- Espace public et sphère privée

La distinction entre le public et le privé est très familière aux Athéniens et de nombreux discours des orateurs attiques portent sur ce thème, qu'il s'agisse de protester contre des atteintes d'un particulier aux intérêts communs ou de défendre un citoyen injustement attaqué à titre privé alors qu'il avait agi dans le cadre de ses fonctions. Ces nombreuses plaidoiries du V° et du IV° siècle prouvent non seulement que la nécessité d'une distinction entre public et privé était clairement perçue mais aussi que les contours de chacune de deux sphères pouvaient parfois paraître flous. Ne retrouve-t-on pas dans ces empiétements supposés du public sur le privé (ou inversement) les termes d'un débat "démocratique" qui est également récurrent dans les démocraties modernes ?

En quels termes la langue grecque opère-t-elle la distinction ? Deux mots s'opposent : ἴδιος (idios) s'applique à ce "qui a un caractère particulier, privé" alors que δημόσίος (demosios) qualifie "ce qui appartient à l'État, public" (A. Bailly). De là découle une opposition entre ce qui est ἴδιον (idion) que nous serions alors tentés de traduire par "individuel" et κοινόν (koinon), "ce qui est commun, le propre d'une collectivité". Mais rappelons qu'à Athènes, comme dans tout le monde grec, l'individu n'est rien sans la cité, ce qui signifie que même les activités qui relèveraient pour nous de la sphère strictement privée (la famille, les croyances religieuses, le divertissement) ne peuvent se dérouler que dans un cadre mis en place par la πόλις (polis).
L'individu athénien adulte libre et de sexe masculin est donc à la fois ἰδιώτης (idiotès) et πολίτης (politès) . Sa liberté privée est garantie par son statut de citoyen. Quant aux non-citoyens (femmes, métèques, esclaves), ils jouissent néanmoins d'un statut garanti par la constitution.
Citoyens et non-citoyens sont tous πολιτευόμενοι (politeuomenoi, "gouvernés par la cité").

musagora

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