Papyrus grec du Ve siècle ap. J.-C., retrouvé dans le Fayoum (Égypte), reproduisant la Mélanippe enchaînée d’Euripide (une tragédie dont il ne reste aujourd’hui que des fragments), Musée égyptien de Berlin. © Wikimedia Commons.
Euripide naît dans l’île de Salamine probablement en 480 avant J.-C., l’année même où les Grecs remportent leur glorieuse victoire sur la flotte perse de Xerxès au large de cette île.
De sa vie même, on ne sait pratiquement rien : les quelques témoignages demeurés sur son existence privée, généralement les railleries médisantes des auteurs comiques, tel Aristophane, apparaissent comme des anecdotes d’une authenticité et d’un intérêt très relatifs.
Issu d’un milieu modeste, Euripide fait cependant d’excellentes études à Athènes où il fréquente les sophistes, dont Protagoras, et les grands philosophes, comme Anaxagore, ami et conseiller de Périclès. Il a des relations d'amitié avec Socrate, son cadet de dix ans. Marié deux fois, il a trois fils.
L’événement majeur qui marque son existence et son œuvre de manière déterminante reste la guerre du Péloponnèse : commencée en 431 avant J.-C., elle oppose Athènes à Sparte et s’achève en 404 par la défaite de l'illustre cité attique. Mais Euripide ne vit pas l’amère honte des vaincus : il est mort en 406 avant J.-C. en Macédoine, où il s’est retiré sur l’invitation du roi Archélaos qui l’a reçu à sa cour de Pella.
Plus artiste replié sur lui-même que citoyen convaincu par l’action, Euripide poursuit une réflexion désabusée sur la misère de la condition humaine : contrairement à Eschyle, son maître, mort en 456 avant J.-C., qui s’est battu à Marathon et à Salamine, à l’opposé de Sophocle, son aîné d’une quinzaine d’années, élu deux fois stratège et qui mourra peu de temps après lui (en 406 av. J.-C.), il ne cherche pas à participer à la vie publique. Que sa misanthropie naturelle, perceptible au fil de son œuvre, ait été sans doute renforcée par les déboires conjugaux comme par les échecs répétés aux concours tragiques n’enlève rien à la sensibilité passionnée de l’homme de théâtre qui s'interroge sur l’illusoire liberté de toute destinée.