas a fait tout ce qu’un grand capitaine devait faire pour vaincre ses ennemis, mais qu’il a été lui-même vaincu par la fortune

Polybe, IX, 8, trad. Dom Thuillier

La bataille de Mantinée : l’indépendance de Messénie et la fin de la domination de Sparte

 

Polybe, plus loin, s’en prend à Éphore et à son incapacité, selon lui, à relater les batailles terrestres et en particulier celle de Mantinée qui est complexe au plan stratégique et tactique. Polybe, le pragmatique12, l’historien de la théorie des cycles, a certes la critique facile13, mais il est utile pour nous de noter ces remarques quand on sait qu’Éphore, dont il ne reste que quelques fragments de ses livres 17 et 18, est la source principale de Diodore de Sicile.

δῆλον δ᾽ ἔσται τὸ λεγόμενον ἔτι μᾶλλον ἐκ τῶν ἐπιφερομένων, οἷον εὐθέως ἐκ τῶν συμβεβηκότων Ἐφόρῳ κατὰ τόπους τινὰς τῆς ἱστορίας. ἐκεῖνος γὰρ ἐν τοῖς πολεμικοῖς τῶν μὲν κατὰ θάλατταν ἔργων ἐπὶ ποσὸν ὑπόνοιαν ἐσχηκέναι μοι δοκεῖ, τῶν δὲ κατὰ γῆν ἀγώνων ἄπειρος εἶναι τελέως. [2] τοιγαροῦν ὅταν μὲν πρὸς τὰς περὶ Κύπρον ναυμαχίας καὶ τὰς περὶ Κνίδον ἀτενίσῃ τις, αἷς ἐχρήσανθ᾽ οἱ βασιλέως στρατηγοὶ πρὸς Εὐαγόραν τὸν Σαλαμίνιον καὶ πάλιν πρὸς Λακεδαιμονίους θαυμάζειν τὸν συγγραφέα καὶ κατὰ τὴν δύναμιν καὶ κατὰ τὴν ἐμπειρίαν εἰκὸς καὶ πολλὰ τῶν χρησίμων ἀπενέγκασθαι πρὸς τὰς ὁμοίας περιστάσεις : [3] ὅταν δὲ τὴν περὶ Λεῦκτρα μάχην ἐξηγῆται Θηβαίων καὶ Λακεδαιμονίων ἢ τὴν ἐν Μαντινείᾳ πάλιν τῶν αὐτῶν τούτων, ἐν ᾗ καὶ μετήλλαξε τὸν βίον Ἐπαμινώνδας, ἐν τούτοις ἐὰν ἐπὶ τὰ κατὰ μέρος ἐπιστήσας τις θεωρῇ τὰς ἐκτάξεις καὶ μετατάξεις τὰς κατ᾽ αὐτοὺς τοὺς κινδύνους, γελοῖος φαίνεται καὶ παντελῶς ἄπειρος καὶ ἀόρατος τῶν τοιούτων ὤν. [4] ὁ μὲν οὖν ἐν τοῖς Λεύκτροις κίνδυνος ἁπλοῦς γεγονὼς καὶ καθ᾽ ἕν τι μέρος τῆς δυνάμεως οὐ λίαν ἐκφανῆ ποιεῖ τὴν τοῦ συγγραφέως ἀπειρίαν : ὁ δὲ περὶ τὴν Μαντίνειαν τὴν μὲν ἔμφασιν ἔχει ποικίλην καὶ στρατηγικήν, ἔστι δ᾽ ἀνυπόστατος καὶ τελέως ἀδιανόητος τῷ συγγραφεῖ. τοῦτο δ᾽ ἔσται δῆλον, [5] ἐάν τις τοὺς τόπους ὑποθέμενος ἀληθινῶς ἐπιμετρῇ τὰς κινήσεις τὰς ὑπ᾽ αὐτοῦ δηλουμένας. [6] τὸ δ᾽ αὐτὸ συμβαίνει καὶ Θεοπόμπῳ καὶ μάλιστα Τιμαίῳ, περὶ οὗ νῦν ὁ λόγος : [7] οὗ μὲν γὰρ ἂν ὑπὲρ τῶν τοιούτων κεφαλαιώδη ποιήσωνται τὴν ὑπόθεσιν, διαλανθάνουσιν, οὗ δ᾽ ἂν βουληθῶσι διαθέσθαι καὶ συνυποδεῖξαί τι τῶν κατὰ μέρος, τοιοῦτοι φαίνονται καὶ πάντως οἷος Ἔφορος.

