La famille naturelle La Famille dans le monde antique

La notion de « famille » dans le monde antique reflète une multitude de réalités, de sphères sociales qui sont emboîtées les unes dans les autres et dont la différenciation est parfois difficile. Le vocabulaire lui-même est mouvant et ne permet pas toujours clairement de définir les frontières entre les différentes notions, un même mot pouvant servir à désigner plusieurs réalités familiales diverses.

 

bas relief d'une famille de l'Antiquité
Marbre funéraire, Grèce, Attique, 360 avant J.-C.

 

La première sphère est la famille nucléaire (oikos en grec, familia en latin), composée d’une père, d’une mère et des enfants qui découlent de leur union. Aristote en fait dans sa Politique l’unité de base de l’ensemble de la société grecque. De fait, elle est une unité fondamentale tant pour l’existence individuelle que pour la vie civique des Grecs comme des Romains. Elle est un lien par le sang autant que par l’affection et le respect (philia en grec, pietas en latin).

On peut ajouter à cette famille nucléaire les parents qui lui sont directement liés par le sang : ascendants et descendants directs sur deux-trois générations (grands-parents et petits-enfants, oncles et tantes, cousins, neveux et nièces…). En Grèce comme à Rome, la famille de référence est la famille dans un sens plus large mais encore proche, accessible et surtout connaissable. Elle est généralement définie selon un bloc de quatre générations, appelé genos en grec, parentes en latin qui compte les arrière-grands-parents, les grands-parents, les enfants/parents, les enfants/petits-enfants. Au-delà ou en-deçà de ces quatre générations, du fait de la mortalité qui touche les individus relativement tôt, il est rare que les personnes puissent s’être côtoyées. 

La notion de famille dépasse cependant idéalement ces deux sphères. En Grèce comme à Rome, en particulier dans les familles des élites, la famille est une ligne héréditaire étirée dans le temps, de génération en génération, à partir d’un ancêtre commun et connu, réel ou fictif. La mémoire de cet ancêtre commun et des aïeux permettant de tirer les fils familiaux entre lui et les générations présentes est transmise de génération en génération au travers de récits et de cultes qui fondent la cohésion familiale. Cette ligne héréditaire, particulièrement mise en valeur dans les sources, est l’un des premiers points d’appui des études sur les familles antiques. Il s’agit du genos en Grèce et de la gens à Rome. Elle s’appuie essentiellement sur la transmission patrilinéaire, de père en fils.

Il faut ajouter à ces trois sphères biologiques deux sphères familiales qui leur sont liées.

Les parents par l’alliance (kedestai en grec, parentes en latin) sont les parents rapportés à un groupe familial par le mariage, ce qui crée des liens de solidarité et d’intérêt qui sont considérés comme des liens familiaux.

L’espace domestique de la maison, créant une cohabitation quotidienne, est également un critère de définition d’une famille élargie qui, en plus de la famille nucléaire résidente, prend en compte les dépendants parents (grands-parents vivant avec leurs enfants et petits-enfants), les dépendants non-parents (esclaves, domesticité, nourrice, pédagogue…) ou encore amis venant en visite régulièrement (philoi en grec, amici en latin). Cette famille domestique ou maisonnée est appelée oikos en grec lorsqu’elle ne prend en compte que les individus, oikia lorsqu’elle prend en compte l’espace de la maison en lui-même tandis qu’à Rome, le terme familia désigne les deux réalités. 

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