II- LA CITOYENNETÉ

La citoyenneté de naissance

La citoyenneté se définit principalement par l'origine : on naît citoyen. Toutefois, elle s'acquiert par étapes et fait l'objet de contrôles :

  • Quelque temps après sa naissance, vers l'âge de quatre ou cinq ans, tout enfant mâle susceptible d'être un jour citoyen est d'abord présenté à la phratrie (ἡ φρατρία). Cette structure, héritée de la période pré-démocratique, est un groupement de familles. A l'occasion de la cérémonie, l'enfant reçoit une triple reconnaissance car son père lui transmet publiquement ses futurs droits en termes privés (héritage), civils (appartenance à un dème et à une phratrie) et civiques (la cité l'accueille comme un futur membre du demos).
  • A l'âge de 18 ans, le jeune homme doit être inscrit sur le registre de son dème : le ληξιαρχικὸν γραμματεῖον (lexiarchikon grammateion) .

L'assemblée des démotes se réunit une fois par an pour valider les droits à la citoyenneté de tous les jeunes garçons ayant atteint l'âge requis dans l'année. La vérification porte sur deux points : l'âge du nouveau citoyen et son appartenance à une famille lui donnant droit à la citoyenneté.
Les démotes procédent à un vote pour chaque candidat. La décision prête naturellement de temps à autre à contestation et Aristote nous montre que la constitution tenait compte de ces litiges, tant en termes de sanctions que de possibilités d'appel.

  • Après l'enregistrement sur les registres et pour éviter toute fraude ou tentative de corruption à l'intérieur des dèmes, les nouveaux citoyens (οἱ νεοπολίται, neopolitai) de toutes les tribus doivent se présenter au Bouleuterion devant le Conseil des Cinq-Cents qui vérifie de nouveau leurs droits à la citoyenneté au cours d'un examen de docimasie.
  • A ce stade, les nouveaux citoyens ne jouissent pas encore de tous leurs droits. Il leur faut au préalable accomplir une période d'initiation civique à caractère essentiellement militaire : l'éphébie. A l'issue de cette période, ils seront complètement citoyens (ἐπίτιμοι, epitimoi ) et le resteront à vie, sauf en cas d'atimie. Toutefois, les fonctions d'héliaste et de bouleute, ainsi que certaines magistratures ne leur seront accessibles qu'à partir de l'âge de trente ans.
  • Aristote nous indique qu'au IV° siècle, la liste des éphèbes de l'année était gravée sur une stèle de bronze dite "éponyme". L'accès à la citoyenneté était donc placé sous une double identification éponymique : celle de la tribu du nouveau citoyen et celle de l'archonte éponyme en fonction l'année de ses dix-huit ans. Cette double identfication permettait de tenir à jour un recensement de la population citoyenne qui facilitait la mobilisation en cas de conflit militaire ou la nomination à certaines fonctions soumises à une limite d'âge. La quarante deuxième stèle servait, par exemple, au recrutement des arbitres judiciaires, obligatoirement âgés de plus de soixante ans.

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