Ce que je viens d’avancer, paraîtra encore plus évident par ce qui va suivre, et surtout par ce qui est arrivé à Éphore dans quelques passages de son Histoire. Et en effet, cet historien me semble avoir eu jusqu’à un certain point la connaissance des combats de mer, mais nullement des combats de terre. [2] Aussi, quand on étudiera dans Éphore les combats maritimes livrés près de Chypre et de Cnide ; quand on l’entendra parler de ceux que les généraux du grand roi ont entés d’abord contre Evagoras à Salamine, et ensuite contre les Lacédémoniens, on devra admirer le talent et l’habileté de l’historien ; on pourra tirer de son ouvrage des notions utiles pour des circonstances analogues. [3] Mais quand il entre dans le récit du combat de Leuctres que se livrèrent les Thébains et les Lacédémoniens, ou de la bataille qui s’engagea près de la ville de Mantinée, et dans laquelle Épaminondas perdit la vie, si l’on examine en détail la description qu’il fait des dispositions premières du combat ou des évolutions qui eurent lieu au fort de la mêlée, rien ne paraîtra plus ridicule et plus inhabile, même au lecteur qui n’a jamais rien vu de semblable. [4] Du reste, ce qui accuse clairement l’historien, ce n’est point la bataille de Leuctres, qui n’eut rien de compliqué, et qui se résume dans une seule manœuvre, mais celle de Mantinée, qui en offre une si grande variété, et présente une immense puissance de conception. C’était une tâche au-dessus de ses forces et de son intelligence. Ce que je viens de dire sera évident [5] pour tous ceux qui voudront se figurer la situation exacte des lieux, et s’y représenter les mouvements décrits par Éphore. [6] La même chose est arrivée à Théopompe14, et surtout à Timée, qui fait le sujet de ces détails. [7] On voit assez facilement pourquoi tous ont agi ainsi, et ce que chacun a voulu, soit établir, soit démontrer. Tous, du reste, ne différent pas d’Éphore.

Polybe, XII, 25 f, 1-7, trad. Dom Thuillier

Xénophon termine son œuvre sur la bataille de Mantinée, n’évoquant pas la paix commune qui consacre définitivement la fin de Sparte et l’indépendance de la Messénie.

[26] τούτων δὲ πραχθέντων τοὐναντίον ἐγεγένητο οὗ ἐνόμισαν πάντες ἄνθρωποι ἔσεσθαι. συνεληλυθυίας γὰρ σχεδὸν ἁπάσης τῆς Ἑλλάδος καὶ ἀντιτεταγμένων, οὐδεὶς ἦν ὅστις οὐκ ᾤετο, εἰ μάχη ἔσοιτο, τοὺς μὲν κρατήσαντας ἄρξειν, τοὺς δὲ κρατηθέντας ὑπηκόους ἔσεσθαι : ὁ δὲ θεὸς οὕτως ἐποίησεν ὥστε ἀμφότεροι μὲν τροπαῖον ὡς νενικηκότες ἐστήσαντο, τοὺς δὲ ἱσταμένους οὐδέτεροι ἐκώλυον, νεκροὺς δὲ ἀμφότεροι μὲν ὡς νενικηκότες ὑποσπόνδους ἀπέδοσαν, ἀμφότεροι δὲ ὡς ἡττημένοι ὑποσπόνδους ἀπελάμβανον, [27] νενικηκέναι δὲ φάσκοντες ἑκάτεροι οὔτε χώρᾳ οὔτε πόλει οὔτ᾽ ἀρχῇ οὐδέτεροι οὐδὲν πλέον ἔχοντες ἐφάνησαν ἢ πρὶν τὴν μάχην γενέσθαι : ἀκρισία δὲ καὶ ταραχὴ ἔτι πλείων μετὰ τὴν μάχην ἐγένετο ἢ πρόσθεν ἐν τῇ Ἑλλάδι. ἐμοὶ μὲν δὴ μέχρι τούτου γραφέσθω : τὰ δὲ μετὰ ταῦτα ἴσως ἄλλῳ μελήσει.

La bataille achevée, il arriva le contraire de ce que tout le monde croyait. En voyant ce concours de presque toute la Grèce, placée en ligne15, il n’était personne qui ne crût que la suite du combat ne fût l’empire assuré aux vainqueurs, l’assujettissement des vaincus. Mais la Divinité fit que chaque parti éleva un trophée comme vainqueur, et qu’aucun des deux n’y mit obstacle. Chaque parti, comme vainqueur, accorde à l’autre une trêve pour relever les morts, et chaque parti, comme vaincu, en demande une ; puis, quoiqu’ils se prétendent tous deux maîtres de la victoire, on ne les voit ni l’un ni l’autre posséder un pays, une ville, un commandement de plus qu’avant le combat. La confusion et le trouble règnent, plus encore après cette bataille qu’auparavant, dans toute la Grèce. Pour moi, c’est jusque-là que mon histoire doit être écrite : ce qui suit occupera peut-être les soins d’un autre.

Xénophon, Helléniques, VII, 5, 26-27, trad. Eugène Talbot, 1859

La fin de la guerre : une nouvelle paix grecque, non garantie par le Roi

 

362-361. Nouvelle paix commune, caractérisée par la reconnaissance définitive de l’indépendance de la Messénie. Sparte, on le comprend, refuse de s’y associer.

La guerre, depuis la bataille de Leuctres jusqu’à celle de Mantinée, a duré dix ans. Il est intéressant de noter que cette paix commune est la première qui ne soit pas garantie par le Roi. Il ne s’agit pas non plus, comme c’était le cas auparavant, d’un moyen détourné pour légitimer l’hégémonie d’une cité. La lassitude est générale. Le Roi, de son côté, est occupé par une révolte des satrapes des provinces occidentales et d’Arménie, révolte dans laquelle les Grecs n’intervinrent pas, du moins officiellement. On sait pourtant à quel point les affaires des Grecs étaient liées à ce qui se passait sur l’autre rive de la mer Égée et inversement.

89. οἱ δ᾽ Ἕλληνες μετὰ τὴν μάχην ἀμφισβητουμένην ἔχοντες τὴν νίκην, καὶ ταῖς ἀνδραγαθίαις ἐφάμιλλοι καθεστῶτες, ἔτι δὲ τῇ συνεχείᾳ τῶν κινδύνων καταπονούμενοι, διελύσαντο πρὸς ἀλλήλους. συνθέμενοι δὲ κοινὴν εἰρήνην καὶ συμμαχίαν, κατέταττον ἐν τῇ συμμαχίᾳ καὶ τοὺς Μεσσηνίους. [2] οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι διὰ τὴν πρὸς τούτους ἀκατάλλακτον ἀλλοτριότητα τῶν σπονδῶν οὐ προείλοντο κοινωνεῖν καὶ μόνοι τῶν Ἑλλήνων ὑπῆρχον ἔκσπονδοι.

89 les Grecs incertains de quel côté la victoire était demeurée, mais qui avaient donné des preuves égales de valeur de part et d’autre, lassés enfin de tant de combats et de périls, résolurent de traiter ensemble. Ils firent une paix et même une alliance entre eux, dans laquelle les Messéniens furent compris. [2] Les Lacédémoniens par la haine implacable qu’ils portaient à ceux de Messène, ne voulurent entendre à aucun accommodement où il s’agirait de cette ville et, seuls de tous les Grecs, ils demeurèrent exclus du traité.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 89, 1-2, trad. abbé Jean Terrasson

Les Grecs, comme semble le montrer l’inscription d’une stèle de marbre trouvée à Argos, refusent, officiellement, de soutenir la révolte des satrapes. Mais, en réalité, des mercenaires, conduits par des stratèges comme Agésilas ou Chabrias intervinrent. L’inscription est en dialecte attique et témoigne de la paix commune après Mantinée.

« […] participent à la paix commune [koinè eirénè] ; que soit montré à celui qui vient de la part des satrapes que les Grecs, ayant échangé des ambassades, ont réglé leurs différends pour entrer dans une paix commune, de telle sorte qu’ayant mis fin aux guerres qui les opposaient les uns aux autres, ils ont rendu leurs cités plus fortes et plus heureuses, et capables de servir leurs amis ; ils savent que le Roi n’est pas en guerre contre eux, s’il reste tranquille et ne vient pas jeter le trouble parmi les Grecs, s’il n’entreprend pas de ruiner la paix désormais conclue, ni par art ni par ruse, nous resterons en paix avec le Roi ; s’il fait la guerre à l’un de ceux qui ont conclu avec nous des conventions, ou s’il cause des ennuis à certains pour en venir à la dissolution de cette paix, qu’il fasse lui-même quelque chose contre les Grecs qui ont fait cette paix ou si quelqu’un, venant de son domaine, le fait, nous nous défendrons tous en commun d’une façon qui soit digne de la paix désormais conclue et de ce que nous avons fait dans le passé […]. Aux juges qui viennent de […] concernant le territoire […]. »

Inscription historique grecque.

De nouveaux troubles suscités par les successeurs de Jason de Phères

 

361. Les successeurs de Jason de Phères, mort assassiné en 37016, poseront des problèmes politiques et militaires aux Thébains. Mais aussi aux Athéniens. Alexandre de Phères est tyran de 369 à 358. Il lutta pour imposer son pouvoir absolu sur l’aristocratie locale en tant que tagos. Cette dernière le destituera. Il réussit à capturer Pélopidas en 368. Ce dernier périra lors d’un combat pourtant victorieux contre le tyran, à Cynocéphales, en 364. Il a été aussi l’allié d’Athènes contre les Thébains, mais, après sa réconciliation avec le koinon béotien, il s’attaque aux intérêts athéniens, pillant Ténos et Péparéthos, une des premières cités à entrer dans la seconde Confédération athénienne17, un élément stratégique capital, avec Sciathos, pour les convois de blé. Il réussit même un coup de force contre le Pirée, en 362. Pour le combattre, les Athéniens s’allièrent avec ses adversaires en Thessalie même qui avaient organisé une nouvelle communauté dont le magistrat n’était plus un tagos mais un archonte. En effet, comme le précise J.M. Bertrand, Alexandre de Phères a été destitué en tant que tagos mais ne peut être remplacé de son vivant.

95. ἐπ᾽ ἄρχοντος δ᾽ Ἀθήνησι Νικοφήμου τὴν ὑπατικὴν ἀρχὴν ἐν Ῥώμῃ διέλαβε Γάιος Σολπίκιος καὶ Γάιος Λικίνιος. ἐπὶ δὲ τούτων Ἀλέξανδρος μὲν ὁ Φερῶν τύραννος λῃστρίδας ναῦς ἐκπέμψας ἐπὶ τὰς Κυκλάδας νήσους, τινὰς μὲν ἐκπολιορκήσας πολλῶν σωμάτων ἐκυρίευσεν, εἰς δὲ τὴν Πεπάρηθον ἀποβιβάσας μισθοφόρους στρατιώτας ἐπολιόρκει τὴν πόλιν. [2] Ἀθηναίων δὲ βοηθησάντων τοῖς Πεπαρηθίοις, καὶ στρατηγὸν Λεωσθένην ἀπολιπόντων, ἐπέθετο τοῖς Ἀθηναίοις : ἐτύγχανον δ᾽ οὗτοι παραφυλάττοντες τοὺς ἐν τῷ Πανόρμῳ διατρίβοντας τῶν Ἀλεξάνδρου στρατιωτῶν. ἀπροσδοκήτως δὲ ἐπιθεμένων τῶν τοῦ δυνάστου, παράδοξος εὐημερία περὶ τὸν Ἀλέξανδρον ἐγένετο. οὐ μόνον γὰρ τοὺς ἀπεσταλμένους ἐν τῷ Πανόρμῳ διέσωσεν ἐκ τῶν μεγίστων κινδύνων, ἀλλὰ καὶ τριήρεις μὲν Ἀττικὰς πέντε, μίαν δὲ Πεπαρηθίαν εἷλε, καὶ σωμάτων ἐκυρίευσεν ἑξακοσίων. [3] οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι παροξυνθέντες τοῦ μὲν Λεωσθένους ὡς προδότου θάνατον κατέγνωσαν καὶ τὴν οὐσίαν ἐδήμευσαν, ἑλόμενοι δὲ στρατηγὸν Χάρητα καὶ ναυτικὴν δύναμιν δόντες ἐξέπεμψαν. οὗτος δὲ τοὺς μὲν πολεμίους εὐλαβούμενος, τοὺς δὲ συμμάχους ἀδικῶν διετέλει. καταπλεύσας γὰρ εἰς Κόρκυραν συμμαχίδα πόλιν, στάσεις ἐν αὐτῇ μεγάλας ἐκίνησεν, ἐξ ὧν συνέπεσε γενέσθαι σφαγὰς πολλὰς καὶ ἁρπαγάς, δι᾽ ἃς συνέβη τὸν δῆμον τῶν Ἀθηναίων διαβληθῆναι παρὰ τοῖς συμμάχοις. ὁ μὲν οὖν Χάρης καὶ ἕτερα τοιαῦτα παρανομῶν ἀγαθὸν μὲν οὐδὲν διεπράξατο, τῇ δὲ πατρίδι διαβολάς.

95 Nicophémos étant archonte d’Athènes, Rome eut pour consuls C. Sulpitius et C. Licinius. Alexandre tyran de Phères envoya des brigantins et autres vaisseaux de piraterie aux îles Cyclades ; et s’étant par ce moyen emparé de quelques-unes, il en tira un grand nombre d’esclaves. S’embarquant à la tête des soudoyés pour l’île de Péparethos, il forma le siège de la ville principale. [2] Les Athéniens, protecteurs de ces insulaires, y avaient laissé Léosthène pour les défendre. Mais Alexandre alla d’abord attaquer une escadre athénienne qui avait été placée pour observer quelques soldats d’Alexandre descendus à Panormos. Le tyran, qui tomba tout d’un coup sur cette escadre, eut contre elle un succès inespéré : car non seulement il délivra d’un danger prochain les soldats qu’il avait à Panormos mais encore il enleva cinq galères athéniennes et une autre de Péparethos ; et de plus il lui resta de cette attaque six cents prisonniers. [3] Les Athéniens outrés de cette disgrâce condamnèrent Léosthène à la mort en qualité de traître et mirent tous ses biens à l’encan, après quoi ils envoyèrent Charès à sa place avec une nouvelle flotte. Celui-ci employa son temps à éviter les ennemis et à mécontenter les alliés18. Car ayant été débarquer à Corcyre, ville attachée à la république, il y excita de violentes séditions dont s’ensuivirent même des massacres de citoyens et des pillages de maisons ; ce qui attira de plusieurs côtés de grandes malédictions au nom d’Athènes.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 95, 1-3

L’alliance d’Athènes et de la Thessalie contre Phères

 

L’inscription suivante, sur une stèle avec un relief représentant un cavalier, trouvée sur les pentes sud de l’Acropole d’Athènes, relate les conditions de l’alliance d’Athènes avec les Thessaliens, contre Alexandre de Phères, après son raid contre le Pirée.

« Dieux. Sous l’archontat de Nicophème. Alliance des Athéniens et des Thessaliens pour l’éternité. Il a plus au conseil et au peuple, la tribu Léontis exerçait la prytanie, Charion fils de Charinautos de Phalère était secrétaire, Archippos d’Amphitropè était épistate, douzième jour de la prytanie, Exékestidès a fait la proposition ; pour répondre aux ambassadeurs des Thessaliens, que le peuple décrète d’accepter l’alliance, à la bonne fortune, aux conditions qu’ont énoncées les Thessaliens, qu’ils soient alliés avec les Thessaliens pour l’éternité ; que les alliés des Athéniens soient tous les alliés des Thessaliens, et les alliés des Thessaliens le soient des Athéniens ; que, parmi les Athéniens, prononcent le serment les stratèges, le conseil, les commandants de cavalerie et les cavaliers, “si quelqu’un s’attaque à la communauté des Thessaliens, ou renverse le magistrat qu’auront choisi les Thessaliens, je viendrai à son secours autant que faire se pourra, avec toute ma force” ; et qu’ils prononcent le serment légal ; pour que les Thessaliens s’engagent par serment envers la cité, que le peuple désigne cinq hommes pris dans l’ensemble des Athéniens, qui se rendront en Thessalie et feront jurer Agélaos, l’archonte, et les responsables militaires et les commandants de cavalerie et les cavaliers et les hiéromnémons et les autres magistrats qui exercent une magistrature pour la communauté des Thessaliens, “si quelqu’un attaque la cité des Athéniens ou cherche à détruire le gouvernement populaire des Athéniens, je viendrai à son secours avec toutes mes forces autant que faire se pourra”, que les ambassadeurs des Thessaliens prononcent le même serment devant le conseil durant leur séjour à Athènes ; qu’il ne soit pas permis, ni aux Thessaliens sans les Athéniens, ni aux Athéniens, sans le magistrat et la communauté des Thessaliens, de renoncer à la guerre contre Alexandre ; que reçoivent l’éloge Agélaos, l’archonte, et la communauté des Thessaliens parce qu’ils ont fait bien et volontiers ce que la cité leur avait demandé de faire ; que reçoivent aussi l’éloge les ambassadeurs des Thessaliens qui sont venus et qu’ils soient invités au prytanée pour le repas de demain ; que les trésoriers de la déesse détruisent la stèle de l’alliance avec Alexandre, que le trésorier du peuple donne aux ambassadeurs comme viatique vingt drachmes à chacun ; que cette alliance soit inscrite sur une stèle de pierre et placée sur l’Acropole pour la gravure de la stèle, que le trésorier du peuple donne trente drachmes. Théétète d’Erchia a fait, conformément à ce qu’il lui avait été enjoint de faire, ce qu’il pouvait de bien en paroles et en actes pour le bien du peuple des Athéniens et pour les Thessaliens. »

Inscription historique grecque.

360-359. Perdiccas III tombe contre les Illyriens. Philippe devient roi de Macédoine19.

Notes

  1. Voir infra la « guerre des Alliés ».
  2.  On ne saisit pas, ici, à propos de la cause de la bataille de Leuctres, la logique d’Isocrate.
  3. Voir Xénophon, Helléniques, VII, 1, 37 : « Quand ces clauses furent rédigées et lues aux députés, Léon dit – et le Roi l’entendit : “Pardieu, Athéniens, c’est bien le moment pour vous, à ce qu’il paraît, de chercher un autre allié pour remplacer le Roi”. » L’autre ambassadeur, Timagoras, accusé de trahison, est condamné à mort à son retour à Athènes.
  4. Ces cités se révolteront contre Athènes lors de la « guerre des alliés » qui mit fin à l’hégémonie athénienne, en 355.
  5. Le parti des aristocrates selon Budé.
  6. Voir supra.
  7. Après la réconciliation au sein de la ligue arcadienne.
  8. Ils ont utilisé les richesses du sanctuaire.
  9. La paix avec les Éléens.
  10. La demande d’aide athénienne par les Arcadiens.
  11. Note E. Talbot : Tyran de Phères ; voir livre VI, 4.
  12. Lire, entre autres, le chapitre 1 du livre IX (1-2) où Polybe explique pourquoi il s’est cantonné dans le genre « pragmatique » excluant les autres genres historiques, les chapitre 12 et 14 du livre XII (27a-28a) qu’il consacre respectivement aux compétences indispensables à l’historien et aux qualités qui doivent être celles de l’historien complet.
  13. Voir infra ce qu’il dit sur Théopompe, Timée et Callisthène.
  14. Voir infra les critiques de Polybe sur la relation de la bataille d’Issos par Théopompe.
  15. Note E. Talbot : Suivant Diodore, l’armée des Lacédémoniens et de leurs alliés, s’élevait à plus de 20 000 fantassins et de 2000 cavaliers, celle des Thébains et de leurs alliés à 30 000 hommes de pied et plus de 3000 chevaux. Ainsi près de 60 000 hommes se trouvèrent en présence dans cette bataille, demeurée justement célèbre.
  16. Voir supra.
  17. Voir, supra, la charte de fondation de la seconde Confédération athénienne et Diodore de Sicile, XV, 30, 5.
  18. Charès s’est montré particulièrement brutal à l’égard des alliés. Voir Polybe, VII, 23, trad. D. Roussel : « Sous les gouvernements d’Aristide et de Périclès, le gouvernement d’Athènes s’est rarement montré brutal ; on l’a au contraire souvent vu faire preuve de générosité et de noblesse morale. Mais il en alla à l’inverse sous Cléon et Charès. »
  19. Voir infra.
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